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Chlordecone (143-50-0)
Informations générales
Dernière vérification le 29/03/2024
Identification
Numero CAS
143-50-0
Nom scientifique (FR)
Chlordécone
Nom scientifique (EN)
Autres dénominations scientifiques (FR)
Autres dénominations scientifiques (Autre langues)
Code EC
205-601-3
Code SANDRE
1866
Numéro CIPAC
-
Formule chimique brute
\(\ce{ C10Cl10O }\)
Code InChlKey
Code SMILES
C1(C2(C3(C4(C1(C5(C2(C3(C(C45Cl)(Cl)Cl)Cl)Cl)Cl)Cl)Cl)Cl)Cl)=O
Classification CLP
Type de classification
Harmonisée
ATP insertion
CLP00
Description de la classification
Classification harmonisée selon réglement 1272/2008 ou CLP
Mention du danger - Code | H301 |
---|---|
Mention du danger - Texte | Toxique en cas d'ingestion |
Classe(s) de dangers | Toxicité aiguë |
Libellé UE du danger | - |
Mention du danger - Code | H311 |
---|---|
Mention du danger - Texte | Toxique par contact cutané |
Classe(s) de dangers | Toxicité aiguë |
Libellé UE du danger | - |
Limites de concentration spécifique | - |
Facteur M | - |
Estimation de toxicité aigüe | - |
Mention du danger - Code | H351 |
---|---|
Mention du danger - Texte | Susceptible de provoquer le cancer (indiquer la voie d'exposition s'il est formellement prouvé qu'aucune autre voie d'exposition ne conduit au même danger) |
Classe(s) de dangers | Cancerogénicité |
Libellé UE du danger | - |
Limites de concentration spécifique | - |
Facteur M | - |
Estimation de toxicité aigüe | - |
Mention du danger - Code | H400 |
---|---|
Mention du danger - Texte | Très toxique pour les organismes aquatiques |
Classe(s) de dangers | Danger pour le milieu aquatique |
Libellé UE du danger | - |
Mention du danger - Code | H410 |
---|---|
Mention du danger - Texte | Très toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets à long terme |
Classe(s) de dangers | Danger pour le milieu aquatique |
Libellé UE du danger | - |
Limites de concentration spécifique | - |
Facteur M | - |
Estimation de toxicité aigüe | - |
Règlementations
Physico-Chimie
Dernière vérification le 29/03/2024
Généralités
Poids moléculaire
490.68 g/mol
Tableau des paramètres
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Bibliographie
Comportement et devenir dans les milieux
Dernière vérification le 29/03/2024
Matrices
Milieu eau douce
Volatilisation :
Au vu de la valeur de sa constante de Henry (0.0025 Pa.m3.mol-1), le chlordécone semble peu volatile en solution aqueuse. (Bonvallot et Dor, 2004)
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Milieu sédiment eau douce
Adsorption :
D'après le Koc (15849 L.kg-1), la substance est très
adsorbable.
Le chlordécone est extrêmement persistant dans les sols et les sédiments (temps de demi-vie attendu à environ 10 ans) qui jouent un rôle de réservoir pour le chlordécone.
(IPCS, 1990ATSDR, 1995)
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Milieu terrestre
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Persistance
Biodégradabilité
Biodégradabilité :
Le chlordécone n'est pas facilement biodégradable. Le chlordécone peut être biotransformé en
monohydro-et éventuellement en dihydrochlordécone. En condition aérobie, la dégradation du chlordécone
par des boues activées est inférieure à 0.1% après 5 jours.
(IPCS, 1990 ATSDR, 1995)
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Dégradabilité abiotique
Hydrolyse :
Le chlordécone est une substance extrêmement stable : aucune réaction de dégradation n'est attendue en conditions environnementales. (IPCS, 1990)
Photolyse :
78% de dégradation du chlordécone est observé après 10 jours sous une irradiation solaire en présence d'éthylènediamine.
Cependant, la photolyse directe du chlordécone n'est pas significative.
(IPCS, 1984UNEP, 2005)
Bioaccumulation
Organismes aquatiques
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Conclusion sur la bioaccumulation
Bioaccumulation/ Biomagnification :
Pour le chlordécone les BCF suivants ont été mesurés :
- 230 -800 pour les algues unicellulaires après une exposition de 24 h à 100 µg.L-1 de chlordécone,
- 5127 -11425 pour Palaemonetes pugio après 28 jours d'exposition à 0.023 et 0.4 µg.L-1 de chlordécone,
- 16600 pour Pimephales promelas après 56 jours d'exposition à 0.004 µg.L-1 de chlordécone.
- 60200 (après 28 jours d'exposition) chez un poisson estuarien (Atlantic silver-sides : Menidia menidiu). Ces résultats indiquent un fort potentiel de bioconcentration du chlordécone chez les organismes aquatiques.
Un BCF de 60200 est utilisé dans la détermination des normes de qualité. Le document guide technique européen (E.C., 2011) pour la dérivation des NQE recommande l'utilisation des valeurs par défaut suivantes pour ce qui est de la prise en compte de la biomagnification : BMF1 = BMF2 = 10. (IPCS, 1984 ATSDR, 1995)
Bibliographie
Toxicologie
Dernière vérification le 29/03/2024
Valeurs accidentelles
Autres seuils accidentels
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Valeurs de référence
Introduction
SANTE HUMAINE
Ce chapitre traite de la toxicité chronique induite par la substance sur l'homme soit via la consommation d'organismes aquatiques contaminés, soit via l'eau de boisson.
Dans les tableaux ci-dessous, ne sont reportés pour chaque type de test que les résultats permettant d'obtenir les NOEC ou la valeur toxicologique de référence (VTR) les plus protectrices. Compte tenu du mode d'exposition envisagé, seuls les tests sur mammifères exposés par voie orale (dans l'alimentation ou par gavage) ont été recherchés.
Toutes les données présentées ont été validées.
Les résultats de toxicité sont principalement donnés sous forme de doses journalières : NOAEL (No Observed Adverse Effect Level), ou LOAEL (Lowest Observed Adverse Effect Level). NOAEL et LOAEL sont exprimées en termes de quantité de substance administrée par unité de masse corporelle de l'animal testé, et par jour.
TOXICITE
Pour l'évaluation des effets sur la santé humaine, seuls les résultats sur mammifères sont considérés comme pertinents. Contrairement à l'évaluation des effets pour les prédateurs, les effets de type cancérigène ou mutagène sont également pris en compte.
Valeurs de l'ANSES et/ou de l'INERIS
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Autres valeurs des organismes reconnus
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Bibliographie
Ecotoxicologie
Dernière vérification le 29/03/2024
Introduction
Evaluations existantes :
-
Effets endocriniens :
Le chlordécone fait partie des substances pour lesquelles des effets endocriniens ont été mis en évidence (catégorie 1) (Petersen et al., 2007).
Pour l'homme
La substance est classée en catégorie 1 (voir ci-dessus).
Pour la faune sauvage
La substance est classée en catégorie 2 : la substance fait partie des substances à effets perturbateurs endocriniens démontrés ou potentiels.
Critères PBT/vPvB1 (C.E., 2006) ou POP2(PNUE, 2001). :
La substance est classée comme POP. Elle fait l'objet d'interdictions via le règlement 850-2004 (C.E., 2004) et le protocole d'Aarhus.
Normes de qualité existantes :
Union Européenne (C.E., 1998) : 0.1 µg.L-1 (pesticide) pour l'eau destinée à la production d'eau potable.
Substance(s) associée(s) :
Métabolites : monohydro-et éventuellement en dihydrochlordécone
EVALUATIONS EXISTANTES ET INFORMATIONS REGLEMENTAIRES
[1] Les PBT sont des substances persistantes, bioaccumulables et toxiques et les vPvB sont des substances très persistantes et très bioaccumulables. Les critères utilisés pour la classification des PBT sont ceux fixés par l'Annexe XIII du règlement n° 1907/2006 (REACH).
[2] Les Polluants Organiques Persistants (POP) sont des substances persistantes (aux dégradations biotiques et abiotiques), fortement bioaccumulables, et qui peuvent être transportées sur de longues distances et être retrouvée de façon ubiquitaire dans l'environnement. Les critères utilisés pour la classification POP sont ceux fixés par l'Annexe 5 de la Convention de Stockholm placée sous l'égide du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement).
Dangers
Description
ORGANISMES AQUATIQUES
Dans les tableaux ci-dessous, sont reportés pour chaque taxon uniquement les résultats des tests d'écotoxicité montrant la plus forte sensibilité à la substance. Toutes les données présentées ont été validées.
Ces résultats d'écotoxicité sont principalement exprimés sous forme de NOEC (No Observed Effect Concentration), concentration sans effet observé, d'EC10 concentration produisant 10% d'effets et équivalente à la NOEC, ou de EC50, concentration produisant 50% d'effets. Les NOEC sont principalement rattachées à des tests chroniques, qui mesurent l'apparition d'effets sub-létaux à long terme, alors que les EC50 sont plutôt utilisées pour caractériser les effets à court terme.
ECOTOXICITE
ECOTOXICITE AQUATIQUE AIGUË
ECOTOXICITE AQUATIQUE CHRONIQUE
1) Le rapport du PNUE, 2007) suggère que la valeur obtenue sur Americamysis bahia est aberrante.
2) MATC : Maximum acceptable toxicant concentration.
Le rapport du PNUE, 2007 cite en outre le rapport EHC 43 (IPCS, 1984) qui contient le résumé d'une série d'expériences portant sur la biodisponibilité du chlordécone qui, selon ce document, s'attache fortement aux sédiments. En conditions naturelles, l'exposition des organismes aquatiques se fait donc en partie par l'intermédiaire de la phase aqueuse et en partie par celui des sédiments. D'Asaro & Wilkes (1982) ont étudié les effets, d'une part, de sédiments qui ont été exposés à du chlordécone à une concentration donnée et, d'autre part, de sédiments contaminés provenant de la James River sur une communauté estuarienne établie dans des aquariums remplis d'eau de mer non filtrée. Exposées à des sédiments à teneur en chlordécone préalablement équilibrée à 0.1, 1.0 et 10 µg.l-1, les mysides ont présenté un taux de mortalité en rapport avec la concentration. Elles n'ont pas été affectées par les sédiments provenant de la James River. Les huîtres ont montré un ralentissement de la croissance de leur coquille lorsqu'on les a exposées aux sédiments prétraités et ont également réagi de façon négative aux sédiments extraits de la James River. Les vers ammophiles Arenicola cristata (arénicoles étirées) exposés à des sédiments contenant 10 µg de chlordécone par litre sont morts après 28 jours de traitement mais les doses inférieures n'ont eu aucune répercussion sur les effectifs. Ces deux dernières espèces bioconcentrent le chlordécone contenu dans les sédiments (d'après le rapport EHC 43 (IPCS, 1984).
Valeurs de danger
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Synthèse
Biote
EMPOISONNEMENT SECONDAIRE
Ce chapitre traite de la toxicité chronique induite par la substance sur les prédateurs via la consommation d'organismes aquatiques contaminés (appelés biota, i.e. poissons ou invertébrés vivant dans la colonne d'eau ou dans les sédiments). Il s'agit donc d'évaluer la toxicité chronique de la substance par la voie d'exposition orale uniquement.
Dans les tableaux ci-dessous, ne sont reportés pour chaque type de test que les résultats permettant d'obtenir les NOEC ou la valeur toxicologique de référence (VTR) les plus protectrices. N'ont été recherchés que des tests sur mammifères ou oiseaux exposés par voie orale (exposition par l'alimentation ou par gavage). Toutes les données présentées n'ont pas fait l'objet d'une validation supplémentaire puisqu'elles étaient issues d'une source jugée valide.
Les résultats de toxicité sont principalement donnés sous forme de doses journalières : NOAEL (No Observed Adverse Effect Level), ou LOAEL (Lowest Observed Adverse Effect Level). NOAEL et LOAEL sont exprimées en termes de quantité de substance administrée par unité de masse corporelle de l'animal testé, et par jour.
Pour calculer la norme de qualité liée à l'empoisonnement secondaire des prédateurs, il est nécessaire de connaître la concentration de substance dans le biote n'induisant pas d'effets observés pour les prédateurs (exprimée sous forme de NOEC). Il est possible de déduire une NOEC à partir d'une NOAEL grâce à des facteurs de conversion empiriques variables selon les espèces testées. Les facteurs utilisés ici sont ceux recommandés par le guide technique européen pour la détermination de normes de qualité environnementale (E.C., 2011). Les valeurs de ces facteurs de conversion dépendent de la masse corporelle des animaux et de leur consommation journalière de nourriture. Celles-ci peuvent donc varier d'une façon importante selon le niveau d'activité et le métabolisme de
l'animal, la valeur nutritive de sa nourriture, etc. En particulier elles peuvent être très différentes entre un animal élevé en laboratoire et un animal sauvage.
Afin de couvrir ces sources de variabilité, mais aussi pour tenir compte des autres sources de variabilité ou d'incertitude (variabilité inter et intra-espèces, extrapolation du court terme au long terme, etc.) des facteurs d'extrapolation sont nécessaires pour le calcul de la QSbiota sec pois. Les valeurs recommandées pour ces facteurs d'extrapolation sont données dans le guide technique européen (E.C., 2011). Un facteur d'extrapolation supplémentaire (AFdose-réponse) est utilisé dans le cas où la toxicité a été établie à partir d'une LOAEL plutôt que d'une NOAEL.
Les données obtenues sur les mammifères terrestres et les oiseaux, utilisées pour la détermination des valeurs guides pour la protection des prédateurs vis-à-vis de l’empoisonnement secondaire, sont répertoriées dans les tableaux ci-dessous.
ECOTOXICITE POUR LES VERTEBRES TERRESTRES
TOXICITE ORALE POUR LES MAMMIFERES
(1) La NOAELcorr correspond à la NOAEL déduite à partir de la LOAEL disponible.
TOXICITE ORALE POUR LES OISEAUX
Valeurs écotoxicologiques
Introduction
Dans cette rubrique, sont reportées des valeurs de référence pour la protection des écosystèmes aquatiques et de la santé humaine via l’environnement.
Dans cette rubrique, sont reportées des valeurs de référence pour la protection des écosystèmes aquatiques et de la santé humaine via l’environnement.
Elles peuvent avoir un statut de « Valeur réglementaire » si elles sont issues
- de réglementations européennes et issues par exemple de dossiers d’évaluation des risques dans le cadre de processus d’autorisation de mise sur le marché des substances chimiques (c’est le cas des Concentrations Prédites Sans Effet pour l’environnement (PNEC) issues des dossiers réglementaires sous REACh ou dans le cas de la réglementation des produits biocides) ou issues de « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) de la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) ;
- de réglementations françaises telles que les arrêtés de mise en application de la DCE à l’échelle nationale.
Elles peuvent être des « Valeurs guides » lorsque ce sont des propositions scientifiques de l’INERIS qui ne sont pas reportées dans des textes réglementaires. C’est le cas de toutes les valeurs établies par l’INERIS pour guider l’évaluation de la qualité des milieux aquatiques pour les substances qui n’ont pas, ou pas encore, un statut réglementaire dans le contexte de la DCE.
Les « Valeurs Guides Environnementales » (VGE) et les « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) sont les outils consacrés pour l’évaluation de la qualité des eaux de surface, dont l’établissement est basé sur une même méthodologie européenne dédiée (E.C., 2018).
Leur construction, d’un point de vue méthodologique, est donc similaire.
Valeurs guides
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Valeurs réglementaires
Description
NORMES DE QUALITE POUR LA COLONNE D'EAU
Les normes de qualité pour les organismes de la colonne d'eau sont calculées conformément aux recommandations du guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011). Elles sont obtenues en divisant la plus faible valeur de NOEC ou d'EC50 valide par un facteur d'extrapolation (AF, Assessment Factor).
La valeur de ce facteur d'extrapolation dépend du nombre et du type de tests pour lesquels des résultats valides sont disponibles. Les règles détaillées pour le choix des facteurs sont données dans le guide technique européen (E.C., 2011).
En ce qui concerne les organismes marins, selon le guide technique pour la détermination de normes de qualité environnementale (E.C., 2011), la sensibilité des espèces marines à la toxicité des
substances organiques peut être considérée comme équivalente à celle des espèces dulçaquicoles, à moins qu'une différence ne soit montrée.
Néanmoins, le facteur d'extrapolation appliqué pour déterminer les normes de qualité pour le milieu marin doit prendre en compte les incertitudes additionnelles telles que la sous-représentation des taxons clés et une diversité d'espèces plus complexe en milieu marin.
- Moyenne annuelle (AA-QSwater_eco et AA-QSmarine_eco) :
Une concentration annuelle moyenne est déterminée pour protéger les organismes de la colonne d'eau d'une possible exposition prolongée.
Pour le chlordécone, nous disposons de données pour trois niveaux trophiques en aiguë et pour un niveau trophique en chronique (crustacés). Les poissons qui sont les plus sensibles en aigu n'ont, comme les algues, pas été testés en chronique. On notera toutefois que les données aiguës obtenues sur les poissons sont approximativement du même ordre de grandeur que les données aiguës obtenues sur les crustacés. En chronique, la plus faible donnée est obtenue pour le crabe bleu Callinectes sapidus, avec une NOEC basée sur le cycle de vie égale à 0.1 µg.L-1. Le mode d'action de cet insecticide organochloré laisse penser que les algues ne constituent pas le niveau trophique le plus sensible. Aussi, l'INERIS propose l'application d'un facteur de 100 (E.C., 2011) sur la valeur de NOEC obtenue pour Callinectes sapidus pour dériver la AA-QSwater_eco. Ainsi, on obtient :
En ce qui concerne les organismes marins, seule une donnée sur invertébrés est disponible. Aussi, en application de l'argumentaire déjà proposé pour la détermination du facteur d'extrapolation pour le calcul de l'AA-QSwater_eco et conformément au document guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011), on appliquera un facteur d'extrapolation de 1000 sur la plus faible NOEC disponible de 0.0001 mg.L-1 déterminée pour Callinectes sapidus :
- Concentration Maximum Acceptable (MAC et MACmarine)
La concentration maximale acceptable est calculée afin de protéger les organismes de la colonne d'eau de possibles effets de pics de concentrations de courtes durées (E.C., 2011).
On dispose de données aiguës pour 3 niveaux trophiques (algues, invertébrés et poissons). La donnée la plus faible a été obtenue sur poissons pour Leiostomus xanthurus avec une LC50 (96 h) à 6.6 µg.L-1. Aucune donnée n'est disponible pour les algues avec la substance seule. Toutefois, le mode d'action de cet insecticide organochloré laisse penser que les algues ne constituent pas le niveau trophique le plus sensible. C'est pourquoi, en supposant que l'espèce la plus sensible a été testée, un facteur de 100 est appliqué à la donnée d'effet aiguë la plus faible pour calculer la MAC.
Pour le milieu marin, on dispose des mêmes données valides et un taxon marin additionnel est représenté, avec le mollusque Crassostrea virginica. Conformément au guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011), un facteur d'extrapolation de 500 est appliqué à la donnée d'effet aiguë la plus faible (NOEC de 0.0066 mg.L-1) pour calculer la MAC :
MACmarine = 6.6 / 500 = 0.01 µg.L-1,
NORME DE QUALITE EMPOISONNEMENT SECONDAIRE (QSBIOTA_SEC POIS)
La norme de qualité pour l'empoisonnement secondaire (QSbiota sec pois) est calculée conformément aux recommandations du guide technique européen (E.C., 2011). Elle est obtenue en divisant la plus faible valeur de NOEC valide par les facteurs d'extrapolation recommandés dans le document guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011).
Pour le chlordécone, un facteur de 30 est appliqué car la durée du test retenu (NOAEL à 0.05 mg/kgcorporel/j sur le rat, soit une NOEC de 1 mg.kg-1biota) est 2 ans.
Un facteur de sécurité supplémentaire de 10 est ajouté pour tenir compte des effets perturbateurs endocriniens de la substance sur la faune.
On obtient donc :
Cette valeur de norme de qualité pour l'empoisonnement secondaire peut être ramenée :
- à une concentration dans l'eau douce selon la formule suivante :
- à une concentration dans l'eau marine selon la formule suivante :
Avec :
BCF : facteur de bioconcentration,
BMF1 : facteur de biomagnification,
BMF2 : facteur de biomagnification additionnel pour les organismes marins.
Ce calcul tient compte du fait que la substance présente dans l'eau du milieu peut se bioaccumuler dans le biote. Il donne la concentration à ne pas dépasser dans l'eau afin de respecter la valeur de la norme de qualité pour l'empoisonnement secondaire déterminée dans le biote.
La bioaccumulation tient compte à la fois du facteur de bioconcentration (BCF, ratio entre la concentration dans le biote et la concentration dans l'eau) et du facteur de biomagnification (BMF, ratio entre la concentration dans l'organisme du prédateur en bout de chaîne alimentaire, et la concentration dans l'organisme de la proie au début de la chaîne alimentaire). En l'absence de valeurs mesurées pour le BMF, celles-ci peuvent être estimées à partir du BCF selon le guide technique européen (E.C., 2011).
Ce calcul n'est donné qu'à titre indicatif. Il fait en effet l'hypothèse qu'un équilibre a été atteint entre l'eau et le biote, ce qui n'est pas véritablement réaliste dans les conditions du milieu naturel. Par ailleurs il repose sur un facteur de bioaccumulation qui peut varier de façon importante entre les espèces considérées.
Pour le chlordécone, un BCF de 60200 (valeur maximale) observé chez Menidia menidiu (ATSDR, 1995) et un BMF1 = BMF2 de 10 (cf.E.C., 2011) ont été retenus. On a donc :
QSmarin_sp = 3.333 [µg.kg-1biota] / (60200*10*10) = 5.53.10-7 µg.L-1
NORME DE QUALITE POUR LA SANTE HUMAINE VIA LA CONSOMMATION DES PRODUITS DE LA PECHE (QSBIOTA_HH)
La norme de qualité pour la santé humaine est calculée de la façon suivante (E.C., 2011) :
Ce calcul tient compte de :
- un facteur correctif de 10% (soit 0.1) : la VTR donnée ne tient compte en effet que d'une exposition par voie orale, et pour la consommation de produits de la pêche uniquement. Mais la contamination peut aussi se faire par la consommation d'autres sources de nourriture, par la consommation d'eau, et d'autres voies d'exposition sont possibles (inhalation ou contact cutané). Le facteur correctif de 10% (soit 0.1) permet de rendre l'objectif de qualité plus sévère d'un facteur 10 afin de tenir compte de ces autres sources de contamination possibles.
- la valeur toxicologique de référence (VTR), correspondant à une dose totale admissible par jour ; pour cette substance elle sera considérée égale à 0.5 µg/kgcorporel/j (cf. tableau ci-dessus),
- un poids corporel moyen de 70 kg,
- Fsécurité : facteur de sécurité supplémentaire pour tenir compte de possibles effets de la substance sur la santé humaine et qui ne seraient pas pris en compte dans l'étude à partir de laquelle est déterminée la VTR. Ici, un facteur de sécurité de 10 est ajouté pour tenir compte de l'effet cancérogène de la substance,
- Cons. Journ. Moy : une consommation journalière moyenne de produits de la pêche (poissons, mollusques, crustacés) égale à 115 g par jour.
Ce calcul est donné de façon générique pour la population générale et pourrait Il être inadapté pour couvrir les risques pour les individus plus sensibles ou vulnérables (masse corporelle plus faible, forte consommation de produits de la pêche, voies d'exposition individuelles particulières). Le facteur correctif de 10% est donné par défaut, car la contribution des différentes voies d'exposition varie selon les propriétés de la substance (et en particulier sa distribution entre les différents compartiments de l'environnement), ainsi que selon les populations considérées (travailleurs exposés, exposition pour les consommateurs/utilisateurs, exposition via l'environnement uniquement). L'hypothèse cependant que la consommation des produits de la pêche ne représente pas plus de 10% des apports journalier contribuant à la dose journalière tolérable apporte une certaine marge de sécurité (E.C., 2011).
Pour le chlordécone, le calcul aboutit à :
Comme pour l'empoisonnement secondaire, la concentration correspondante dans l'eau du milieu peut être estimée en tenant compte de la bioaccumulation de la substance :
- à une concentration dans l'eau douce selon la formule suivante :
- à une concentration dans l'eau marine selon la formule suivante :
Pour le chlordécone, on obtient donc :
[*] L'arrêté du 5 octobre 2005 du ministère de l'agriculture et de la pêche et de l'outre-mer fixe la teneur maximale en chlordécone à ne pas dépasser dans certaines denrées d'origine animale pour être reconnues propres à la consommation humaine (Ministère de l'agriculture et de la pêche et Ministère de l'outre-mer, 2005). La concentration maximale en chlordécone à ne pas dépasser dans les denrées alimentaires d'origine animale est de 200 µg/kg de poids à l'état frais (soit 200 µg.kg-1biota). Toutefois, le gouvernement a voulu aller plus loin, afin de réduire l'exposition de la population et restaurer la confiance des consommateurs dans la qualité des produits. Ainsi, dans le cadre de la réglementation européenne et sur proposition des autorités françaises, la Commission européenne a retenu le 24 octobre 2007 une valeur de concentration maximale inférieure à celle de 2005 soit 20 µg/kg de poids à l'état frais (20 µg.kg-1biota) (Direction Générale de la santé Coordination interministérielle chlordécone, 2008). La valeur correspondante dans l'eau est donc : 20 / (60200*10) = 0.000033 µg.L-1.
NORME DE QUALITE POUR LA SANTE HUMAINE VIA L'EAU DE BOISSON (QSdw_hh)
En principe, lorsque des normes de qualité réglementaires dans l'eau de boisson existent, soit dans la Directive 98/83/CE (C.E., 1998), soit déterminées par l'OMS, elles peuvent être adoptées. Les valeurs réglementaires de la Directive 98/83/CE doivent être privilégiées par rapport aux valeurs de l'OMS qui ne sont que de simples recommandations.
Il faut signaler que ces normes réglementaires ne sont pas nécessairement établies sur la base de critères (éco)toxicologiques (par exemple les normes pour les pesticides avaient été établies par rapport à la limite de quantification analytique de l'époque pour ce type de substance, soit 0.1 µg.L-1). Pour le chlordécone, la Directive 98/83/CE fixe une valeur de 0.1 µg.L-1.
A titre de comparaison, la norme de qualité pour l'eau de boisson est calculée de la façon suivante (E.C., 2011) :
Ce calcul tient compte de :
- la valeur toxicologique de référence (VTR), correspondant à une dose totale admissible par jour ; pour cette substance elle sera considérée égale à 0.5 µg/kgcorporel/j (Cf.tableau ci-dessus),
- Cons.moy.eau [L.j-1] : une consommation d'eau moyenne de 2 L par jour,
- un poids corporel moyen de 70 kg,
- Fsécurité : facteur de sécurité supplémentaire pour tenir compte de possibles effets de la substance sur la santé humaine et qui ne seraient pas pris en compte dans l'étude à partir de laquelle est déterminée la VTR. Ici, un facteur de sécurité de 10 est ajouté pour tenir compte de l'effet cancérogène de la substance,
- un facteur correctif de 10% (soit 0.1) afin de tenir compte de ces autres sources de contamination possibles.
L'eau de boisson est obtenue à partir de l'eau brute du milieu après traitement pour la rendre potable. La fraction éliminée lors du traitement dépend de la technologie utilisée ainsi que des propriétés de la substance.
En l'absence d'information, on considèrera que la fraction éliminée est nulle et le critère pour l'eau de boisson s'appliquera alors à l'eau brute du milieu. Par ailleurs, on rappellera que ce calcul n'est donné qu'à titre indicatif et peut s'avérer inadéquat pour certaines substances et certaines populations.
Pour le chlordécone, on obtient :
La valeur la plus protectrice, fixée par la directive 98/83/CE est proposée comme norme de qualité pour l'eau destinée à la production d'eau potable.
Ce tableau comporte un trop grand nombre d'entrées pour permettre son affichage complet. Pour un affichage complet, utilisez l'une des options ci-dessus.
Synthèse
VALEUR GUIDE POUR LES ORGANISMES BENTHIQUES (QSSED ET QSSED-MARIN)
Un seuil de qualité dans le sédiment est nécessaire (i) pour protéger les espèces benthiques et (ii) protéger les autres organismes d'un risque d'empoisonnement secondaire résultant de la consommation de proies provenant du benthos. Les principaux rôles des normes de qualité pour les sédiments sont de :
- Identifier les sites soumis à un risque de détérioration chimique (la norme sédiment est dépassée)
- Déclencher des études pour l'évaluation qui peuvent conduire à des études plus poussées et potentiellement à des programmes de mesures
- Identifier des tendances à long terme de la qualité environnementale (Art. 4 Directive 2000/60/CE) (C.E., 2000).
La valeur guide de qualité pour les organismes benthiques (QSsed) est calculée conformément aux recommandations du guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011). Elle est obtenue en divisant la plus faible valeur de NOEC ou d'EC50 valide par un facteur d'extrapolation (AF, Assessment Factor).
La valeur de ce facteur d'extrapolation dépend du nombre et du type de tests pour lesquels des résultats valides sont disponibles. Les règles détaillées pour le choix des facteurs sont données dans le guide technique européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011).
Différents résultats sont disponibles pour des organismes sédimentaires, benthiques ou pélagiques exposés à des sédiments contaminés en chlordécone. Seul le résultat du test de toxicité réalisé sur Chironomus tentans durant 14 jours pour les organismes benthiques est exprimé en mg/kg de sédiment. Une NOECdéveloppement (14j ) à 17.9 mg/kg de sédiment a été déterminée au cours de ce test (PNUE, 2007). Afin de déterminer une QSsed le guide technique européen préconise d'appliquer un facteur d'extrapolation de 100 (E.C., 2011) pour déterminer la QSsed pour la protection des organismes benthiques d'eau douce et un facteur d'extrapolation de 1000 pour déterminer la QSsed, marin pour la protection des organismes benthiques d'eau marine, soit :
La concentration correspondante en poids humide peut être estimée en tenant compte du facteur de conversion suivant :
Pour le chlordécone, la concentration correspondante en poids humide est :
QSsed marine poids humide = QSsed poids sec / 2.6 = 6.9 µg/kgsed marine poids humide
SELECTION DE LA VALEUR GUIDE ENVIRONNEMENTALE
La VGE est définie à partir de la valeur de la norme de qualité la plus protectrice parmi tous les compartiments étudiés.
Pour le chlordécone, la norme de qualité santé humaine est la valeur la plus faible pour l'ensemble des approches considérées.
VALEURS GUIDES POUR LES ORGANISMES BENTHIQUES
Avec un Koc de 15849 L.kg-1 et un log Kow de 4.5 • 6, la détermination d'un seuil pour les organismes benthiques est recommandée par le guide européen pour la détermination des normes de qualité environnementale (E.C., 2011)
Bibliographie
Archives
Dernière vérification le 29/03/2024
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