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DEHP (117-81-7)
Informations générales
Dernière vérification le 21/11/2024
Identification
Code EC
Code SANDRE
Numéro CIPAC
Classement transport
Classification CLP
Méthodes analytiques
Introduction
Air
Eau
Sol
Autres milieux
Programmes
Physico-Chimie
Dernière vérification le 29/03/2024
Généralités
Poids moléculaire
390.60 g/mol
Tableau des paramètres
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Bibliographie
Comportement et devenir dans les milieux
Dernière vérification le 29/03/2024
Matrices
Milieu eau douce
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Milieu sédiment eau douce
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Milieu terrestre
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Persistance
Biodégradabilité
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Dégradabilité abiotique
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Milieu terrestre
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Bioaccumulation
Organismes aquatiques
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Organismes terrestres
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Bibliographie
Toxicologie
Dernière vérification le 29/03/2024
Toxicité à doses répétées
Effets cancérigènes
Généralités
Le NTP a publié en 2021 deux études de cancérogénèse par voie orale chez le rat où les animaux ont été exposés à des doses de 300 à 10 000 ppm pendant 2 ans incluant la période périnatale (gestation et lactation) (étude 1) ou uniquement sur la période post-sevrage (étude 2). Les deux études mettent en évidence une augmentation de l’incidence combinée des carcinomes et des adénomes hépatocellulaires et pancréatiques dans les deux sexes (études 1 et 2), ainsi que chez les femelles une augmentation de l’incidence des adénomes de l’utérus plus marquée dans l’étude 2. La plus faible BMDL10 de 31 mg.kg-1.j-1 a été identifiée pour l’incidence combinée des tumeurs pancréatiques chez les mâles de l’étude 2 (NTP, 2021).
Contrairement aux tumeurs hépatiques (voie d’activation de récepteurs nucléaires PPARα), les mécanismes conduisant à la formation de lésions néoplasiques pancréatiques et/ou utérine ne sont à ce jour pas totalement élucidées. Dans ce contexte, une approche sans seuil pour les effets cancérigènes est proposée par défaut.
Classifications
Organisme | Classification | Année |
---|---|---|
UE | Non classé | 2008 |
IARC | Groupe 2B: , l’agent pourrait être cancérogène pour l’homme. | 2012 |
US EPA | Groupe B2: substance cancérogène possible pour l'homme. Il existe des preuves suffisantes chez l'animal et des preuves non adéquates ou pas de preuve chez l'homme. | 1988 |
Effets génotoxiques
Généralités
Les derniers essais réalisés par le NTP à partir d’études de génotoxicité in vitro et in vivo sont généralement négatifs. Les résultats positifs obtenus à partir d’essais in vitro d’échanges de chromatides soeurs sont observés en présence d’une forte cytotoxicité et ceux concernant les études in vivo (test du microyaux) sont faiblement positifs, et non reproductibles. Un faible pouvoir génotoxique fait aujourd’hui consensus (NTP, 2021).
Classifications
Organisme | Classification | Année |
---|---|---|
EU | Non classé | 2008 |
Effets sur la reproduction
Généralités
Appartenance à des listes de perturbateurs endocriniens (liste des substances reconnues comme perturbateurs endocriniens (PE) dans la réglementation européenne edlists.org (https://edlists.org/the-ed-lists. mise à jour le sept/2022), ou liste DeDuCT (Database of Endocrine Disrupting Chemicals and their Toxicity Profiles) créée en 2019 par une équipe de l’Institut des sciences mathématiques de Chennai (Inde) sur laquelle s’appuie l’Anses dans le cadre de la seconde Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 2), pour établir une liste de substances d'intérêts.
Le DEHP est répertorié dans l’ED list I sur la base d’effets sur la santé et d’effet sur l’environnement, ainsi que dans la catégorie II de la DeDuCT list (effets PE rapportés à l'appui d'expériences in vivo (sur des rongeurs) et in vitro sur des cellules humaines).
Si des associations possibles entre l’exposition au DEHP et l’altération des concentrations sériques des hormones thyroïdiennes sont décrites dans des études épidémiologiques qui comportent néanmoins des limites méthodologiques, les données disponibles chez l’animal ne montrent pas d’effet sur la fonction thyroïdienne. Une atteinte de la fonction des glandes surrénales et de l’hypophyse est documentée à partir de données expérimentales. Les organismes au cours du développement sont particulièrement sensibles aux effets du DEHP liés à la perturbation endocrinienne, ciblant notamment le développement de l’appareil reproducteur des petits mâles par un mécanisme de type anti-androgénique (diminution de la distance anogénitale, atteinte de la stéroïdogenèse), mais aussi celui des petites femelles (puberté précoce, perturbation des cycles œstraux) (ATSDR, 2022).
Classifications
Organisme | Classification | Année |
---|---|---|
UE | 1B, H360FD, substance pouvant nuire à la fertilité et au foetus | 2008 |
Valeurs accidentelles
Autres seuils accidentels
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Valeurs réglementaires
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Valeurs guides
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Valeurs de référence
Introduction
FDTE/VTR Importer Le DEHP est une substance très peu volatile (tension de vapeur de 3,4 10-5 Pa à 20°C), qui rend sa présence sous forme gazeuse à température ambiante inexistante, notamment dans le cadre d’expositions environnementales. Toutefois, la production et l’utilisation du DEHP sont maintenant soumises à autorisation, mais il peut encore être présent sous forme d’aérosol en milieu professionnel et/ou domestique.
Principales études
Effets à seuil par inhalation
Kurahashi et al., 2005
Espèce étudiée : rat (Wistar)
Sexe et nombre d’animaux par lot : 6 mâles pré-pubères de 28 jours/dose/durée d’exposition
Voie d’exposition : inhalation (corps entier)
Substance - forme chimique : DEHP (pureté 99,9 %)
Temps et fréquence d’exposition : 6 h/j, 5 j/7 pendant 4 ou 8 semaines
Doses d’exposition / formes chimiques : 5 – 25 mg.m-3 valeur nominale de 5,1 ± 1,3 mg.m3 et 24,6 ± 5,2 mg.m-3 (mesure 1 fois/j)
Lot témoin : oui
Protocole : Les auteurs ont examiné les effets de l’exposition subaiguë du DEHP administré par inhalation sur le développement des testicules de rats pré-pubères. Les mâles sont sacrifiés après 4 ou 8 semaines d’exposition. Du sang est prélevé par ponction cardiaque (dosages hormonaux). Les animaux sont pesés, de même que les organes sexuels prélevés (testicules, épididymes, vésicules séminales et prostate). Des analyses histologiques sont réalisées sur l’un des testicules, le second faisant l’objet d’une extraction d’ARN (dosages de l’expression des hormones stéroïdiennes).
Résultats / effets observés : L’exposition de 4 ou 8 semaines au DEHP est sans effet sur le poids corporel et le poids des organes de la reproduction (testicules, épididyme, prostate) des petits mâles, à l’exception des vésicules séminales dont le poids relatif est significativement réduit après 8 semaines de traitement (p<0,01). La concentration plasmatique de testostérone augmente significativement (p<0,05) dans tous les groupes traités (4 et 8 semaines), à l’exception du groupe de mâles exposé à 25 mg.m-3 pendant 4 semaines (augmentation non significative). Les concentrations de la folliculostimuline (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH) ne sont pas modifiées par l’exposition au DEHP, de même que l’expression des gènes de 4 enzymes impliqués dans la biosynthèse de testostérone. L’analyse semi-quantitative des lésions histologiques (proportion de tubes séminifères immatures) n’a pas montré d’effet significatif du DEHP sur les testicules des mâles exposés pendant 4 semaines au DEHP. Après 8 semaines d’exposition, les altérations histologiques, comprenant la dégénérescence des cellules germinales, sont restées discrètes. Les tubes séminifères de tous les mâles ont été classés comme étant matures et la spermatogénèse quantitativement satisfaisante.
Dose critique : Un LOAEL de 5 mg.m-3 peut être retenu à partir de l’augmentation de testostérone plasmatique dans les deux groupes traités.
Qualité de l’étude : Klimisch 2. L’étude est de qualité acceptable ; l’exposition par inhalation de DEHP est bien contrôlée et le choix d’exposer des mâles immatures pour l’examen des effets sur la reproduction, particulièrement pertinent. Toutefois, les analyses statistiques réalisées sur un petit nombre de mâles (6 par groupe) limitent la puissance de cette étude.
Ma et al., 2006
Espèce étudiée : rat (Wistar)
Sexe et nombre d’animaux par lot : 10 à 12 femelles pré-pubères de 21 jours/dose
Voie d’exposition : inhalation (corps entier)
Substance - forme chimique : DEHP (pureté 99 %)
Temps et fréquence d’exposition : 6 h/j, 5 j/7 pendant 9 semaines (protocole 1) ou 3 semaines (protocole 2)
Doses d’exposition / formes chimiques : 5 – 25 mg.m-3 valeur nominale de 4,10 ± 1,96 mg.m-3 et 19,78 ± 3,69 mg.m-3 (mesure 1 fois/j) (protocole 1) ou 5,21 ± 2,73 mg.m-3 et 22,72 ± 7,59 mg.m-3 (mesure 1 fois/j) (protocole 2).
Lot témoin : oui
Protocole : L’étude évalue les effets d’une exposition au DEHP sur les marqueurs du développement sexuel et la fonction de reproduction chez des femelles prépubères (cycles œstraux). Dans le 1er protocole, les femelles sont observées quotidiennement (pesée et contrôle de l’ouverture vaginale). A partir de l’ouverture vaginale, des frottis quotidiens sont réalisés dans le but de déterminer l’âge du 1er cycle œstral et les effets à long terme sur leur fréquence. Dans le 2nd protocole, la consommation d’eau et de nourriture est enregistrée quotidiennement.
Un frottis vaginal est réalisé au 42ème j après la naissance (PND42). A la fin de chacun des protocoles (PND84 protocole 1 et PND42 protocole 2), les femelles sont sacrifiées. Du sang est prélevé par ponction cardiaque (dosages hormonaux), les animaux sont pesés de même que les organes (poumons, foie, reins, ovaires et utérus) après leur prélèvement. Des analyses histologiques sont réalisées sur les organes de la reproduction, y compris l’un des ovaires, le second faisant l’objet d’une extraction d’ARN (dosages de l’expression des hormones stéroïdiennes).
Résultats / effets observés : L’exposition au DEHP a entraîné une baisse de croissance pondérale des petites femelles à partir de la 3e semaine d’exposition, significative uniquement dans le groupe exposé à la plus forte dose de 25 mg.m-3.Le poids absolu ou relatif des organes (y compris les organes de la reproduction) n’a pas été modifié par l’exposition au DEHP (protocole 1 et 2). En revanche, l’âge de l’ouverture vaginale (30,3 et 29,7 j respectivement à la faible et forte dose, vs 32 j chez les témoins) et du 1er cycle œstral (30,6 et 29,8 j respectivement à la faible et forte dose, vs 32,7 j chez les témoins) est significativement plus précoce (p<0,05) aussi bien pour des expositions de 5 que 25 mg.m-3 (protocoles 1 et 2). Concernant la durée des cycles œstraux examinés entre les 49 et 84e jours après la naissance, une augmentation significative de cycles irréguliers est rapportée chez les femelles exposées à la dose de 25 mg.m-3 (p<0,05) (protocole 1). Concernant la sécrétion hormonale, seules les concentrations de LH et d’œstradiol (E2) ont augmenté à PND42 dans les groupes exposés à la plus forte dose de 25 mg.m-3. L’expression des gènes impliqués dans la production de ces hormones n’a pas été altérée par l’exposition au DEHP, en dehors de l’aromatase (145 % dans le groupe exposé à 25 mg.m-3 par comparaison au groupe témoin) (p<0,05).
Dose critique : Un LOAEL de 5 mg.m-3 peut être retenu sur la base de la précocité de l’ouverture vaginale significative dans les deux groupes traités.
Qualité de l’étude : Klimisch 1 L’étude est de bonne qualité ; l’exposition par inhalation de DEHP est bien contrôlée et le choix d’exposer des femelles immatures pour l’examen des effets sur la reproduction est particulièrement pertinent. En effet, les effets du DEHP sur le développement de l’appareil reproducteur chez la femelle (précocité) sont largement moins documentés que chez les mâles. Les analyses statistiques réalisées sur 10 à 12 femelles par dose renforcent la qualité de cette étude.
Effte à seuil par voie orale
Rajesh et Balasubramanian, 2014
Espèce étudiée : rat (Wistar).
Sexe et nombre d’animaux par lot : femelles gestantes ; 6 femelles/dose.
Voie d’exposition : orale, gavage.
Substance - forme chimique : DEHP (pureté non précisée
Temps et fréquence d’exposition : du 9e au 21e jour de gestation
Doses d’exposition / formes chimiques : doses de 0 - 1 - 10 - 100 mg.kg-1.j-1 de DEHP administré dans l’huile d’olive
Lot témoin : oui (huile d’olive)
Protocole : cette étude a pour objectif de rechercher les effets de l’exposition in utero au DEHP sur l’homéostasie du glucose des petits au cours du développement post-natal jusqu’’à l’âge adulte (60 jours après la naissance, PND60). Aucune donnée maternelle n’est mentionnée. A la naissance, une réduction de 4 femelles et 4 mâles par portée a été réalisée afin d’éviter les potentiels effets de l’allaitement. Des tests de tolérance au glucose (dose de 10 mL.kg-1 de glucose administré par gavage après une nuit de jeûne de 16 heures) et à l’insuline (dose intra-péritonéale de 0,75 U/kg d’insuline humaine administrée après un jeûne de 6 heures) ont été réalisés sur 6 mâles et 6 femelles (1/portée) de la progéniture adulte à 60 jours (PND 60), avec des dosages sanguins de glucose réalisés avant et à intervalles réguliers après l’administration de glucose ou d’insuline. Des dosages sanguins d’insuline ont également été réalisés par une technique d’immunomarquage. La progéniture a été sacrifiée autour de PND 60. Le poids corporel et l’examen des viscères (dépôt de graisse mésentérique, rétro-péritonéale, urogénitale) ont été enregistrés. Les muscles squelettiques (muscle gastrocnémien) ont été disséqués sur 6 animaux de chacun des groupes pour l’analyse des gènes et des protéines impliqués dans la signalisation de l’insuline (RT-PCR, Western blot), dans la méthylation de l’ADN, pour le dosage des récepteurs de l’insuline, et pour des tests tissulaires d’absorption et d’oxydation du glucose et du dosage de glycogène.
Résultats / effets observés : A 60 jours, une augmentation de la glycémie à jeun chez les animaux traités in utero au DEHP a été observée chez les deux sexes (16 à 49 %), de même qu’une diminution de l’insuline (21 à 70 %), avec un effet dose-dépendant et significatif dès la plus faible dose testée de 1 mg.kg-1.j-1 (p<0,05). Les résultats indiquent également une intolérance au glucose et à l’insuline (test d’hyperglycémie et de résistance à l’insuline), avec dans tous les cas des concentrations de glucose sanguin supérieures à celles du groupe témoin (à 60, 120 et 180 minutes pour le test d’hyperglycémie et à 15, 30, 45 et 60 minutes pour le test à l’insuline). Les auteurs décrivent également une baisse significative, dose-dépendante, du poids maigre des mâles et des femelles dès la plus faible dose testée, alors que la masse graisseuse viscérale a augmenté significativement dans les groupes des deux sexes à partir de 10 mg.kg-1.j-1 (p<0,05). Concernant les muscles squelettiques, des résultats significatifs ont également été observés dans tous les groupes traités concernant notamment la diminution du nombre de récepteurs à l’insuline, du glycogène, ou encore de l’absorption du glucose (tests ex in-vivo). Les analyses rapportent également une altération de la régulation de plusieurs gènes/protéines impliqués dans la signalisation de l’insuline. A noter notamment la diminution de l’expression du gène du transporteur de glucose (Glut4) et l’augmentation de la phosphorylation de la protéine GLU4, conduisant à une diminution de son activité de transport du glucose plasmatique vers les muscles. De plus, des modifications épigénétiques de certains gènes dont Glut4 induites par le DEHP semblent jouer un rôle important dans les anomalies du métabolisme du glucose.
Dose critique : LOAEL de 1 mg.kg-1.j-1 pour plusieurs des paramètres biochimiques examinés dans l’étude (taux de glycémie et d’insuline à jeun, intolérance au glucose et à l’insuline)
Qualité de l’étude : 2. Cette étude est bien documentée pour l’approche mécanistique des effets sur l’homéostasie du glucose chez les animaux exposés in utero, mais ne mentionne aucune donnée sur la toxicité maternelle. Les analyses statistiques sont bien documentées.
Zhang et al., 2015
Espèce étudiée : souris CD-1.
Sexe et nombre d’animaux par lot : 5 femelles/dose.
Voie d’exposition : orale (non précisée)
Substance - forme chimique : DEHP (solution saline dans 0,1 % de DMSO)
Temps et fréquence d’exposition : du 0,5e j. au 18,5e j. de gestation.
Doses d’exposition / formes chimiques : 0,04 mg.kg-1.j-1
Lot témoin : oui (eau)
Protocole : Les auteurs ont recherché les effets transgénérationnels de l’exposition in utero au DEHP sur la fonction ovarienne des femelles de 1ère et 2ème génération. Les femelles exposées au cours de la gestation ont mis bas naturellement et élevé leurs petits. Arrivées à maturité sexuelle, des femelles F1 ont été accouplées avec des mâles non exposés. La folliculogénèse a été évaluée chez les petites femelles F1 et F2 au 21e jour après la naissance (PND 21). Dans un second protocole reprenant le même profil d’exposition, les souris F0 et F1 gravides ont été sacrifiées au 13,5e ou 17,5e jour de gestation afin de réaliser sur les fœtus femelles d’une part le séquençage des cellules germinales (13,5e j), puis l’étude de la méiose (17,5e j) (stade chromosomique des oocytes par immunomarquage, et l’expression des gènes et protéines spécifiques de la méiose (RT-PCR, Western blot)).
Résultats / effets observés : Chez les mères, le DEHP a entraîné une baisse significative de la concentration sérique d’œstradiol (E2) au 12,5e j de gestation (p<0,05), de même que sur les fœtus femelles, une altération de l’expression des gènes impliqués dans la production d’hormones stéroïdiennes (Cyp17a1 et Cyp19a1) (p<0,05), ainsi que de celle des gènes des récepteurs aux œstrogènes, à la folliculostimuline (FSH), l’hormone lutéinisante (LH) (p<0,05), ainsi qu’au facteur de croissance épidermique (EGF) (p<0,01). Par ailleurs, l’exposition in utero au DEHP retarde significativement la progression méiotique des oocytes fœtaux (p<0,01), et altère l’expression des gènes associés (p<0,01) au 17,5e jour de gestation des mères. Enfin, les auteurs ont mis en évidence une diminution des follicules primordiaux et une augmentation des follicules secondaires au 21ème jour post-natal aussi bien sur les petites femelles F1 (p<0,05) que F2 (p<0,05), témoignant d’un effet transgénérationnel de l’exposition in utero au DEHP sur la folliculogénèse.
Dose critique : LOAEL de 0,04 mg.kg-1.j-1 relative aux effets de l’exposition in utero au DEHP sur le profil folliculaire des petites femelles F1 et F2 à PND21 (seule valeur, retenue par défaut).
Qualité de l’étude : 2. Cette étude de type approche mécanistique montre clairement les effets délétères de l’exposition in utero au DEHP sur le développement ovarien des petites femelles. Le protocole est bien décrit et les résultats clairement mentionnés avec des analyses statistiques systématiques. Toutefois, bien que cette étude soit réalisée à partir d’une faible dose d’exposition (0,04 mg/kg/j), le protocole (1 seule dose testée) ne permet pas d’établir de relation dose-réponse. Par ailleurs, il n’est pas précisé dans l’article si le lot témoin a été traité avec de l’eau contenant 0,1 % de DMSO).
Wolfe et Layton, 2003; NTP, 2003
Espèce étudiée : rat Sprague-Dawley.
Sexe et nombre d’animaux par lot : 17 animaux/sexe/dose.
Voie d’exposition : orale (alimentation)
Substance - forme chimique : DEHP
Temps et fréquence d’exposition : 6 semaines avant accouplement de la génération F0 puis pendant toute la gestation et la lactation. Les animaux F1 et F2 ont été traités en continu après le sevrage. Néanmoins, le traitement à la plus forte dose s’est arrêté du fait d’une stérilité des animaux F1.
Doses d’exposition / formes chimiques : 10 - 30 - 100 - 300 - 1 000 – 7 500 - 10 000 ppm (soit 0,5 à 0,8 - 1,4 à 2,4 - 4,8 à 7,9 – 14 à 23 – 46 à 77 – 359 à 592 – 543 à 775 mg.kg-1.j-1 sur la base de la quantité d’aliments consommés par la génération F0, F1 et F2 pendant deux générations successives.
Lot témoin : 1,5 ppm soit 0,1 mg.kg-1.j-1 (bruit de fond)
Protocole : Cette étude suit la ligne directrice de l’OCDE 416 relative à l’étude de toxicité pour la reproduction sur deux générations et les essais ont été réalisés en respectant les bonnes pratiques de laboratoire. Les examens réalisés sur les différents groupes ont permis d’évaluer la fertilité, le comportement des animaux, d’éventuels effets de perturbation endocrinienne (dosages de FSH, LH et E2 chez les deux sexes) ainsi que l’état des organes de la reproduction des différents groupes. Un examen macroscopique des animaux, des examens histologiques et des analyses biologiques ont été réalisés. En complément des exigences de la ligne OCDE 416, des études de croisement ont été réalisées entre des animaux sélectionnés des groupes F1 et F2.
Résultats / effets observés : Une baisse significative du poids des mâles F1 et F2 (respectivement 10 et 14 %) exposés à 7 500 ppm, de même que celui des mâles (respectivement 6 et 21 %) et femelles (respectivement 12 et 19 %) F0 et F1 exposés à 10 000 ppm a été rapportée en fin d’étude par comparaison au groupe témoin.
De nombreux effets sur la reproduction ont été rapportés dans les groupes exposés à 7 500 et 10 000 ppm : baisse du nombre de petits /portée, baisse du poids des petits (ajusté ou non sur la taille des portées) à la naissance et au cours de la lactation, retard des marqueurs sexuels du développement (descente des testicules, ouverture vaginale et séparation du prépuce). A noter également chez les petits mâles F1, une altération des marqueurs du développement sexuel se traduisant par une diminution de la distance anogénitale et la non-régression des tétons. Le taux de gestation a été réduit à 45 % lors des accouplements des animaux de génération F2 exposés à 7 500 ppm (aucune portée à 10 000 ppm pour la génération F1).
Les croisements entre les mâles traités (7 500 et 10 000 ppm) et des femelles non traitées ont entraîné une baisse du nombre de sites d’implantations et une diminution des indices de fertilité et de gestation. Lorsque seules les femelles ont été traitées, une diminution de la distance anogénitale chez les petits mâles est rapportée, de même qu’une diminution du poids de la progéniture mâle et femelle.
Les autopsies ont révélé une atteinte de la densité des spermatozoïdes chez les mâles F1, F2 et F3 exposés à 7 500 ppm et les mâles F0 et F1 exposés à 10 000 ppm. Le poids des organes, foie, reins et organes de la reproduction (testicules et épididymes) ont également été altérés à partir de 1 000 ppm pour le foie uniquement (poids absolu et relatif), et 7 500 ppm chez les mâles de F1, F2, F3 ou encore 10 000 ppm chez les mâles F0. Des résultats similaires ont été rapportés chez les femelles (augmentation du poids absolu et/ou relatif du foie et des reins) le plus souvent à partir de7 500 ppm dans toutes les générations. Une atrophie des testicules et des épididymes est décrite chez les mâles F1 et F2 accouplés ou non dans les groupes exposés à 7 500 et 1 000 ppm. Chez les adultes mâles F1 et F2 non accouplés issus du groupe exposé à 300 ppm, les auteurs ont observé une légère augmentation du nombre de rats (3/45 (F1) et 1/21 (F2)) avec des testicules et/ou des épididymes atrophiés (pas d’observation chez les mâles F0). Ces mêmes effets ont été largement décrits chez les mâles F1 et F2 à partir de 7 500 ppm.
Des lésions histologiques du foie, des reins et des glandes surrénales sont rapportées à partir de 1 000 ppm chez les animaux F1 et F2 (foie uniquement), d’intensité plus sévère aux plus fortes doses (hypertrophie hépatocellulaire, dilatation des tubules rénaux, pyélonéphrite, vacuolisation corticale des surrénales). En ce qui concerne les testicules, une atrophie de minime à sévère des tubes séminifères, caractérisée par l’absence de cellules germinales et la présence uniquement de cellules de Sertoli, ou la baisse occasionnelle de spermatozoïdes a été rapportée chez les mâles F1 à 10 000 ppm et F2 à 7 500 ppm. De même des lésions épididymaires (détachement des cellules épithéliales et corps résiduels) sont observées. L’épididyme a été observé à 7 500 et 10 000 ppm chez les mâles F0 (10 000 ppm seulement) et les mâles F1 ainsi que chez les mâles F2 à 7 500 ppm.
Dose critique : un NOAEL de 100 ppm (5 mg.kg-1.j-1) et un LOAEL de 300 ppm (14 mg.kg-1.j-1) ont été observés pour une taille réduite des testicules et une légère atrophie des tubes séminifères chez les générations F1 et F2.
Qualité de l’étude : 1, cette étude réglementaire, malgré de légères déviations (17 au lieu de 20 animaux /dose et exposition des animaux de génération F0 de 6 semaines au lieu de 10) suit la ligne directrices 416 de l’OCDE et a été réalisée selon les BPL. Elle propose une évaluation approfondie du « syndrome des phtalates » en utilisant un nombre important de jeunes rongeurs mâles afin de détecter des effets sur la reproduction, à des niveaux faibles d’exposition et ce, sur 2 générations.
Carpenter et al., 1953 (article non consultable)
L’étude a été menée sur plusieurs espèces (rats, cobayes, chiens), seuls les effets sur le cobaye sont présentés ci-dessous.
Espèce étudiée : cobaye.
Sexe et nombre d’animaux par lot : 22 à 24 animaux/sexe/dose.
Voie d’exposition : orale (alimentation)
Substance - forme chimique : DEHP
Temps et fréquence d’exposition : exposition d’1 an (fréquence non précisée)
Doses d’exposition / formes chimiques : 0,04 – 0,13 % soit 19 - 64 mg.kg-1.j-1 calculée à partir de la consommation de nourriture.
Lot témoin : oui (24 mâles et 22 femelles)
Protocole : Les auteurs ont recherché les effets de l’exposition chronique au DEHP sur la toxicité systémique. Les cobayes ont été pesés toutes les semaines durant l’intégralité de la durée de l’étude. Les consommations d’eau et de nourriture ont été mesurées régulièrement. A la fin de l’étude les animaux ont été sacrifiés. A l’autopsie, les animaux ont été pesés, de même que les différents organes qui ont fait l’objet d’un examen anatomo-pathologique
Résultats / effets observés : L’exposition au DEHP administré pendant une année via la nourriture n’a eu aucun effet sur la mortalité et sur la croissance pondérale des animaux (mâles et femelles). Les autopsies n’ont pas permis d’observer d’effet sur le poids des reins et aucune lésion macroscopique ou histologique n’a été rapportée au niveau des reins, du foie, des poumons, de la rate ou des testicules. Une augmentation significative du poids relatif du foie a été observée chez les femelles des deux groupes exposés par comparaison au groupe témoin.
Dose critique : LOAEL de 19 mg.kg-1.j-1 en raison de l’augmentation du poids relatif du foie observée uniquement chez les femelles des deux groupes exposés au DEHP (19 et 64 mg.kg-1.j-1)
Qualité de l’étude : 4, cette étude ancienne n’est pas consultable et ne peut donc être évaluée.
Morton, 1979
Espèce étudiée : rat Sprague Dawley
Sexe et nombre d’animaux par lot :
Voie d’exposition : orale
Substance - forme chimique : DEHP
Temps et fréquence d’exposition : exposition quotidienne pendant 7 jours
Doses d’exposition / formes chimiques : 2,5 – 25 – 50 - 100 mg.kg-1.j-1
Lot témoin : Non précisé
Protocole : Non précisé
Résultats / effets observés : On observe une augmentation du poids du foie et de l'activation mitotique transitoire aux doses supérieures à 50 mg.kg-1.j-1. Une augmentation de l'activité des enzymes hépatiques qui correspondent à une prolifération peroxysomale est observée aux doses de 25 à 100 mg.kg-1.j-1. Une réduction de la concentration des triglycérides sanguins a été rapportée à la plus faible dose testée de 2,5 mg.kg-1.j-1.
Dose critique : NOAEL de 2,5 mg.kg-1.j-1 relative à l’absence d’effet sur la prolifération peroxysomale.
Qualité de l’étude : 4, étude non publiée.
Poon et al., 1997
Espèce étudiée : rat Sprague Dawley
Sexe et nombre d’animaux par lot : 10 animaux par sexe/dose
Voie d’exposition : orale (alimentation)
Substance - forme chimique : DEHP (pureté 99,6 %)
Temps et fréquence d’exposition : exposition de 13 semaines de jeunes animaux (âge non précisée)
Doses d’exposition / formes chimiques : 5 – 50 – 500 – 5 000 ppm soit 0,37 – 3,7 – 37 – 370 mg.kg-1.j-1 de DEHP
Lot témoin : oui (4% huile de maïs)
Protocole : Les auteurs ont recherché les effets de l’exposition subchronique au DEHP par voie orale sur la toxicité systémique. Le poids et la consommation alimentaire des animaux ont fait l’objet d’un suivi hebdomadaire pendant toute la durée de l’étude. A la fin de l’étude, des prélèvements de sang sont réalisés sur les animaux anesthésiés afin de réaliser une analyse des paramètres hématologiques et biochimiques. A l’autopsie, les animaux sont pesés, de même que les différents organes qui ont fait l’objet d’un examen anatomo-pathologique. Des homogénats de foie et des frottis de moelle osseuse fémorale sont également préparés.
Résultats / effets observés : Le traitement n’a pas eu d’effet significatif sur la croissance pondérale ou la consommation d’aliments aussi bien chez les mâles que chez les femelles. A 5 000 ppm, une hypertrophie du foie est observée chez tous les mâles et 5 femelles (/10). Une augmentation du poids absolu et relatif du foie est rapportée pour les deux sexes (p<0,01) dans ces groupes de même que chez les femelles une augmentation de l’activité de la N-déméthylase de l’aminopyrine, enzyme microsomale hépatique (p<0,01). Certains des paramètres hématologiques (nombre de globules rouges et hémoglobine chez les mâles) et biochimiques (albumine chez les deux sexes, potassium chez les mâles, cholestérol chez les femelles) ont été significativement modifiés uniquement dans les groupes exposés à 5 000 ppm, en dehors de l’activité de l’alanine aminotransférase (ALAT) significativement diminuée dans tous les groupes traités chez les mâles et à 500 ppm chez les femelles.
Les analyses histologiques ont confirmé la présence d’une hypertrophie hépatocellulaire modérée à sévère chez les mâles et femelles exposés à 5 000 ppm, avec dans de rares cas des nécroses localisées. Au niveau des testicules, une vacuolisation des cellules de Sertoli a été rapportée, dans tous les groupes traités soit 4/10, 4/10, 7/10 et 9/10 versus 0/10 dans le groupe témoin, avec une intensité croissante en fonction de la dose de 0,2 – 0,5 – 1 – 2,4 (somme de la sévérité du score/nombre de tissus examinés) (aucune donnée statistique des résultats). Chez les mâles exposés à la plus forte dose, une atrophie bilatérale, multifocale ou complète des tubes séminifères avec parfois une absence totale de spermatozoïdes est rapportée. Selon les auteurs, la vacuolisation des cellules de Sertoli est un marqueur précoce de la toxicité testiculaire, clairement visible à partir de 500 ppm.
Dose critique : NOAEL de 50 ppm ou 3,7 mg.kg-1.j-1 relative à l’absence d’effet significatif sur la vacuolisation des cellules de Sertoli.
Qualité de l’étude : 2 Le protocole de cette étude de toxicité subchronique est comparable aux critères requis dans la ligne directrice 408 de l’OCDE. Toutefois, le choix de la NOAEL n’est fondé sur aucune analyse statistique ce qui rend l’argumentaire peu convaincant.
Effets sans seuil voie orale
NTP, 1982
Espèce étudiée : rat (F344).
Sexe et nombre d’animaux par lot : 50 animaux/sexe/dose.
Voie d’exposition : orale (alimentation)
Substance - forme chimique : DEHP
Temps et fréquence d’exposition : exposition quotidienne pendant 103 semaines.
Doses d’exposition / formes chimiques : 6 000 – 12 000 ppm soit 0,322 – 0,674 mg.kg-1.j-1 pour les mâles et 0,394 – 0,744 pour les femelles calculée à partir de la consommation de nourriture.
Lot témoin : oui (50 mâles et 50 femelles)
Protocole : Les auteurs ont recherché les effets néoplasiques et non néoplasiques dans le cadre d’une étude de cancérogenèse où les rats des deux sexes ont été exposés pendant 103 semaines au DEHP. Les rats sont examinés deux fois par jour et pesés individuellement 1 fois par mois. Les animaux moribonds en cours d’étude ou survivants jusqu’à la fin de l’étude sont sacrifiés par inhalation de CO2, puis autopsiés (105e semaine). Les différents organes font l’objet d’un examen macroscopique et microscopique, les données étant recueillies individuellement. Tous les résultats sont traités statiquement.
Résultats / effets observés : Une diminution dose-dépendante de la croissance pondérale est rapportée tout au long de l’étude chez les mâles, de même que chez les femelles uniquement dans le groupe exposé à la plus forte dose. La consommation quotidienne moyenne d'aliments a diminué légèrement à cette dose (86% et 75 % de la quantité par rapport aux témoins respectivement chez les mâles et les femelles). Aucun autre signe clinique de toxicité ou de mortalité (taux de survie) lié au traitement n’a été décrit.
Une augmentation de l’incidence des tumeurs hépatocellulaires a été observée aussi bien chez les femelles que chez les mâles. Les principaux résultats sont rapportés dans le tableau suivant.
A la plus forte dose de 12 000 ppm, les incidences des nodules néoplasiques et des carcinomes hépatiques ont augmenté significativement chez les femelles exposées, de même que l'incidence combinée des nodules néoplasiques et des carcinomes hépatocellulaires aussi bien chez les femelles que chez les mâles. A la plus faible dose de 6 000 ppm, seule l’incidence combinée des nodules néoplasiques et des carcinomes hépatocellulaires était significativement augmentée chez les femelles uniquement.
Concernant les lésions non néoplasiques, une dégénérescence des tubes séminifères a été observée chez les mâles du groupe exposé à la plus forte dose 43/48 (90 %) (p<0,05), versus 1/49 (2 %) chez les témoins et 2/44 (5 %) à la faible dose. Une hypertrophie des cellules du lobe antérieur de l'hypophyse a également été observée chez les rats mâles du groupe exposé à 12 000 ppm (22/49 (45 %), p<0,05 par rapport au groupe témoin (1/46).
Le NTP a conclu que dans les conditions de l’essai, le DEHP était cancérogène pour le rat car il entraîne une augmentation de l’incidence des carcinomes et des nodules néoplasiques hépatocellulaires chez les femelles et provoque chez les mâles et les femelles une augmentation de l’incidence combinée des nodules néoplasiques et carcinomes hépatocellulaires.
Dose critique : NOAEL de 6 000 ppm soit 0,322 mg.kg-1.j-1 chez les mâles (effets non néoplasiques testiculaires) et LOAEL de 6 000 ppm soit 0,394 mg.kg-1.j-1 chez les femelles (effets néoplasiques hépatocellulaires).
Qualité de l’étude : 1, cette étude bien qu’ancienne, pour les effets néoplasiques satisfait les critères requis par des guides et critères nationaux des Etats Unis.
NTP, 1982
Espèce étudiée : souris (B6C3F).
Sexe et nombre d’animaux par lot : 50 animaux/sexe/dose.
Voie d’exposition : orale (alimentation)
Substance - forme chimique : DEHP
Temps et fréquence d’exposition : exposition quotidienne pendant 103 semaines.
Doses d’exposition / formes chimiques : 3 000 – 6 000 ppm soit 0,672 – 1,325 mg.kg-1.j-1 pour les mâles et 0,799 – 1,821 pour les femelles calculée à partir de la consommation de nourriture.
Lot témoin : oui (50 mâles et 50 femelles)
Protocole : Les auteurs ont recherché les effets néoplasiques et non néoplasiques dans le cadre d’une étude de cancérogenèse où les souris des deux sexes ont été exposées pendant 103 semaines au DEHP. Les souris sont examinées deux fois par jour et pesées individuellement 1 fois par mois. Les animaux moribonds en cours d’étude ou survivants jusqu’à la fin de l’étude sont sacrifiés par inhalation de CO2, puis autopsiés (105e semaine). Les différents organes font l’objet d’un examen macroscopique et microscopique, les données étant recueillies individuellement. Tous les résultats sont traités statiquement.
Résultats / effets observés : Une diminution dose-dépendante de la croissance pondérale est rapportée chez les femelles à partir de la 25e semaine d’exposition jusqu’à la fin de l’étude. Aucun autre signe clinique de toxicité ou de mortalité (taux de survie) lié au traitement n’a été décrit.
Une augmentation de l’incidence des nodules néoplasiques et des carcinomes hépatocellulaires a été observée aussi bien chez les mâles que chez les femelles. Les principaux résultats sont rapportés dans le tableau suivant.
incidence des tumeurs hépatocellulaires chez les souris exposées pendant 103 semaines au DEHP (NTP, 1982)
sexe |
Type de tumeur |
Témoin |
3 000 ppm |
6000 ppm |
---|---|---|---|---|
mâles |
Carcinomes |
9/50 (18 %) |
14/48 (29 %) |
19/50* (38 %) |
Nodules néoplasiques |
6/50 (12 %) |
11/48 (23 %) |
10/50 (20 %) |
|
Nodules néoplasiques ou carcinomes |
14/50 (28 %) |
25/48* (52 %) |
29/50* (58 %) |
|
femelles |
Carcinomes |
0/50 (0 %) |
7/50* (14 %) |
17/50* (34 %) |
Nodules néoplasiques |
1/50 (2 %) |
5/50 (10 %) |
1/50 (2 %) |
|
Nodules néoplasiques ou carcinomes |
1/50 (2 %) |
12/50* (24 %) |
18/50* (36 %) |
L'incidence des carcinomes hépatocellulaires a augmenté de façon significative par rapport aux témoins chez les souris mâles et femelles des groupes exposés à la plus forte dose de 6 000 ppm avec une fréquence de 19/50 (38%), p = 0,022 chez les mâles et 17/50 (34%), p <0,001] chez les femelles. L'incidence combinée des carcinomes et des nodules néoplasiques hépatocellulaires a également augmenté dans les groupes exposés aussi bien à faible dose avec une fréquence de 25/48 (p = 0,013) et 12/50 (p = 0,001)) respectivement chez les mâles et les femelles, qu’à forte dose avec une fréquence de 29/50 (p = 0,002) et 18/50 (p<0,001), respectivement chez les mâles et les femelles.
Les autres types de lésions néoplasiques ont été observés avec une incidence comparable dans les groupes exposés au DEHP et le groupe témoin. Aucune n’a été considérée comme étant liée au traitement.
Concernant les effets non néoplasiques, une dégénérescence des tubes séminifères a été observée chez les mâles du groupe exposé à la plus forte dose (7/49 (14%), et 2/48 (4 %) à la plus faible dose versus 1/49 (2%) dans le groupe témoin).
Les auteurs ont conclu que dans les conditions de l’essai, le DEHP augmentait l’incidence des carcinomes hépatocellulaires aussi bien chez les mâles que chez les femelles.
Dose critique : NOAEL de 3 000 ppm chez les mâles soit 0,672 mg.kg-1.j-1 (effet non néoplasique relative à la dégénérescence des cellules testiculaires) et LOAEL de 3 000 ppm mâle/femelle soit 0,672 mg.kg-1.j-1 (effet néoplasique relatif à l’incidence combinée des nodules néoplasiques et carcinomes hépatocellulaire).
Qualité de l’étude : 1, cette étude bien qu’ancienne, satisfait les critères requis par des guides et critères nationaux des Etats Unis.
Valeurs de l'ANSES et/ou de l'INERIS
Description
Effets à seuil - Exposition sub-chronique par inhalation
L'ATSDR propose un MRL de 3 µg.m-3 (0,0002 ppm) pour une exposition sub-chronique au DEHP par inhalation (ATSDR, 2022).
Cette valeur est basée sur deux études expérimentales réalisées par la même équipe japonaise sur des rats prépubères, d’une part chez les mâles (Kurahashi et al., 2005) et d’autre part chez les femelles (Ma et al., 2006). L’exposition à des doses 5 et 25 mg.m3 a été réalisée pendant 4 à 8 semaines pour les mâles et pendant 3 à 9 semaines pour les femelles. Les effets sur le développement de l’appareil reproducteur des mâles et des femelles ont été retenu comme effet critique dans ces deux études. Un même LOAEL de 5 mg.m-3 (soit 0, 3 ppm*) a été retenu comme point de départ dans les deux études à partir de la précocité de l’ouverture vaginale chez les femelles et l’augmentation de la concentration de testostérone plasmatique (pour 4 et 8 semaines d’exposition) et de la réduction du poids des vésicules séminales (pour 8 semaines d’exposition) chez les mâles. Un ajustement temporel pour une exposition continue a été pratiqué :
LOAELADJ = LOAEL (0,3 ppm) x 6 h/24 h x 5 j/7 j = 0,05 ppm.
Une concentration équivalente pour l’homme est calculée en prenant un facteur de conversion par défaut de 1 en raison de l’absence de donnée sur le rapport des coefficients de partage air/sang pour le DEHP chez l’homme et l’animal.
LOAELHEC = LOAELADJ (0,05 ppm) x 1 = 0,05 ppm.
Facteurs d’incertitude : un facteur global d’incertitude 300 est appliqué : un facteur 10 pour l’extrapolation des données de l’animal à l’homme, un facteur 3 pour la variabilité au sein de l’espèce humaine (après ajustement dosimétrique) et un facteur 10 car cette valeur est établie à partir d’un LOAEL.
Calcul : MRL = 0,05 ppm / 300 = 0,0002 ppm soit 0,003 mg.m-3 ou 3 µg.m-3
Indice de confiance : cet organisme n’accorde pas d’indice de confiance.
*1 ppm = 15,94 mg.m-3
Effets à seuil - Exposition aiguë par voie orale
L'ATSDR propose un MRL de 0,003 mg.kg-1.j-1 pour une exposition aiguë au DEHP par voie orale (ATSDR, 2022).
Cette valeur est basée sur une étude expérimentale chez la rate gestante Wistar exposée à 0 – 1 – 10 - 100 mg.kg-1.j-1 de DEHP par gavage dans l’huile d’olive du 9e au 21e jour de gestation (Rajesh et Balasubramanian, 2014). L’homéostasie du glucose a été étudiée sur la progéniture mâle et femelle à l’âge adulte (60 jours) et retenu comme effet critique par l’ATSDR. Parmi les nombreux paramètres étudiés, les auteurs ont observé une augmentation significative de la glycémie à jeun, en même temps que la diminution de la concentration sérique d’insuline, dose-dépendante, dans tous les groupes exposés in utero au DEHP par rapport au groupe témoin (LOAEL de 1 mg.kg-1.j-1). Aucune analyse Benchmark Dose satisfaisante n’a pu être réalisée, de telle sorte qu’un LOAEL de 1 mg.kg-1.j-1 a été retenu comme point de départ dans l’élaboration de cette valeur. Aucune dose équivalente humaine n’a été calculée.
Facteurs d’incertitude : un facteur global d’incertitude de 300 est appliqué : un facteur 10 pour l’extrapolation des données de l’animal à l’homme, un facteur 3 pour la variabilité au sein de l’espèce humaine (l’exposition in utero des petits est considérée comme une population dite sensible) et un facteur 10 car cette valeur est établie à partir d’un LOAEL.
Calcul : 1 mg.kg-1.j-1 / 300 = 0,003 mg.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme n’accorde pas d’indice de confiance.
Effets à seuil - Exposition sub-chronique par voie orale
L'ATSDR propose un MRL de 0,0001 mg.kg-1.j-1 pour une exposition sub-chronique au DEHP par voie orale (ATSDR, 2022).
Cette valeur est basée sur une étude expérimentale chez la souris gestante CD-1 exposée à 0 – 0,04.mg.kg-1.j-1 de DEHP par voie orale dans le DMSO (0,1 %) du 0,5e au 18,5e jour de gestation (Zhang et al., 2015). L’exposition au DEHP a entraîné chez les mères une diminution de la sécrétion d’œstradiol sérique (au 12e jour de gestation) et de nombreux effets sur le développement de l’appareil reproducteur des fœtus femelles retenus comme effet critique. Chez les petites femelles de 21 jours, le profil folliculaire est significativement différent de celui du groupe témoin (diminution des follicules primordiaux et une augmentation des follicules secondaires (p<0,05), de même que chez les petites femelles F2 issues du croisement des femelles F1 traités in utero avec des mâles non exposés (p<0,05) (effet transgénérationnel). L’ATSDR a retenu un LOAEL de 0,04 mg.kg-1.j-1 comme dose critique (seule dose testée) comme point de départ pour la construction de sa valeur. Aucune dose équivalente humaine n’a été calculée.
Facteurs d’incertitude : un facteur global d’incertitude de 300 est appliqué : un facteur 10 pour l’extrapolation des données de l’animal à l’homme, un facteur 3 pour la variabilité au sein de l’espèce humaine (l’exposition des petits in utero est considérée comme une population dite sensible) et un facteur 10 car cette valeur est établie à partir d’un LOAEL
Calcul : 0,04 mg.kg-1.j-1 / 300 = 0,0001 mg.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme n’accorde pas d’indice de confiance.
Effets à seuil - Exposition chronique par voie orale
L’Efsa propose une TDI de 0,05 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique au DEHP par voie orale (EFSA, 2005).
Cette valeur est basée sur une étude expérimentale de toxicité pour la reproduction sur deux générations chez le rat exposés à des doses de 1,5 (témoin) - 10 - 30 - 100 - 300 – 1 000 – 7 500 – 10 000 ppm (soit 0,1 (témoin) - 0,5 à 0,8 - 1,4 à 2,4 - 4,8 à 7,9 – 14 à 23 – 46 à 77 – 359 à 592 – 543 à 775 mg.kg-1.j-1 (NTP, 2003 ; Wolfe et Layton, 2003). Les effets sur l’appareil reproducteur des mâles ont été retenus comme effet critique. Un NOAEL de 100 ppm (4,8 arrondi à 5 mg.kg-1.j-1) a été retenu pour la construction de la VTR en raison de l’observation d’une taille réduite des testicules et une légère atrophie des tubes séminifères chez les mâles des générations F1 et F2 des groupes exposés à la dose de 300 ppm (LOAEL). Aucun ajustement temporel n’a été réalisé par l’Efsa en raison de l’exposition continue des animaux au DEHP via l’alimentation. Aucune dose équivalente humaine n’a été calculée.
Facteurs d’incertitude : un facteur global d’incertitude 100 est appliqué : un facteur 10 pour l’extrapolation des données de l’animal à l’homme (variabilité inter-espèces) et un facteur 10 pour la variabilité au sein de l’espèce humaine (variabilité intra-espèces).
Calcul : 5 mg.kg-1.j-1 / 100 = 0,05 mg.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme n’accorde pas d’indice de confiance.
L’US EPA propose une RfD de 0,02 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique au DEHP par voie orale (US EPA, 1987).
Cette valeur est établie à partir d’une étude expérimentale réalisée chez les cochons d’Inde exposés via l’alimentation à des doses de 0 - 19 - 64 mg.kg-1.j-1 pendant 1 année (5 j/7) (Carpenter et al., 1953). L’effet critique retenu est la toxicité hépatique mise en évidence par l’augmentation significative du poids relatif du foie chez les femelles exposées aux deux doses de DEHP par comparaison au groupe témoin. Un LOAEL de 19 mg.kg-1.j-1 est retenupour la construction de la RfD. Aucun ajustement n’est réalisé pour la durée discontinue (5 j/7) de l’exposition.
Facteurs d’incertitude : un facteur global de 1 000 est appliqué : 10 pour tenir compte des variations inter-espèces, 10 pour tenir compte des variations intra-espèces, un facteur 10 supplémentaire pour tenir compte de la durée d’exposition de 1 an, supérieure à une durée sub-chronique mais ne correspondant à la durée de vie du cochon d’Inde, de même que pour tenir compte de la construction de la RfD à partir d’un LOAEL, l’effet étant considéré comme peu spécifique.
Calcul : 19 mg.kg-1.j-1 x 1/1 000 = 0,019 mg.kg-1.j-1 arrondi à 0,02 mg.kg-1.j-1
Indice de confiance : moyen, tant pour la qualité de l’étude source, la complétude de la base de données ainsi que la VTR élaborée.
L’OMS a établi une TDI de 0,025 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale au DEHP (OMS, 2003).
Cette valeur a été établie à partir d’une étude expérimentale non publiée chez le rat exposé à des doses de 0 – 2,5 – 25 - 50 – 100 mg.kg-1.j-1 par voie orale pendant 7 jours (Morton, 1979). La prolifération des peroxysomes hépatiques a été retenu comme l’effet critique, considéré comme particulièrement sensible. La DJT a été construite à partir d’un NOAEL de 2,5 mg.kg-1.j-1. Aucun ajustement pour la durée d’exposition n’a été réalisé.
Facteurs d’incertitude : un facteur global de 100 est appliqué : 10 pour tenir compte des variations inter-espèces et 10 pour tenir compte des variations intra-espèces.
Calcul : 2,5 mg.kg-1.j-1 / 100 = 0,025 mg.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice.
Le RIVM propose une TDI de 0,004 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique au DEHP par voie orale (RIVM, 2001).
Cette valeur est établie à partir d’une étude expérimentale de toxicité subchronique chez des rats exposés via l’alimentation à des doses de 0 - 5 – 50 – 500 – 5 000 ppm soit 0 - 0,37 – 3,7 – 37 – 370 mg.kg-1.j-1 de DEHP pendant 13 semaines (Poon et al., 1997). L’effet critique retenu est la toxicité testiculaire mise en évidence par une vacuolisation des cellules de Sertoli, considéré comme étant un marqueur précoce de toxicité. Un NOAEL de 50 ppm soit 3,7 mg.kg-1.j-1 a été déterminé par les auteurs et considéré comme le point de départ dans la construction de la DJT. Le RIVM considère que les résultats de cette étude sont considérés comme pertinents aussi bien pour les adultes que les jeunes mâles. Aucun ajustement n’a été réalisé.
Facteurs d’incertitude : un facteur global de 1 000 est appliqué : 10 pour tenir compte des variations inter-espèces, 10 pour tenir compte des variations intra-espèces, et un facteur 10 pour tenir compte de l’extrapolation de l’exposition à long terme.
Calcul : 3,7 mg.kg-1.j-1 / 1 000 = 0,0037 mg.kg-1.j-1 arrondi à0,004 mg.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice.
Le RIVM a établi une TDI de 0,025 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale à tous les phtalates (2001).
Cette valeur est directement basée sur la DJT de 0,025 mg.kg-1.j-1 du DEHP établi par l’OMS en 1996. Le RIVM justifie sa valeur en considérant que les autres phtalates présentent tous une toxicité plus faible ou équivalente au DEHP.
Facteurs d’incertitude : aucun facteur n’est appliqué.
Calcul : -
Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice.
Effets sans seuil - Exposition chronique par inhalation
L’OEHHA a établi un ERUi de 2,4 10-6 (µg.m-3)-1pour une exposition chronique par inhalation au DEHP (OEHHA, 2011).
Cette valeur est calculée en 2011. Elle repose sur une extrapolation voie à voie à partir de l’ERUo de l’OEHHA (voir ci-après), en considérant le poids moyen d’un homme de 70 kg, un volume de respiratoire de 20 m3 par jour et un taux d’absorption de 100 %. Aucune autre indication n’est mentionnée.
Effets sans seuil - Exposition chronique par voie orale
L’US EPA a établi un ERUo de 0,014 (mg.kg-1.j-1)-1 pour une exposition chronique par voie orale au DEHP (US EPA, 1988).
Cette valeur est issue d’une étude de cancérogenèse chez le rat (Wistar) et la souris (B6C3F1) exposés au DEHP par voie orale pendant 103 semaines à des doses de 0 – 6 000 – 12 000 ppm (soit 0 - 0,322 – 0,674 mg.kg-1.j-1 pour les mâles et 0 - 0,394 – 0,744 mg.kg-1.j-1 pour les femelles) chez le rat et 0 – 3 000 – 6 000 ppm (soit 0 - 0,672 – 1,325 mg.kg-1.j-1 pour les mâles et 0 - 0,799 – 1,821 pour les femelles) chez la souris (NTP, 1982). Au cours de cette étude, une augmentation de l'incidence des tumeurs hépatiques (carcinomes et/ou adénomes hépatocellulaires) a été observée chez les mâles et les femelles à la fois chez le rat et la souris. L’US EPA a retenu pour la construction de sa valeur l’augmentation de l’incidence combinée des carcinomes et adénomes hépatocellulaires chez la souris mâle, le détail des valeurs étant rapporté dans le tableau suivant :
L’US EPA précise que le calcul de la dose a été réalisé en tenant compte d’un taux de consommation alimentaire standard de 13 % du poids corporel de la souris. En effet, dans cette étude, la farine alimentaire ayant servi au calcul de dose par le NTP pourrait contenir des résidus et déchets en quantité importante, ne constituant pas un véritable apport alimentaire.
Le calcul de la dose équivalente humaine n’est pas renseigné.
La valeur d’excès de risque unitaire a été dérivée au moyen d’un modèle linéarisé multi-étapes et correspond à un ERUo de 0,014 (mg.kg-1.j-1)-1.
L’US EPA précise que chez le rat, la valeur d’ERUo de 0,0045 (mg.kg-1.j-1)-1 a été calculée pour l’incidence combinée des carcinomes et adénomes hépatocellulaires chez la femelle et de 0,0032 (mg.kg-1.j-1)-1 chez le mâle. L’ERUo basé sur l’incidence combinée des carcinomes et adénomes hépatocellulaire chez la souris femelle est de 0,01 (mg.kg-1.j-1)-1.
L’OEHHA a établi un ERUo de 0,003 (mg.kg-1.j-1)-1 pour une exposition par voie orale (OEHHA, 2011).
Cette valeur élaborée en 2011. Elle repose sur une étude de cancérogenèse chez le rat (Wistar) et la souris (B6C3F1) exposés au DEHP par voie orale pendant 103 semaines à des doses de 0 – 6 000 – 12 000 ppm (soit 0 - 0,322 – 0,674 mg.kg-1.j-1 pour les mâles et 0 - 0,394 – 0,744 mg.kg-1.j-1 pour les femelles) chez le rat et 0 – 3 000 – 6 000 ppm (soit 0 - 0,672 – 1,325 mg.kg-1.j-1 pour les mâles et 0 - 0,799 – 1,821 pour les femelles) chez la souris (NTP, 1982). Au cours de cette étude, une augmentation de l'incidence des tumeurs hépatiques (carcinomes et/ou adénomes hépatocellulaires) a été observée chez les mâles et les femelles à la fois chez le rat et la souris. L’OEHHA a retenu pour la construction de sa valeur l’augmentation de l’incidence des carcinomes hépatocellulaires chez le rat et la souris des deux sexes, le détail des valeurs étant rapporté dans le tableau suivant :
L’OEHHA précise que le calcul de la dose a été réalisé en tenant compte d’un taux de consommation alimentaire standard de 13 % du poids corporel de la souris. En effet, dans cette étude, la farine alimentaire ayant servi au calcul de dose par le NTP pourrait contenir des résidus et déchets en quantité importante, ne présentant pas un véritable apport nutritif.
La dose équivalente humaine (HED) a été calculée à partir de l’équation suivante :HED = D x le/Le x (Pa/Ph)1/3 x (Le/L)3
D : dose
Pa : poids corporel de l’animal ; Ph : poids corporel homme
Le : durée d’exposition ; Le : durée de l’étude ; L : durée de vie de l’animal.
Un excès de risque unitaire a été dérivé au moyen d’un modèle linéarisé multi-étapes pour chacune des espèces et pour les deux sexes.
La valeur la plus grande et la plus protectrice de 8,36 10-3 (mg.kg-1.j-1)-1 (arrondie à 8,4 10-3 (mg.kg-1.j-1)-1) dérivée à partir de l’incidence des carcinomes hépatocellulaires chez les souris mâles, a été retenue.
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Synthèse
Effets à seuil - Exposition sub-chronique par inhalation
L’Ineris propose de retenir pour une exposition sub-chronique par inhalation au DEHP la VTR sub-chronique de 3 µg.m-3 de l’ATSDR (2022).
La seule valeur disponible est la valeur de l’ATSDR pour des expositions sub-chroniques. L’ATSDR a construit sa valeur à partir de deux études de toxicité à doses répétées allant de 3 à 9 semaines, réalisées sur des mâles et des femelles juvéniles. Les deux études sont de qualité acceptable. L’effet critique retenu est la toxicité sur les organes de la reproduction, particulièrement sensible au cours du développement. Les études réalisées sur des animaux sexuellement immatures contribuent à la pertinence des effets recherchés et ont permis de déterminer une même dose critique. La construction de la valeur est transparente, avec un ajustement pour une exposition continue et le choix des facteurs d’incertitude est cohérent.
L’Ineris retient la valeur proposée par l’ATSDR.
Indice de confiance : élevé en raison du choix de l’effet critique, la qualité des données et la construction de la VTR.
Effets à seuil - Exposition aiguë par voie orale
L’Ineris propose de ne pas retenir pour une exposition aiguë au DEHP par voie orale la VTR aiguë
Seul l’ATSDR propose une valeur de toxicité aiguë (2022). Cette valeur a été élaborée à partir d’une étude d’exposition in utero au DEHP (Rajesh et Balasubramanian, 2014). L’approche mécanistique de cette étude conduit à un effet sur l’homéostasie du glucose qui représente un effet critique discutable pour la construction d’une VTR, en l’absence d’effet obésogène objectivé par l’augmentation de la masse grasse clairement mis en évidence . De plus la qualité de l’étude est limitée par l’absence de données sur la toxicité maternelle.
Par ailleurs, les éléments dont nous disposons, en faveur du choix de la valeur pour des expositions chroniques, ne nous permettent pas de retenir de valeur pour des expositions aigües. Cette valeur n’est pas retenue par l’Ineris.
Effets à seuil - Exposition sub-chronique par voie orale
L’Ineris propose de ne pas retenir de valeur pour une exposition sub-chronique au DEHP par voie orale.
Seul l’ATSDR propose une valeur de toxicité sub-chronique (2022). Cette valeur a été élaborée à partir d’une étude d’exposition in utero au DEHP (Zhang et al., 2015). L’étude est construite sur une seule dose et ne permet pas d’identifier la contribution du DEHP dans les effets observés, elle n’est donc pas pertinente pour construire une VTR.
De plus, les éléments dont nous disposons, en faveur du choix de la valeur pour des expositions chroniques, ne nous permettent pas de retenir de valeur pour des expositions sub-chroniques.
Cette valeur n’est pas retenue par l’Ineris.
Effets à seuil - Exposition chronique par voie orale
L’Anses propose de retenir pour une exposition chronique au DEHP par voie orale la VTR chronique de 0,05 mg.kg-1.j-1 de l’Efsa (Anses, 2012).
Quatre organismes ont établi des valeurs pour une exposition chronique au DEHP par voie orale (US EPA, 1987 ; RIVM, 2001 ; OMS, 2003, Efsa, 2005) et un organisme a établi une valeur pour l’ensemble des phtalates (RIVM, 2001). En 2012, l’Anses a réalisé un choix de VTR.
L’US EPA et l’OMS s’appuient sur des études anciennes, non disponibles à ce jour et qui ne peuvent être correctement évaluées. Ces deux organismes retiennent comme effet critique la toxicité hépatique se traduisant notamment par la prolifération des péroxysomes faisant intervenir chez les rongeurs l'activation de récepteurs spécifiques (Peroxisome Proliferator-Activated Receptors ou PPAR). Dans le foie humain, il a été démontré que le récepteur PPAR-α est présent à un niveau plus faible que chez le rat et qu'il a également une activité plus faible ce qui permet de considérer que le mécanisme par lequel le DEHP induit des effets sur le foie chez les rongeurs est peu pertinent chez l'homme. Ces valeurs ne sont donc pas retenues.
L’Efsa et le RIVM retiennent comme effet critique les effets sur la reproduction et plus particulièrement la toxicité testiculaire (taille réduite des testicules pour l’Efsa et atteinte des cellules de Sertoli pour le RIVM). Ces résultats sont corroborés par certaines études épidémiologiques humaines suggérant un lien entre exposition au DEHP et l’apparition d’effets reprotoxiques. Les effets les plus pertinents et les plus sensibles sont observés au niveau de l’appareil reproducteur mâle à la suite d’une exposition durant la gestation. L’atteinte est aussi bien histologique que fonctionnelle. L’effet critique retenu, en l’occurrence l’atteinte histologique et fonctionnelle de l’appareil reproducteur mâle, est en cohérence avec l’ensemble de la littérature.
Le RIVM construit sa valeur à partir d’une étude de toxicité subchronique chez le rat (Poon et al., 1997). L’étude est de bonne qualité et la vacuolisation des cellules de Sertoli un marqueur particulièrement sensible de la toxicité testiculaire. Cependant, le choix de la dose critique n’est justifié par aucune donnée statistique et des effets sont visibles à de plus faibles doses d’expositions. Cette VTR n’est pas retenue.
L’Efsa construit sa valeur à partir d’une étude réglementaire de reproduction sur deux générations par voie orale chez le rat réalisée sous les Bonnes Pratiques de Laboratoire (NTP, 2003 ; Wolfe et Layton, 2003). L’atteinte testiculaire (taille réduite des testicules et une légère atrophie des tubes séminifères) cible les petits mâles des générations F1 et F2 exposés au cours du développement qui représente une période particulièrement sensible. La dose critique retenue est pertinente, la construction de la valeur transparente et le choix des facteurs d’incertitude cohérent.
Dans son choix de VTR, l’Anses retient la valeur de l’Efsa, cette approche est également retenue par l’Ineris.
Indice de confiance : Elevé en raison du choix de l’effet critique, de la qualité des données et de la transparence dans la construction de la VTR.
L’Ineris ne retient pas de valeur pour l’ensemble des phtalates.
Le RIVM établi une valeur pour l’ensemble des phtalates en argumentant d’une part sur le fait que tous les phtalates présentent une toxicité égale ou plus faible que le DEHP et en s’appuyant d’autre part sur la TDI de 0,025 mg.kg-1.j-1 du DEHP établie par l’OMS en 1996 (révisée en 2003). Bien que le DEHP semble effectivement présenter un profil toxicologique plus sévère que les autres phtalates, les données sont lacunaires pour certains d’entre eux, de telle sorte que cette affirmation ne peut être vérifiée. Par ailleurs, dans le même rapport, le RIVM propose une nouvelle valeur plus contraignante pour le DEHP (TDI de 0,004 mg.kg-1.j-1) et recommande dans sa conclusion qu’en cas de mélange la TDI de 0,004 mg.kg-1.j-1 du DEHP doit être utilisée. Le RIVM est en contradiction avec la valeur établie précédemment, elle n’est donc pas retenue.
Effets sans seuil - Exposition chronique par inhalation
L’Ineris propose de retenir pour une exposition chronique au DEHP par inhalation la VTR chronique de 2,4 10-6 (µg.m-3)-1 de l’OEHHA (2011)
Seule une valeur est disponible. La valeur proposée par l’OEHHA est une extrapolation voie à voie à partir de la VTR établie pour la voie orale.
La valeur de l’OEHHA par inhalation est donc retenue.
Indice de confiance : faible en raison de la construction à partir d’une extrapolation voie à voie.
Effets sans seuil - Exposition chronique par voie orale
L’Ineris propose de retenir pour une exposition chronique au DEHP par voie orale la VTR chronique de 0,0084 (mg.kg-1.j-1)-1 de l’OEHHA (2011)
Deux organismes proposent des valeurs, l’US EPA (1988) et l’OEHHA (2011).
Les valeurs proposées par ces deux organismes sont basées sur la même étude de cancérogénèse réalisée chez le rat et la souris par le NTP (1982). Cette étude, bien qu’ancienne, mais réalisée à partir de protocoles standardisés, est de bonne qualité. Dans les deux cas, l’augmentation de l’incidence des lésions néoplasiques au niveau du foie a été retenue pour dériver ces valeurs. Bien que la formation de tumeurs hépatiques soit particulièrement documentée chez les rongeurs, la pertinence chez l’homme est peu probable en raison du mécanisme d’action impliquant l’action des récepteurs nucléaires (PPAR), peu présents et peu actifs chez l’humain.
Pour l’extrapolation des données aux faibles doses, réalisée par les deux organismes à partir du même modèle mathématique, l’OEHHA a retenu l’incidence des carcinomes hépatiques, alors que l’US EPA retient l’incidence cumulée des adénomes et carcinomes hépatique. La construction de l’OEHHA apparait plus précise car elle tient compte des mâles et femelles et se base uniquement sur la survenue des carcinomes.
Cette valeur d’ERUo de 0,014 (mg.kg-1.j-1)-1 correspond à une dose de 1,19.10-3 mg.kg-1.j-1 pour un excès de risque de 10-5 et 1,19.10-4 mg.kg-1.j-1 pour un excès de risque de 10-6.
Indice de confiance : moyen en raison de la non transposabilité à l’homme.
Autres valeurs des organismes reconnus
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Bibliographie
Ecotoxicologie
Dernière vérification le 29/03/2024
Dangers
Valeurs de danger
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Valeurs écotoxicologiques
Introduction
Dans cette rubrique, sont reportées des valeurs de référence pour la protection des écosystèmes aquatiques et de la santé humaine via l’environnement.
Elles peuvent avoir un statut de « Valeur réglementaire » si elles sont issues
- de réglementations européennes et issues par exemple de dossiers d’évaluation des risques dans le cadre de processus d’autorisation de mise sur le marché des substances chimiques (c’est le cas des Concentrations Prédites Sans Effet pour l’environnement (PNEC) issues des dossiers réglementaires sous REACh ou dans le cas de la réglementation des produits biocides) ou issues de « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) de la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) ;
- de réglementations françaises telles que les arrêtés de mise en application de la DCE à l’échelle nationale.
Elles peuvent être des « Valeurs guides » lorsque ce sont des propositions scientifiques de l’INERIS qui ne sont pas reportées dans des textes réglementaires. C’est le cas de toutes les valeurs établies par l’INERIS pour guider l’évaluation de la qualité des milieux aquatiques pour les substances qui n’ont pas, ou pas encore, un statut réglementaire dans le contexte de la DCE.
Les « Valeurs Guides Environnementales » (VGE) et les « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) sont les outils consacrés pour l’évaluation de la qualité des eaux de surface, dont l’établissement est basé sur une même méthodologie européenne dédiée (E.C., 2018).
Leur construction, d’un point de vue méthodologique, est donc similaire.
Valeurs guides
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Valeurs réglementaires
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Bibliographie
Données technico-économiques
Dernière vérification le 29/03/2024
Introduction
FTE 2020 Importer
Le bis(2-éthylhexyl) phtalate (DEHP) de formule brute C24H38O4, est un ester ramifié de la famille des phtalates. C'est un liquide huileux, insoluble dans l'eau, très peu volatile, presque incolore et d'odeur très faible.
Le DEHP est un produit réglementé. Tout d'abord il est inclus dans l'annexe XIV et l'annexe XVII du Règlement REACH ce qui signifie que cette substance est soumise à autorisation et à restriction suivant sa concentration et les usages des articles qui la contiennent. Il fait également partie des substances prioritaires dangereuses listées au niveau européen pour la politique dans le domaine de l'eau. Aussi, il est classé comme reprotoxique (de catégorie 1B) et est considéré comme possédant des propriétés de perturbateur endocrinien pour la santé humaine et pour l'environnement.
Le DEHP est principalement employé comme additif plastifiant du PVC. Il n'est pas chimiquement lié aux polymères dans lesquels il est incorporé, il peut donc migrer à la surface du matériau et être émis dans le milieu environnant. Des émissions de DEHP vers les eaux de surface sont possibles via les eaux de ruissellement contaminées par des déchets abandonnés sur la voie publique et des objets en PVC utilisés en extérieur ; vers l'air via diverses sources comme les matériaux de construction ; vers les sols par l'intermédiaire des boues de stations d'épuration.
Des normes et valeurs seuils ont été mises en place afin de limiter et de surveiller la pollution par le DEHP. En France, le DEHP fait partie des substances dont les rejets dans l'air, l'eau et le sol doivent être déclarés lorsqu'ils dépassent un certain seuil, à savoir 10 kg.an-1 pour l'air, 1 kg.an-1 pour l'eau et 1 kg.an-1 pour le sol. Dans le cadre de l'évaluation du bon état des eaux pour la Directive Cadre sur l'Eau, des normes de qualité environnementale (NQE) pour les eaux de surfaces ont été établies au niveau communautaire et transposées au niveau national, la NQE du DEHP étant de 1,3 µg.L-1.Une valeur limite d'exposition professionnelle indicative sur 8 heures (VLEP-8h) dans l'air des lieux de travail a par ailleurs également été établie à 5 mg.m-3 .
En 2022, la bande de tonnage du DEHP reflétant la quantité annuelle fabriquée/importée de cette substance en Europe (dans le cadre de REACH) était comprise entre 10 000 à 100 000 tonnes. Au niveau national, le DEHP n'est plus produit depuis 2014.
De nombreux usages du DEHP sont désormais interdits. Néanmoins ces interdictions européennes comptent plusieurs exceptions : articles en PVC destinés à un usage industriel ou agricole (films, bâches…), ou destinés à être utilisés exclusivement pour l'entretien ou la réparation d'aéronefs, ou encore des appareils de mesure à usage de laboratoire etc.
Malgré une réglementation de plus en plus restrictive, le DEHP demeure présent dans l'environnement. Ainsi, des solutions alternatives et des substituts du DEHP continuent d'être mis en place pour les usages qui subsistent.
Abstract
Bis(2-ethylhexyl) phthalate (DEHP), with the gross formula C24H38O4, is a branched ester of the phthalate family. It is an oily liquid, insoluble in water, with very low volatility, almost no colour and very low odour.
DEHP is a regulated product. It is included in Annex XIV and Annex XVII of the REACH Regulation, which means that this substance is subject to authorisation and restriction depending on its concentration and the uses of the articles containing it. It is also one of the priority hazardous substances listed at European level for water policy.
It is considered to have endocrine disrupting properties according to the CLP Regulation.
DEHP is mainly used as a plasticiser additive in PVC. It is not chemically bound to the polymers in which it is incorporated, so it can migrate to the surface of the material and be emitted to the surrounding environment. Emissions of DEHP to surface water are possible via run-off contaminated by litter and PVC objects used outdoors; to air from various sources such as building materials; to soil via sewage sludge.
Standards and threshold values have been put in place to limit and monitor DEHP pollution. In France, DEHP is one of the substances whose releases to air, water and soil must be reported when they exceed a certain threshold: 10 kg/year for air, 1 kg/year for water and 1 kg/year for soil. As part of the assessment of good water status for the Water Framework Directive, environmental quality standards (EQS) for surface water have been established at EU level and transposed to national level, the EQS for DEHP is 1.3 µg.L-1 . An indicative 8-hour occupational exposure limit value (OEL) in workplace air has also been established at 5 mg.m-3 .
In 2022, the tonnage band for DEHP reflecting the annual quantity manufactured/imported of this substance in Europe (under REACH) was between 10,000 and 100,000 tonnes. At the national level, DEHP has not been produced since 2014.
Many uses of DEHP are now banned. However, there are several exceptions to these European bans: PVC articles intended for industrial or agricultural use (films, tarpaulins, etc.), articles intended to be used exclusively for the maintenance or repair of aircraft, measuring devices for laboratory use, etc.
Despite increasingly restrictive regulations, DEHP remains present in the environment, and alternatives and substitutes for DEHP continue to be developed for the remaining uses.
Tableaux de synthèse
Généralités
CAS | 117-81-7 |
---|---|
SANDRE | 6616 |
Usages principaux |
FTE 2020 Importer Plastifiant du PVC Bobines de détections IRM Pièces détachées pour l'entretien et la réparation de dispositif médicaux, aéronefs, et véhicules à moteur |
Substance prioritaire dans le domaine de l’eau (DCE) | oui |
Substance soumise à autorisation dans Reach | oui |
Substance soumise à restriction dans Reach | oui |
Substance extrêmement préoccupante (SVHC) | oui |
Réglementations |
FTE 2005 Importer Les paragraphes ci-après présentent les principaux textes en vigueur à la date de la rédaction de cette rubrique. Cet inventaire n’est pas exhaustif. ClassificationLe DEHP figure dans la liste des substances recensées pour une action prioritaire, dans l'annexe 2 de la stratégie de l'OSPAR2,3. [2] Convention pour la protection de l'environnement marin dans le Nord-Est atlantique. [3] OSPAR Strategy with regard to Hazardous Substances, Annex 2 : List of Chemicals for Priority Action. Ref 1998-16. Restrictions d'usageLe DEHP fait l'objet :
Le DEHP a été récemment inclus dans l'annexe 1 de la directive 2003/36/CE7 (substances classées cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction CMR). [4] Décision 2003/819/CE de la Commission, du 19 novembre 2003, modifiant la décision 199/815/CE concernant des mesures qui interdisent la mise sur le marché de jouets et articles de puériculture destinés à être mis en bouche par des enfants de moins de trois ans, fabriqués en PVC souple contenant certains phtalates. [5] Arrêté du 21 juillet 2000 portant suspension de la mise sur le marché et ordonnant le retrait de certains jouets et articles de puériculture destinés à être mis en bouche par les enfants de moins de trois ans. [6] Directive 2003/15/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 février 2003 modifiant la directive 76/768/CEE du Conseil concernant le rapprochement des législations des États membres relatives aux produits cosmétiques. [7] Directive 2003/36/CE du Parlement européen et du Conseil du 26 mai 2003 portant vingt-cinquième modification de la directive 76/769/CEE du Conseil concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la limitation de la mise sur le marché et de l’emploi de certaines substances et préparations dangereuses. FTE 2020 Importer Les paragraphes ci-après présentent les principaux textes en vigueur à la date de la rédaction de cette fiche encadrant la fabrication, les usages et les émissions de DEHP. Cet inventaire n'est pas exhaustif. Textes générauxREACHLe DEHP est inclus dans l'Annexe XIV du Règlement REACH qui liste les substances pour lesquelles une autorisation est nécessaire pour pouvoir les mettre sur le marché (ou des articles les contenant) au sein de l'Union Européenne (concernant les usages visés par le règlement REACH). Le 23 novembre 2021, la Commission européenne a publié le Règlement n° 2021/20454 modifiant l'Annexe XIV en ajoutant aux propriétés de perturbation endocrinienne pour l'environnement5 des propriétés de perturbation endocrinienne pour la santé humaine au DEHP. Suite à ces modifications, certains usages précédemment exemptés doivent désormais faire l'objet d'une autorisation, ces derniers sont récapitulés dans le Tableau 2 ci-dessous. Tableau 2. Nouveaux usages devant faire l'objet d'une demande d'autorisation Le DEHP est inscrit à l'Annexe XVII de REACH6 , cette règlementation impose que ne soient pas mis sur le marché les articles (dont les jouets et les articles de puériculture) contenant du DEHP (individuellement ou en combinaison avec du DBP, du BBP ou du DIBP) à une concentration égale ou supérieure à 0,1 % en poids de la matière plastifiée. Cette restriction ne s'applique pas :
La production dans l'Union Européenne d'articles bénéficiant d'une dérogation à l'Annexe XVII et contenant du DEHP (par exemple, les bâches agricoles) doit malgré tout faire l'objet d'une demande d'autorisation en raison de l'inscription du DEHP à l'Annexe XIV. Notons que l'importation depuis un pays hors-UE de produits bénéficiant d'une dérogation à l'Annexe XVII et comportant du DEHP n'est pas soumise à autorisation. [4] RÈGLEMENT (UE) 2021/2045 DE LA COMMISSION du 23 novembre 2021 modifiant l'annexe XIV du règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH) [5] Décision du directeur exécutif de l'Agence européenne des produits chimiques du 12 décembre 2014, «Inclusion of Substances of Very High Concern in the Candidate List for eventual inclusion in Annex XIV» (ED/108/2014) [6] Entry 51 - Annexe XVII de la Règlementation REACH Directive cadre eau (DCE)Le DEHP fait partie des substances « dangereuses » prioritaires listées au niveau européen pour la politique dans le domaine de l'eau citées dans la directive 2013/39/UE du 12 août 2013 modifiant les directives 2000/60/CE et 2008/105/CE. Il fait partie du programme de surveillance de l'état chimique des eaux7 et à ce titre est listé parmi :
[7] Arrêté du 25/01/10 établissant le programme de surveillance de l'état des eaux en application de l'article R. 212-22 du code de l'environnement modifié Règlementation sectorielleBiocidesCompte tenu de son classement Reprotoxique 1B, le DEHP ne peut entrer comme substance active dans la composition de tout produit biocide8 . Néanmoins, son utilisation comme coformulant n'est pas interdite. [8] RÈGLEMENT (UE) n°528/2012 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 22 mai 2012 concernant la mise à disposition sur le marché et l'utilisation des produits biocides Produits phytopharmaceutiquesLe DEHP ne fait pas partie de la liste des coformulants ne pouvant pas entrer dans la composition des produits phytosanitaires9,10 . [9] RÈGLEMENT (CE) no 1107/2009 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 21 octobre 2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques [10] Règlement (UE) 2021/383 de la Commission du 3 mars 2021 modifiant l'annexe III du règlement (CE) no 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil fixant la liste de coformulants ne pouvant pas entrer dans la composition des produits phytopharmaceutiques (Texte présentant de l'intérêt pour l'EEE) Equipements électriques et électroniquesDepuis le 22 juillet 2019, les concentrations en DEHP dans les matériaux homogènes des appareils électriques et électroniques doivent être inférieures à 0,1%11 . Néanmoins, la Commission Européenne a publié des directives exemptant d'autorisation les utilisations suivantes12 :
[11] Directive RoHS [12] Annexe III et IV de la Directive RoHS Jouets et articles de puéricultureLe DEHP ne peut être utilisé dans les jouets et les articles de puériculture comme substance ou dans des mélanges (individuellement ou en combinaison avec du DBP, du BBP ou du DIBP) à une concentration égale ou supérieure à 0,1 % en poids de la matière plastifiée (cf. paragraphe 1.3.1.1). Dispositifs médicauxLes dispositifs médicaux et les conditionnements primaires de médicaments comportant du DEHP doivent faire l'objet d'une autorisation dans le cadre du règlement REACH (cf. paragraphe 1.3.1.1). En France, l'utilisation de tubulures comportant du DEHP dans les services de pédiatrie, de néonatologie et de maternité13 est interdite. Des matériaux homogènes de dispositifs médicaux électriques et électroniques sont concernés par des exemptions d'autorisation (cf. paragraphe 1.3.2.3). Notons que la directive sur les dispositifs médicaux exige des garanties générales de sécurité et non des contraintes spécifiques en termes de composition chimique (contrairement à d'autres directives telles que la Directive RoHS14). [13] Article L5214-1 du Code de la santé publique [14] Directive européenne visant à limiter l'utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électronique (RoHS - Restriction of Hazardous Substances) Produits de construction et de décorationEn France, les produits de construction et de décoration (dont les produits utilisés pour les revêtements pour murs, sols et plafonds) ne peuvent être mis sur le marché que s'ils émettent moins de 1 µg/m³ de DEHP (plus généralement tout CMR 1 ou 2)15 . [15] Arrêté du 30 avril 2009 relatif aux conditions de mise sur le marché des produits de construction et de décoration contenant des substances cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques de catégorie 1 ou 2 CosmétiquesLe DEHP fait partie de la liste des substances interdites dans les produits cosmétiques16 . [16] Règlement européen n°1223/2009 Autres textesEaux souterrainesAu titre de la Directive Européenne 2006/118/CE sur la protection des eaux souterraines, le DEHP est cité dans la liste des substances dangereuses de l'arrêté du 17 juillet 2009 relatif aux mesures de prévention ou de limitation des introductions de polluants dans les eaux souterraines. Le DEHP fait partie de la liste des micropolluants de l'analyse régulière du contrôle de surveillance de l'état chimique des eaux souterraines et des paramètres de l'analyse photographique du contrôle de surveillance de l'état chimique des eaux souterraines complémentaires pour les DOM17 . [17] Arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l'état des eaux en application de l'article R. 212-22 du code de l'environnement Eaux de surfaceLe DEHP a été identifié comme substance à surveiller au titre de l'état chimique des eaux de surface par l'arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l'état des eaux. Contact alimentaireLe DEHP ne peut être utilisé dans les matériaux en contact avec les aliments comme substance ou dans des mélanges (individuellement ou en combinaison avec du DBP, du BBP ou du DIBP) à une concentration égale ou supérieure à 0,1 % en poids de la matière plastifiée (cf. paragraphe 1.3.1.1). Règlementation extra européenneConvention OSPARLe DEHP fait partie de la liste OSPAR des produits chimiques pour action prioritaire. Convention de RotterdamLe DEHP n'a pas été inclus à la liste des produits chimiques soumis à la procédure de consentement préalable de la Convention de Rotterdam. |
Classification CLP | Voir la classification CLP |
Valeurs et normes appliquées en France |
FTE 2020 Importer Les paragraphes ci-après présentent les principales valeurs et normes en vigueur à la date de la rédaction de cette rubrique. Cet inventaire n’est pas exhaustif. Seuils de rejets pour les installations classées et les stations de traitement des eaux uséesL'Arrêté du 31/01/08 relatif au registre et à la déclaration annuelle des émissions et des transferts de polluants et des déchets modifié par l'arrêté du 11 décembre 2014 indique que le seuil de déclaration pour le DEHP est de 10kg.an-1 dans l'air et de 1kg.an-1 dans l'eau et dans le sol (LegiFrance, 2008). Selon l'arrêté du 02/02/98 relatif aux prélèvements et à la consommation d'eau ainsi qu'aux émissions de toute nature des installations classées pour la protection de l'environnement soumises à autorisation, les eaux résiduaires rejetées au milieu naturel doivent respecter la valeur limite de concentration de 25 µg.L-1 concernant le DEHP (AIDA-Ineris, 2017). Valeurs appliquées en milieu professionnelUne valeur limite d'exposition professionnelle indicative sur 8 heures (VLEP-8h) dans l'air des lieux de travail a été établie pour le DEHP à 5 mg.m-3.(LegiFrance, 2020) L'exposition professionnelle au DEHP peut se produire par inhalation d'aérosols et de poussières, et par contact cutané avec ce composé sur les lieux de travail où le DEHP est produit ou utilisé. Les données de surveillance indiquent que la population générale peut être exposée au DEHP par inhalation de l'air ambiant, l'ingestion d'aliments et la consommation d'eau potable, et par contact cutané avec des objets en contenant ou de la poussière domestique. (HSBD, 2015). Valeurs appliquées pour la qualité des eaux de consommationL'arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles R. 1321-2, R. 1321-3, R. 1321-7 et R.1321-38 du code de la santé publique ne fixe pas de teneur maximale (annexe I), de valeur limite de qualité (annexe II), ni de valeur guide ou impérative (annexe III) pour le DEHP.(LegiFrance, 2007) Le DEHP ne figure pas dans la directive européenne sur l'eau potable mise en vigueur à partir du 12 janvier 2021 (directive (UE) 2020/2184 du 16 décembre 2020, refonte de la directive 98/83/CE).(AIDAIneris, 2020). Valeurs appliquées dans l'airAir ambiantAucune réglementation n'est appliquée concernant le DEHP dans l'air ambiant. Air intérieurL'Observatoire de de la qualité de l'air intérieur (OQAI) a réalisé une classification des polluants les plus rencontrés dans l'air circulant à l'intérieur d'un espace clos ou confiné, en particulier dans les logements. Le DEHP a été classé comme substance hautement prioritaire. LE DEHP n'a pas encore de valeurs guides de la qualité de l'air intérieur (VGAI). |
Informations complémentaires |
Le bis(2-éthylhexyl) phtalate, ou di(2-éthylhexyl) phtalate (DEHP), connu aussi sous le nom de dioctylphtalate (DOP) de formule brute C24H38O4, est un ester ramifié de la famille des phtalates. C’est un liquide huileux, très peu volatile, presque incolore et d'odeur très faible (à température et pression ambiante) (INRS, 2004).
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Volume de production
France |
30 t.an-1 (2010) 0 depuis 2014 |
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UE |
90 t.an-1 (2010) |
Monde |
800 t.an-1 (2010) |
Consommation
Volume de consommation en France |
50 t.an-1 (2010) |
---|---|
Part de la consommation dédiée à l’usage principal en France |
70 |
Présence dans l'environnement
Eaux de surface |
FTE 2020 Importer La base de données Naïades1 recense, entre 2019 et 2021, 42 916 analyses de DEHP dans des eaux. Parmi ces mesures, 1820 (soit 4 %) présentent des concentrations de DEHP supérieures à la limite de quantification comprise entre 0,2 et 20 µg.L-1 et 205 échantillons présentent des concentrations de DEHP supérieures à la NQE2 de cette substance évaluée à 1,3 µg.L-1 pour les eaux intérieures et autres eaux. Entre 2019 et 2021, d'après la base de données Naïades, 1 360 analyses de DEHP sont associées à la matrice sédiment. Parmi celles-ci, 617 mesures (soit 45 %) présentent des concentrations de DEHP supérieures à la limite de quantification (comprise entre 10 et 200 µg/kg) et aucune mesure de concentration en DEHP n'est supérieure à la PNEC (évaluée à 100 000 µg/kg). La concentration médiane s'élève à 173 µg/kg. [1] http://naiades.eaufrance.fr [2] Norme de Qualité Environnementale |
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Eaux souterraines |
FTE 2020 Importer D'après la base de données ADES3, entre 2019 et 2021, 15 901 analyses de DEHP dans les eaux souterraines ont été effectuées en 3 041 points de mesure. Parmi celles-ci, 552 mesures (soit 3 %) présentent des concentrations supérieures à la limite de quantification comprise entre 0,2 et 1 µg.L-1. En 2011, le BRGM a mené une campagne exceptionnelle (CAMPEX) d'analyses des substances présentes dans les eaux souterraines en métropole. Le DEHP a fait l'objet de 746 mesures dont 147 (soit 20 %) présentent une concentration de DEHP supérieure à la limite de quantification de 0,4 μg.L-1, la concentration maximale s'élève à 2,97 μg.L-1 et correspond à un prélèvement issu d'une fontaine située en Occitanie (EAUFRANCE 2015). |
Air |
FTE 2020 Importer La concentration dans l'air parisien est de l'ordre de 10 à 100 ng.m-3 et celle en milieu forestier (Fontainebleau) est inférieure d'un facteur 5 ng.m-3 . |
Sols |
FTE 2020 Importer Des mesures sur 12 sites en Île-de-France ont indiqué des concentrations de DEHP de 1000 à 10 000 ng/g (Elodie Moreau-Guigon, 2013). |
Production et utilisation
Production et ventes
Données économiques
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Production en France
La France compte un seul producteur de DEHP, Atofina, et un seul site de production, à Chauny (Aisne), qui fabrique également l'anhydride phtalique nécessaire à la production de ce phtalate.
La production française annuelle de DEHP est voisine de 60 000 tonnes/an (10 % de la production européenne). Elle représente un chiffre d'affaires d'environ 40 M€ (chiffre d'affaires total du site d'Atofina Chauny : 100 M€) et emploie 100 personnes. En intégrant l'ensemble des produits amont (anhydride phtalique, 2 éthyl hexanol, orthoxylène et propylène), le nombre total de personnes impliquées dans la production de DEHP avoisine 330.
En Europe, la production de DEHP était de 595 000 tonnes en 1997 (Risk assessment report, 2001).
Importations, exportations et distribution en France
Le marché français de DEHP est d'environ 35 000 tonnes dont quelques 15 000 tonnes sont importées, principalement d'Allemagne et d'Italie. Les exportations représentent près de 25 000 tonnes dont moins de 10 000 tonnes sont exportées hors d'Europe.
En Europe, le marché du DEHP était de 459 000 tonnes en moyenne entre 1990 et 1995 (INRS, 2001), de 476 000 tonnes en 1997 (Royal Haskoning, 2002) et de 480 000 tonnes en 1999 (National Chemical Inspectorate, 2003). Entre 1990 et 1995 la consommation totale de plastifiants en Europe de l'Ouest était d'environ 970 000 tonnes dont 894 000 tonnes de phtalates.
[7] Directive 2003/36/CE du Parlement européen et du Conseil du 26 mai 2003 portant vingt-cinquième modification de la directive 76/769/CEE du Conseil concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la limitation de la mise sur le marché et de l'emploi de certaines substances et préparations dangereuses.
Évolution du marché
Le marché du DEHP présente une tendance à la baisse dans certains domaines d'emploi (câblerie, films, peintures, caoutchouc). Cette tendance est due aux attaques dont le DEHP fait l'objet ainsi qu'à sa classification comme substance de catégorie 2 pour la reproduction et le développement. Elle s'explique également par des intérêts économiques sur le marché international des plastifiants et par les pressions exercées par de grandes entreprises pour imposer d'autres produits.
Le prix moyen du DEHP est compris entre 800 et 850 euros/tonne (National Chemical Inspectorate, 2000, BASF, 2000).
Coûts engendrés par une réduction des rejets de DEHP
Le tableau ci après répertorie les coûts engendrés par une réduction ou une suppression progressive des rejets de DEHP dans les eaux, en fonction des moyens mis en œuvre.
Tableau 11. Coûts d'une diminution des rejets de DEHP dans les eaux
Le traitement des effluents industriels n'est pas un moyen suffisant pour supprimer la totalité des rejets de DEHP puisque selon les estimations, le DEHP serait émis en grande partie dans l'environnement durant la période de service des produits en PVC souple. Les mesures de rejets effectuées en Champagne Ardenne (paragraphe 5.2.5.2.2) ont montré que les émissions dans l'eau du DEHP sont dues à des activités industrielles plus nombreuses et variées que prévu. La réduction des rejets industriels de DEHP serait donc une entreprise plus délicate que ce à quoi l'on pouvait s'attendre et nécessiterait au préalable un recensement détaillé des entreprises émettrices de ce phtalate.
Les nombreuses critiques dont le DEHP fait l'objet depuis plusieurs années et sa récente classification en catégorie 2 pour la reproduction et le développement semblent avoir orienté les efforts vers l'usage de produits de substitution. Si les travaux de recherche se poursuivent au sein des grandes entreprises européennes (ex. : BASF, Lonza in Plasticizers 2003), de multiples produits de substitution sont désormais disponibles sur le marché. Toutefois, la substitution du DEHP est loin d'être sans effet d'un point de vue économique :
- En France, la production de DEHP représente 40 M€ de chiffre d'affaires et emploie directement et indirectement plus de 300 personnes réparties sur trois sites (Aisne, Seine Maritime, étang de Berre).
- S'agissant de l'usage du DEHP, l'impact économique d'une substitution de ce phtalate est principalement une question de prix et de dosage, selon un professionnel de la distribution. La plupart des produits de substitution sont plus chers parce qu'ils n'ont pas encore trouvé leur marché. Mais leur prix baissera si le marché se développe (la baisse du prix des trimellitates en est un exemple).
D'après un spécialiste des compounds, la substitution du DEHP pourrait se faire sans grands dommages économiques pour les utilisateurs. Il existe en effet des moyens de compenser le surcoût, comme l'ajout de charges minérales en plus grande quantité. Ces moyens ne sont pas adaptés si l'on exige du PVC souple une certaine qualité de transparence mais les applications transparentes ne concernent que 5 % des usages. Le surcoût d'une substitution est ainsi jugé faible.
Plusieurs industriels contactés mettent en garde contre une substitution trop hâtive du DEHP dans la mesure où les produits de substitution ne sont pas tous parfaitement caractérisés. Par suite, il convient d'anticiper les éventuelles conséquences d'une substitution (les produits de substitution sont ils réellement adaptés ? Ne risquent ils pas de faire l'objet de futures réglementations ?).
En outre certains plastifiants ne sont produits en Europe que par un petit nombre d'entreprises (une ou deux) qui pourraient, si une substitution était imposée en faveur de leurs produits, se retrouver en situation de monopole.
Des informations générales sur le secteur du PVC et de la transformation des matières plastiques sont fournies en complément.
[17] Cet impact est en réalité peu aisé à apprécier dans la mesure où le prix du PVC subit lui-même des fluctuations très importantes (de 40 à 50 %). Un même prix de produit fini à deux moments distincts peut ainsi correspondre à des situations contrastées, selon que le prix du PVC est en hausse ou en baisse. Les différences de prix entre plastifiants s'intègrent donc dans un jeu économique plus complexe dont les transformateurs s'efforcent généralement de tirer profit.
Quelques données sur le secteur du PVC
PVC
Le PVC est présent dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, de l'emballage, de l'électricité/électronique, des loisirs et de l'ameublement, du transport, de la santé, de l'agroalimentaire, etc. Il représente 14 % des matériaux plastiques consommés en France.
La France compte trois grands producteurs de PVC qui totalisent une production de plus de 1 200 kt (SPMP et ECVM, 2002).
Tableau 12. Évolution de la production de PVC
La consommation de PVC se répartit entre les domaines suivants :
- bâtiments et travaux publics : 67 % ;
- emballage : 10 % ;
- transport : 7 % ;
- fils et câbles électriques : 6 % ;
- loisirs, médical et divers : 10 %.
Les principales applications sont classées en rigides et en souples et sont récapitulées dans le tableau suivant.
Tableau 13. Principales applications du PVC (en tonnes)
Transformation du PVC
Une centaine d'entreprises se partagent le marché de la transformation en France. La plupart réalisent à la fois le mélange de PVC et la mise en forme de celui ci (extrusion, calandrage…).
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- En France
La précédente fiche technico-économique réalisée par l'Ineris dédiée au DEHP faisait mention d'un unique producteur de DEHP en France (avec une production d'environ 60 000 tonnes par an), à savoir Arkema (anciennement Atofina) à Chauny (Aisne) (INERIS, 2005). Ce site a stoppé la production de DEHP en 2014.
- En Europe
En 2022, la bande de tonnage du DEHP reflétant la quantité annuelle produite/importée de cette substance en Europe (dans le cadre de REACH) était comprise entre 10 000 à 100 000 tonnes18 . D'après une communication de la Commission Européenne, une seule entreprise produirait encore du DEHP {Commission Européenne, 2020 #106}. En 2022, 14 déclarants (a priori 1 producteur et 13 importateurs) étaient répertoriés sur le site de l'ECHA, ces derniers étaient situés en République Tchèque (3), en Espagne (1), en Belgique (2), en Allemagne (4), en Italie (1), au Luxembourg (1), en Pologne (1), en Suède (1)19.
Dans le cadre de la proposition de restriction du DEHP (Annexe XV de la Règlementation REACH, cf. paragraphe 1.3.1.1), des estimations des productions, exportations et importations de DEHP en Europe ont été réalisées (ECHA, 2012; ECHA, 2017), celles-ci sont présentées dans le Tableau 4 et le Tableau 5.
Tableau 4. Estimation de la production de DEHP produit dans les produits finis commercialisés dans l'UE
Tableau 5. Estimation de la quantité de DEHP contenue dans les articles entrant dans le champ d'application de la restriction mis sur le marché de l'UE28
- Dans le monde
En 2012, les phtalates représentaient un peu plus de 78 % de la consommation mondiale de plastifiants, le DEHP représentait alors plus de 50% des phtalates consommés. Cette même année, le marché des plastifiants était partagé entre (ECHA, 2017) :
- la Chine - 38 % de la consommation mondiale
- l'Asie (y compris le Japon ; hors Chine) - 21 % de la consommation mondiale
- l'Europe occidentale - 16 % de la consommation mondiale
- l'Amérique du Nord - environ 13 % de la consommation mondiale
D'après un site d'étude de marché20 , alors que la consommation mondiale de plastifiants devrait dans l'ensemble augmenter à un taux d'environ 3,5 % par an au cours des prochaines années, celle des phtalates (DEHP compris) devrait diminuer : les phtalates représentaient plus de 55 % de la consommation mondiale de plastifiants en 2020 (contre environ 60-65 % il y a quelques années) et devraient représenter 50-55 % de la consommation mondiale dans les années à venir. La diminution de la part de marché des phtalates s'expliquerait en grande partie par le fait que l'utilisation de certains phtalates, et en particulier celle du DEHP, fait l'objet d'un encadrement juridique croissant dans certains pays, en particulier en Europe et aux Etats-Unis21.
En contrepartie, la consommation de plastifiants non-phtalates (principalement les téréphtalates, les plastifiants époxy, les aliphatiques et les benzoates) en remplacement du DEHP et d'autres phtalates devrait connaître une forte croissance au cours de la période 2021-25 (S&P GLOBAL).
[18] https://echa.europa.eu/fr/substance-information/-/substanceinfo/100.003.829
[19] https://echa.europa.eu/fr/brief-profile/-/briefprofile/100.003.829
[20] https://ihsmarkit.com/products/plasticizers-chemical-economics-handbook.html
[21] Le Congrès américain a interdit de façon permanente trois types de phtalates, dont le DEHP, en quantités supérieures à 0,1% dans les jouets et autres produits pour enfants
Procédés de production
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Le DEHP est produit par estérification de l'anhydride phtalique avec du 2-éthyl-hexanol (European Chemicals Bureau, 2008).
Cette réaction se produit en deux étapes successives :
- 1)Formation d'un monoester par alcoolyse de l'acide phtalique
- 2)Conversion du monoester en diester
La première étape est rapide et totale, tandis que la seconde est réversible et se déroule plus lentement que la première. Pour déplacer l'équilibre de la deuxième réaction vers le diester, l'eau de réaction est éliminée par distillation. Des températures élevées et un catalyseur accélèrent la vitesse de la réaction.
Le DEHP est ensuite purifié par distillation sous vide et/ou par charbon actif (la pureté du produit final peut varier en fonction du 2-éthyl-hexanol et du catalyseur employés).
Noms commerciaux
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Les noms commerciaux figurant dans le Tableau 9 sont issus de la page de l'Echa relative au DEHP (ECHA). Par cohérence avec ces données européennes nous avons laissé les noms en anglais.
Tableau 6. Autres synonymes et noms commerciaux (Source : ECHA)
Utilisations
Introduction (varitétés d'utilisations)
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Un grand nombre d’usages du DEHP sont désormais interdits, néanmoins quelques interdictions européennes comptent plusieurs exceptions : des articles destinés à un usage industriel ou agricole (films, bâches…), ou destinés à être utilisés exclusivement pour l'entretien ou la réparation d’aéronefs, des appareils de mesure à usage de laboratoire… Quelques exceptions parmi les appareils électriques et électroniques sont temporaires, c’est le cas de certains composants en caoutchouc des systèmes moteurs, de composants plastiques des bobines de détection d’IRM, de certaines électrodes sélectives d'ions (cf. paragraphe 1.3.2.3)…
PVC souple
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L'introduction de phtalates, et notamment de DEHP, dans le PVC apporte à ce dernier la flexibilité voulue et facilite sa mise en forme. Le DEHP est reconnu parmi les phtalates pour son action plastifiante efficace et pour ses propriétés de viscosité qui le rendent adapté à de nombreux usages.
Les utilisateurs de DEHP sont multiples. On distingue deux chaînes de fabrication :
- 1er cas :
Les transformateurs s'approvisionnent en PVC et en additifs. Ils en réalisent eux mêmes le mélange puis transforment le PVC souple qui a été obtenu (calandrage, extrusion, etc.). La préparation et la transformation des plastisols sont également assurées par cette catégorie d'entreprises. On désigne par plastisol une dispersion de solides (PVC et charges) dans un liquide (plastifiant). Ces pâtes contiennent donc un taux élevé de plastifiant.
- 2e cas :
- Les compoundeurs, qui sont soit des entreprises indépendantes, soit des filiales de producteurs de PVC, s'approvisionnent en PVC et en additifs et se limitent à la phase de mélange pour produire des compounds plastifiés.
- Des transformateurs effectuent en aval la transformation de ces compounds, par extrusion, enduction ou calandrage.
Les informations recueillies n'ont pas permis de quantifier précisément le nombre d'acteurs de ce secteur. Il y aurait trois à quatre grands compoundeurs en France et une centaine de transformateurs. L'activité de compoundage d'Atofina emploie 170 personnes réparties sur deux sites, pour une production totale de près de 40 000 tonnes et un chiffre d'affaires proche de 40 M€.
Les applications du PVC souple sont nombreuses et diverses : santé (poches de sang, équipements de dialyse…), agroalimentaire (films alimentaires), construction (câbles, revêtements pour toiture…), aménagement intérieur (revêtements de sol et de mur, câbles, rideaux de douche, tissus enduits…), automobile (protection pour carrosserie), bâches, tuyaux d'arrosage, zodiaques, textiles (toiles imperméables, cuir synthétique), chaussures (semelles), etc.
Caoutchouc
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Le DEHP constitue un additif pour caoutchouc. Néanmoins, les quantités mises en jeu sont en décroissance et les applications restent ponctuelles (syndicat national du caoutchouc et des polymères).
Peintures, laques, encres, colles et adhésifs
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Le DEHP peut être employé comme plastifiant dans les peintures, laques, encres, colles et adhésifs mais cet usage est en déclin. Le DEHP n'est plus utilisé que par 5 % de la profession (fédération des industries de peintures, encres et colles).
Papier
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Le DEHP est cité comme agent antimoussant dans l'industrie papetière (agence de l'eau Rhin Meuse).
Récapitulatif des principaux usages du DEHP
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Tableau 2. Récapitulatif des principaux usages du DEHP
mq : absence de donnée
Les applications du PVC souple incluent l'emploi de plastisols. La majorité des plastisols (~60 %) seraient réalisés avec du DEHP. Ils servent principalement à la fabrication de revêtements de sol ou encore de cuir synthétique.
[10] Pour polymères + non polymères.
[11] Données 1997, National Chemical Inspectorates.
PVC
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L'introduction du DEHP dans le PVC apporte à celui-ci flexibilité et facilité de mise en forme. Ce plastifiant peut intégrer deux types de chaînes de production de PVC souple (cf. Figure 1) :
- Les transformateurs s'approvisionnent en PVC et en additifs. Ils en réalisent eux-mêmes le mélange puis transforment le PVC souple qui a été obtenu (calandrage, extrusion, etc.). La préparation et la transformation des plastisols22 sont également assurées par cette catégorie d'entreprises. Ces pâtes contiennent donc un taux élevé de plastifiant
- Les compoundeurs, qui sont soit des entreprises indépendantes, soit des filiales de producteurs de PVC, s'approvisionnent en PVC et en additifs et se limitent à la phase de mélange pour produire des compounds plastifiés. Des transformateurs effectuent en aval la transformation de ces compounds, par extrusion, enduction ou calandrage (INERIS, 2005).
-
Figure 1. Chaînes de production de PVC souple
A ce jour, du fait des restrictions règlementaires décrites section 1.3, l'usage du DEHP comme plastifiant pour PVC ne reste possible que pour quelques applications, par exemple :
- En agriculture - Films pour serres et paillage, bâches, …
- Autres articles de consommation destinés à un usage en extérieur - Bâches, tuyaux d'arrosage,
[22] On désigne par plastisol une dispersion de solides (PVC et charges) dans un liquide (plastifiant)
Caoutchouc
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Certaines utilisations du DEHP en tant qu'additif plastifiant pour caoutchouc constituent une exemption de la Directive RoHS23 . Cet usage (autorisé jusqu'au 21 juillet 2024) se borne à des composants en caoutchouc de systèmes moteurs : revêtements de joints, joints en caoutchouc plein ou composants en caoutchouc inclus dans des ensembles d'au moins trois composants utilisant l'énergie électrique, mécanique ou hydraulique pour effectuer un travail et fixés au moteur. Les systèmes moteurs dotés de ces composants en caoutchouc doivent être conçus pour être utilisés dans des équipements qui ne sont pas destinés uniquement à l'usage des consommateurs et à condition qu'aucun matériau plastifié n'entre en contact avec les muqueuses humaines ou en contact prolongé avec la peau humaine.
[23] Directive européenne visant à limiter l'utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électronique (RoHS - Restriction of Hazardous Substances)
Electrodes sélectives d'ions
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Le DEHP est employé pour la production de membranes PVC équipant des électrodes sélectives d'ions qui permettent d'analyser divers analytes (potassium, sodium, pH (H+) …) dans le liquide pleural, le sang et le dialysat. La composition générale des membranes est détaillée par le COCIR24 comme suit (COCIR, 2019) : 29 % en poids de PVC, 70 % en poids de DEHP et un ionophore qui confère une spécificité pour l'ion particulier d'intérêt (Oeko-Institut, 2021). Certains modèles d'électrodes peuvent également contenir du DEHP au niveau de leur « Sensor card » (cf. Figure 2).
A compter du 21 juillet 2028, le DEHP ne pourra plus être employé pour cette application.
Figure 2. Electrode sélective d'ions (Oeko-Institut, 2021)
[24] Comité européen de coordination de l'industrie radiologique, électromédicale et de technologies de l'information pour les soins de santé
Composants en plastique des bobines de détection IRM
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L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est une technique médicale utilisée pour obtenir des images tridimensionnelles des tissus mous et des organes du corps humain. L'IRM utilise un électroaimant circulaire puissant dans lequel le patient est inséré et est exposé à un champ magnétique puissant pour produire des images en 3D.
Le DEHP peut être présent dans des composants en PVC flexible de bobines de détection d'IRM tels que les gaines et manchons de câbles, les housses de matelas, ainsi que dans les matériaux insérés entre les éléments ignifuges des ceintures de fixation (COCIR, 2019).
L'emploi du DEHP pour cette application ne sera plus autorisé à compter du 1er janvier 2024 (cf. paragraphe 1.3.2.3).
Figure 3. Composants d'un IRM susceptibles de comporter du DEHP25
[25] Bushing : Manchon Cable cover : Gaine de câble Mattress : Matelas-support
Véhicules à moteur et aéronefs
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Les aéronefs et véhicules à moteur26 peuvent compter nombre de pièces en PVC et caoutchouc susceptibles de comporter du DEHP (joints, fils et câbles électriques, enduits d'étanchéité, couches antirouille de châssis pour voiture, sièges pour véhicules automobiles (cuir synthétique), protection pour carrosserie …) (ANSES, 2015; INERIS, 2005)27 .
A compter du 7 janvier 2024, aucun de ces moyens de transport ne pourra être mis sur le marché avec des pièces contenant du DEHP.
Fixing belt : bande de fixation
[26] Bicyclettes, véhicules à moteur (motos, voitures, camions, bus), véhicules sur rails (trains, tramways), navires et bateaux
[27] RÈGLEMENT (UE) 2018/2005 DE LA COMMISSION du 17 décembre 2018 modifiant l'annexe XVII du règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), en ce qui concerne le phtalate de bis(2-éthylhexyle) (DEHP), le phtalate de dibutyle (DBP), le phtalate de benzyle et de butyle (BBP) et le phtalate de diisobutyle (DIBP)
Entretien et réparation
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Aux fins de l'adaptation au progrès scientifique et technique, des exemptions de la Directive RoHS et de l'Annexe XVII de REACH permettent, pour une durée limitée (cf. paragraphes 1.3.1.1 et 1.3.2.3), la mise sur le marché de pièces détachées contenant du DEHP.
Ces pièces sont destinées à la réparation, à l'entretien, voire à la mise à jour des fonctionnalités :
- de dispositifs médicaux (y compris les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro et de leurs accessoires) ;
- d'aéronefs (lorsque ces articles sont essentiels pour la sécurité et la navigabilité de l'aéronef) ;
- de véhicules à moteur (lorsque les véhicules ne peuvent pas fonctionner comme prévu sans ces articles).
Ces exemptions s'adressent aux dispositifs médicaux, aéronefs et véhicules à moteur mis sur le marché avant l'entrée en vigueur de la restriction (cf. paragraphes 1.3.1.1 et 1.3.2.3).
A titre d'exemple, le DEHP peut être présent dans :
- l'isolation des fils et des câbles en PVC
- les joints en caoutchouc et les joints toriques utilisés dans les connecteurs
- les passe-fils en caoutchouc qui soutiennent les câbles
- les étiquettes en PVC (y compris celles utilisées sur les composants tels que les condensateurs)
- les adhésifs utilisés pour sceller les condensateurs et autres composants électroniques
- les matériaux de fixation des puces dans les boîtiers de circuits intégrés
Parmi les pièces de dispositifs médicaux concernées, citons :
- les tubes à rayons X
- les cartes de circuits imprimés
- les bobines d'IRM
- les détecteurs et composants de détecteurs (par exemple, détecteurs de rayonnement)
- les transducteurs
Utilisations passées du DEHP
L'utilisation du DEHP fait l'objet depuis quelques années d'un encadrement juridique croissant.
Par le passé, les applications du DEHP comme plastifiant pour PVC souple étaient nombreuses et diverses : santé (poches de sang, équipements de dialyse...), agroalimentaire (films alimentaires), construction (câbles, tuyauterie, profilés (cadres pour fenêtres), ...), aménagement intérieur (revêtements de sol et de mur, rideaux de douche, tissus enduits...), textiles (toiles imperméables, cuir synthétique), chaussures (semelles), etc (INERIS, 2005).
De façon très marginale, le DEHP, pour ses propriétés plastifiantes, faisait partie de la composition d’encres, peintures, laques, colles, adhésifs, céramiques à application électrique, fluides diélectriques, fluide diélectrique dans les condensateurs et papier (INERIS, 2005) (European Chemicals Bureau, 2008). De même, le DEHP était employé comme plastifiant pour des polymères autres que le PVC : résines vinyliques, esters cellulosiques (INERIS, 2005). Le DEHP pouvait aussi faire office d’agent antimousseux dans la production de papier et d’émulsifiant pour cosmétiques, parfums et pesticides.
Rejets dans l’environnement
Sources naturelles
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Le DEHP est une substance anthropogénique et n'existe pas à l'état naturel dans l'environnement.
Émissions vers les eaux
FTE 2020 Importer
Émissions vers les eaux déclarées sur BDREP
La base de données BDREP compte deux types d'émissions vers les eaux : les émissions directes et les émissions indirectes. Pour les rejets industriels, un rejet direct est défini comme un rejet isolé dans le milieu naturel avec ou sans passage par une station de traitement propre au site industriel, alors qu'un rejet indirect est défini comme un rejet raccordé à une station d'épuration extérieure au site émetteur. L'évolution des rejets de DEHP industriels totaux, directs et indirects vers les eaux est présentée dans le Tableau 9 et la Figure 7 Evolution des émissions déclarées de DEHP vers les eaux entre 2008 et 2020 (Source : BDREP)ci-dessous.
Tableau 9 Evolution des émissions déclarées de DEHP vers les eaux entre 2008 et 2020 (Source : BDREP)
Figure 7 Evolution des émissions déclarées de DEHP vers les eaux entre 2008 et 2020 (Source : BDREP)
En 2008, un pic de rejets de DEHP est relevé provenant d'une entreprise de construction de réseaux pour fluides située en région Provence-Alpes-Côte d'Azur et d'une entreprise de collecte et traitement des eaux usées en Normandie. Ces mêmes sites représentent respectivement 28% et 8% des rejets vers les eaux entre 2009 et 2020. Entre 2008 et 2020, les émissions « directes » représentent la majeure partie des effluents aqueux de DEHP. La tendance générale observée est à une diminution des rejets en DEHP vers les eaux.
Note : la précédente version de la FTE du DEHP (datant de 2005) faisait mention d'une estimation des émissions de DEHP vers les eaux lors de sa production de l'ordre de 600 kg.an-1.
Le nombre total de déclarations (compris entre 28 et 69) et le nombre de déclarations avec un niveau de rejet supérieur au seuil (compris entre 10 et 33) ont tous deux augmenté de façon similaire entre 2008 et 2012. Depuis 2012, le nombre de déclarants évolue autour de 60 et le nombre de déclarations de rejets supérieurs au seuil suit la même tendance à la baisse que les émissions vers les eaux. Le Tableau 10 et la Figure 8 ci-après, illustrent les dix secteurs d'activité les plus émetteurs de DEHP vers les eaux entre 2009 et 2020 en termes de cumul de flux d'émissions de DEHP (selon les données issues de la base de données BDREP).
Tableau 10 Dix secteurs d'activité les plus émetteurs de DEHP vers les eaux entre 2009 et 2020 en termes de cumul de flux d'émissions (Source : BDREP)
Figure 8 Répartition sectorielle des émissions de DEHP vers les eaux entre 2009 et 2020 (Source : BDREP)
La collecte et le traitement des eaux usées représentent près de la moitié des émissions de DEHP vers les eaux. Notons que la 3ème campagne de mesure des micropolluants dans les rejets de stations de traitement des eaux usées urbaines (RSDE STEU 3) effectuée entre 2017 et 2020, a identifié le DEHP comme substance déclenchant (Ineris, 2021) :
- le plus de significativités en entrée de station : pour plus de 95 % des STEU, le flux moyen de DEHP était supérieur au seuil de déclaration dans l'eau prévu par l'arrêté du 31 janvier 2008 modifié (seuil GEREP)
- un nombre important de significativités en sortie de station : pour 26 % des STEU, le flux moyen de DEHP était supérieur au seuil GEREP et/ou le flux moyen journalier de DEHP était supérieur à 10% du flux journalier théorique admissible par le milieu récepteur.
Les figures ci-dessous représentent les répartitions géographiques des émissions moyennes des rejets directs et des rejets indirects de DEHP vers les eaux entre 2011 et 2021
Figure 9. Répartition géographique des émissions moyennes de DEHP déclarées dans l'eau (rejet indirect) en France entre 2011 et 2021
Figure 10. Répartition géographique des émissions moyennes de DEHP déclarées dans l'eau (rejet direct) en France entre 2011 et 2021
Emissions directes vers les eaux de surface
Le DEHP peut être présent dans les eaux de ruissellement et trouve pour origine les déchets laissés sur les voies publiques et les PVC extérieurs. Deux cas de figure peuvent se présenter (INERIS, 2010) :
- s'il s'agit d'un réseau séparatif d'assainissement31 , ces eaux chargées en DEHP peuvent être déversées dans un cours d'eau
- dans le cas d'un réseau unitaire d'assainissement32, la saturation des systèmes de collecte des eaux usées lors d'un épisode pluvieux intense peut mener au débordement des réseaux d'assainissement vers un cours d'eau
Le projet Roulépur {Steven DESHAYES (LEESU), 2016 #107} axé sur la contamination en micropolluants des eaux de ruissellement de voirie et de parking apporte des informations sur les occurrences et les concentrations de DEHP dans les eaux de ruissellement (cf. Tableau 11). Ces données sont issues d'études nationales et internationales (mémoire de doctorat ou d'articles dans des journaux internationaux) qui se basent sur des échantillons prélevés en zones résidentielles, zones urbaines, zones commerciales, zones routières (autoroutes, etc.).
Tableau 11. Occurrences et concentrations du DEHP dans les eaux de ruissellement
D'après le Tableau 11, exception faite de Björklund et al. (2009), toutes les publications affichent une très forte occurrence (> 92%) pour le DEHP. Il semble difficile de comparer eaux de ruissellement urbaines avec les eaux de ruissellement de voirie. Cependant dans le projet OGRE (Wicke, 2015), il a été mis en évidence que les concentrations en DEHP étaient non négligeables dans les eaux de ruissellement de voirie par rapport aux eaux de bâtiments. En outre, en comparant les concentrations dans les retombés atmosphériques et dans les eaux de ruissellement, Sablayrolles et al. (2011) ont démontré l'apport non négligeable de la voirie par rapport aux retombés atmosphériques. En effet, alors que la concentration moyenne du DEHP dans les eaux de ruissellement de voiries est de 11 μg.l-1, la concentration maximale en DEHP retrouvée dans les eaux pluviales était de 1 μg.l-1.
Notons que ces données sont antérieures aux mesures réglementaires qui restreignent l'emploi du DEHP au niveau de la construction automobile, notamment pour la production des pneus, des plastiques (à l'extérieur du véhicule ou sous le capot) et des peintures de carrosserie. Il se pourrait donc que les concentrations de DEHP dans les eaux de ruissellement de voirie aient diminué.
[31] Le système séparatif d'assainissement collecte les eaux usées domestiques (salle bain, cuisine, WC…) et les eaux pluviales dans deux réseaux différents : le réseau d'eaux usées doit mener les eaux à une station d'épuration et le réseau d'eaux pluviales renvoie les eaux directement dans les rivières
[32] Le réseau unitaire mène dans la même canalisation les eaux usées domestiques et les eaux pluviales vers une station d'épuration
Émissions vers les sols
FTE 2020 Importer
Emissions déclarées sur BDREP
Le registre français des émissions polluantes pour les installations soumises à déclaration (BDREP) n'a répertorié que 4 déclarations d'émissions de DEHP vers les sols entre 2008 et 2020 dont 3 pour des rejets supérieurs au seuil (cf. Tableau 12).
Tableau 12. Déclarations d'émissions de DEHP vers les sols entre 2008 et 2020
Le secteur d'activité le plus représenté en termes d'émissions vers les sols est celui de la collecte et du traitement des eaux usées (soit les stations d'épuration).
Les émissions des stations d'épuration vers les sols sont traitées plus en détail dans le paragraphe 3.4.2.
Boues de STEP
Les stations d'épuration (STEP) dégradent nombre de micropolluants mais du fait de son coefficient de partage carbone organique/eau élevé34 (HSBD, 2015), le DEHP35 a tendance à s'adsorber sur les sédiments et matières en suspension (cf. paragraphe 4.1.2), et donc à être transféré vers les boues.
Ces boues peuvent ensuite être utilisées en agriculture comme engrais, incinérées ou mises en décharge (cf. Figure 11 ci-dessous).
Figure 11. Production, traitement et filières de valorisation des boues de station d'épuration (notre-planete.info)
En 2017, la France a éliminé 809 000 tonnes de boues de STEP par quatre voies d'élimination (EUROSTAT) :
- L'épandage agricole (617 kT - 76%), soit par épandage direct (299 kT - 37%), soit suite à une étape de compostage36 (318 kT - 39%)
- L'incinération (149 kT - 18%)
- La mise en décharge (13 kT - 2%)
- Autres voies non-déterminées (30 kT – 4%)
La Figure 12 ci-dessous illustre la répartition des différentes voies d'élimination des boues des STEP française en 2017.
Figure 12. Destination des boues d'épuration en France en 2017 (en kT)
Le programme de recherche AMPERES (2006-2009) a permis d'acquérir des données sur les teneurs en DEHP contenues dans les boues traitées de 21 STEU urbaines (E. U. INERIS, 2012) :
- Le DEHP se trouvait majoritairement dans la fraction particulaire et était fréquemment retrouvé dans les boues avec une fréquence de quantification supérieure à 70 %
- Les teneurs moyennes de DEHP étaient supérieures à 10 mg/kg
Dans le cadre du projet AMPERES, l'étude de six STEP a mis en évidence une concentration moyenne de 32,4 mg/kg de DEHP avec un écart-type de 16,5 mg/kg (J.-M. CHOUBERT, 2011).
Puisqu'en 2017, 299 000 tonnes de boues ont été épandues en France (EUROSTAT), en se basant sur les données de concentration moyenne de DEHP dans les boues du projet AMPERES, le flux moyen annuel de DEHP lié à l'épandage des boues pourrait s'élever à 9,69 tonnes de DEHP (cette estimation ne prends pas en compte l'épandage des boues compostées qui pourraient être susceptibles de contenir du DEHP).
A ce jour, il n'existe pas de seuil règlementaire portant sur la concentration de DEHP dans les boues d'épandage et les composts37 .
La quantité maximale de boues épandables tous les 10 ans est de 30 t de MS/ha ce qui pourrait correspondre à un apport moyen annuel de DEHP de 97 g/ha. Notons que 2,5 à 3 % de la surface agricole utile est concernée (G. G. INERIS, Julien DALVAI,, 2014).
[34] Koc = 165000 L.kg-1
[35] La présence du DEHP dans les eaux usées peut provenir du nettoyage de revêtements de sol, de l'usure de chaussures…
[36] le compostage consiste à mélanger les boues avec des déchets verts pour qu'elles soient dégradées par des bactéries, champignons… en présence d'oxygène
[37] Arrêté du 8 janvier 1998 fixant les prescriptions techniques applicables aux épandages de boues sur les sols agricoles pris en application du décret n° 97-1133 du 8 décembre 1997 relatif à l'épandage des boues issues du traitement des eaux usées et Norme NFU 44-095
Lixiviats de centres d'enfouissement
Les eaux météoriques s'infiltrant dans les massifs de déchets des centres d'enfouissement génèrent des lixiviats qui sont pompés et traités. Les lixiviats sont traités en station pendant les 30 premières années d'exploitation du centre d'enfouissement, par la suite, le traitement est simplifié (par exemple en lagune…). Suite à l'action commune du vieillissement et du lessivage des matériaux des déchets, les lixiviats peuvent comporter du DEHP. Le DEHP potentiellement présent peut alors être transféré, lors du traitement des lixiviats, vers des boues de station pour lesquelles il existe deux débouchés : elles peuvent être retraitées (par incinération, inertage en zone d'enfouissement spécifique…) ou stockées dans le même centre d'enfouissement.
Note : en cas de drainage des lixiviats défaillant ou de mauvaise étanchéité des casiers, le centre d'enfouissement peut constituer une source d'émission du DEHP vers les sols (RECORD, 2015).
La concentration de DEHP dans les lixiviats est très variable, elle dépend de la nature des déchets stockés, de la date de mise en service du centre d'enfouissement, des conditions de dégradation (température, pluviométrie) et du mode d'exploitation (hauteur des déchets, surface exploitée, compactage...). Une compilation de données réalisée à partir de 27 publications internationales faisant état de lixiviats de centres d'enfouissement situés principalement en Europe et aux Etats-Unis et couvrant une période allant de 1977 à 2000 permet de dégager une fourchette de concentration du DEHP dans les lixiviats comprise entre 0,6 et 236 µg.l-1 (RECORD, 2015).
L'étude réalisée par RECORD a fait la synthèse des travaux d'estimation de phtalates depuis les décharges et a conclu que les quantités émises dans les lixiviats était de l'ordre d'un gramme par tonne de déchets sec. Cette estimation se base essentiellement sur une étude réalisée par Bauer & Herrmann en 1996 à partir d'échantillons prélevés dans des décharges en Allemagne (RECORD, 2015).
Rejets dans l'environnement
FTE 2005 Importer
Rejets dans l'air
La quantité de DEHP rejeté dans l'air est estimée à 0,001 % de la production (Royal Haskoning factsheet), ce qui, pour une production de 60 000 tonnes, représente une valeur de 600 kg.an-1.
Les teneurs de DEHP mesurées dans les rejets atmosphériques sur le site de Chauny varient entre 4 µg.m-3 et 533 µg.m-3 .
Rejets dans les eaux
Aucune donnée de mesure pour la France n'a pu être obtenue. La masse de DEHP rejeté dans l'eau est estimée comme précédemment à 0,001 % de la production totale (Royal Haskoning factsheet), ce qui correspond à un flux moyen pour la France de 600 kg.an-1 (164 g.j-1). En Europe, le tonnage annuel de DEHP rejeté dans les effluents avant traitement en station est évalué à 682 tonnes sur l'ensemble des sites de production – soit 26 % des rejets totaux de DEHP dans les eaux usées – (Risk assessment report, 2001). Ces rejets proviennent pour l'essentiel de l'eau de lavage, utilisée en fin de production (CRITT).
Rejets lors de l'utilisation industrielle de DEHP et de produits en PVC souple
On distingue :
- les rejets liés à l'usage du DEHP pour la production de compounds, pour la transformation du PVC ou comme additif dans certaines applications ;
- les rejets liés à l'usage de produits finis en PVC souple dans les procédés industriels mis en œuvre ;
- les rejets liés à la présence de produits en PVC souple sur le site.
Rejets dans l'air
Pour la première catégorie, les rejets sont estimés à un peu plus de 0,8 % de la production (Royal Haskoning, 2002).
Toutefois, selon un spécialiste du domaine, les possibilités de rejet sont :
- nulles pour la fabrication de compounds ;
- nulles ou très faibles pour la transformation par extrusion ou enduction (des systèmes de captage de composés volatils sont présents chez la majorité de ces transformeurs) ;
- non nulles pour la transformation par calandrage (système ouvert).
Rejets dans les eaux
Pour la première catégorie, les rejets sont estimés à 0,08 % de la production (Royal Haskoning, 2002) mais de la même manière, seule la transformation par calandrage avec utilisation de plastisol est susceptible d'entraîner des rejets selon un spécialiste. Ceux ci pourraient être dus à l'éventuel abattage des fumées.
Pour les autres catégories, aucune donnée précise n'a pu être recueillie. Il ressort cependant du tableau ci après que le DEHP peut être émis en quantité non négligeable par de nombreuses activités industrielles. Anticipant la circulaire ministérielle de 2002, qui relance les actions nationales de « recherche et de réduction des rejets de substances dangereuses dans l'eau par les installations classées », la DRIRE Champagne Ardenne a initié en 2001 un inventaire des substances polluantes dans les rejets des établissements de la région Champagne Ardenne. Concernant le DEHP, les résultats obtenus entre 2001 et 2003 pour 115 établissements sont résumés dans le tableau suivant.
Tableau 3. Rejets industriels de DEHP en Champagne-Ardenne
Des rejets non nuls de DEHP ont été mesurés pour l'ensemble des secteurs industriels considérés dans cette étude, à l'exception de l'activité de traitement et stockage des déchets. Les domaines du traitement de surface et de la métallurgie sont les plus gros émetteurs, suivis de la chimie et de l'agroalimentaire. Les rejets des industries papetières ou des établissements traitant les textiles sont en revanche très faibles.
Rejets durant la période de service de produits en PVC
Ces rejets, difficilement quantifiables, s'étalent sur toute la durée de vie des produits. Ils sont dus à l'effet des intempéries sur les produits de PVC souple (revêtements, tuyaux, câbles, chaussures, etc.). Compte tenu de la faible solubilité du DEHP, le syndicat des producteurs de matières plastiques (SPMP) considère comme nulle la perte de cette substance par lixiviation à partir du PVC souple, que ce soit au cours de l'utilisation ou de l'élimination des produits en PVC. Selon d'autres sources, la part de phtalates perdus lors du nettoyage de sols vinyliques serait de 0,015 % (Royal Haskoning factsheet). De façon générale, environ 1 % du DEHP contenu dans le PVC serait émis par lessivage dans les eaux et l'atmosphère.
Remarques :
- Les équipements d'adduction d'eau et d'évacuation sont en PVC rigide et ne contiennent donc pas de DEHP.
- La perte de DEHP par lixiviation est rapide en début de vie du produit puis elle ralentit : le départ du DEHP laisse en effet une couche de PVC rigide à la surface, qui fait alors écran à la migration du phtalate.
Apports indirects
Les dépôts de DEHP à partir de l'atmosphère constituent une voie d'apport de cette substance dans les eaux de surface, qui est jugée mineure mais non négligeable (Royal Haskoning, 2003). Une étude expérimentale sur le transfert des phtalates en milieu urbain fournit pour Paris les données de dépôt suivantes (Blanchard et al., 2003) :
Tableau 4. Transfert des phtalates en milieu urbain (Source : Blanchard et al., 2003)
FTE 2020 Importer
Émissions industrielles totales déclarées sur BDREP
En France, le DEHP fait partie des substances dont les rejets dans l'air, l'eau et le sol doivent être déclarés lorsqu'ils dépassent un certain seuil29 , à savoir 10 kg.an-1 pour l'air, 1 kg.an-1 pour l'eau et 1 kg.an-1 pour le sol, comme imposé par le Règlement 166/2006/CE. Cette déclaration annuelle se fait sur le Registre des Emissions Polluantes, via le logiciel de saisie GEREP (Gestion électronique du registre des émissions polluantes) et est gérée dans la base de données nationale du registre des émissions polluantes (BDREP, IREP30). La Figure 4 ci-dessous compile les données d'émission du DEHP vers les compartiments « Eau », « Air » et « Sol » entre 2008 et 2020. Cette compilation n'est pas une présentation exhaustive de toutes les émissions de DEHP, elle concerne seulement les émissions déclarées (données BDREP) des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) soumises aux régimes d'autorisation et d'enregistrement, ainsi que les stations de traitement des eaux usées (STEU).
Figure 4 Evolution des émissions déclarées de DEHP entre 2008 et 2020 (Source : BDREP)
[29] Arrêté du 31 janvier 2008 relatif au registre et à la déclaration annuelle des émissions et de transferts de polluants et des déchets
[30] https://www.georisques.gouv.fr/risques/registre-des-emissions-polluantes
Émissions atmosphériques déclarées sur BDREP
Les flux de DEHP émis dans l'atmosphère et déclarés entre 2008 et 2020 via le logiciel GEREP ainsi que le nombre de déclarants sont présentés dans le Tableau 8 et la Figure 5 ci-dessous.
Tableau 8 Emissions atmosphériques déclarées de DEHP entre 2008 et 2020 (Source : BDREP)
Figure 5 Evolution des émissions atmosphériques déclarées de DEHP entre 2008 et 2020 (Source : BDREP)
Les émissions atmosphériques de DEHP ont connu un pic en 2009 avec 578 kg émis au cours de l'année, puis ont chuté. Depuis 2012, seules 6 déclarations de rejets ont été remplies pour un total d'émission presque nul. Le secteur d'activité concentrant la quasi-totalité des émissions déclarées de DEHP est celui de la fabrication de plaques, feuilles, tubes et profilés en matières plastiques. Les autres secteurs sont :
- Le décolletage
- La collecte et le traitement des eaux usées
- La fabrication de matériel de distribution et de commande électrique
- La fabrication d'autres équipements automobiles
- La fabrication de préparations pharmaceutiques
- Le commerce de gros alimentaires spécialisés divers
- La fabrication de moteurs, génératrices et transformateurs électriques
- La fabrication d'équipements automobiles
- La fabrication de médicaments
Note : la précédente version de la FTE du DEHP (datant de 2005) faisait mention d'une estimation des émissions atmosphériques de DEHP lors de sa production de l'ordre de 600 kg.an-1.
La Figure 6 ci-après, illustre la répartition géographique des émissions atmosphériques de DEHP déclarées entre 2011 et 2021 et consignées dans la base nationale BDREP.
Figure 6 Répartition géographique des émissions atmosphériques moyennes de DEHP déclarées en France entre 2011 et 2021
Selon les flux d'émission disponibles sur la base de données BDREP, un site de plasturgie basé en région Hauts-de-France représente la quasi-totalité des émissions atmosphériques de DEHP entre 2008 et 2020. Le second site émetteur de DEHP dans l'atmosphère, dont le niveau d'émission est limité, est une entreprise de décolletage de métaux situé en région Centre Val de Loire.
Notes : - L'incinération est un procédé à haute température (proche des 1000°C) qui ne devrait pas constituer une source d'émission de DEHP compte-tenu de sa température de décomposition thermique inférieure à 400°C (sauf en cas de mauvais fonctionnement de l'installation). Néanmoins, cette information n'a pu être vérifiée dans la mesure où les études de présence des phtalates dans les émissions gazeuses et les mâchefers des incinérateurs sont rares et ne fournissent pas de données quantitatives (RECORD, 2015).
- L'usure des chaussures, pneus et matériaux de construction peuvent constituer des sources de DEHP dans l'air ambiant {INERIS, 2010 #73;Steven DESHAYES (LEESU), 2016 #107}.
Pollutions historiques et accidentelles
FTE 2020 Importer
- Base InfoSols
La base de données InfoSols38 compile les données relatives aux risques de pollution des sols instruites dans deux bases de données BASOL (base de données sur les sites et sols pollués ou potentiellement pollués) et SIS (Secteurs d'Information sur les Sols).
A la date de rédaction de cette fiche, aucun site n'est répertorié dans cette base de données pour une pollution (potentielle ou avérée) au DEHP.
- Base de données ARIA
La base de données ARIA39 (Analyse, Recherche et Information sur les Accidents) répertorie les incidents et accidents (d'origine industrielle, liés au transport de matières dangereuses, etc.) qui ont porté ou auraient pu porter atteinte à la santé ou la sécurité publiques ou à l'environnement.
Depuis 1993, 3 accidents impliquant du DEHP ont été déclarés sur la base de données ARIA, le dernier datant de 2010 :
- Une fuite de chargement d'un poids-lourd contenant un produit de traitement de bois (indice « Matières dangereuses relâchées » de grade 1)
- Une réaction accidentelle avec émanations lors du pompage de déchets dans une usine d'incinération (indice « Matières dangereuses relâchées » de grade 1)
- Le déversement de DEHP dû à un camion accidenté
[38] https://monaiot.developpement-durable.gouv.fr/actualite/lancement-dinfosols
Présence environnementale
Atmosphère
Air ambiant
La concentration en DEHP dans l'air en Île-de-France a été mesurée au cours des années 2010 et 2011 (Elodie Moreau-Guigon, 2013).
La concentration dans l'air parisien est de l'ordre de 10 à 100 ng.m-3 et celle en milieu forestier (Fontainebleau) est inférieure d'un facteur 5 ng.m-3 . Cette tendance s'observe également par bio indication avec la teneur en DEHP adsorbée sur des feuilles de platane.
Air intérieur
Le DEHP n'est pas chimiquement lié au polymère dans lesquels il est incorporé comme plastifiant, il peut donc migrer à la surface du matériau (si sa production était antérieure aux restrictions réglementaires) et être émis dans le milieu environnant : dans les logements, écoles, bureaux, véhicules (par l'intermédiaire des revêtements de sol, meubles, jouets, rideaux).
Des mesures de DEHP effectuées par l'observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) dans l'air intérieur de logements a mis en évidence la présence de DEHP dans l'ensemble des logements enquêtés avec des niveaux de concentration compris entre 10 et 100 ng.m-3 pour 55% des logements et supérieurs à 100ng.m-3 pour les autres logements (Portail notre-environnement.gouv.fr).
En France, des concentrations de DEHP dans l'air et les poussières intérieures ont été mesurées dans un échantillon de 30 logements entre 2010 et 2011 : le DEHP était présent systématiquement dans les poussières décantées et les particules en suspension dans l'air et dans 10% des échantillons gazeux avec des concentrations médianes s'élevant réciproquement à 0,289 mg/g, 0,0415 mg/g et à moins 10 ng.m-3 (Blanchard O, 2014).
Une étude menée dans 30 écoles françaises entre 2009 et 2010 a mis en évidence la présence DEHP dans l'air et dans les poussières avec des concentrations médianes de 108 ng.m-3 et 1,43 mg/g (G. Raffy, 2017).
L'OQAI a conduit entre 2013 et 2017 une campagne nationale de mesure de la qualité de l'air dans 301 écoles de France métropolitaine. Cette étude a mis en évidence la présence de DEHP dans moins de 10% des mesures et que les niveaux de concentration en jeu avaient tendance à être plus élevés dans les écoles que dans les logements (Observatoire de la qualité de l'air intérieur, 2018).
Aquatique
FTE 2005 Importer
Les paragraphes ci-après présentent des valeurs de NQE en vigueur à la date de la rédaction de cette rubrique.
Eaux de surface
Les concentrations en phtalates dans les eaux de rivière sont en général très basses : de non détectables à 3 mg.l-1 (limite de solubilité). Cependant, à cause de sa faible solubilité, le DEHP peut se lier à la matière en suspension, augmentant de ce fait sa concentration dans la colonne d'eau (SPMP). Pour cette même raison, il a tendance à s'adsorber sur la matière organique et à s'accumuler dans les sédiments qui peuvent présenter des concentrations plus élevées (1,8 à 18,3 mg/kg dans les sédiments du Rhin). Dans le fleuve Saint Laurent (Canada), la part de DEHP adsorbé était ainsi estimée à 53 % (in Blanchard et al., 2002).
Des campagnes de mesure de phtalates effectuées dans le bassin de Seine Normandie fournissent des teneurs en DEHP dans quelques eaux de surface. Ces valeurs concordent avec les concentrations de DEHP mesurées dans d'autres rivières européennes (Blanchard et al., 2003) comme le montre le tableau suivant.
Tableau 5. Mesure de phtalates effectuées dans le bassin de Seine-Normandie
Le débit massique journalier de DEHP dans l'Oise, sur le bassin versant de laquelle est implanté le site de Chauny, n'est pas significativement supérieur à celui de la Marne ou de la Seine. Comparée aux autres sources de rejets, la production de DEHP n'a donc pas d'effet notable sur les concentrations de DEHP dans la rivière.
Normes de qualité environnementale pour le DEHP :
- Valeur guide de l'organisation mondiale de la santé pour la qualité de l'eau potable : 8 µg.l-1.
- Norme de l'USEPA et AWWA pour la qualité de l'eau potable : 6 µg.l-1.
- Commission internationale pour la protection du Rhin, objectif de référence pour le DEHP : 0,1 µg.l-1.
Eaux souterraines
Quoique les phtalates soient rarement présents dans les eaux souterraines, des concentrations de ces substances sont parfois détectées dans les nappes libres ou captives (Université de Picardie).
FTE 2020 Importer
La base de données Naïades41 recense, entre 2019 et 2021, 42 916 analyses de DEHP dans des eaux. Parmi ces mesures, 1820 (soit 4 %) présentent des concentrations de DEHP supérieures à la limite de quantification comprise entre 0,2 et 20 µg.L-1 et 205 échantillons présentent des concentrations de DEHP supérieures à sa NQE42 évaluée à 1,3 µg.L-1. Les concentrations de DEHP médiane, du 75ème percentile, du 95ème percentile et maximale s'élèvent respectivement à 0,49 µg.L-1, 0,78 µg.L-1, 2,2095 µg.L-1 et 78,6 µg.L-1 (le site mesurant la plus forte teneur en DEHP est un cours d'eau de la région Centre Val de Loire).
Entre 2019 et 2021, d'après la base de données Naïades, 1 360 analyses de DEHP sont recensées sur matrice sédiment. Parmi celles-ci, 617 mesures (soit 45 %) présentent des concentrations de DEHP supérieures à la limite de quantification comprise entre 10 et 200 µg/kg et aucune mesure de concentration en DEHP n'est supérieure à la PNEC (évaluée à 100 000 µg/kg). La concentration médiane s'élève à 173 µg/kg, celle du 75ème percentile à 379 µg/kg et celle du 95ème percentile à 1592,2 µg/kg. La concentration maximale s'élève à 8 260 µg/kg et correspond à un prélèvement de sédiments effectué en Auvergne-Rhône-Alpes.
Le DEHP a été quantifié dans 83 échantillons de matières en suspension entre 2019 et 2021, avec 90 % des mesures (soit 75 analyses) supérieures à la limite de quantification de 100 µg/kg. Les concentrations médianes, du 75ème percentile et du 95ème percentile s'élèvent respectivement à 388 ; 823 et 10 359 µg/kg. La concentration maximale de DEHP dans des matières en suspension (de 16 057 µg/kg) a été mesurée dans un échantillon prélevé en région Nouvelle Aquitaine.
L'étude des concentrations médianes de DEHP dans les eaux de surface entre 2011 et 2021 (issues de la base de données Naïades) ne met pas en évidence d'évolution des teneurs (d'approximativement 0,5 µg.l-1) en dépit des mesures réglementaires restrictives visant cette substance (cf. Figure 13).
Figure 13. Evolution des concentrations de DEHP dans les eaux de surface en France entre 2011 et 2021 (Source : Naïades)
La concentration en DEHP en France dans les sédiments semble suivre une légère tendance à la baisse entre 2011 et 2021 mais qui reste à confirmer (cf. Figure 14 ci-dessous).
Figure 14. Evolution des concentrations de DEHP dans les sédiments en France entre 2011 et 2021 (Source : Naïades)
[40] Facteur de BioConcentration
[41] http://naiades.eaufrance.fr/
[42] Norme de Qualité Environnementale
Terrestre
FTE 2020 Importer
Dans eaux souterraines
D'après la base de données ADES43 , entre 2019 et 2021, 15 901 analyses de DEHP sur des eaux souterraines ont été effectuées pour 3 041 points de mesure. Parmi celles-ci, 552 mesures (soit 3 %) présentent des concentrations supérieures à la limite de quantification comprise entre 0,2 et 1 µg.L-1. La concentration médiane s'élève à 0,4 µg.L-1. La valeur du 75ème percentile est 0,8 µg.L-1 et la valeur du 95ème percentile est 2,5 µg.L-1. La concentration maximale s'élève à 1 040 µg.L-1 et correspond à un prélèvement effectué dans une commune d'Auvergne-Rhône-Alpes.
En 2011, le BRGM a mené une campagne exceptionnelle (CAMPEX) d'analyses des substances présentes dans les eaux souterraines en métropole. Le DEHP a fait l'objet de 746 mesures dont 147 (soit 20 %) présentent une concentration de DEHP supérieure à la limite de quantification de 0,4 μg.L-1, la concentration maximale s'élève à 3,0 μg.L-1 et correspond à un prélèvement issu d'une fontaine située en Occitanie (EAUFRANCE 2015).
L'étude des concentrations médianes de DEHP dans les eaux souterraines en France entre 2011 et 2021 (cf. Figure 15 ci-dessous) n'a pas mis en évidence d'augmentation ou de diminution des teneurs (qui s'élèvent approximativement à 0,4 µg.l-1).
Figure 15. Evolution des concentrations de DEHP dans les eaux souterraines en France entre 2011 et 2021 (Source : Ades)
[43] https://ades.eaufrance.fr/
Dans les sols
Des relevés de 12 sols en Île-de-France ont mesuré des concentrations de DEHP de 1000 à 10 000 ng/g (Elodie Moreau-Guigon, 2013).
Une étude menée en Chine a mesuré la teneur en phtalates, dont le DEHP, de sols de différentes natures (Shaofei Kong, 2012). Les résultats pour les sols étudiés triés par ordre croissant de concentration sont : les sols de vergers, les terres agricoles, les terres en friche, les terres maraîchères. Cette concentration plus élevée pour le maraîchage pourrait être due à l'utilisation des films plastiques pour protéger les cultures.
Perspectives de réduction
Réduction des rejets
Rejets lors de la production
FTE 2005 Importer
La suppression des effluents est illusoire puisque l'opération de lavage en fin de réaction induit nécessairement des rejets aqueux. Selon les informations communiquées par un professionnel du domaine, une solution envisageable est une amélioration de la qualité des eaux en sortie d'atelier qui permettrait de récupérer un maximum de matière noble et de recycler l'eau. Elle pourrait se faire par une seconde décantation après lavage : ce procédé fut mis en œuvre sur un site de production de phtalates sans coûts additionnels (les installations requises étaient déjà présentes). La qualité de l'eau se révéla meilleure qu'à l'issue d'une seule décantation. Dans l'optique d'une élimination totale du phtalate, cette opération ne suffirait cependant pas et il conviendrait d'en accroître l'efficacité, soit en filtrant avant la seconde décantation, soit en appliquant d'autres techniques. Il ne s'agit pas là d'une solution opérationnelle. D'un point de vue économique, elle n'est donc pas neutre puisqu'elle induirait :
- des coûts de recherche et d'investissement ;
- des coûts liés à l'incinération de la matière résiduelle (non récupérable).
L'industriel pourrait toutefois y trouver son profit puisque le phtalate et l'eau seraient en partie récupérés.
Remarque : Ces informations générales ne sont pas propres au site français actuel de production de DEHP, pour lequel des données sur les effluents n'ont pu être obtenues.
Rejets lors de l'utilisation
FTE 2005 Importer
Comme il a été mentionné, les possibilités de rejet lors de la fabrication de compounds plastifiés ou de la transformation du PVC souple sont nulles ou très faibles. Les informations recueillies n'ont pas permis de dresser un état des lieux des mesures adoptées. Si ce n'est déjà fait, des modalités d'usage, tels des bacs de rétention servant à prévenir les fuites éventuelles d'eaux contaminées par la substance (par exemple lors du nettoyage des
machines ou des ateliers), pourraient être mises en place. Un traitement des effluents sur site serait disproportionné par rapport aux quantités de DEHP émises. En revanche, comme l'a suggéré un spécialiste des phtalates, l'instauration d'un système régional de collecte et de centralisation des effluents avec traitement dans une unique station est une solution possible dont la faisabilité dépend de l'implantation géographique des sites industriels concernés.
Traitement des effluents industriels et des eaux usées
FTE 2005 Importer
Le DEHP est rapidement détruit en condition aérobie : son taux de dégradation dans les eaux varie entre 40 et 95 % en 10 35 jours (Royal Haskoning, 2002). En anaérobie, sa dégradation est plus lente. Le tableau ci après rassemble quelques éléments sur l'efficacité des techniques de traitement des effluents industriels et des eaux usées.
Tableau 6. Efficacité de techniques de traitement
L'évaluation des risques réalisée dans le cadre européen (Risk assessment report, 2001) indique que la biodégradation du DEHP provoque la formation du monoester MEHP dont on ignore l'importance dans l'environnement. Le MEHP a révélé des effets reprotoxiques dans des études conduites sur les mammifères. Ses autres propriétés écotoxicologiques sont inconnues. Les données actuellement disponibles ne permettent pas d'évaluer les risques pour l'homme et l'environnement liés au MEHP qui se forme dans l'environnement.
Réduction des émissions du DEHP
FTE 2020 Importer
Elimination du DEHP lors du recyclage du PVC
Le recyclage du PVC soulève des questions concernant les risques potentiels pour la santé humaine ou l'environnement lorsque ce plastifiant hérité des matériaux est également recyclé44,45 .
Néanmoins l'objectif au niveau européen est de développer le recyclage car cette pratique permettrait de réduire l'utilisation de matières premières dont les ressources sont limitées, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de certains polluants, de relocaliser une partie de la production de plastique et de réduire la présence de déchets et de polluants (dont le DEHP) dans l'environnement.
Plusieurs projets menés par la Commission Européenne, dont par exemple le projet Circular Flooring46 , visent à développer des procédés de recyclage de PVC avec élimination ou transformation du DEHP. Par exemple, Circular Flooring développe un procédé pour recycler des dalles de sol souples en fin de vie.
Ce procédé s'appuie sur deux processus :
- le procédé CreaSolv® dont le but est de séparer le PVC contenu dans les dalles de sol des autres composés dont les phtalates (dont le DEHP), et d'améliorer le PVC récupéré à l'aide d'additifs afin de pouvoir le réemployer pour la production de revêtements de sol
- le processus d'hydrogénation catalytique permettant de transformer les phtalates extraits précédemment par la technologie Creasolv® en substances chimiques (principalement en plastifiants) non dangereux (par exemple en DINCH2 , un plastifiant pour PVC).
Encore en cours lors de la rédaction de cette fiche, le projet Circular Flooring devrait s'achever début 2024.
[44] Résolution du Parlement européen du 12 février 2020 sur le projet de règlement de la Commission modifiant l'annexe XVII du règlement (CE) no 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), en ce qui concerne le plomb et ses composés
[45] Pour mémoire, les articles produits à partir de PVC (dont du PVC recyclé) sont soumis à restriction : ils ne peuvent contenir du DEHP à une concentration égale ou supérieure à 0,1 % en poids de matière plastifiée (cf. 1.3.1.1).
[46] https://www.circular-flooring.eu/
Emissions issues de l'épandage des boues de STEP
Les boues provenant des stations d'épuration sont susceptibles de contenir du DEHP, leur épandage sur les surfaces agricoles peut représenter une source d'émission de DEHP vers les sols (cf. paragraphe 3.4.2). Afin d'éviter ces émissions, quatre solutions alternatives à l'épandage émergent :
- l'incinération spécifique ;
- la co-incinération en unité d'incinération d'ordures ménagères (UIOM) ;
- la co-incinération en unité de cimenterie ;
- l'oxydation en voie humide (OVH).
Une autre solution de réduction des émissions de DEHP pourrait résider dans des traitements des boues avant épandage plus performants ou bien dans la réduction de la concentration de DEHP dans les eaux usées (cf. paragraphe 5.2).
A titre d'exemple, une étape de compostage des boues de STEP pourrait réduire de plus de 50% la concentration de DEHP (au cours de compostage des boues, des polluants organiques sont biodégradés par l'activité des microorganismes) (Thi Thanh Ha Pham, 2010).
L'incinération spécifique
L'incinération spécifique (en four à lit de sable fluidisé) s'adresse principalement aux stations d'épuration urbaines de taille supérieure à 200 000 équivalents habitants (EH) et présente l'avantage de couvrir en totalité ou partiellement les besoins thermiques de la station d'épuration (ASTEE, 2020).
Néanmoins, l'incinération spécifique comporte quelques inconvénients, elle nécessite :
- une étape de déshydratation des boues ;
- le traitement des fumées et cendre/résidus de combustion à valoriser ou éliminer.
En 2020, près de 205 000t de boues ont été traitées par incinération spécifique parmi les stations d'épuration ayant adopté cette technologie, citons :
- les stations d'épuration de Grenoble et Strasbourg, où le chauffage de la digestion est assuré par la chaleur des fours (ce qui permet d'augmenter le potentiel d'injection de biométhane au réseau)
- la station de Valenton où la chaleur est utilisée pour le séchage des boues avant incinération
La co-incinération avec les ordures ménagères
La possibilité d'une co-incinération des boues provenant des STEP en Unité d'Incinération d'Ordures Ménagères (UIOM) dépend du pourcentage massique de matière sèche des boues (siccité) et de la technologie du four de l'unité d'incinération (ASTEE, 2020).
Les mâchefers issus de l'incinération peuvent être valorisés en techniques routières dès lors que la proportion des boues déshydratées n'excède pas une limite souvent fixée à 10% en masse par rapport aux ordures ménagères.
En 2020, la co-incinération des boues de STEP avec les ordures ménagères représentait 1% du flux de déchets traités par le parc des incinérateurs français, et moins de 8% des unités d'incinération du parc pratiquait cette co-incinération.
La co-incinération en cimenterie
Les boues de STEP peuvent être employées en cimenterie pour la fabrication du clinker47 , elles ont alors la fonction de combustible et/ou d'alternative aux matières minérales (ASTEE, 2020).
Il demeure certains freins à l'emploi des boues de STEP pour la production du clinker :
- Des critères d'acceptabilité des boues (en raison des contraintes sur la qualité du ciment et des objectifs de conformité environnementale des cimenteries),
- La concurrence avec d'autres types de déchets,
- Un objectif de siccité de 90% nécessitant un séchage énergétiquement lourd.
[47] Composant du ciment
L'oxydation par voie humide
L'Oxydation par Voie Humide (OVH) permet de réduire de 75 à 90% la part organique d'une boue en chauffant celle-ci à haute température (entre 250 et 300°C) et sous haute pression (de 70 à 150 bars) en présence d'un gaz oxydant (air ou oxygène). Cette technologie s'applique aux installations à partir de 80000EH48 . Notons que les réactions d'oxydation sont exothermiques et l'énergie ainsi produite permet le chauffage des boues, rendant le procédé auto-thermique.
[48] Equivalent-Habitant : Unité de mesure permettant d'évaluer la capacité d'une station d'épuration
Alternatives aux usages
Produits de substitution
FTE 2005 Importer
Présentation des produits
Il existe de nombreuses familles de plastifiants :
- les phtalates,
- les adipates,
- les trimellitates,
- les sébacates,
- les benzoates,
- les citrates,
- les phosphates,
- les époxydes,
- les polyesters,
- les esters alkyl sulphonates,
- les DINCH.
À ce jour, la substitution du DEHP s'effectue majoritairement en faveur de certains phtalates (notamment le di(isononyl)phtalate, ou DINP, et le di(isodécyl)phtalate, ou DIDP), comme en témoigne le tableau comparatif suivant (ECPI, 2003).
Tableau 7. Parts de marché de différents plastifiants
L'expérience montre qu'il est possible, à des coûts plus ou moins élevés, de remplacer le DEHP par d'autres composés.
D'un point de vue purement technique, une telle substitution est cependant délicate, dans la mesure où le DEHP couvre un grand nombre d'usages et où il s'agit de rechercher des substances :
- compatibles avec le PVC ;
- qui présentent des propriétés plastifiantes et des caractéristiques mécaniques et thermiques satisfaisantes ;
- peu volatiles;
- non ou peu susceptibles d'être extraites par l'eau ou par tout autre liquide ou de migrer vers les produits avec lesquels le PVC souple est en contact.
Il est généralement reproché aux produits de substitution disponibles sur le marché :
- d'être trop chers ou de devoir être introduits en plus grandes quantités pour obtenir une flexibilité donnée ;
- d'être moins généralistes que le DEHP et de correspondre à des usages plus spécialisés ;
- d'avoir une influence néfaste sur la stabilité du PVC ;
- d'être pour certains d'entre eux d'une toxicité non évaluée.
D'autre part, dans les familles de plastifiants autres que les phtalates, le nombre de produits dérivés est souvent limité (alors qu'il existe une quinzaine de phtalates).
Quelques uns de ces inconvénients tendent à s'estomper. En particulier, le prix de certains plastifiants décroît du fait que leur marché est en expansion.
Le tableau ci après ne prétend pas à l'exhaustivité mais fournit quelques caractéristiques des diverses classes de plastifiants.
Tableau 8. Quelques caractéristiques des diverses classes de plastifiants
Si les produits de substitution sont moins généralistes que le DEHP, le DINP couvre cependant la majorité des applications de ce plastifiant. Son prix est identique à celui du DEHP mais il doit être dosé en quantité légèrement supérieure (+ 10 % environ). Il est moins approprié pour les usages suivantes :
- applications transparentes (5 % des applications du PVC souple) ;
- applications médicales (5 % des applications du PVC souple) : le DINP n'est pas un produit agréé ;
- applications très souples ( 5 % des applications du PVC souple) : le DINP est moins efficace.
[12] Diisononylphtalate.
[13] Diisodécylphtalate.
[14] Dibutylphtalate.
[15] Butylbenzylphtalate.
[16] 2 éthylhexyladipate, encore appelé dioctylphtalate (DOA).
Produits de substitution par domaines d'emploi
Parmi les classes de substances précédemment citées, plusieurs prennent une importance croissante pour des usages précis requérant certaines qualités.
PVC souple
Tableau 9. Produits de substitution dans les PVC souples
Caoutchouc
Divers plastifiants peuvent être utilisés, notamment des huiles paraffiniques.
Peintures, laques, encres, colles et adhésifs
Des produits de substitution existent parmi les différentes familles de plastifiants (phtalates, polyesters, phosphates, sébacates, adipates, époxydes…). Ils sont aussi efficaces mais plus coûteux (FIPEC), ce qui a donc un impact sur le prix de revient.
Technologies de substitution
FTE 2005 Importer
Le document « Risk reduction strategy (draft of January 2003) » identifie plusieurs technologies de substitution. Le recul manque pour fournir des éléments précis sur leur efficacité. Ces technologies ne sont pour certaines qu'au stade du développement et révèlent un certain nombre de limites.
Tableau 10. Technologies de substitution
Plastifiants de substitution
FTE 2020 Importer
Soumis à une pression réglementaire importante dans le cadre de REACH, le DEHP peut malgré tout être utilisé dans certains cas, par exemple pour la production d'articles destinés à un usage industriel ou agricole (films, bâches…) (cf. paragraphe 2.2.2).
[47] Composant du ciment
[48] Equivalent-Habitant : Unité de mesure permettant d'évaluer la capacité d'une station d'épuration
Une large gamme de plastifiants alternatifs est disponible pour une grande partie des applications du PVC 49 : les adipates, les trimellitates, les téréphtalates, les sébacates, les benzoates, les citrates, les phosphates, les époxydes, les polyesters, les esters alkyl-sulfonates, le DINCH… Certaines alternatives sont déjà largement utilisées dans l'UE et au niveau international et leur part dans l'utilisation de plastifiants dans la production d'articles augmente, tandis que celle du DEHP a connu une baisse constante au cours des dernières décennies (ECHA, 2012).
Le Tableau 13 ci-dessous répertorie des alternatives au DEHP courantes et présente leurs principales applications.
Tableau 13. Plastifiants alternatifs (ECHA, 2012; INRS, 2019; Plasticisers - Information Center; Site Ineris de substitution des phtalates; SpecialChem)
[49] Toutes les alternatives au DEHP appartenant à la famille des phtalates n'ont pas été retenues compte tenu des préoccupations pour l'environnement et la santé humaine engendrées par ces substances.
Alternatives au PVC
FTE 2020 Importer
Pour limiter les émissions de DEHP, une des solutions est de réaliser une substitution du PVC par d'autres matériaux tels que les polyoléfines (polyéthylène, polypropylène), l'Ethylène Acétate de Vinyle (EVA), le polyuréthane...
Polyoléfines
L'utilisation des polyoléfines est très répandue en raison de leur facilité de traitement, de leur coût relativement faible et de leur durabilité. Parmi toutes les polyoléfines, le polyéthylène et le polypropylène semblent être des substituts viables au PVC pour de nombreuses applications.
Exemples d'applications : poches pour des plaquettes sanguines, sacs en plastique, films alimentaires, bâches, films pour serres et paillage… (EDS Van Vliet, 2011)
Ethylène-Acétate de vinyle
L'éthylène-acétate de vinyle ou EVA est un copolymère d'éthylène et d'acétate de vinyle.
Cette résine thermoplastique est généralement copolymérisée avec d'autres résines comme le LDPE50 et le LLDPE51 (le pourcentage d'EVA varie de 2 à 30 %) ou fait partie d'un film multicouche (POLYMER PROPERTIES DATABASE).
Les copolymères EVA sont utilisés pour de nombreuses applications, citons l'isolation des fils et des câbles, les tuyaux, les jouets, les bouchons, l'encapsulation photovoltaïque, les emballages médicaux…
[50] LDPE : Low-Density PolyEthylene - Polyéthylène basse densité
[51] LLDPE : Linear Low-Density PolyEthylene - Polyéthylène basse densité linéaire
Elastomères thermoplastiques (TPE)
La famille des élastomères thermoplastiques est vaste, elle se compose de deux groupes : les TPE obtenus par voie de synthèse (polymères à blocs) et les TPE obtenus par mélange physique d'un thermoplastique avec un caoutchouc, cette phase caoutchouc pouvant être réticulée (vulcanisée) ou non (Universalis.fr).
Les polymères à blocs comprennent notamment les styrène-butadiène-styrène (SBS), les styrènes-éthylènebutène-styrène (SEBS), les polyuréthanes thermoplastiques (TPU), les copolyesters thermoplastiques (COPE) et les copolyéther-amide (CPA). Notons que le TPU (polyuréthane thermoplastique) est produit à partir de TDI (Diisocyanate de tolylène), une matière première suspectée d'être cancérigène.
Les mélanges physiques comprennent les thermoplastiques oléfiniques (TPO) et les thermoplastiques oléfiniques à phase caoutchouc réticulée (TPV).
Certains TPE sont aptes à se substituer au PVC souple pour nombreuses applications (Site Ineris de substitution des phtalates) :
- contenants alimentaires (emballages souples)
- tubulures, bagues ou joints d'étanchéité pour l'industrie agroalimentaire
- articles de puériculture (tétines de biberons, sucettes)
- applications médicales (tubes à perfusion, cathéters, poches de perfusion, films, câbles et connecteurs d'équipements médicaux, ...)
- semelles de chaussures
Electrodes sélectives d'ions
FTE 2020 Importer
La recherche d'alternativse au DEHP pour la production d'électrodes échangeuses d'ions concerne un nombre réduit d'entreprises.
Une société qui produit des électrodes sélectives d'ions a indiqué dans une demande d'exemption dans le cadre de la Directive européenne RoHS, qu'une alternative au DEHP basée sur une combinaison d'huile minérale, de lubrifiant ester V-DSP et d'un auxiliaire de traitement acrylique était à l'étude (Instrumentation Laboratory, 2021).
IRM
FTE 2020 Importer
A l'instar des électrodes échangeuses d'ions, les instruments IRM correspondent à un besoin très spécifique et ce marché comporte un nombre réduit d'entreprises.
Une société a mis au point une bobine IRM qui ne nécessite pas de décharge de traction du câble et donc pas de PVC susceptible de contenir du DEHP (Department for Environment Food & Rural Affairs (Defra), 2022).
Couts de la substitution
FTE 2020 Importer
Dans le cadre de Reach, la Commission Européenne a évalué que les coûts de substitution du DEHP par les principales alternatives disponibles sur le marché européen devraient être principalement déterminés par leur efficacité comparée à celle du DEHP, car leurs prix sont très proches (ils sont supposés être environ 5% plus élevés que le prix du DEHP). Selon l'alternative choisie, les coûts de substitution du DEHP dans les articles importés seraient environ 8-16% plus élevés que ceux du DEHP. A titre d'exemple, le prix du DEHT et du DINCH, qui ont commencé ces dernières années à prendre des parts de marché plus importantes, se rapprocheraient du prix du DEHP. Or, dans le cas du DEHT (qui serait en mesure de couvrir 30% des utilisations du DEHP), le facteur d'efficacité plastifiante par rapport au DEHP serait en moyenne de 1,03 et la transition vers cette alternative serait sans impact de coût pour les articles produits en Europe et entraînerait une augmentation des coûts de 5 % pour les articles importés (ECHA, 2017).
D'après un site d'étude de marché52 , l'utilisation de bio-plastifiants (huile de soja époxydée, huile de ricin, citrates…) peut représenter un coût par rapport aux plastifiants conventionnels tels que le DEHP ce qui pourrait être susceptible de freiner la croissance du marché.
[52] https://www.mordorintelligence.com/industry-reports/bio-plasticizers-marketError! Hyperlink reference not valid.
Prospective d'évolution des émissions
Une étude (Chapon V. et al., 2023) a développé des scénarios rétrospectifs et prospectifs d'émissions passées et futures de DEHP dans l'environnement (eau, sol, air) dans l'UE 28, en prenant en compte, l'ensemble du cycle de vie de la substance : sa production, son inclusion dans des polymères (principalement du PVC) ou dans des produits non-polymères (colle et mastic, céramique et encre d'imprimerie), le recyclage et la fin de vie de ces produits.
Les résultats de cette étude indiquent que la mise en place de réglementations récentes pour limiter l'utilisation du DEHP (qui aboutit à une réduction de 70% du DEHP contenu dans les produits mis sur le marché en 2020 et de 75% en 2040) ne réduira pas significativement les émissions futures (cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Les résultats suggèrent que le DEHP restera une cause de contamination environnementale plusieurs décennies malgré la diminution des utilisations, voire même leur arrêt, cette persistance des émissions s'explique par les stocks élevés constitués dans l'économie, et la présence à long terme de déchets de PVC souple dans les décharges. (cf. paragraphe 3.4.3).
Figure 16. Comparaison des émissions de DEHP dans les eaux usées et de surface avec ou sans l'effet de la réglementation REACH
Conclusion
FTE 2005 Importer
Aisé à transformer et d'un excellent rapport qualité/prix, le DEHP demeure le plastifiant de référence pour de multiples applications du PVC souple. Divers substituts se sont cependant développés mais beaucoup sont d'un emploi plus spécifique. Selon les propriétés qu'on exige du produit transformé, le surcoût d'une substitution du DEHP peut être plus ou moins faible pour les utilisateurs de cette substance.
FTE 2020 Importer
Les émissions industrielles de DEHP, dans l'air et vers les eaux suivent une tendance à la baisse car la règlementation européenne a freiné la demande pour de nouveaux articles en PVC contenant du DEHP. Toutefois, il reste dans les matériaux, les habitations, les infrastructures existants, dans les décharges, et dans l'environnement des stocks importants de DEHP qui continueront d'émettre vers l'environnement et limitent l'efficacité des règlementations d'interdiction prises ces dernières années. Ainsi les concentrations dans les milieux n'ont pas ou que très faiblement diminué depuis une dizaine d'années.
Afin d'accélérer la baisse des expositions environnementales, des recherches se sont portées sur des solutions alternatives permettant de réduire de manière plus significative les émissions de DEHP.
C'est par exemple le cas du projet européen Circular Flooring, en cours, visant à développer un procédé de recyclage circulaire de dalles de sol de PVC souple en fin de vie, contenant des phtalates, avec l'extraction et la transformation des phtalates en substances chimiques non dangereuses.
L'épandage des boues provenant des stations d'épuration est susceptible d'être également une source importante de DEHP. Pour éviter ces émissions, des solutions alternatives sont émergent telles que l'incinération des boues, et l'utilisation de techniques d'oxydation à haute température et sous haute pression, ou encore le compostage des boues avant leur épandage. De nombreux de plastifiants alternatifs (et autres que des phtalates : par exemple huile de soja époxydée, huile de ricin, citrates…) sont disponibles à un coût acceptable pour une grande partie des applications du PVC et leur utilisation est actuellement en croissance. Il est également possible de substituer le PVC par d'autres matériaux tels que les polyoléfines (polyéthylène, polypropylène), l'Ethylène Acétate de Vinyle (EVA), le polyuréthane, notamment pour les applications du DEHP qui demeurent autorisées (bâches en plastique utilisées en agriculture par exemple).
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Dernière vérification le 29/03/2024
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