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Cobalt (7440-48-4)
Informations générales
Dernière vérification le 04/12/2025
Identification
Code EC
Code SANDRE
Numéro CIPAC
Classement transport
Classification CLP
Méthodes analytiques
Introduction
Air
Eau
Sol
Autres milieux
Programmes
Physico-Chimie
Dernière vérification le 29/03/2024
Généralités
Poids moléculaire
58.93 g/mol
Tableau des paramètres
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Bibliographie
Comportement et devenir dans les milieux
Dernière vérification le 29/03/2024
Matrices
Atmosphère
Le cobalt n'est pas volatil (pression de vapeur de 0 Pa à 20°C).
Milieu eau douce
Le cobalt est un composé inorganique très peu soluble. Dans les rivières, lacs, estuaires ou eaux marines, il est adsorbé en grande quantité par les sédiments. On le retrouve également précipité sous forme de carbonate ou d’hydroxyde, ou bien avec les oxydes des minéraux présents
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Milieu sédiment eau douce
Dans les rivières, lacs, estuaires ou eaux marines, le cobalt est adsorbé en grande quantité par les sédiments.
Milieu terrestre
Dans les sols, le cobalt est fortement et rapidement adsorbé sur les oxydes de fer et de manganèse, ainsi que sur les argiles et la matière organique
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Bioaccumulation
Organismes aquatiques
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Bibliographie
Toxicologie
Dernière vérification le 31/07/2025
Introduction
L'ensemble des informations et des données toxicologiques provient de diverses monographies publiées par des organismes reconnus pour la qualité scientifique de leurs documents (IARC, 1991, 2006, 2023 ; ATSDR, 2001, 2024 ; RIVM, 2001 ; INRS, 2000, 2022). Les références bibliographiques aux auteurs sont citées pour permettre un accès direct à l’information scientifique mais n’ont pas fait l’objet d’un nouvel examen critique par les rédacteurs de la fiche.
Toxicocinétique
Chez l'homme
Absorption
Inhalation
La poudre métallique inhalée se dépose dans les voies respiratoires et est absorbée lentement. Le taux de rétention pulmonaire de l’oxyde de cobalt déterminé sur un petit nombre de sujets exposés varie de 50 % pour les particules de diamètre 0,8 µm à 77 % pour les particules de 1,7 µm (ATSDR, 2024).
Voie orale
L'absorption gastro-intestinale est extrêmement variable (5 à 97 % de la dose administrée) : elle dépend de la dose, du dérivé, du statut nutritionnel et du sexe (ATSDR, 2024). Des études d'absorption de chlorure de cobalt chez des volontaires sains indiquent des taux d'absorption variant de 5 à 20 % pour des doses en cobalt de 1 µg à 1,2 mg. De plus récentes estimations indiquent des taux d’absorption des composés solubles du cobalt de 10 à 25 % sous forme solide et de 20 à 45 % sous forme liquide, plus faibles chez les hommes que chez les femmes (Tvermoes et al., 2015).
Le cobalt utilise les mêmes mécanismes de transfert que le fer (Barceloux, 1999). De ce fait, chez les patients carencés en fer, l’absorption du chlorure de cobalt peut atteindre 71 %, alors qu’elle se situe entre 18 et 44 % chez les sujets témoins (INRS, 2022).
Voie cutanée
Une pénétration transcutanée est possible avec les solutions. Elle a été également montrée pour la forme métallique chez 4 volontaires sains dont les mains sont restées en contact pendant 90 minutes avec une poudre contenant 5 à 15 % de cobalt (Scansetti et al., 1994).
Plusieurs données récentes mentionnent une corrélation entre l’exposition cutanée au cobalt et l’augmentation des concentrations sanguines urinaires de cobalt (Klasson et al., 2017 ; Wahlquist et al.et al., 2020). Le doublement de l’exposition cutanée entraîne une augmentation des concentrations sanguines de 3 à 70 % selon les auteurs.
Distribution
Inhalation
En dehors des poumons, seule une étude de cas mentionne une augmentation de la concentration de cobalt dans les ganglions lymphatiques, le foie, la rate et les reins chez un sujet exposé par inhalation en milieu professionnel (ATSDR, 2024).
Voie orale
Dans le sang, le cobalt est très majoritairement séquestré au niveau des globules rouges sanguins, ce qui ralentit sa vitesse d’élimination (Finley et al., 2013 ; Tvermoes et al., 2014). Il a une large distribution tissulaire avec une accumulation préférentielle au niveau hépatique et rénal (Simonsen et al., 2011).
Métabolisme
Le cobalt n’est pas métabolisé.
Élimination
L’élimination des composés solubles du cobalt inhalés n’est pas documentée. Pour les composés insolubles (cobalt et oxyde de cobalt), la clairance suit une cinétique en trois phases, ayant respectivement des demi-vies de 2 à 44 heures (clairance mucociliaire), de 10 à 78 jours (action des macrophages dans les poumons) et de plusieurs années (clairance pulmonaire) ; le pic est atteint 5 à 10 h après le début de l’exposition (INRS, 2022). En milieu professionnel, des dosages sanguins effectués chez des travailleurs montrent une corrélation positive entre la concentration de cobalt dans l'air et le taux de cobalt urinaire (RIVM, 2001).
Par voie orale, la clairance sanguine pour le chlorure de cobalt présente trois phases (pics d'élimination), avec des demi-vies de 0,5, 2,7 et 59 jours respectivement ; les deux phases rapides sont liées à l’élimination fécale du cobalt non absorbé (Czarnek et al., 2015) (INRS, 2022).
Par ailleurs, une étude montre pour les composés solubles du cobalt, une excrétion urinaire de cobalt supérieure chez la femme par rapport à l'homme après une administration orale, avec une demi-vie d’environ 20 heures (Christensen et al., 1993).
Par voie orale, le cobalt est stocké dans les régions proximales et distales du tube digestif et est libéré par desquamation de l'épithélium. L'excrétion fécale est proportionnelle à la dose absorbée, contrairement à l'excrétion urinaire qui est indépendante de la dose et de la solubilité des composés (ATSDR, 2001 ; INRS, 2000).
Chez l'animal
Absorption
Inhalation
L’absorption pulmonaire est rapide et varie en fonction de la taille des particules et de la solubilité des composés étudiés de 52 à 78 % (ATSDR, 2024).
Voie orale
Les données chez le rat rapportent par voie orale, une absorption intestinale de 13 à 34 % pour les formes solubles du cobalt, alors qu’elle ne dépasse pas 1 à 3 % pour les formes insolubles du cobalt (ATSDR, 2024). Elle est généralement plus efficace chez les femelles (12 % pour le chlorure de cobalt) que chez les mâles (7 %) (Danzeisen et al., 2020)
Voie cutanée
L’absorption cutanée de chlorure de cobalt ne dépasse pas 1 % sur peau saine, alors qu’elle peut atteindre 80 % sur peau lésée chez le cobaye (ATSDR, 2024).
Distribution
Par inhalation (cobalt métal), les plus fortes concentrations de cobalt se situent par ordre décroissant au niveau des poumons, du foie, des reins, des fémurs, du cœur, du sérum et du sang chez le rat (NTP, 2014). La surcharge tissulaire est similaire, bien que supérieure dans le foie par rapport aux poumons, ou encore avec une accumulation plus importante de cobalt dans le cœur plutôt que du fémur.
Le pic sanguin chez le rat est atteint 3 à 4 heures après ingestion. Le cobalt est présent dans les érythrocytes sous forme libre ou fixée à l'hémoglobine. La demi-vie d'élimination sanguine est d'environ 24 heures. Du cobalt radioactif administré par voie orale chez le rat présente une faible rétention tissulaire après 10 jours, sauf au niveau du foie (INRS, 2000). Dans le cas d’expositions prolongées à 30 mg.kg-1.j-1 de chlorure de cobalt via l'eau de boisson pendant 90 jours, les plus fortes concentrations se situent au niveau du foie et des reins, de même que plus faiblement au niveau des glandes surrénales, du pancréas, de la moelle osseuse et des ovaires (Danzeisen et al., 2020)
Métabolisme
Le cobalt n’est pas métabolisé.
Élimination
Les demi-vies d’élimination pulmonaire et sanguine chez le rat exposé 2 semaines par inhalation au cobalt métallique sont respectivement de 4-6 jours et 9-11 jours. Pour des expositions de 3 mois à 2 ans, la clairance pulmonaire est biphasique, avec une première phase rapide de 1,5 à 3 jours, la seconde plus lente peut varier de 19 à 23 jours pour des expositions de 3 mois et jusqu’à plus d’une année selon la dose pour des expositions de 2 ans (NTP, 2014). Par inhalation, la vitesse d’excrétion urinaire semble être corrélée à la vitesse de translocation du cobalt des poumons au sang, alors que l’élimination fécale dépend de la vitesse de clairance mécanique du cobalt des poumons vers le tractus gastro-intestinal (via la clairance muco-ciliaire) (ATSDR, 2024).
Quelle que soit l’espèce, l’excrétion du cobalt, administré par voie orale, se fait par les fèces (80 % en 5 jours, la majorité en 48 heures) et correspond principalement au cobalt non absorbé, le reste est éliminé par les reins (INRS, 2022).
Autre
Mécanisme d’action
Le cobalt (Co2+) stabilise le facteur d’activation transcriptionnel inductible par l’hypoxie (HIF1α) mimant l’hypoxie et stimulant la production d’érythropoïétine ; il intervient donc dans les réponses adaptatives à l’hypoxie (Simonsen et al., 2011). Le cobalt est un composant de la cyanocobalamine (vitamine B12) qui intervient comme co-enzyme de nombreuses réactions enzymatiques dont celles de l'hématopoïèse. En effet, le cobalt interagit avec les groupements sulfhydriles, altérant de nombreuses enzymes à groupement thiol (Alexander, 1972). In vitro, le cobalt altère l'ADN et induit la formation d'espèces réactives de l'oxygène (Beyersman et Hartwig, 1992 ; Derr et al., 2022).
Les effets toxiques induits par le cobalt sont divers car ce composé peut, en excès, remplacer le magnésium et le zinc (Ortega et al., 2009) et le calcium (Paustenbach et al., 2013) (inhibition compétitive) et influencer de nombreuses voies enzymatiques dont celle du métabolisme oxydatif (Battaglia et al., 2009). Il peut également bloquer les canaux calciques et se lier à des groupements sulfhydriles (RIVM, 2001).
Synthèse
Chez l’homme, l’absorption du cobalt est possible par toutes les voies et varie en fonction de la taille des particules et de la solubilité des composés. Le cobalt se distribue largement dans tout l’organisme et s’accumule dans le foie ; il n’est pas métabolisé. Son élimination est rapide, urinaire et fécale.
Chez l’animal, l’absorption varie en fonction de la taille des particules et de la solubilité des composés étudiés, soit de 52 à 78 % par inhalation et de 1 à 34 % par voie orale. Après absorption, le cobalt se distribue dans tout l’organisme. Il se retrouve préférentiellement dans le foie et les reins. Le cobalt n’est pas métabolisé et est éliminé principalement par les fèces.
Toxicité aiguë
Chez l'homme
Inhalation
Les intoxications aiguës sont rares. L’inhalation de poussières contenant du cobalt peut être responsable d’irritation des voies respiratoires hautes (INRS, 2022).
Dans une étude réalisée sur 15 jeunes hommes volontaires sains salariés d’une usine de métaux durs (80 à 90 % de carbure de tungstène et 5 à 10 % de cobalt), l’exposition de poussières de ces métaux à une concentration moyenne de 0,8 mg.m-3 (0,4 à 1,6 mg.m-3) soit 38 µg Co.m-3 (14 à 76 µg Co.m-3) pendant 6 heures a entraîné l’apparition de symptômes irritatifs respiratoires (toux, expectoration, irritation de la gorge), ainsi qu’une baisse significative de la CVF (capacité vitale forcée) mesurée avant et après l’exposition (Kusaka et al., 1986). Les autres paramètres de la fonction pulmonaire (VEMS, DEP ) n’ont pas été significativement altérés et aucune corrélation entre la concentration de poussières et/ou de cobalt et la diminution de la CVF n’a pu être établie.
Voie orale
Un cas mortel après ingestion de 30 mL d'une solution de chlorure de cobalt (concentration non précisée) chez un jeune homme de 19 ans a été rapporté. Le décès est survenu quelques heures après l'absorption (Barceloux, 1999).
Le cas d'un enfant de 6 ans ayant absorbé accidentellement une boisson contenant 2,5 g de chlorure de cobalt a été rapporté. Cet enfant a présenté des nausées et des vomissements. Sept heures après cette exposition, le taux de cobalt sérique était de 434 µg.L-1. Il avait développé une neutropénie transitoire mais a guéri sans séquelles (Mucklow et al., 1990).
Voie cutanée
A notre connaissance, il n’existe pas de données.
Effets oculaires
Un cas de troubles oculaires sévères (atrophie optique, altération de la perfusion choroïdale) est décrit chez un homme traité avec 1,3 mg Co.kg-1.j-1 (chlorure de cobalt) et ceci quatre fois à quelques semaines d'intervalle (Licht et al., 1972).
Synthèse
Chez l’homme, les intoxications par inhalation sont rares et entraîne un syndrome irritatif des voies respiratoires hautes avec une atteinte possible de la fonction respiratoire. L’ingestion d’une boisson contenant du chlorure de cobalt a provoqué des nausées, des vomissements, et une neutropénie transitoire avec une guérison sans séquelles chez un sujet.
Chez l'animal
Inhalation
Une létalité de 5/5 mâles et 3/5 femelles est rapportée chez des rats exposés pendant 60 heures à une concentration de 20 mg Co.m-3 et de 4/10 souris exposées à 40 mg Co.m-3 de cobalt métal (NTP, 2014). Tous les animaux présentaient une respiration anormale, de même que des œdèmes et hémorragies pulmonaires associés à une inflammation aiguë.
Chez le rat Crl:CD(SD), une CL50 inférieure à 50 mg.m-3 pour la poudre de cobalt métallique et de 60 mg.m-3 pour l’oxyde de cobalt ont récemment été déterminées dans une étude de toxicité aiguë par inhalation d’aérosol pour une durée d’exposition de 4 heures (Viegas et al., 2022). Dans cette étude, les auteurs ont attribué des scores de sévérité à plusieurs composés du cobalt, basés sur des marqueurs histopathologiques prenant en compte l’hyperplasie ou la métaplasie du larynx, l’œdème inflammatoire périvasculaire, l’œdème pulmonaire alvéolaire ou les marqueurs pulmonaires de pneumonie.
Les scores les plus sévères (>5) ont été obtenus pour le cobalt métal, l’oxyde de cobalt, l’hydroxyde de cobalt et le sulfate de cobalt heptahydraté (scores compris entre 20 et 90). Une seconde classe de composés peu réactifs (score <5) comprenait la carbonate de cobalt, le tétra-oxyde de tricobalt, l’oxyde de lithium et de cobalt, et le monosulfure de cobalt (scores compris entre 0,1 et 1,3).
Dans ce même travail, les auteurs rapportent les données d’une étude de toxicité aiguë réalisée chez des rats femelles adultes (Fischer) exposées pendant 4 heures à des concentrations de 0,1 – 0,3 – 1 – 10 – 30 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté sous forme d’aérosol (OCDE 403) (Viegas et al., 2022). Les lavages broncho-alvéolaires (LBA) réalisés 4, 8, 16 heures et 1, 7, 16 et 32 jours après l’arrêt de l’exposition ont montré une augmentation significative du pourcentage de polynucléaires neutrophiles après 16 h et 1 jour dans le groupe exposé à 10 mg.m-3, de même qu’après 8 h, 16 h et 1 jour à la plus forte concentration de 30 mg.m-3. Les autres cellules, lymphocytes, basophiles et éosinophiles n’ont pas été significativement altérées à aucune des concentrations et temps d’observation. Sur la base de ces résultats, les auteurs ont déterminé une dose sans effet (NOAEL) de 1 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté.
Voie orale
Par voie orale, le cobalt et ses composés sont modérément toxiques avec des DL50 de 200 mg.kg-1 pour l’oxyde de cobalt, 500 mg.kg-1 pour le cobalt métal et plus de 2 000 mg.kg-1 pour le chlorure ou le sulfure de cobalt (INRS, 2022). Parmi les principaux effets rapportés, une toxicité cardiaque (altérations structurelles microscopiques) est décrite chez des rats après une administration unique par gavage de 176,6 mg Co.kg-1 sous forme de fluorure de cobalt ou de 795 mg.kg-1 sous forme d'oxyde de cobalt (Speijers et al., 1982). Une atteinte cardiaque est également décrite chez des rats exposés à 19 ou 33,7 mg.kg-1.j-1 de chlorure de cobalt pendant 2 semaines. Les lésions observées sont de type hémorragique avec congestion dans les vaisseaux coronariens et une inflammation des cellules du myocarde, une diminution de 12 % de la pression systolique et une augmentation de 150 % de la LDH ou de 67 % de l’expression du facteur Nf-кB (Akinrinde et al., 2016 ; Ajibade et al., 2017).
Des effets hépatiques (hyperhémie, tâches et nécroses hépatocytaires) sont rapportés pour des concentrations de 68,2 mg Co.kg-1 sous forme de fluorure de cobalt et 157,3 mg Co.kg-1 sous forme d'oxyde de cobalt, ainsi qu'une dégénérescence tubulaire rénale et des nécroses focales pour une concentration de 42 mg de Co.kg-1 sous forme de fluorure de cobalt ou de 19 mg.kg-1.j-1 sous forme de chlorure de cobalt pendant 1 à 2 semaines (Speijers et al., 1982 ; Akinrinde et al., 2016).
Des effets neurologiques se traduisant par une hypoactivité, une baisse du tonus musculaire et de la fréquence respiratoire, une prostration sont également décrits aussi bien pour des expositions à la poudre de cobalt métallique (550 mg.kg-1), au chlorure de cobalt (4,25 mg Co.kg-1) ou au sulfate de cobalt (à partir de 19,4 mg Co.kg-1) (INRS, 2022).
Voie cutanée
A notre connaissance, il n’existe pas de donnée.
Synthèse
Chez le rat, le cobalt peut provoquer un œdème pulmonaire sévère lors d’une exposition par inhalation à fortes concentrations. Par voie orale, le cobalt et ses composés sont modérément toxiques et peuvent être à l’origine d’effets cardiaques, hépatiques, rénaux et neurologiques.
Toxicité à doses répétées
Effets généraux
Chez l'homme
Inhalation
Effets respiratoires
Le système respiratoire est la principale cible lors d'une exposition par inhalation. Les effets sur le système respiratoire d'une exposition chronique professionnelle aux particules métalliques contenant du cobalt sont multiples. Ces particules peuvent induire des irritations non spécifiques des muqueuses des voies respiratoires hautes ou basses conduisant à des rhinites, sinusites, pharyngites, trachéites ou bronchites, mais la pathologie principale est l’asthme bronchique et la fibrose alvéolaire connue sous le nom maladie pulmonaire des métaux durs (ATSDR, 2024). Depuis les années 40, des troubles respiratoires ont été décrits en rapport avec l'inhalation de cobalt sans que la responsabilité exclusive du cobalt ne soit affirmée.
L’asthme bronchique comme la dermatite de contact sont considérés comme étant basés sur une sensibilisation immunologique au cobalt qui a été observée chez des travailleurs exposés à différentes formes de cobalt, et non pas uniquement chez les travailleurs exposés aux métaux durs (IARC, 2006).
Gennart et Lauwerys (1990) observent une augmentation significative des signes respiratoires et des troubles spirométriques chez des salariés exposés pendant plus de 5 ans à des poussières de cobalt dans une usine de production de disques pour polissage des diamants, comparativement à des salariés non exposés. Swennen et al. (1993) ne trouvent aucune différence dans les résultats des explorations fonctionnelles respiratoires de 82 ouvriers exposés au cobalt comparés à des témoins, bien que les ouvriers exposés se plaignent plus fréquemment de sifflements et de dyspnée. Une étude plus récente rapporte également une diminution de la CVF et du VEMS (p<0,05) chez des travailleurs exposés à des concentrations de cobalt pendant 8 heures allant de 0,01 à 0,19 mg.m-3 (Hamzah et al., 2014). D’autres confirment un risque accru d’asthme professionnel en lien avec l’exposition au cobalt (Linna et al., 2003 ; Sauni et al., 2010 ; Walters et al., 2012). Toutefois, les co-expositions à d’autres métaux et composés irritants (Cr, Ni, H2S et NH4) mentionnées dans ces différentes études ne permettent pas d’attribuer les effets exclusivement au cobalt (ATSDR, 2024).
Une sensibilisation au cobalt par inhalation, incluant la production d’anticorps IgE et IgA, a été démontrée pour des expositions professionnelles supérieures à 3 ans, à des concentrations de 0,007 à 0,893 mg.m-3 de cobalt (Shirakawa et al., 1988, 1989), permettant de retenir une LOAEL de 0,007 mg.m-3 de cobalt pour cet effet. Une exposition par inhalation à des aérosols de chlorure de cobalt entraîne une crise d'asthme chez des individus sensibilisés (Shirakawa et al., 1989).
Cas particulier de l’exposition aux métaux durs
La maladie pulmonaire des métaux durs est surtout une pneumopathie interstitielle diffuse survenant chez les ouvriers de l'industrie des métaux durs (association fréquente avec le carbure de tungstène), mais aussi dans le polissage des diamants qui n’utilise pas de carbure de tungstène (Nemery et al., 1990) et chez les prothésistes dentaires (Sherson et al., 1990). Les noms de fibrose pulmonaire aux métaux durs, pneumoconiose de l'industrie du tungstène ou maladie des métaux durs désignent en fait une alvéolite aiguë ou chronique aboutissant au stade ultime à une fibrose.
Cette pathologie rare est caractérisée par une fibrose interstitielle, initialement des bases pulmonaires et un syndrome restrictif. Les patients se plaignent d'une toux, d'une dyspnée d'effort et parfois d'oppression thoracique (Beck et al., 1962). Des signes généraux tels que fièvre, asthénie et amaigrissement sont parfois associés (Migliori et al., 1994). La plupart des patients développent une fibrose pulmonaire associée à la présence de cellules géantes intra-alvéolaires observables dans les liquides de lavages broncho-alvéolaires (Davison et al., 1983 ; Forni, 1994). Ils peuvent après plusieurs années souffrir d'une insuffisance cardiaque consécutive à une insuffisance respiratoire chronique (Beck et al., 1962). Une alvéolite allergique a été décrite chez des salariés de l’industrie des métaux durs (Sjögren et al., 1980 ; Cugell, 1992). Les symptômes (toux, dyspnée, état grippal) peuvent disparaître à l'arrêt de l'exposition mais la persistance de l'inhalation de cobalt conduit le plus souvent à une fibrose (Cugell, 1992). Un asthme professionnel est décrit chez les travailleurs des métaux durs (Sprince et al., 1988 ; Cugell, 1992). Des signes identiques sont observés chez les employés de l'industrie du diamant utilisant des disques de polissage contenant du cobalt (Gheysens et al., 1985). Dans une étude portant sur 703 salariés de l'industrie des métaux durs, Kusaka et al. (1996a) ont été identifié des facteurs de risque d'asthme tels qu'un âge supérieur à 40 ans, une atopie et l'exposition au cobalt. Des niveaux faibles d'exposition au cobalt (< 50 µg Co.m-3) sont associés à un plus fort risque d'asthme, bien que la détérioration de la fonction ventilatoire semble en rapport avec la durée d'exposition (Kusaka et al., 1996b). Enfin, Nemery et al. (1992) ont étudié une cohorte de 194 salariés, issus de 10 ateliers de polissage des diamants, ayant été soumise à différents niveaux d'exposition de cobalt. Cinquante-neuf travailleurs (46 hommes et 13 femmes) d’autres ateliers de l’industrie du diamant constituent le lot témoin. L’analyse de la composition des différents prélèvements a montré que certains ateliers présentaient des niveaux élevés en fer et des traces de cuivre, zinc, titane, manganèse, chrome, silice ou dioxyde de silice. Il a été vérifié l’absence de tungstène. De plus, si de l’amiante a été utilisée pour coller les diamants auparavant, il a été jugé que les niveaux d’exposition des travailleurs de cette étude n’étaient pas suffisants pour avoir un impact sur leur santé. Les individus (73 hommes et 19 femmes) exposés aux niveaux les plus élevés (15,1 ± 11,7 µg Co.m-3) présentaient des symptômes respiratoires (irritation), ainsi qu'une diminution de la compliance pulmonaire statistiquement significatifs (VEMS1 et CVF, VEMS : volume expiratoire forcé en 1 seconde ; CVF : capacité vitale forcée).
Une étude transversale a porté sur 1 039 travailleurs issus de 22 sites de production de carbure de tungstène exposés au cobalt au cours de leur activité entre 1983 et 1985 (Sprince et al., 1988). Les participants sont âgés en moyenne de 36 ans et ont été employés pendant 7 ans. Trois niveaux d’exposition sont distingués : ≤ 50 µg.m-3, entre > 50 µg.m-3 et ≤ 100 µg.m-3 et > 100 µg.m-3. Une élévation statistiquement significative de l’odds ratio de l’asthme de 2,1 a été observée chez les sujets exposés à des concentrations supérieures à 50 µg.m-3 par rapport à ceux exposés à des concentrations inférieures ou égales à 50 µg.m-3.
Effets cardiaques
Une exposition professionnelle à des poussières de cobalt (niveaux d'exposition non déterminés) entraîne des cardiomyopathies caractérisées par des anomalies fonctionnelles ventriculaires et une cardiomégalie (Barborik et Dusek, 1972 ; Horowitz et al., 1988 ; Jarvis et al., 1992).
Effets hématologiques
De plus, une légère diminution du nombre d'érythrocytes et du taux d'hémoglobine a été observée chez 82 salariés exposés à 0,125 mg Co.m-3 (Swennen et al., 1993).
Voie orale
Effets cardiovasculaires
Une cardiomyopathie similaire à celle décrite en cas d'alcoolisme est également observée chez de forts consommateurs de bière dont l'agent stabilisant de la mousse était du sulfate de cobalt (pratique abandonnée aujourd’hui) pour des ingestions de 0,04 à 0,14 mg Co.kg-1.j-1 sur plusieurs années (Kesteloot et al., 1968 ; Alexander, 1969, 1972 ; Morin et al., 1971). Cette atteinte cardiaque (tachycardie, arythmies supraventriculaires, anomalies de l’onde P, détérioration des conductions intraventriculaires, élévation de l’onde ST) est létale chez 40 à 50 % des patients en quelques années. Elle s'accompagne d'une atteinte hépatique nécrotique avec augmentation des taux sériques de bilirubine et d'enzymes hépatiques (Alexander, 1972 ; Morin et al., 1971).
Une autre étude a montré qu'une administration par voie orale de 0,6 à 1 mg Co.kg-1.j-1 à des patients, anémiés ou non, n'entraînait pas d'effets cardiaques (Davis et Fields, 1958 ; Holly, 1955). Des carences alimentaires en vitamines et protéines ainsi qu'une participation des troubles cardiaques d'origine alcoolique expliquent probablement ces différences (Alexander, 1972 ; Shaper, 1979).
Effets gastro-intestinaux
Dans la même étude de Morin et al. (1971), il a également été observé des troubles gastro-intestinaux chez des individus ayant ingéré 0,04 mg Co.kg-1 sur une période de quelques années.
Chez des femmes enceintes, une supplémentation en chlorure de cobalt à hauteur de 0,5 à 0,6 mg Co.kg-1.j-1 pendant 90 jours se caractérise par des cas d'intolérance gastrique (Holly, 1955).
Effets hématologiques
Le cobalt stimule la production de globules rouges chez l'homme via l’augmentation d’érythropoïétine. Une polyglobulie a été mesurée chez 6 sujets sains âgés de 20 à 47 ans après administration orale de chlorure de cobalt 150 mg.j-1 (0,97 mg Co.kg-1.j-1) pendant une durée variable selon les individus de 7 à 14 jours (données graphiques) (Davis et Fields, 1958). L’effet est retrouvé chez les 6 sujets et survient entre les 7ème et 22ème jours. Cet effet est transitoire et un retour aux valeurs normales est observé entre le 9ème et le 15ème jour après l’arrêt de l’exposition. Cet effet est également retrouvé lors de l’exposition par voie orale à du chlorure de cobalt à raison de 0,16 mg Co.kg-1.j-1 pendant 3 à 32 semaines chez des patients anémiés (Duckham et Lee, 1976 ; Taylor et al., 1977). Ces effets n’ont pas été retrouvés chez des enfants exposés 0,45 à 1,8 mg Co.kg-1.j-1 pendant 10 semaines (Jaimet et Thode, 1955) et chez les femmes enceintes (Holly, 1955).
Effets thyroïdiens
Le traitement de patients avec du chlorure de cobalt à raison de 1 mg Co.kg-1.j-1 pendant deux semaines entraîne une diminution réversible de l'activité thyroïdienne (Roche et Larisse, 1956). Cette altération de la fonction thyroïdienne s’explique par une diminution de l'incorporation d'iode par la glande thyroïde, liée à une inhibition du transport organique d'iode par le cobalt démontrée par l'administration de 0,54 mg Co.kg-1.j-1 à des patients pendant 10 à 25 jours (Paley et al., 1958).
Une préparation cobalt-fer à 1 – 2 – 4 – 6 mg de chlorure de cobalt.kg-1.j-1 a été administrée pendant 10 semaines à 18 enfants âgés de 5 à 9 ans (10 garçons et 8 filles) (Jaimet et Thode, 1955). Aucun effet significatif sur la fonction thyroïdienne n’a été retrouvé chez 17 enfants. Le dernier a été éliminé de l’étude en raison de résultats normaux suite à une préthérapie à l’iode131.
Voie cutanée
Le développement d'une dermatite est un effet classique d'une exposition cutanée au cobalt chez l'homme. Cette dermatite d'origine allergique a été mise en évidence par l'application de patchs et la réalisation d'injections intra-dermiques ou encore en milieu professionnel dans le domaine de la construction. Toutefois, les niveaux d'exposition associés n'ont pu être déterminés (Alomar et al., 1985 ; Dooms-Goossens et al., 1980 ; Fischer et Rystedt, 1983 ; Kanerva et al., 1988 ; Marcussen, 1963 ; Romaguera et al., 1982 ; Valer et al., 1967). Le cobalt, agent sensibilisant par voie cutanée, a une action synergique avec le nickel pour ce type d'effet (Bonefeld et al., 2015).
Synthèse
Chez l’homme, par inhalation, l'exposition au cobalt seul ou en co-exposition avec d’autres métaux se caractérise par des effets respiratoires (diminution de la ventilation pulmonaire, râles respiratoires, œdème pulmonaire, alvéolite allergique, fibrose), cardiovasculaires (insuffisance cardiaque, cardiomyopathie), hématologiques (polyglobulie). Par voie orale, le cobalt seul entraîne des effets peu marqués aux niveaux cardiovasculaires, gastro-intestinaux, hématologiques (polyglobulie). Le cobalt est sensibilisant par voies pulmonaire et cutanée.
Chez l'animal
Inhalation
Effets respiratoires
Des animaux exposés par inhalation à des aérosols de chlorure et de sulfate de cobalt présentent des atteintes respiratoires dont la sévérité est fonction du niveau d'exposition et de la durée (ATSDR, 2001).
Des expositions réitérées à un niveau de 0,4 – 2 mg.m-3 de chlorure de cobalt soluble pendant 14 à 16 semaines induit un ensemble de lésions caractérisées par une agrégation nodulaire de pneumocytes de type II, une accumulation de macrophages alvéolaires richement vacuolisés et de grande taille et une inflammation interstitielle (Johansson et al., 1987). Une exposition par inhalation pendant 16 jours à 0 – 0,1 – 0,5 – 5 – 50 - 200 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté entraine la mort des rats et des souris (NTP, 1991). Une nécrose et une inflammation de l'épithélium respiratoire sont observées pour des expositions à 1,9 et 19 mg Co.m-3. Des effets similaires sont observés lors de l’exposition par inhalation à 0 – 2,5 – 5 – 10 – 20 – 40 mg.m-3 d’un aérosol de particules de cobalt métallique chez des souris et des rats (NTP, 2014).
Dans une autre étude, des expositions à 0 – 0,3 – 1 – 3 – 10 – 30 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté ont été pratiquées chez des rats et des souris pendant 13 semaines (NTP, 1991). La concentration de 11,4 mg Co.m-3 est létale chez la souris uniquement. Chez les rats et les souris, l'atteinte de l'appareil respiratoire est globale mais prédomine au niveau du larynx. Chez le rat, à cette concentration, une augmentation marginale de l'incidence des cardiomyopathies est enregistrée (NTP, 1991). Pour des concentrations supérieures à 0,11 mg Co.m-3, les rats et les souris présentent une métaplasie squameuse du larynx ainsi qu'un infiltrat histiocytaire pulmonaire. Chez le rat, pour des concentrations supérieures à 0,38 mg Co.m-3, une inflammation chronique du larynx est décrite. Chez la souris, pour des concentrations supérieures à 1,14 mg Co.m-3, une inflammation des cavités nasales est rapportée. Un LOAEL de 0,11 mg Co.m-3 (sulfate de cobalt) a été déterminé chez le rat. Il est basé sur le développement d'une métaplasie du larynx.
Une autre étude de 13 semaines a exposé des rats et des souris à 0 – 0,625 – 1,25 – 2,5 – 5 mg.m-3 pendant 6 h par jour et, 5 jour par semaine à un aérosol de particules de cobalt métallique, de pureté 98,2 % (NTP, 2014). Les effets pulmonaires correspondant à une inflammation chronique des poumons et une protéinose alvéolaire sont observées chez tous les rats (mâles et femelles) exposés. Une atteinte des différents épithéliums respiratoires est également observée. Chez la souris, les effets les plus fréquemment observés sont une infiltration histiocytaire alvéolaire et une vacuolisation cytoplasmique de l’épithélium bronchiolaire. Là encore différentes atteintes de l’épithélium respiratoire sont également observées.
Une exposition de 2 ans à des concentrations de 0 – 0,3 – 1 – 3 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté (pureté d’environ 99 %) sous forme d’aérosol aqueux de diamètre aérodynamique 1,4-1,6 µm a été pratiquée à raison de 6 h par j et 5 j par semaine, pendant 104 semaines chez le rat et la souris des deux sexes (Bucher et al., 1999 ; NTP , 1998). Il a été constaté une inflammation pulmonaire et une fibrose. Cette étude met en évidence des hyperplasies de la glande surrénale chez la rate (NTP, 1998).
Incidence des lésions non cancéreuses dans les poumons chez les souris et les rats (NTP, 1998)
| Lésions observées | 0 (mg.m-3) | 0,3 (mg.m-3) | 1,0 (mg.m-3) | 3,0 (mg.m-3) |
|---|---|---|---|---|
| Souris | ||||
| Mâles | ||||
| Infiltration histiocytaire diffuse | 1/50 | 2/50 | 4/50 | 10/50* |
| Infiltration histiocytaire focale | 10/50 | 5/50 | 8/50 | 17/50 |
| Vacuolisation cytoplasmique bronchique | 0/50 | 18/50* | 34/50* | 38/50* |
| Hyperplasie de l’épithélium alvéolaire | 0/50 | 4/50 | 4/50 | 4/50 |
| Femelles | ||||
| Infiltration histiocytaire diffuse | 0/50 | 0/50 | 0/50 | 4/50 |
| Infiltration histiocytaire focale | 2/50 | 5/50 | 7/50 | 10/50* |
| Vacuolisation cytoplasmique bronchique | 0/50 | 6/50* | 31/50** | 43/50** |
| Hyperplasie de l’épithélium alvéolaire | 2/50 | 3/50 | 0/50 | 5/50 |
| Rats | ||||
| Mâles | ||||
| Hyperplasie de l’épithélium alvéolaire | 9/50 | 20/50** | 20/48** | 23/50* |
| Hyperplasie de l’épithélium alvéolaire apical | 0/50 | 2/50 | 2/48 | 2/50 |
| Métaplasie squameuse | 0/50 | 1/50 | 4/48 | 2/50 |
| Métaplasie de l’épithélium alvéolaire | 0/50 | 50/50* | 48/48* | 49/50* |
| Inflammation granulomateuse | 2/50 | 50/50* | 48/48* | 50/50* |
| Fibrose interstitielle | 1/50 | 50/50* | 48/48* | 49/50* |
| Protéinose | 0/50 | 16/50* | 40/48* | 47/50* |
| Kystes | 0/50 | 0/50 | 0/48 | 1/50 |
| Femelles | ||||
| Hyperplasie de l’épithélium alvéolaire | 15/50 | 7/49 | 20/50 | 33/50* |
| Hyperplasie de l’épithélium alvéolaire apical | 0/50 | 0/49 | 3/50 | 5/50** |
| Métaplasie squameuse | 0/50 | 1/49 | 8/50* | 3/50 |
| Métaplasie de l’épithélium alvéolaire | 2/50 | 47/49* | 50/50* | 49/50* |
| Inflammation granulomateuse | 9/50 | 47/49* | 50/50* | 49/50* |
| Fibrose interstitielle | 7/50 | 47/49* | 50/50* | 49/50* |
| Protéinose | 0/50 | 36/49* | 49/50* | 49/50* |
| Kystes | 0/50 | 0/49 | 1/50 | 0/50 |
* : différence statistiquement significative (p ≤ 0,05) par rapport au témoin
** : différence statistiquement significative (p ≤ 0,01) par rapport au témoin
Une autre étude de 2 ans a été menée avec un aérosol de particules de cobalt métallique à des concentrations de 0 – 1,25 – 2,5 – 5 mg.m-3 à raison de 6 h par j et 5 j par semaine (NTP, 2014). Les effets pulmonaires sont significatifs (hyperplasie de l’épithélium alvéolaire, protéinose alvéolaire, inflammation chronique active, hyperplasie de l’épithélium bronchique) dès la plus faible dose et sont accompagnés d’effets nasaux (inflammation chronique active, atrophie de l’épithélium olfactif, métaplasie de l’épithélium respiratoire) chez les rats des deux sexes. Chez la souris, les atteintes sont également pulmonaires, nasales, pharyngées et trachéales.
Effets cardiovasculaires
L'exposition de mini-porcs par inhalation à une concentration de 0,1 mg de poussières Co.m-3 pendant 3 mois, induit des anomalies de l'électrocardiogramme corrélées à une atteinte ventriculaire (Kerfoot, 1973).
Effets hématologiques
Une polyglobulie est également décrite chez le rat exposé à du sulfate de cobalt (1,14 mg Co.m-3) pendant 13 semaines (NTP, 1991). Une polyglobulie est aussi observée chez les rats exposés à 2,5 ou 5 mg.m-3 de cobalt métallique particulaire (NTP, 2014).
Voie orale
Par voie orale, une administration de 20 mg Co.kg-1.j-1 (sulfate de cobalt), associée ou non à de l'alcool (éthanol) pendant 5 semaines a entraîné 20 à 25 % de mortalité chez des cobayes. Bien que des effets cardiaques aient été observés chez les animaux traités, l'alcool ne semble pas intensifier l'effet toxique du cobalt (Mohiuddin et al., 1970).
Une diminution significative du gain de poids corporel est observée chez des rats traités pendant 8 semaines par du sulfate de cobalt à raison de 4,2 mg Co.kg-1.j-1 (Clyne et al., 1988).
Effets pulmonaires
L'administration de 30,2 mg Co.kg-1.j-1 (chlorure de cobalt) dans l'eau de boisson chez des rats pendant 3 mois induit une augmentation significative du poids des poumons sans modifications morphologiques et histologiques (Domingo et al., 1984).
Effets hématologiques
Une augmentation de l'hématocrite et du taux d'hémoglobine est observée chez des rats et des chiens exposés pendant 2 semaines à 3 mois à des doses supérieures ou égales à 0,5 mg Co.kg-1.j-1 (Brewer, 1940 ; Davis, 1937 ; Domingo et al., 1984 ; Holly, 1955 ; Krasovskii et Fridlyand, 1971 ; Murdock, 1959). Des travaux plus récents rapportent ces mêmes effets dans des études de 90 jours (OCDE 408) et réalisées selon les Bonnes Pratiques de Laboratoires (BPL) où les rats ont été exposés à des concentrations de 0,74 - 2,48 -7,44 mg Co.kg-1.j-1 de chlorure de cobalt ou 73,4 – 220 - 734 mg Co.kg-1.j-1 d’oxyde de cobalt (Danzeisen et al., 2020). L’hématocrite, le nombre de globules rouges et le taux d’hémoglobine augmentent à partir de 2,48 mg Co.kg-1.j-1 chez les mâles et de 7,44 mg.kg-1.j-1 chez les femelles pour le chlorure de cobalt, et de 220 mg Co.kg-1.j-1 pour les 2 sexes exposés à l’oxyde de cobalt pendant 90 jours. Une réversibilité de ces effets est décrite après une période de récupération de 28 jours aussi bien pour le chlorure que l’oxyde de cobalt. Sur la base de ces effets hématologiques les auteurs ont déterminé des NOAEL de 0,74 et 220 mg Co.kg-1.j-1 respectivement pour le chlorure et l’oxyde de colbalt. Les auteurs considèrent pour l’oxyde de cobalt que les effets hématologiques observés à la dose de 220 mg Co.kg-1.j-1 correspondent à une réponse physiologique adaptative de la stimulation de l’érythropoïèse avec des variations qui sont restées inférieures à 10 % par rapport aux valeurs du groupe témoin. En plus de l’absence d’effet sur la moelle osseuse et sur le poids corporel, cette dose de 220 mg Co.kg-1.j-1 n’est pas considérée comme nocive (NOAEL).
L’ingestion de gélules contenant une pâte de farine et de sucre imbibée d’une solution de chlorure de cobalt pendant 6 semaines induit une augmentation du nombre d’érythrocytes et du taux d’hémoglobine chez les rats à la dose de 40 mg.kg-1.j-1 (Stanley et al., 1947).
Effets cardiaques
Sont également décrites une hypertrophie ventriculaire gauche et des anomalies fonctionnelles diastoliques et systoliques chez des rats exposés à 8,4 mg Co.kg-1.j-1 sous forme de sulfate de cobalt (Haga et al., 1996).
Chez le chien, la toxicité myocardique du cobalt est caractérisée par une vacuolisation et une perte des myofibrilles (Sandusky et al., 1981a) avec des signes histochimiques de dommages sévères au niveau des mitochondries (Sandusky et al., 1981b). Les lésions sont probablement en rapport avec une interaction cobalt – groupements thiols, responsable d'un mauvais fonctionnement du cycle de l'acide citrique (Jarvis et al., 1992).
Effets rénaux
Une exposition réitérée (4 à 5 mois) par voie orale à du chlorure de cobalt provoque chez le rat une dégénérescence tubulaire rénale pour des concentrations de 10 à 18 mg Co.kg-1.j-1 (Holly, 1955 ; Murdock, 1959).
Effets hépatiques
Une atteinte hépatique se traduisant par une élévation des transaminases sériques (de 3,6 à plus de 100 fois plus élevées pour les taux d’alanine aminotransférase (ALAT) ou d’aspartate amino-transférase (ASAT)) et de bilirubine est rapportée chez des rats exposés de 4 à 13 semaines au chlorure de cobalt (Domingo et al., 1984 ; Mathur et al., 2011 ; Khalil et al., 2020). De tels effets sont également rapportés chez les mères et leurs petits exposés via l’allaitement à des concentrations de 20,3 mg.kg-1.j-1 (350 ppm CoCl2) de chlorure de cobalt administré aux mères par l’eau de boisson du 14e jour de gestation jusqu’au 14e jour d’allaitement (Garoui et al., 2011).
Effets immunitaires
Une diminution de l'activité phagocytaire du système immunitaire a été observée chez des rats suite à une administration de 0,5 mg Co.kg-1.j-1 (chlorure de cobalt) pendant 6 à 7 mois (Krasovskii et Fridlyand, 1971).
Effets neurologiques
Au cours d’une exposition de 7 mois aux doses 0,05 – 0,5 – 2,5 mg Co.kg-1.j-1, des effets neurologiques sont également décrits avec une augmentation du temps de latence des voies réflexes (0,5 mg Co.kg-1.j-1), ainsi qu'une altération des réflexes conditionnés pour une dose de 2,5 mg Co.kg-1.j-1 (Krasovskii et Fridlyand (1971).
D'autres études sur l'impact neurologique d'une administration de cobalt par voie orale montrent une diminution de l'activité motrice, du tonus musculaire, du réflexe de fuite et de la respiration chez des rats exposés à 4,25 et 19,4 mg Co.kg-1.j-1 (chlorure de cobalt) ainsi qu'une augmentation de la sensibilité pour 6,44 mg Co.kg-1.j-1 sous forme de nitrate (Singh et Junnarkar, 1991 ; Vassilev et al., 1993).
Synthèse
Chez l’animal, par inhalation et ingestion, l’exposition au cobalt sous forme d’oxydes entraine des effets pulmonaires et immunitaires, sous forme de sulfate il entraine, en plus des effets pulmonaires, des effets cardiaques et une altération de l’état général. Sous forme de chlorure, le cobalt induit des effets pulmonaires, rénaux, hépatiques, hématologiques, immunitaires et neurologiques. Le chlorure de cobalt est un sensibilisant cutané chez la souris, le rat et le cobaye.
Effets cancérigènes
Classifications
| Organisme | Classification | Année |
|---|---|---|
| EU | Cobalt : classé catégorie 1B | 2019 |
| EU | Sulfate de cobalt : classé catégorie 1B | 2014 |
| EU | Chlorure de cobalt : classé catégorie 1B | 2014 |
| EU | Nitrate de cobalt : classé catégorie 1B | 2014 |
| EU | Carbonate de cobalt : classé catégorie 1B | 2014 |
| IARC | Le cobalt métal (sans carbure de tungstène ou autres alliages métalliques) et sels solubles du cobalt (II) : Groupe 2A | 2023 |
| IARC | L’oxyde de cobalt (II) : Groupe 2B | 2023 |
| IARC | L’oxyde de cobalt (II/III), le sulfate de cobalt et les autres composés du cobalt (II) : Groupe 3 | 2023 |
| US EPA | non déterminé |
Chez l'homme
Inhalation
Expositions professionnelles
Si plusieurs études montrent un lien entre l’exposition aux métaux durs et la survenue de cancers broncho-pulmonaires (Hogstedt et Alexandersson, 1990 ; Lasfargues et al., 1994 ; Moulin et al., 1998 ; Wild et al., 2000), ce lien n’est pas retrouvé pour les expositions au cobalt seul (IARC, 2006).
Industrie des métaux durs
Une étude rétrospective chez des travailleurs suédois montre quatre types d'expositions au cobalt : d'occasionnelle à journalière, pour des concentrations de 2 µg Co.m-3 à 11 000 µg Co.m-3. Sur une période de 10 à 20 ans d'expositions, 7 cas de cancers pulmonaires contre 2,5 attendus sont enregistrés (SMR de 2,78 [1,11 – 5,72], SMR : Ratio Standardisé de Mortalité : correspond au rapport du nombre de décès observés dans une cohorte d’individus au nombre de décès attendus), mais aucune information n'est disponible quant aux habitudes tabagiques de ces individus (Hogstedt et Alexandersson, 1990).
L'étude d'une cohorte de 5 777 hommes et 1 682 femmes exposés professionnellement de 39,37 à 169 µg.m-3 Co (valeurs moyennes) et à du carbamate de tungstène montre une augmentation de la mortalité par cancer pulmonaire : SMR de 1,30 [1,00 – 1,66] (Moulin et al., 1998). Un risque significativement accru de mortalité par cancer du poumon a également été confirmé dans cette même cohorte (suivi de 1968 à 1992, regroupant 2 216 hommes et 644 femmes) avec un SMR de 1,70 (1,24-2,26] chez les hommes employés depuis plus de 3 mois (Wild et al., 2000).
Toutefois, l'interprétation des études épidémiologiques disponibles concernant l'impact cancérogène du cobalt par inhalation est difficile car il s'agit le plus souvent d'expositions multiples, notamment avec d'autres métaux cancérogènes comme le nickel et l'arsenic.
Au cours de sa dernière revue, l’IARC n’a pas retenu les récentes méta-analyses de Zhang et al., (2021) et Holy et al., (2022) en raison de l’inclusion de plusieurs études réalisées dans l’industrie des métaux durs qui ne permettent pas une interprétation fiable des résultats relative à l’exposition au cobalt du fait de co-expositions (IARC, 2023).
Industrie de production du cobalt
Chez l'homme, une augmentation des décès par cancer pulmonaire est observée chez des salariés français d'une usine électrochimique de production de cobalt. Les salariés étudiés avaient été exposés pendant au moins un an sur la période de 1950 à 1980, mais les niveaux d'exposition ne sont pas connus (Mur et al., 1987). Cette étude a été poursuivie par Moulin et ses collaborateurs (Moulin et al., (1993). La mortalité a été évaluée chez 1 148 travailleurs mais in fine s’est limitée à 870 individus. Le SMR pour la mortalité toutes causes confondues était de 0,95 [0,83-1,08] et pour la mortalité pour tout type de cancer de 1,00 [0,78-1,26]. Le SMR pour la mortalité pour les cancers des poumons était de 1,16 [0,24-3,40] chez les ouvriers employés exclusivement dans la production de cobalt et de 1,18 [0,32-3,03] pour ceux qui n’ont pas été employés dans la production de cobalt. Pour les ouvriers de la maintenance, le SMR pour la mortalité par cancer du poumon était de 2,41 [0,97-4,97] et de 2,58 [1,12-5,09] pour les ouvriers qui n’ont jamais travaillé à la maintenance au cours de leur carrière.
Plus récemment, une étude finlandaise regroupant 995 salariés employés depuis plus d’un an dans une usine de production de cobalt entre 1968 et 2004 n’a pas mis en évidence d’excès de risque de cancer du poumon : Indice ratio standardisé (SIR) 0,50 [0,18-1,08] (Sauni et al., 2017).
Autres dérivés du cobalt
L’exposition professionnelle à d’autres dérivés du cobalt est rapportée chez 874 femmes exposées à des spinelles cobalt-alumine faiblement solubles et comparée à une population témoin de 520 femmes non exposées au cobalt dans deux usines de porcelaine danoises (Tüchsen et al., 1996). Ces femmes ont été employées entre 1943 et 1992. L’incidence observée a été comparée à l’incidence attendue calculée à partir des registres nationaux des cancers. La concentration en poussières de cobalt dans ces usines a été élevée souvent > 1 000 µg.m-3. Au cours de la période de suivi, 127 cas de cancers ont été diagnostiqués dans la cohorte. L’incidence des cancers est légèrement plus élevée chez les femmes exposées (SIR [0,93 – 1,52]) et proche de l’unité dans la population témoin (SIR : 0,99 [0,76 – 1,27]). Par comparaison avec les niveaux de référence des registres des cancers, l’incidence des cancers du poumon est plus élevée dans les groupes exposés (SIR : 2,35 [1,01 – 4,62]). Aucune relation entre la durée ou l’intensité de l’exposition n’a été trouvée. L’influence du tabagisme n’a pas été prise en compte dans cette étude.
Dans une usine de production de nickel, une incidence significative du cancer du poumon est rapportée chez les sujets moyennement (29,7 à 142 µg.m-3 année) et fortement (144 à 3 100 µg.m-3 année) exposés au cobalt avec des Odd ratio (OR) respectifs de 2,4 [1,0 – 5,6] et 2,9 [1,2 -6,8] (Grimsrud et al., 2005). Toutefois, la forte corrélation entre l’exposition au cobalt et au nickel ne permet pas de conclure quant aux effets cancérogènes spécifiques du cobalt.
Etudes résidentielles
Dans le cadre d’une étude prospective réalisée sur une large cohorte nationale américaine de 50 884 femmes (35 à 74 ans) ayant une sœur diagnostiquée pour un cancer du sein, aucune augmentation claire du risque de cancer du sein n’a été corrélée avec l’augmentation de la concentration atmosphérique de cobalt métal dans le lieu de résidence (White et al., 2019). Dans cette même cohorte, aucune association entre le risque de cancer du sein et la concentration de cobalt relevée dans les ongles des pieds n’a été observée (Niehoff et al., 2021). Au Mexique, aucune association chez les femmes atteintes d’un cancer du sein (452 cas histologiquement confirmés) et la concentration urinaire de cobalt (toutes voies confondues) n’a été observée (Mérida-Ortéga et al., 2022).
Voie orale
Une étude rétrospective aux États-Unis n'a pas permis d'établir de corrélations entre les décès liés au cancer et la présence de 0,03 à 0,54 mg Co.kg-1.j-1 dans l'eau de boisson (Berg et Burbank, 1972).
Duan et al. (2020) ont analysé les concentrations de cobalt urinaire et d’autres métaux (baryum, cadmium, césium, molybdène, plomb, antimoine, titane, tungstène et uranium) pour évaluer la mortalité par cancer dans un échantillon de 26 056 participants représentatifs de la population générale américaine (étude NHANES) suivi entre 1999 et 2014 (total de 82 091 participants) (Duan et al., 2020). L’un des 3 modèles d’analyse après ajustements a conduit à l’observation d’une augmentation significative de la mortalité liée à l’exposition au cobalt avec un Risque relatif (RR) de 1,31 [1,01-1,70]. Cette étude présente néanmoins de nombreuses limites (courte période de suivi avec un faible nombre de décès, dosages urinaires ne reflétant pas nécessairement l’exposition au cobalt sur une période biologiquement pertinente, co-exposition à d’autres métaux lourds).
Synthèse
Chez l’homme, les études relatives aux expositions au cobalt dans les industries des métaux durs montrent une élévation du risque de cancer du poumon, les effets ne sont pas clairs pour les autres industries et leur interprétation reste difficile en raison de l’absence de prise en compte des habitudes tabagiques et des co-expositions. Les études en population générale ne permettent pas non plus d’établir de lien de causalité entre l’exposition au cobalt et la survenue de cancers (toutes voies confondues).
Chez l'animal
Inhalation
Par inhalation, une exposition pendant la vie entière, à de l’oxyde de cobalt (7,9 mg Co.m-3, 7 h/j, 5 j/sem) n'augmente pas l'incidence des tumeurs chez le hamster (Wehner et al., 1977).
Chez le rat et la souris exposés au sulfate de cobalt heptahydraté par inhalation (0,3 - 1 - 3 mg.m-3, 6 h.j-1, 5 j.sem-1, pendant 104 semaines (NTP, 1998), il est noté une augmentation de l'incidence des néoplasmes alvéolaires et/ou bronchiolaires chez les 2 sexes. Cette étude met également en évidence la survenue de phéochromocytomes bénins ou malins avec une incidence dose-dépendante et statistiquement significative à la dose la plus élevée de 3 mg.m-3 chez la rate (NTP, 1998).
Incidence des tumeurs pulmonaires chez les souris et les rats exposés à l’heptahydrate de sulfate de cobalt pendant 2 ans (NTP, 1998).
| Lésions observées | 0 (mg.m-3) | 0,3 (mg.m-3) | 1,0 (mg.m-3) | 3,0 (mg.m-3) |
| Souris | ||||
| Mâles | ||||
| Adénomes alvéolaire et bronchiolaire | 9/50 | 12/50 | 13/50 | 18/50* |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 4/50 | 5/50 | 7/50 | 11/50* |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 11/50 | 14/50 | 19/50 | 28/50** |
| Femelles | ||||
| Adénomes alvéolaire et bronchiolaire | 3/50 | 6/50 | 9/50 | 10/50* |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 1/50 | 1/50 | 4/50 | 9/50** |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 4/50 | 7/50 | 13/50* | 18/50** |
| Rats | ||||
| Mâles | ||||
| Adénomes alvéolaire et bronchiolaire | 1/50 | 4/50 | 1/48 | 6/50 |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 0/50 | 0/50 | 3/48 | 1/50 |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 1/50 | 4/50 | 4/48 | 7/50** |
| Femelles | ||||
| Adénomes alvéolaire et bronchiolaire | 0/50 | 1/49 | 10/50* | 9/50* |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 0/50 | 2/49 | 6/50** | 6/50** |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 0/50 | 3/49 | 15/50* | 15/50* |
| Carcinomes des cellules squameuses | 0/50 | 0/49 | 1/50 | 1/50 |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire ou carcinomes des cellules squameuses | 0/50 | 3/49 | 16/50* | 16/50* |
* : différence statistiquement significative (p ≤ 0,05) par rapport au témoin
** : différence statistiquement significative (p ≤ 0,01) par rapport au témoin
Comme décrit précédemment pour les effets non cancérogènes, une autre étude de 2 ans a été menée avec des particules de cobalt métallique (pureté 98,2 %) chez des rats et des souris (NTP, 2014). Cette étude a montré la survenue de tumeurs pulmonaires, de la glande surrénale, du pancréas, des reins. Les principales tumeurs sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Incidence des principales tumeurs chez les souris et les rats exposés à particules de cobalt pendant 2 ans (NTP, 2014).
| Lésions observées | 0 (mg.m-3) | 1,25 (mg.m-3) | 2,5 (mg.m-3) | 5 (mg.m-3) |
|---|---|---|---|---|
| Souris | ||||
| Mâles | ||||
Poumons | ||||
| Adénomes bronchio-alvéolaire | 7/50 | 11/49 | 15/50* | 3/50 |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 11/50 | 38/49* | 42/50* | 46/50* |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 16/50 | 41/49* | 43/50* | 47/50* |
| Femelles | ||||
Poumons | ||||
| Adénomes bronchio-alvéolaire | 3/49 | 9/50 | 8/50 | 10/50* |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 5/49 | 25/50** | 38/50** | 43/50** |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 8/49 | 30/50** | 41/50** | 45/50** |
| Rats | ||||
| Mâles | ||||
Poumons | ||||
| Adénomes bronchio-alvéolaire | 2/50 | 10/50* | 10/50* | 14/50** |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 0/50 | 16/50* | 34/50** | 36/50** |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 2/50 | 25/50** | 39/50** | 44/50** |
Glande surrénale | ||||
| Phéochromocytome bénin | 15/50 | 23/50 | 37/50* | 34/50* |
| Phéochromocytome malin | 2/50 | 2/50 | 9/50* | 16/50** |
| Phéochromocytome bénin ou malin | 17/50 | 23/50 | 38/50* | 41/50* |
Ilots pancréatiques | ||||
| Adénomes ou carcinomes | 2/50 | 2/50 | 10/48* | 9/49* |
| Femelles | ||||
Poumons | ||||
| Adénomes bronchio-alvéolaire | 2/50 | 7/50 | 9/50* | 13/50** |
| Carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 0/50 | 9/50* | 17/50** | 30/50** |
| Adénomes ou carcinomes alvéolaire et bronchiolaire | 2/50 | 15/50* | 20/50** | 38/50** |
| Epithéliomes kératinisant | 0/50 | 4/50 | 1/50 | 2/50 |
Glande surrénale | ||||
| Phéochromocytome bénin | 6/50 | 12/50 | 22/50* | 36/50* |
| Phéochromocytome malin | 0/50 | 2/50 | 3/50 | 11/50* |
| Phéochromocytome bénin ou malin | 6/50 | 13/50 | 23/50* | 40/50** |
| Leucémie à cellules mononuclées | 16/50 | 29/50* | 28/50* | 27/50* |
* : différence statistiquement significative (p ≤ 0,05) par rapport au témoin
** : différence statistiquement significative (p ≤ 0,01) par rapport au témoin
Par une approche mécanistique, il a été montré que la dérégulation de plusieurs gènes impliqués dans le stress oxydant favoriserait le développement de carcinomes pulmonaires chez la souris et le rat exposé au cobalt métallique (Ton et al., 2021).
Le cobalt métallique sous forme de poudre a également été testé au cours de plusieurs études chez le rat par injection intra-musculaire et une étude par injection intra-thoracique et chez le lapin par injection intra-osseuse, voies inhabituelles d’exposition. Dans toutes ces études, il a été observé des sarcomes au point d’injection (IARC, 2023).
Synthèse
Le sulfate de cobalt heptahydraté induit une augmentation de l'incidence des néoplasmes alvéolaires et/ou bronchiolaires dans les 2 sexes chez le rat et la souris ainsi que la survenue de phéochromocytomes. Les effets cancérogènes pulmonaires sont plus marqués lors d’une exposition aux particules de cobalt métallique. D’autres tumeurs sont également observées (glandes surrénales, pancréas).
Le cobalt métal, le chlorure de cobalt, le sulfate de cobalt, le nitrate de cobalt et le carbonate de cobalt sont classés cancérogènes 1B par l’Union Européenne. L’IARC classe le cobalt métal sans carbure de tungstène et les sels solubles du cobalt (II) dans le groupe 2A, et l’oxyde de cobalt (II) dans le groupe 2B. Les autres sels du cobalt (II), le sulfure de cobalt et l’oxyde de cobalt (II/III) ne sont pas classé cancérigène (groupe 3).
Le potentiel cancérogène du cobalt n’a pas été évalué par l’US EPA.
Effets génotoxiques
Chez l'homme
Toutes voies
Plusieurs études ont recherché l’induction d’échanges de chromatides sœurs (Gennart et al., 1993 ; Stea et al., 2000) ou de l’augmentation de la fréquence de micronoyaux (Hengstler et al., 2003) sur les lymphocytes ou les leucocytes humains lors d’expositions de salariés à des poussières métalliques de cobalt. Si une augmentation des effets est observée, les conclusions n’ont pas pris en compte les co-expositions à d’autres métaux (cadmium, plomb), ce qui limite leur interprétation.
Chez l'animal
Toutes voies
In vivo, les effets sont limités du fait de la biodisponibilité du cobalt (II) : en effet, ces cations précipitent en présence de concentrations physiologiques en phosphates et se fixent sur des protéines comme l’albumine.
Néanmoins, une augmentation du nombre des aberrations chromosomiques et des cassures de chromosomes a été notée dans la moelle osseuse de souris mâles exposées à une dose orale unique de dichlorure de cobalt (4,96 - 9,92 ou 19,8 mg Co.kg-1) (INRS, 2022).
En revanche, les tests d’aberrations chromosomiques sont négatifs sur la moelle et le sperme de rats exposés à 3, 10 et 30 mg.kg-1.j-1 de chlorure de cobalt pendant 28 jours dans l’eau de boisson (Kirkland et al., 2015).
In vitro
Organismes procaryotes
Les tests réalisés sur bactéries ou levures, sont négatifs pour les composés de valence II du cobalt, alors que les composés de valence III induisent la formation de mutations chez les levures (INRS, 2022).
Organismes eucaryotes
Plusieurs études sur des cellules primaires humaines ont montré que le cobalt métallique et les sels solubles de cobalt (II) augmentaient les cassures de brins d’ADN, les aberrations chromosomiques, la formation de micronoyaux ou les échanges de chromatides sœurs (IARC, 2023).
Les résultats des différents tests in vitro réalisés sur cellules de mammifères ont par ailleurs permis de déterminer que les sels de cobalt sont mutagènes par un double mécanisme d’action direct des ions cobalt (II) sur l’ADN par un mécanisme Fenton-like et indirect des mêmes ions par inhibition de la réparation de l’ADN au cours d’événements endogènes ou induits par d’autres agents (IARC, 2006). Lorsque les particules de cobalt sont en mélange avec des particules de carbure, le plus souvent du carbure de tungstène, ces particules forment une entité chimique unique qui produit des espèces réactives de l’oxygène en quantité plus importante que le cobalt seul in vitro, et présente une activité mutagène plus importante que le cobalt seul in vitro dans les cellules humaines.
L’IARC a conclu à un mécanisme d’action génotoxique pour le cobalt métal et les sels solubles du cobalt II (chlorure, nitrate, sulfate de cobalt). Pour les oxydes de cobalt II et III, seul un mécanisme de stress oxydant a clairement été démontré (Derr et al., 2022). Pour les autres sels, les données ne permettent pas de conclure quant au mécanisme d’action cancérogène. Dans ce contexte, une approche sans seuil est retenue pour le cobalt métal et les sels solubles du cobalt II.
Synthèse
Le cobalt seul et les sels solubles du cobalt II sont génotoxiques. L’association à d’autres métaux semble potentialiser les effets. Le mécanisme d’action est donc considéré comme sans seuil.
Effets sur la reproduction
Chez l'homme
Toutes voies
A notre connaissance, il n’y a pas d’étude sur la reproduction chez l’homme.
Chez l'animal
Inhalation
Deux études menées chez le rat et la souris pour des expositions par inhalation au sulfate de cobalt et au cobalt métallique décrites pour des expositions chroniques ont identifié des effets sur la reproduction (NTP, 1991, 2014).
Chez le rat exposé par inhalation pendant plus de 16 jours à du sulfate de cobalt, une atrophie testiculaire est décrite pour une concentration de 19 mg Co.m-3 (NTP, 1991). Chez la souris, pour des expositions par inhalation pendant 13 semaines à du sulfate de cobalt, une diminution de la mobilité spermatique est observée pour une concentration de 1,14 mg Co.m-3 ainsi qu'une atrophie testiculaire et une augmentation de la longueur du cycle œstral pour une concentration de 11,4 mg Co.m-3 (NTP, 1991).
Chez le rat, l’exposition de deux semaines au cobalt métallique sous forme de particules induit une diminution du poids absolu des testicules à partir de 10 mg.m-3 et une exposition de 3 mois entraine une diminution statistiquement significative du poids de la mobilité spermatique (NTP, 2014). Chez la souris, l’exposition de 3 mois au cobalt métallique sous forme de particules induit une diminution significative du poids des testicules chez les mâles exposés à 5 ou 10 mg.m-3 par rapport aux témoins. Une diminution du poids des tissus de la reproduction, du nombre de spermatides et de spermatozoïdes dans l’épididyme et de la motilité des spermatozoïdes en lien avec des altérations histopathologiques dans les testicules et dans l’épididyme, dépendante de la concentration, est également observée (NTP, 2014).
Voie orale
La dégénérescence et l'atrophie testiculaires sont également décrites chez le rat pour des expositions à du chlorure de cobalt par voie orale dans l'eau de boisson pendant 2 à 3 mois pour des doses de 5,7 à 30,2 mg Co.kg-1.j-1 (Corrier et al., 1985 ; Domingo et al., 1984 ; Mollenhauer et al., 1985 ; Nation et al., 1983 ; Pedigo et al., 1988).
Synthèse
Chez le rat, l’exposition par inhalation ou voie orale induit des atteintes testiculaires.
Effets sur le développement
Classifications
| Organisme | Classification | Année |
|---|---|---|
| EU | Le cobalt métal, le chlorure de cobalt, le sulfate de cobalt, le nitrate de cobalt et le carbonate de cobalt sont classés reprotoxiques 1B pour la fertilité | |
| EU | L’Union Européenne a examiné le cobalt métal, l'oxyde de cobalt et le sulfure de cobalt et ne les a pas classés pour les effets reprotoxiques. |
Chez l'homme
Voie orale
Le traitement de femmes enceintes avec du chlorure de cobalt afin de pallier à des troubles hématologiques à la dose de 0,6 mg Co.kg-1.j-1 pendant 90 jours, n'entraîne pas d'effets sur le développement des fœtus. Toutefois, ces observations se sont limitées à la période péri-natale (Holly, 1955). Un NOAEL de 0,6 mg Co.kg-1.j-1 a été déterminé pour une exposition de 90 jours au chlorure de cobalt.
Synthèse
La seule étude disponible chez la femme enceinte n’a pas montré d’effet du chlorure de cobalt chez le fœtus.
Chez l'animal
Voie orale
Aucun effet tératogène n'a été observé chez l'animal (Domingo et al., 1985). L'administration de 24,8 mg.kg-1.j-1 de cobalt sous forme de chlorure de cobalt pendant la gestation (G6-15) ne provoque aucune modification de la croissance fœtale ou du taux de survie chez le rat (Paternian et al., 1988). Il en est de même chez la souris pour une dose de 81,7 mg Co.kg-1.j-1 administrée du 8è au 12è jour de gestation (Seidenberg, 1986).
Synthèse
Les rares études disponibles chez l’animal, n’ont pas montré d’effet d’une exposition au cobalt sur le développement.
Valeurs accidentelles
Autres seuils accidentels
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Valeurs de référence
Introduction
Une Valeur Toxicologique de Référence (VTR) est un indice qui est établi à partir de la relation entre une dose externe d'exposition à une substance dangereuse et la survenue d'un effet néfaste. Les valeurs toxicologiques de référence proviennent de différents organismes.
Pour accéder à une information actualisée, nous conseillons au lecteur de se reporter directement sur les sites internet des organismes qui les élaborent.
Les VTR identifiées (pour le cobalt métal et ses dérivés inorganiques) sont généralement liées à une exposition pour un composé en particulier. En effet, les tests sont réalisés avec un sel identifié et ne peuvent pas se substituer à l’ensemble des dérivés. Ainsi, les VTR pour les sels inorganiques s’appliquent pour le chlorure de cobalt et le sulfate de cobalt (certains organismes assimilent le cobalt métallique au cobalt inorganique). De plus, l’état d’hydratation de ces sels, lorsqu’il est connu, doit être pris en considération pour le calcul des doses ou concentrations en cobalt.
Les valences fondamentales du cobalt sont 2 et 3. Les sels simples de cobalt ne sont vraiment stables que lorsque ce métal à la valence 2 (sels cobalteux).
Valeurs de l'ANSES et/ou de l'INERIS
Description
Inhalation à seuil - Exposition aiguë
L'ATSDR propose un MRL de 0,3 µg Co.m-3 pour une exposition aiguë au cobalt par inhalation (ATSDR, 2024)
Cette valeur a été établie à partir d'une étude expérimentale réalisée chez des rats femelles, exposés par inhalation à des concentrations de 0,1 - 0,3 – 1 – 10 - 30 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté pendant 4 heures (Viegas et al., 2022). L’ATSDR tient compte de la transformation du sulfate heptahydraté en sulfate hexahydraté à la température ambiante de l’étude en convertissant les concentrations d’exposition en 0,02 – 0,07 – 0,2 – 2,2 - 6,7 mg Co.m3. Une inflammation pulmonaire précoce, identifiée à partir de l’augmentation significative du pourcentage de polynucléaires neutrophiles dans les liquide broncho-alvéolaires (LBA), a été observée à partir de 2,2 mg Co.m-3 et a conduit à déterminer à un NOAEL de 0,2 mg Co.m-3.
Le NOAEL a été ajusté à une exposition continue (4 h/24 h) selon le calcul suivant :
NOAELADJ = NOAEL x 4 h/24 h = 0,03 mg Co.m-3
La concentration équivalente humaine a été calculée en tenant compte des paramètres physiologiques de l’homme et du rat à partir de l’équation suivante :
NOAELHEC = NOAELADJ x (VtR/VTH) x (FDR/FDH) x (1-kRn/1-kR)/(1-kHn/1-kH) x RPR/RPH x SAH/SAR
= 0,03 mg Co.m-3 x (0,22 m3.j-1/ 0,22 m3.j-1) x (0,0363/0,1462) x (1- (1- 0,289 j-1)1/ 1- (1- 0,289 j-1))/ (1- (1- 0,277 j-1)1/ 1- (1- 0,277 j-1)) x 1/1,04 x 54 m2/0,34 m2
= 0,01 mg Co.m-3
Avec Vt : taux de ventilation ; FD : fraction de déposition ; k : taux de clearance ; RP : demi-vie de rétention particulaire ; SA : surface alvéolaire ; R : rat ; H : Homme.
Facteurs d’incertitude : un facteur 30 a été appliqué correspondant à un facteur 3 pour l'extrapolation de données animales vers l'homme (après ajustement dosimétrique) et un facteur 10 pour la variabilité au sein de la population humaine.
Calcul : 0,01 mg Co.m-3/ (3 x 10) = 0,0003 mg Co.m-3 soit 0,3 µg Co.m-3
Indice de confiance : cet organisme ne détermine pas d’indice de confiance.
Le TCEQ propose un ReV de 0,69 µg.m-3 pour une exposition aiguë de 1 heure au cobalt par inhalation (TCEQ, 2023).
Cette valeur a été établie à partir de l’étude de Kusaka et al. (1986), réalisées sur des volontaires sains exposés en moyenne à une concentration de 0,8 mg.m-3 de poussières de métaux durs soit 38 µg Co.m-3 pendant 6 heures. Le TCEQ a retenu comme effet critique les symptômes associés à une irritation des voies aériennes (mesure objective) et une diminution significative de la capacité vitale forcée (CVF) (p<0,05). Une LOAEC de 38 µg Co.m-3, seule dose testée dans ces essais a été retenue comme dose critique (POD). Un ajustement sur la durée d’exposition a été réalisé pour tenir compte de l’exposition de 6 h, ramenée à 1 h en utilisant la loi de Haber avec n = 3 (durée plus courte d’exposition) (PODADJ).
PODADJ = [(38 µg Co.m-3)3 x (6 h/1 h)]1/3 = 69,05 µg Co.m-3
Facteurs d'incertitude : un facteur d’incertitude 100 a été appliqué : 10 pour tenir compte de la variabilité de sensibilité au sein de la population humaine et 10 pour l’utilisation d’une LOAEC.
Calcul : ReVaiguë 1h. = 69,05 µg Co.m-3/ 100 = 0,69 µg Co.m-3
Indice de confiance : selon le TCEQ la qualité de l’étude retenue est moyenne.
Le TCEQ propose un ReV de 0,095 µg.m-3 pour une exposition aiguë de 24 heures au cobalt par inhalation (TCEQ, 2023).
Le TCEQ a suivi le même raisonnement que celui décrit précédemment pour élaborer une valeur sur 24 heures, en retenant la même étude (Kusaka et al., 1986), le même effet critique (irritation des voies aériennes et diminution de la CVF) et la même dose critique (LOAEC de 38 µg Co.m-3). Seul l’ajustement sur la durée d’exposition, réalisé pour tenir compte de l’exposition de 6 h, extrapolée à 24 h en utilisant la loi de Haber avec n = 1 (durée plus longue que l’exposition) (PODADJ), diffère du calcul précédant.
PODADJ = (38 µg Co.m-3) x (6 h/24 h) = 9,5 µg Co.m-3
Facteurs d'incertitude : un facteur 100 a été appliqué : 10 pour tenir compte de la variabilité de sensibilité au sein de la population humaine et 10 pour l’utilisation d’une LOAEC.
Calcul : ReVaiguë 1h. = 9,5 µg Co.m-3/ 100 = 0,095 µg Co.m-3
Indice de confiance : selon le TCEQ la qualité de l’étude retenue est moyenne.
Inhalation à seuil - Exposition chronique
L'ATSDR propose un MRL de 1.10-1 µg cobalt.m-3 pour des expositions chroniques par inhalation au cobalt (ATSDR, 2024).
En 2024, l’ATSDR reprend la valeur initialement proposée en 2004. Cette valeur est basée sur l’étude transversale chez des travailleurs de l’industrie du diamant (Nemery et al., 1992). La population étudiée se compose de 194 polisseurs exposés au cobalt et un groupe non exposé composé de 59 employés non-polisseurs. Les prélèvements des échantillons d’air commencent 2 heures après le début de la journée de travail et se terminent 1 heure avant la fin du travail. Des échantillons d’air sont également prélevés au poste de travail de certains employés (la méthode d’échantillonnage utilisée pourrait sous-estimer les niveaux réels d’exposition).
Les niveaux d’exposition moyens sont de 0,4 – 1,6 – 10,2 µg.m-3 pour les prélèvements d’air en ambiance générale, et de 0,4 – 5,3 – 15,1 µg.m-3 pour les prélèvements au poste. De cette étude, une NOAEC de 5,3 µg Co.m-3 et une LOAEC de 15,1 µg Co.m-3 caractérisée par une diminution des paramètres fonctionnels respiratoires (VEMS et CVF) chez des salariés sont déterminées.
Un ajustement est réalisé pour une exposition continue :
NOAEL(ADJ) = 0,0053 mg Co.m-3 (8 h/24 h) x (5 j/7 j) = 0,0013 mg Co.m-3
Facteurs d'incertitude : un facteur 10 a été appliqué correspondant à la variabilité au sein de la population.
Calcul : 0,0013 mg cobalt.m-3 x1/10 = 1.10-4 mg cobalt.m-3 ou 1.10-1 µg cobalt.m-3
Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance.
L’OMS-CICAD propose une TCA par inhalation de 1.10-1 µg cobalt.m-3 pour des expositions chroniques (2006).
La construction de cette VTR est identique à celle de l’ATSDR (2004) et reprise en 2024.
Le RIVM propose une TCA de 5.10-1 µg.m-3 pour une exposition chronique par inhalation au cobalt (Baars et al., 2001).
Cette valeur est basée sur une étude transversale réalisée chez 1 039 travailleurs (Sprince et al., 1988) de la production de carbure de tungstène.
En moyenne, l’exposition présente est de 48 +/- 124 µg.m-3 et l’exposition cumulée est en moyenne de 366 +/- 684 µg.m-3 pour une durée d’exposition moyenne de 7 ans, seuls 14 % des participants ont été exposés pendant plus de 15 ans.
La fréquence des effets pulmonaires attribués au travail double lorsque l’exposition dépasse 50 µg.m-3. Le RIVM établit une LOAEC de 0,05 mg.m-3 pour les effets pulmonaires (maladies pulmonaires interstitielles).
Facteurs d'incertitude : un facteur 100 est appliqué (10 pour la variabilité intraspécifique et 10 pour l'utilisation d'un LOAEL).
Calcul : 0,05 mg.m-3 x 1/100 = 0,5 µg.m-3
Indice de confiance : Selon le RIVM, la fiabilité de cette valeur est moyenne.
Le TCEQ propose un ReV de 0,063 µg.m-3 pour une exposition chronique par inhalation au cobalt (TCEQ, 2023).
Cette valeur a été établie à partir de l’étude de Nemery et al. (1992), également retenue par l’ATSDR, réalisée en milieu professionnel (durée de travail de 8 h/j, 5 j/7). Aucune indication sur la durée d’exposition n’étant mentionnée par les auteurs, le TCEQ a retenu une exposition subchronique par défaut. L’effet critique correspond aux symptômes associés à des irritations au niveau des yeux et des voies respiratoires supérieures (nez et irritation de la gorge), ainsi qu’une diminution de la fonction pulmonaire. Le TCEQ retient la concentration sans effet de 5,3 µg Co.m-3 (NOAEC) comme dose critique.
Un ajustement pour tenir compte de l’exposition discontinue a été réalisé à partir du calcul suivant :
PODHEC = POD x (VEtravail/VEhumain) x (5 jours/7 jours) = 5,3 µg Co.m-3 x (10 m3/20 m3) x (5/7) = 1,89 µg Co.m-3
VEtravailleur : volume par défaut de 10 m3 respiré pendant une journée de travail
VEhumain : volume par défaut de 20 m3 respiré chez un homme exposé pendant 1 journée entière.
Facteurs d'incertitude : un facteur d'incertitude global 30 est appliqué, correspondant à 10 pour la variabilité au sein de la population humaine et un facteur 3 pour l’extrapolation d’une exposition subchronique à chronique.
Calcul : ReVchronique = 1,89 Co µg.m-3 / 30 = 0,063 µg Co.m-3
Indice de confiance : selon le TCEQ la qualité de l’étude retenue est moyenne à élevée.
Voie orale à seuil - Exposition aiguë
L'ATSDR propose un MRL de 3.10-2 mg Co.kg-1.j-1 pour des expositions aiguës par voie orale au cobalt (ATSDR, 2024).
Cette valeur est basée sur une étude concernant des volontaires sains exposés quotidiennement à une dose de 150 mg.j-1 de chlorure de cobalt pendant 7 à 14 jours (Davis et Fields, 1958). Une augmentation réversible du nombre des érythrocytes à 150 mg.j-1 de chlorure de cobalt a été observée. L’ATSDR retient une augmentation de 8,7 % du nombre d’érythrocytes, soit 5,7 avant versus 6,2.106/mm3 après 14 jours d’exposition à 150 mg.j-1 de chlorure de cobalt, à partir des données individuelles de 4 des 6 sujets exposés pendant 14 jours et extraites du graphe publié par Davis et Field. Un LOAEL de 150 mg.j-1 est retenu comme point de départ pour la mise en évidence d'une polyglobulie, ce qui correspond à 1 mg Co.kg-1.j-1 en prenant en compte un poids corporel de 70 kg.
150 mg CoCl2.j-1 = 150 x 58,9 g.mol-1 Co/128,8 g.mol-1 CoCl2 = 68,1 mg Co.j-1
Soit pour un poids corporel de 70 kg : 68,1 mg Co.j-1/ 70 kg = ~ 1 mg Co.kg-1.j-1
Facteurs d'incertitude : un facteur 30 a été appliqué. Il se décline en un facteur 10 pour la variabilité au sein de la population et un facteur 3 pour l'utilisation d'un LOAEL.
Calcul : 1 mg cobalt.kg-1.j-1/30 = 3.10-2 mg Co.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance.
Voie orale - Exposition sub-chronique
L'ATSDR propose un MRL de 2.10-2 mg Co.kg-1.j-1 pour des expositions sub-chroniques au cobalt par voie orale (2024).
Cette valeur est construite à partir d’une étude de 90 jours réalisée chez le rat exposé au chlorure de cobalt à des doses de 0,74 - 2,48 - 7,44 mg Co.kg-1.j-1 (Danzeisen et al., 2020). Des effets hématologiques correspondant à des augmentations de l’hématocrite, de l’hémoglobine et du nombre d’érythrocytes ont été observés à partir de 2,48 mg Co.kg-1.j-1 chez les mâles et de 7,44 mg Co.kg-1.j-1 chez les femelles. La modélisation des données relatives à l’augmentation du nombre de globules rouges chez les mâles a été réalisée à partir de plusieurs modèles mathématiques. Une Benchmark dose limite (BMDL1SD ) de 1,95 mg Co.kg-1.j-1 a été retenue à partir du modèle linéaire pour la construction de la VTR.
BMDL1SD = 1,95 mg.kg-1.j-1
Facteurs d'incertitude : un facteur 100 a été retenu comprenant un facteur 10 pour l'extrapolation de données animales vers l'homme et un facteur 10 pour la variabilité au sein de la population humaine.
Calcul : 1,95 mg Co.kg-1.j-1/100 = 1,95.10-2 mg Co.kg-1.j-1 arrondi à 2.10-2 mg Co.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance.
Voie orale à seuil - Exposition chronique
L’AFSSA propose une VTR de 1,6 à 8.10-3 Co mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale au cobalt (AFSSA, 2010).
L’AFSSA base sa démarche sur celle de l’EFSA (2009) qui retient le MRL de l’ATSDR établi pour une exposition sub-chronique par voie orale et a établi qu’un apport journalier de 600 µg de cobalt représente un risque minimal sur la base du MRL de 10 µg Co.kg-1.j-1 pour un individu de 60 kg.
L’AFSSA retient la même étude que l’ATSDR pour une exposition subchronique (Davis et Fields, 1958) et un LOAEL de 150 mg.j-1 de chlorure de cobalt est retenu pour la mise en évidence d'une polyglobulie, ce qui correspond à 1 mg Co.kg-1.j-1, en prenant en compte un poids corporel de 70 kg.
Par ailleurs, l’AFSSA prend également en compte une autre étude qui avait été identifiée par l’ATSDR. Il s’agit d’une étude expérimentale de 8 semaines chez le rat exposé au chlorure de cobalt (Stanley et al., 1947). Cette dernière permet de proposer un NOAEL de 600 μg Co.kg-1.j-1 et un LOAEL de 1 mg.kg-1.j-1.
L’AFSSA a réalisé le calcul à partir des deux études en parallèle et a retenu une fourchette de valeurs correspondant aux résultats des deux approches.
Facteurs d'incertitude
Pour l’étude épidémiologique, l’AFSSA retient un facteur de sécurité de 600, correspondant à un facteur de 100 (10 pour la variabilité au sein de la population et 10 pour l'utilisation d'un LOAEL) et un facteur 6 pour tenir des extrapolations de sub-aiguë à chronique.
Pour l’étude expérimentale, l’AFSSA retient un facteur de 80 avec un facteur inter-espèce 4 (rat versus humain), un facteur intra-espèce 10 et un facteur 2 pour tenir compte du passage d’une exposition sub-chronique (90 jours) à chronique (vie entière).
Calcul :
Etude épidémiologique : 1 mg Co.kg-1.j-1/600 = 1,6.10-3 mg Co.kg-1.j-1
Etude expérimentale : 600 μg de Co.kg-1.j-1/80 = 8.10-3 mg Co.kg-1.j-1
Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance.
Le RIVM propose une TDI de 1,4.10-3 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale au cobalt (Baars et al., 2001).
Comme il n'existe pas de données expérimentales d'exposition chronique par voie orale au cobalt chez l'homme et l'animal, la VTR du RIVM se base sur une valeur de LOAEL de 0,04 mg.kg-1.j-1 pour une exposition sub-chronique (jusqu'à 8 mois) chez l'homme, pour les effets cardiaques (Morin et al., 1971). Le rôle de l'alcool n'étant pas à exclure dans les effets observés, le RIVM estime que le LOAEL pour la population générale doit être plus élevé.
Facteurs d'incertitude : un facteur 30 est appliqué (3 pour la variabilité intraspécifique, estimé suffisant par le RIVM compte tenu du rôle présumé de l’alcool et 10 pour l'utilisation d'un LOAEL).
Calcul : 0,04 mg.kg-1.j-1/30 = 1,4.10-3 mg.kg-1.j-1
Indice de confiance : Selon le RIVM, la fiabilité de cette valeur est moyenne.
Une RfD de 0,03 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale au cobalt a été publiée dans la littérature (Finley et al., 2012).
Cette valeur est basée sur une étude chez des enfants exposés à des doses 1 – 2 – 4 – 6 mg de chlorure de cobalt.kg-1.j-1 (0,45 – 0,90 – 1,8 – 2,7 mg Co.kg-1.j-1) administrées pendant 10 semaines par voie orale (Jaimet et Thode, 1955). La dose de 1,8 mg Co.kg-1.j-1 correspond à l’absence d’effets endocriniens et hématologiques. Toutefois, les auteurs préfèrent retenir celle de 0,9 mg Co.kg-1.j-1 comme NOAEL en raison des résultats d’autres études qui font état d’effets endocriniens à 0,97 et 0,54 mg Co.kg-1.j-1.
Facteurs d'incertitude : Un facteur d’incertitude 30 est retenu correspondant à un facteur 10 pour prendre en compte la variabilité intra-espèce et un facteur de 3 pour la complétude de la base de données.
Calcul : 0,9 mg kg-1.j-1/30 = 30.10-3 mg.kg-1.j-1
Inhalation sans seuil - Exposition chronique
L’OEHHA propose un ERUi de 7,7.10-3 (µg.m-3)-1 pour une exposition chronique au cobalt métal et composés insolubles du cobalt par inhalation (OEHHA, 2023)
Cette valeur a été établie à partir d’une étude expérimentale menée chez le rat F344/N et la souris B6C3F1 (NTP, 2014). Les animaux ont été exposés à des concentrations de 0 – 1,25 – 2,5 -5 mg.m-3 de particules de cobalt métallique pendant 2 ans (6 h/j, 5 j/7). L’étude du NTP a principalement montré une augmentation de l’incidence des adénomes et carcinomes pulmonaires chez les rats et les souris des deux sexes, de même qu’une augmentation de l’incidence des phéochromocytomes bénins et/ou malins des glandes surrénales chez les rats des deux sexes, ou encore de tumeurs combinées (adénomes/carcinomes) du pancréas chez les mâles et de leucémies chez les femelles uniquement. Afin de déterminer des « Cancer Slope Factor (CSF) » pour chacun des sites tumoraux isolés ou combinés, l’OEHHA a réalisé des ajustements et des calculs successifs (détaillés ci-après) à partir des concentrations d’exposition pour aboutir à des doses journalières d’exposition (mg.kg-1.j-1) mentionnées dans le tableau ci-après.
Détermination des doses journalières d’exposition à partir des concentrations d’exposition chez le rat et la souris dans l’étude du NTP (2014).
Espèce /sexe | Concentrations d’exposition au Cobalt métal (mg.m-3) | |||
0 | 1,25 | 2,5 | 5 | |
Doses journalières d’expositions (mg.kg-1.j-1) | ||||
Rats | ||||
Mâles | 0 | 0,21 | 0,42 | 0,84 |
Femelles | 0 | 0,25 | 0,50 | 1,00 |
Souris | ||||
Mâles | 0 | 0,26 | 0,51 | 1,02 |
Femelles | 0 | 0,25 | 0,50 | 0,99 |
Ajustement d’une exposition discontinue à continue :
ConcAdj = Conc. x 5 j.sem-1 /7 j.sem-1 x 6 h.j-1/24 h.j-1 soit des conc. ajustées en continu de 0- 0,2307 – 0,4613 – 0,9226 mg.m-3.
Calculs des doses moyennes d’exposition en mg.kg-1.j-1 :
Dose (mg.kg-1.j-1) = Débitair x CADJ /PCa
Débitair (m3.j-1) = 0,702 x (Pc)2/3 pour le rat et Débitair (m3.j-1) = 0,0345 x (Pc)2/3 pour la souris
PC = poids corporel respectivement en moyenne chez les mâles et les femelles du groupe témoin de 453,8 et 276 g pour les rats et 48,5 et 52,7 g pour les souris.
A partir des doses journalières d’exposition mentionnées dans le tableau ci-dessus, un CSF, exprimé en (mg.kg-1.j-1)-1 a d’abord été calculé pour chaque espèce et sexe étudié ainsi que pour chaque type de tumeurs observé (isolée ou combinée), à l’aide d’un modèle linéaire multi-étapes et selon la procédure d’élaboration de la BMDL (intervalle de confiance à 95 %) pour une BMR de 5 %. Les résultats sont mentionnés dans le tableau ci-après.
BMDL, CSF chez les rongeurs et l’homme déterminés pour les différents types tumoraux (isolés ou combinés) à partir de l’étude du NTP (2014) où les animaux ont été exposés au cobalt métal
Type de tumeur | espèce | sexe | BMDL05 (mg.kg-1 j-1)-1 | CSFanimal (mg.kg-1 j-1)-1 | CSFHEC (mg.kg-1 j-1)-1 |
Tumeurs bronchiolo-alvéolaires | rat | mâles | 0,01364 | 3,66 | 12,91 |
femelles | 0,03363 | 1,49 | 5,96 | ||
Phéochromocytomes malins de la médullosurrénale | mâles | 0,01853 | 2,70 | 9,51 | |
femelles | 0,04931 | 1,01 | 4,03 | ||
Carcinomes des îlots pancréatiques | mâles | 0,1029 | 0,49 | 1,71 | |
Leucémies | femelles | 0,06698 | 0,74 | 2,95 | |
Tumeurs combinées poumons/pancréas/surrénales | mâles | 0,007947 | 6,29 | 22,17 | |
Tumeurs combinées poumon/surrénales/leucémie | femelle | 0,01867 | 2,68 | 10,70 | |
Tumeurs bronchiolo-alvéolaires | Souris | mâles | 0,01122 | 4,46 | 27,49 |
femelles | 0,01506 | 3,32 | 20,04 |
L’extrapolation des données animales à l’homme a été réalisée à partir de l’équation suivante pour le calcul des CSFHEC :
CSFHEC = CSF animal x [PCh/PCa]1/4
PCa : poids corporel chez l’animal
PCh : poids corporel chez l’homme
L’OEHHA a retenu le CSFHEC le plus protecteur de 27 (mg.kg-1. j-1)-1 pour le cobalt métal correspondant à l’incidence des tumeurs pulmonaires chez les souris mâles. Le risque unitaire, exprimée en (µg.m-3)-1, a été calculé pour une exposition vie entière à partir du CSF multiplié par le taux respiratoire (Vr) chez l’homme (20 m3.j-1), divisé par le poids corporel (70 kg) et un facteur de conversion (FC) pour le passage des mg en µg. ERUi = (CSF x Vr)/(PCH x FC) = (27 x 20)/(70 x 1 000) = 0,0077 (µg.m-3)-1 soit 7,7.10-3 (µg.m-3)-1
Le TCEQ propose un ERUi de 6.10-3 (µg.m-3)-1 pour une exposition chronique au cobalt et ses composés par inhalation (TCEQ, 2023).
Cette valeur élaborée en 2017 correspond à la moyenne de deux ERUi initialement construits à partir de deux études de cancérogenèse chez le rat et la souris, l’une réalisée en 1998 par inhalation de sulfate de cobalt (NTP, 1998) et l’autre en 2014 (NTP, 2014) par inhalation de particules de cobalt métallique. Dans les deux cas, le TCEQ a retenu les effets tumoraux observés chez le rat pour la construction des deux valeurs. Dans l’étude de 1998, les rats des deux sexes (F344/N) ont été exposés par inhalation à des concentrations de 0 - 0,3 - 1 - 3 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté (soit 0 – 0,012 – 0, 4 – 0,120 mg Co.m-3), 6 h/j, 5 j/7 pendant 104 semaines. Dans la seconde étude de 2014, les animaux mâles et femelles (F344/NTac) ont été exposées à un aérosol de particules de cobalt métallique à des concentrations de 0 – 1,25 – 2,5 – 5 mg.m-3 à la même fréquence et durée d’exposition que l’étude précédente.
Pour les deux études, le TCEQ a réalisé un ajustement temporel des concentrations d’exposition pour tenir compte d’une exposition continue, puis converties en concentrations équivalentes humaines (HEC) en tenant compte de la « RDDRs » pour la région thoracique de l’appareil respiratoire respectivement de 0,83 et 0,79 chez le rat mâle et femelle.
ConcAdj = Conc. x 5 j.sem-1 /7 j.sem-1 x 6 h.j-1/24 h.j-1
Ces deux études montrent une augmentation du taux d’incidence de tumeurs broncho-alvéolaires chez les rats des deux sexes, le détail des valeurs étant rapporté dans le tableau suivant :
Incidence des adénomes/carcinomes pulmonaires chez les rats des deux sexes exposés 2 ans au sulfate de cobalt (NTP, 1998) ou au cobalt métallique pendant 103 semaines (NTP, 2014)
NTP, 1998 (sulfate de cobalt) | Conc HEC d’exposition au Cobalt (mg Co.m-3) | |||
Mâles | 0 | 0,010 | 0,033 | 0,10 |
Incidence adén./carc. pulmonaires des mâles | 1/50 | 4/50 | 4/48 | 7/50* |
Femelles | 0 | 0,0095 | 0,032 | 0,095 |
Incidence adén./carc. pulmonaires des femelles | 0/50 | 3/49 | 15/50* | 15/50* |
NTP, 2014 (cobalt métal) | Conc HEC d’exposition au Cobalt (mg Co.m-3) | |||
Mâles | 0 | 0,220 | 0,424 | 0,848 |
Incidence adén./carc. pulmonaires des mâles | 4 % | 50 %* | 78 %* | 88 %* |
Femelles | 0 | 0,214 | 0,413 | 0,827 |
Incidence adén./carc. pulmonaires des femelles | 4,5 % | 34,7 %* | 48,5 %* | 86,2 %* |
* : données statistiquement significatives
Pour l’étude 1998, la modélisation des données réalisée à partir d’un modèle multi-étapes linéarisé (log probit) a conduit à retenir une BMDL10-HEC (correspondant à un niveau de réponse (Benchmark response ou BMR) par défaut de 10 %) chez les femelles (plus sensibles que les mâles) de 0,011 mg Co.m-3.
Pour le cobalt métal (NTP, 2014), la même démarche que celle présentée dans le paragraphe précédent a conduit à des valeurs de BMDL10-HEC aberrantes, 4,5 à 7 fois plus faibles (femelles et mâles) que la plus faible concentration nominale équivalente humaine testée dans l’étude. Le TCEQ a eu recours à une BMR alternative, recommandée par l’US EPA (2011) et utilisée par Suh et al. (2016) pour l’élaboration de cette VTR. La BMR alternative a été déterminée à partir de l’équation suivante :
BMRAlt = [P(groupe faible dose) – P(témoin) ÷ [1 - P(témoin]]
Soit pour les rats femelles
BMRAlt = [P(0,347) – P(0,045) ÷ [1 – 0,045] = 0,302 ÷ 0,955 = 032 soit 32 %
Le TCEQ a retenu la BMDLALT-HEC (correspondant à un niveau de réponse (BMR) de 32 %) chez les femelles (plus sensibles que les mâles) de 0,108 mg Co.m-3.
Une extrapolation linéaire à l’origine réalisée à partir du point de départ, soit la BMDL10-HEC de 0,011 mg Co.m-3 pour le sulfate de cobalt et BMDLALT-HEC de 0,108 mg Co.m-3 pour le cobalt métal, a conduit à des ERUi de 9,1.10-3 (µg Co. m-3)-1 et 3.10-3 (µg Co.m-3)-1, respectivement pour le sulfate de cobalt et le cobalt métal.
Considérant qu’aucun des deux ERUi n’étant plus pertinent que l’autre en terme d’exposition, le TCEQ a retenu pour le cobalt et ses composés la moyenne des deux ERUi, soit 6.10-3 (µg Co.m-3)-1
Cet ERUi de 6.10-3 (µg Co.m-3)-1 correspond à une concentration de 1,6.10-3 µg Co.m-3 pour un excès de risque de 10-5 et une concentration de 1,6.10-4 µg Co.m-3 pour un excès de risque de 10-6.
L’OEHHA propose un ERUi de 1.10-2 (µg.m-3)-1 pour une exposition chronique aux composés solubles du cobalt par inhalation (OEHHA, 2023)
Cette valeur a été établie à partir d’une étude expérimentale menée chez le rat F344/N et la souris B6C3F1 (NTP, 1998). Les animaux ont été exposés à des concentrations de 0 – 0,3 – 1 -3 mg.m-3 de sulfate de cobalt heptahydraté pendant 2 ans (6 h/j, 5 j/7). L’étude du NTP a principalement montré une augmentation de l’incidence des adénomes et carcinomes pulmonaires chez les rats et les souris des deux sexes, de même qu’une augmentation de l’incidence des phéochromocytomes bénins et/ou malins des glandes surrénales chez les rats femelles. Afin de déterminer des « Cancer Slope Factor (CSF) » pour chacun des sites tumoraux isolés ou combinés, l’OEHHA a réalisé des ajustements et calculs successifs (détaillés ci-après) à partir des concentrations d’exposition pour aboutir à des doses journalières d’exposition (mg.kg-1.j-1) mentionnées dans le tableau ci-après.
Détermination des doses journalières d’exposition à partir des concentrations d’exposition chez le rat et la souris dans l’étude du NTP (1998).
Sexe | Espèce | Concentrations d’exposition au sulfate de Cobalt heptahydraté (mg.m-3) | |||
0 | 0,3 | 1 | 3 | ||
Doses journalières d’expositions (mg.kg-1.j-1) | |||||
Mâles | rat | 0 | 0,051 | 0,17 | 0,51 |
Femelles | rat | 0 | 0,061 | 0,20 | 0,61 |
Mâles | souris | 0 | 0,064 | 0,21 | 0,64 |
Femelles | souris | 0 | 0,065 | 0,22 | 0,65 |
Ajustement d’une exposition discontinue à continue :
ConcAdj = Conc. x 5 j.sem-1 /7 j.sem-1 x 6 h.j-1/24 h.j-1 soit des conc. ajustées en continu de 0- 0,055 – 0,18 – 0,55 mg.m-3.
Calculs des doses moyennes d’exposition en mg.kg-1.j-1 :
Dose (mg.kg-1.j-1) = Débitair x CADJ /PCa
Débitair (m3.j-1) = 0,702 x (Pc)2/3 pour le rat et Débitair (m3.j-1) = 0,0345 x (Pc)2/3 pour la souris
PC = poids corporel respectivement en moyenne chez les mâles et les femelles du groupe témoin de 435,8 et 263,3 g pour les rats et 41,7 et 40,2 g pour les souris.
A partir des doses journalières d’exposition mentionnées dans le tableau ci-dessus, un CSF, exprimé en (mg.kg-1.j-1)-1 a d’abord été calculé pour chaque espèce et sexe étudié ainsi que pour chaque type de tumeurs observé (isolée ou combinée), à l’aide d’un modèle linéaire multi-étapes et selon la procédure d’élaboration de la BMDL (intervalle de confiance à 95 %) pour une BMR de 5 %. Les résultats sont mentionnés dans le tableau ci-après :
BMDL, CSF chez les rongeurs et l’homme déterminés pour les différents types tumoraux (isolés ou combinés) déterminés à partir de l’étude du NTP (1998) où les animaux ont été exposés au cobalt métallique
Type de tumeur | Sexe | BMDL05 (mg.kg-1 j-1)-1 | CSFanimal (mg.kg-1 j-1)-1 | CSFHEC (mg.kg-1 j-1)-1 |
Rat | ||||
Tumeurs bronchiolo-alvéolaires | mâles | 0,08383 | 0.60 | 2,14 |
femelles | 0,01717 | 2,91 | 11,75 | |
Phéochromocytomes malins de la médullosurrénale | femelles | 0,07852 | 0,64 | 2,58 |
Tumeurs pulmonaires/ glandes surrénales combinées | femelle | 0,01504 | 3.32 | 13,41 |
Souris | ||||
Tumeurs bronchiolo-alvéolaires | mâles | 0,03435 | 1,46 | 9,35 |
femelle | 0,04819 | 1,04 | 6,72 | |
L’extrapolation des données animales à l’homme a été réalisée à partir de l’équation suivante pour le calcul des CSFHEC :
CSFHEC = CSF animal x [PCh/PCa]1/4
PCa : poids corporel chez l’animal
PCh : poids corporel chez l’homme
L’OEHHA a retenu le CSFHEC le plus protecteur de 13,41 (mg.kg-1 j-1)-1 de sulfate heptahydraté correspondant à une augmentation de l’incidence des tumeurs combinées des poumons et des glandes surrénales, converti en CSFHEC-ADJ de 35 (mg Co.kg-1 j-1)-1 de cobalt.
Calcul : CSFHEC-ADJ = 13,41 (mg.kg-1 j-1)-1/(58,9 Co/154,996 CoSO4)
= 35,27 arrondi à 35 (mg Co.kg-1 j-1)-1
A noter que dans son calcul, l’OEHHA n’a pas tenu compte de la forme heptahydraté du sulfate de cobalt, mais uniquement du sulfate de cobalt anhydre car l’ion cobalt est considéré comme étant le facteur de risque.
Le risque unitaire, exprimée en (µg.m-3)-1, a été calculé pour une exposition vie entière à partir du CSF multiplié par le taux respiratoire (Vr) chez l’homme (20 m3.j-1), divisé par le poids corporel (70 kg) et un facteur de conversion (FC )pour le passage des mg en µg.
ERUi = (CSF x Vr)/(PCH x FC) = (35 x 20)/(70 x 1 000) = 1. 10-2 (µg.m-3)-1
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Synthèse
Inhalation à seuil - Exposition aiguë
L’Ineris propose de retenir pour une exposition aiguë au cobalt la VTR aiguë de 0,3 µg.m-3 de l’ATSDR (2024).
Des valeurs sont proposées par le TCEQ (2023) et l’ATSDR (2024). Le TCEQ propose 2 valeurs pour une exposition aiguë, l’une pour une durée de 1 heure et l’autre sur 24 heures à partir de données humaines, alors que l’ATSDR s’appuie sur des données animales pour proposer sa valeur. Les 2 valeurs du TCEQ sont issues de la même étude réalisée sur des volontaires sains exposés à des poussières de métaux durs contenant du cobalt (Kusaka et al., 1986). Les auteurs de l’étude précisent que ces poussières sont majoritairement composées de carbure de tungstène (80-90 %) et que le cobalt n’est représenté qu’à 5 à 10 %. Par ailleurs, ces poussières comportent également d’autres métaux en faible quantité (carbure de titane et de tantale, nickel). La nature même des poussières administrées aux volontaires sains et l’absence de relation dose-effet sur la diminution de la CVF ne permettent pas d’établir de corrélation entre les effets irritatifs et l’exposition au cobalt.Ces valeurs ne sont donc pas retenues.
La valeur de l’ATSDR est basée sur une étude de toxicité aiguë chez le rat exposé par inhalation à différentes concentrations de sulfate de cobalt heptahydraté pendant 4 heures (Viegas et al., 2022). L’étude, est de bonne qualité. L’ATSDR retient comme effet critique, une augmentation du pourcentage de polynucléaires neutrophiles dans les LBA qui correspond à un évènement clé précoce de la toxicité respiratoire.
L’ATSDR base son calcul à partir d’un NOAEL. Les ajustements temporels et dosimétriques sont adaptés et le choix des facteurs d’incertitude est cohérent. L’ensemble de la démarche est bien détaillé, l’Ineris retient la valeur de l’ATSDR.
Indice de confiance : moyen en raison du choix du composé de cobalt de l’étude clé. D’autres composés du cobalt, présentant une toxicité aiguë potentiellement plus marquée (cobalt métal, oxyde de cobalt) n’ont pas été testés dans les mêmes conditions expérimentales.
Inhalation à seuil - Exposition chronique
L’Ineris propose de retenir pour une exposition chronique au cobalt par inhalation la VTR chronique de 0,1 Co µg.m-3 de l’ATSDR (2024).
Quatre organismes proposent une VTR : l’ATSDR (2024), l’OMS CICAD (2006), le RIVM (2001) et le TCEQ (2023).
L’ATSDR, l’OMS CICAD et le TCEQ retiennent la même étude chez le travailleur de l’industrie du diamant (Nemery et al., 1992). Cette étude est bien décrite, dans la mesure où elle prend en compte les co-expositions possibles sans toutefois mentionner la durée d’exposition des travailleurs. Le RIVM utilise une autre étude chez le travailleur de la production de carbure de tungstène (Sprince et al., 1988). Les effets sont clairement liés au carbure de tungstène. La description de l’étude présente des limites.
Les 4 organismes basent leur VTR sur des effets pulmonaires observés chez l’homme qui sont pertinents au regard du profil toxicologique du cobalt. Compte tenu des expositions dans les 2 études, il est raisonnable de penser qu’il peut y avoir des co-expositions avec le carbure de tungstène ou les particules de diamant.
La valeur du RIVM est basée sur une LOAEC et ne calcule pas d’ajustement pour une exposition continue, alors que les VTR de l’ATSDR et du TCEQ sont établies à partir d’une NOAEC chez les salariés et ajustées à une exposition continue.
Les 4 organismes appliquent un facteur d’incertitude 10 pour la variabilité au sein de la population humaine. Le RIVM applique également un facteur 10 pour l’utilisation d’une LOAEC, ce qui est justifié et le TCEQ applique un facteur 3 en raison de l’absence d’information dans l’étude clé sur la durée d’exposition (une exposition subchronique est retenue par défaut).
L’utilisation d’une NOAEC, ajustée à une exposition continue est l’approche la plus robuste.
L’Ineris retient la VTR proposée par l’ATSDR (valeur construite en 2004 et révisée en 2024), soit 1.10-1 µg.m-3, cette valeur est également celle proposée par l’OMS CICAD.
Indice de confiance : faible du fait des co-expositions dans l’étude source.
Voie orale à seuil - Exposition aiguë
L’Ineris propose de retenir pour une exposition aiguë au cobalt par voie orale la VTR aiguë de 3.10-2 Co mg.kg-1.j-1 (ATSDR, 2024).
Ce choix est basé sur la seule valeur disponible, celle de l’ATSDR (2024). Cette valeur est construite à partir d’une étude menée chez le volontaire sain (Davis et Fields, 1958). L’étude est ancienne et présente quelques limites (1 seule dose testée, faible nombre de sujets, résultats des données individuelles mentionnées uniquement graphiquement). La durée d’exposition de 7 à 14 jours est cohérente pour l’élaboration d’une VTR aiguë. L’atteinte hématologique, retenue comme effet critique est pertinente, du fait de la forte sensibilité aussi bien chez l’humain que chez l’animal pour des expositions aigües. La dose critique est recevable. La démarche clairement décrite et les facteurs d’incertitude sont cohérents. L’Ineris propose de retenir cette valeur.
Indice de confiance : faible en raison de la qualité des données de l’étude.
Voie orale à seuil - Exposition sub-chronique
L’Ineris propose de retenir pour une exposition sub-chronique au cobalt par voie orale la VTR sub-chronique de 2.10-2 Co mg.kg-1.j-1 (ATSDR, 2024).
Ce choix est basé sur la seule valeur disponible, celle de l’ATSDR (2024). Cette valeur est construite à partir d’une étude subchronique de 90 jours réalisée chez le rat (Danzisen et al., 2020). Cette étude récente de bonne qualité est réalisée selon les normes OCDE, en respectant les BPL. Le choix de l’effet critique est pertinent au regard du profil toxicologique et la dose critique est recevable. La démarche est clairement décrite et les facteurs d’incertitude sont cohérents. L’Ineris propose de retenir cette valeur.
Indice de confiance : moyen en raison du choix et de la qualité de l’étude et des limites de la nature de l’effet critique.
Voie orale à seuil - Exposition chronique
L’Ineris propose de retenir pour une exposition chronique au cobalt par voie orale la VTR chronique de 1,6 à 8.10-3 mg Co.kg-1.j-1 (AFSSA, 2010).
Deux valeurs sont disponibles, celles du RIVM (2001) et de l’AFSSA (2010).
Les deux valeurs sont établies à partir d’études épidémiologiques de 22 jours (Davis et Fields, 1958) pour l’AFSSA et de 8 mois (Morin et al., 1971) pour le RIVM. Les deux études présentent des limites : manque de description, nombre de cas limités pour les deux études. De plus, dans l’étude de Morin, il est difficile de tenir compte de l’effet de l’alcool lui-même et la durée de l’étude de Davis est courte pour l’établissement d’une VTR pour des expositions chroniques. L’AFSSA retient également une étude expérimentale de 8 semaines chez le rat exposé au chlorure de cobalt (Stanley et al., 1947).
Pour les deux organismes, l’effet critique est pertinent et la dose critique est proche : LOAEL de 1 mg cobalt.kg-1.j-1 pour une exposition de 22 jours (Davis et Fields, 1958) et LOAEL de 0,04 mg.kg-1.j-1 pour une exposition de 8 mois. Le choix des facteurs d’incertitude est cohérent dans les deux cas : les deux organismes utilisent un facteur de 10 pour tenir compte de l’utilisation d’un LOAEL et un facteur pour la variabilité intra-espèce de 10 pour l’AFSSA et réduit à 3 pour le RIVM qui considère qu’il est suffisant du fait des effets néfastes de l’alcool. Enfin, l’AFSSA ajoute un facteur de 6 du fait de la courte durée de l’étude source. Bien que le RIVM prenne en compte la consommation massive d’alcool, la qualité de l’étude source nous parait insuffisante pour l’élaboration d’une VTR du fait des co-expositions avec l’alcool.
Par ailleurs, une autre valeur a été proposée dans la littérature (Finley et al., 2012). Cette valeur repose sur une étude qui n’a pas permis d’observer d’effets. La méthode de construction de la VTR retient le même point de départ que l’AFSSA mais les facteurs d’incertitude utilisés sont moins pertinents.
L’Ineris propose de retenir la valeur de l’AFSSA qui s’appuie sur la seule étude où l’exposition réalisée en milieu hospitalier est correctement maitrisée malgré une retranscription parcellaire des données. Il est à noter que cette valeur est confortée par celle du RIVM qui est proche.
Indice de confiance : par défaut du fait des limites majeures de l’étude source tant sur la description que sur la durée d’exposition.
Inhalation sans seuil - Exposition chronique
L’Ineris retient les valeurs de 7,7.10-3 (µg.m-3)-1 pour le cobalt métal et composés insolubles et de 1.10-2 (µg.m-3)-1 pour les composés solubles du cobalt pour des expositions chroniques par inhalation (OEHHA, 2023).
Deux organismes proposent des VTR : l’OEHHA (2023) et le TCEQ (2023). L’OEHHA a construit deux valeurs, l’une pour le cobalt métal et l’autre pour le sulfate de cobalt. Le TCEQ a proposé une valeur unique pour le cobalt et ses composés qui correspond à la moyenne des valeurs obtenues pour le cobalt métal et pour le sulfate de cobalt.
Ainsi, pour la constructions de leurs valeurs les deux organismes se basent sur les deux mêmes études de cancérogenèse par inhalation pour le sulfate de cobalt, composé soluble du cobalt, (NTP, 1998) et pour le cobalt métal, composé insoluble, (NTP, 2014).
Concernant les effets du sulfate de cobalt (NTP, 1998), le TCEQ retient comme effet critique l’incidence des adénomes et carcinomes pulmonaires chez les rates (plus sensibles que les mâles), alors que l’OEHHA retient l’incidence combinée des tumeurs pulmonaires et des glandes surrénales, également chez les rates. Le choix de l’effet critique est cohérent au regard des effets de la substance. Les deux organismes procèdent à un même ajustement temporel pour tenir compte de l’exposition en continu. Les deux organismes réalisent une modélisation des données avec un modèle multi-étapes linéarisé et déterminent une BMDL basée sur une BMR de 10 % pour le TCEQ et une BMR de 5 % pour l’OEHHA. Les deux organismes calculent une dose équivalente humaine. Ainsi, par des approches légèrement différentes mais similaires, les deux organismes calculent des ERUi très peu différents de 9,1.10-3 (µg Co.m-3)-1 pour le TCEQ et 1. 10-2 (µg Co.m-3)-1 pour l’OEHHA.
Concernant les effets du cobalt métal (NTP, 2014), une démarche identique à celle décrite ci-dessus a été suivie par les deux organismes. Le TCEQ retient le même effet critique, l’incidence des adénomes et carcinomes pulmonaires chez le rat, alors que l’OEHHA retient l’incidence de ces mêmes tumeurs mais chez les souris mâles. Le choix des effets critiques est pertinent. En raison d’une forte incidence tumorale dès la plus faible dose, il n’a pas été possible d’intégrer l’ensemble des résultats dans le calcul des benchmark doses. Le TCEQ a eu recours à un calcul de BMR alternative de 32 % pour déterminer une BMDL chez le rat, tandis que l’OEHHA a construit sa valeur à partir d’une BMR de 5 %. Les deux organismes ont procédé à des ajustements temporels et dosimétriques similaires à ceux décrits précédemment. Les différences de choix des espèces ciblées et méthodes de calcul ont conduit à des ERUi un peu différents, de 3.10-3 (µg Co.m-3)-1 pour le TCEQ et 7,7.10-3 (µg Co.m-3)-1 pour l’OEHHA.
Alors que l’OEHHA propose deux valeurs différentes, le TCEQ réalise une moyenne des deux ERUi pour déterminer une valeur unique regroupant le cobalt métallique et ses composés, en considérant qu’aucun des composés ne peut être privilégié quant à sa pertinence en termes d’exposition. Bien que le cobalt métal et les sels solubles soient classés comme cancérogènes probables pour l’homme, groupe 2A (IARC, 2023), les éléments de toxicocinétique et toxicodynamiques présentent des variations entre les deux types de composés. Considérant ces différences, la moyenne des deux valeurs proposées par le TCEQ ne paraît pas adaptée ; cette valeur n’est pas retenue.
La démarche et la construction des deux valeurs de l’OEHHA sont bien détaillées et sont donc retenues par l’Ineris :
- pour les composés solubles du cobalt, l’ERUi de 1.10-2 (µg Co.m-3)-1 correspond à une concentration de 1.10-3 µg Co.m-3 pour un excès de risque de 10-5 et une concentration de 1.10-4 µg Co.m-3 pour un excès de risque de 10-6.
- pour le cobalt métal et composés insolubles, l’ERUi de 7,7.10-3 (µg.m-3)-1 correspond à une concentration de 1,3.10-3 µg.m-3 pour un excès de risque de 10-5 et une concentration de 1,3.10-4 µg.m-3 pour un excès de risque de 10-6.
Indice de confiance : faible en raison de la qualité des données.
En l’absence de précision quant à la forme de cobalt, l’utilisation de la valeur la plus protectrice (1.10-2 (µg Co.m-3)-1) est recommandée.
Autres valeurs des organismes reconnus
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Bibliographie
Ecotoxicologie
Dernière vérification le 29/03/2024
Dangers
Valeurs de danger
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Valeurs écotoxicologiques
Introduction
Dans cette rubrique, sont reportées des valeurs de référence pour la protection des écosystèmes aquatiques et de la santé humaine via l’environnement.
Elles peuvent avoir un statut de « Valeur réglementaire » si elles sont issues
- de réglementations européennes et issues par exemple de dossiers d’évaluation des risques dans le cadre de processus d’autorisation de mise sur le marché des substances chimiques (c’est le cas des Concentrations Prédites Sans Effet pour l’environnement (PNEC) issues des dossiers réglementaires sous REACh ou dans le cas de la réglementation des produits biocides) ou issues de « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) de la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) ;
- de réglementations françaises telles que les arrêtés de mise en application de la DCE à l’échelle nationale.
Elles peuvent être des « Valeurs guides » lorsque ce sont des propositions scientifiques de l’INERIS qui ne sont pas reportées dans des textes réglementaires. C’est le cas de toutes les valeurs établies par l’INERIS pour guider l’évaluation de la qualité des milieux aquatiques pour les substances qui n’ont pas, ou pas encore, un statut réglementaire dans le contexte de la DCE.
Les « Valeurs Guides Environnementales » (VGE) et les « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) sont les outils consacrés pour l’évaluation de la qualité des eaux de surface, dont l’établissement est basé sur une même méthodologie européenne dédiée (E.C., 2018).
Leur construction, d’un point de vue méthodologique, est donc similaire.
Valeurs guides
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Bibliographie
Données technico-économiques
Dernière vérification le 28/07/2025
Tableaux de synthèse
Généralités
| CAS | 7440-48-4 |
|---|---|
| SANDRE | 1379 |
| Usages principaux |
Usage 1 : Fabrication de batteries rechargeables (notamment Lithium-Ion) – 58%
Les données chiffrées sur les parts de chaque usage proviennent de www.dartoncommodities.co.uk via le Portail français des ressources minérales non énergétiques (https://www.mineralinfo.fr). Les usages font référence au cobalt et à certains de ses composés (oxydes, carboxylates, sulfates, etc.) |
| Autres informations d'usage |
Mini-FTE Importer
Secteurs NAF identifiés comme usagers : 27.2, 24, 20.3, 20.5, 30.3, 29.3, 23.4 |
| Substance prioritaire dans le domaine de l’eau (DCE) | non |
| Substance soumise à autorisation dans Reach | non |
| Substance soumise à restriction dans Reach | non |
| Substance extrêmement préoccupante (SVHC) | non |
| Réglementations |
Mini-FTE Importer Les paragraphes ci-après présentent les principaux textes en vigueur à la date de la rédaction de cette rubrique. Cet inventaire n’est pas exhaustif. Le cobalt n'est pas classé comme « substance extrêment préoccupante» (SVHC) dans REACH. En revanche, quatre sels du cobalt le sont : le sulphate de cobalt (II) (n°CAS 10124-43-3), le dinitrate de cobalt (II) (n°CAS 10141-05-6), le diacetate de cobalt (II) (n°CAS 71-48-7) et le carbonate de cobalt (II) (n°CAS 513-79-1), tous pour pour leurs propriétés cancérigènes et de reprotoxicité. |
| Classification CLP | Voir la classification CLP |
Volume de production
| France |
Mini-FTE Importer 1 600 t en 2019 (production de Nouvelle Calédonie3) [7] [3] La production était de 4 040 tonnes en 2014, a décru depuis, et les réserves sont déclarées nulles après 2019 [7]. |
|---|---|
| UE |
Mini-FTE Importer Fabrication et/ou importation dans l'espace économique européen ≥ 10 000t (donnée ECHA) |
| Monde |
Mini-FTE Importer 140 000 t.an-1 [8] |
Consommation
| Volume de consommation en France |
Mini-FTE Importer Consommation estimée à 1 558 t de cobalt métal et 2 595 t pour tous les produits bruts et intermédiaires contenant du cobalt. [1] |
|---|
Présence dans l'environnement
| Eaux de surface |
Mini-FTE Importer Le cobalt fait partie des substances pertinentes à surveiller (SPAS) au titre de l'arrêté du 25 janvier 2010, en métropole et dans les DOM (hors Réunion). Le bilan des données de surveillance des SPAS dans les eaux de surface acquises en France, de 2016 à 2018 indique [2] : - A l'échelle de la métropole : Parmi les 18 740 données acquises dans 1 286 stations de surveillance, une fréquence de quantification dans les eaux en phase dissoute de 76,4% (min : 29,1% sur le bassin Adour-Garonne ; max : 100% sur le bassin Artois-Picardie), avec une concentration médiane de 0,14 µg.L-1, une concentration moyenne de 0,23 µg.L-1, et une concentration maximale de 7,4 µg.L-1. Parmi les 2 011 données acquises dans 1 164 stations, une fréquence de quantification dans les sédiments de 100%, avec une concentration médiane de 6,80 mg/kg, une concentration moyenne de 8,12 mg/kg, et une concentration maximale de 65,0 mg/kg. - A l'échelle des départements et régions d'outre-mer (DROM) : Parmi les 6 données acquises sur 1 bassin ultramarin, une fréquence de quantification dans les sédiments de 83,3%, avec une concentration médiane de 0,11 µg.L-1. Parmi les 20 données acquises sur 2 bassins, une fréquence de quantification dans les sédiments de 95%, avec une concentration médiane de 22,4 mg/kg, et une concentration maximale de 44,3 mg/kg. |
|---|---|
| Eaux souterraines |
Mini-FTE Importer / |
| Air |
Mini-FTE Importer Les concentrations répertoriées dans l'air varient entre 0,1 et 430 pg.m-3 dans les zones les moins contaminées, entre 0,1 et 80 ng.m-3 dans les zones urbaines. Des concentrations de l'ordre du mg.m-3 ont été mesurées en milieu professionnel [10]. |
| Sols |
Mini-FTE Importer Le cobalt est naturellement présent dans les sols. Le fonds géochimique est évalué à 10 mg/kg [3] |
Réduction des émissions et substitutions
| Autres commentaires |
Mini-FTE Importer La réalisation de batteries Lithium-Ion sans cobalt est un enjeu de recherche important actuellement, en raison de la relative rareté et du prix de ce métal. Les alternatives émergentes sont réalisées à base de phosphore ou de fer.
[4] Les substances et composés énoncés entre parenthèses sont des alternatives dont la viabilité technique est mentionnée dans la littérature. Toutefois, il se peut qu'ils constituent eux-mêmes des substituts regrettables. Une analyse précise des alternatives reste à mener. |
|---|
Rejets dans l’environnement
Sources naturelles
La poussière entraînée par le vent, les éruptions volcaniques et les feux de forêts constituent les principales sources naturelles d'exposition.
Émissions anthropiques totales
Les principales sources anthropiques sont les fumées des centrales thermiques et des incinérateurs ; les échappements des véhicules à moteur thermique ; les activités industrielles liées à l'extraction du minerai et aux processus d'élaboration du cobalt et de ses composés.
Émissions atmosphériques
En 2019, les émissions industrielles de cobalt dans l'air répertoriées en France dans le registre des émissions polluantes s'élevaient à environ 11 t.an-1, dont plus de 85% provenaient de centrales thermiques ou autres installations de combustions.
Émissions vers les eaux
En 2019, les émissions industrielles de cobalt dans l'eau répertoriées dans le registre des émissions polluantes [9] s'élevaient à environ 800kg.an-1.
Lors de la dernière campagne RSDE-STEU (2017-2019), la concentration moyenne de cobalt en sortie de station s'élevait à 1,6 µg.L-1.
Émissions vers les sols
Il n'existe pas d'émission industrielle vers les sols en France répertoriée dans le registre des émissions polluantes [9].
Bibliographie
Archives
Dernière vérification le 29/03/2024
Documents
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