Identification

Numero CAS

100-42-5

Nom scientifique (FR)

Styrène

Nom scientifique (EN)

styrene

Autres dénominations scientifiques (FR)

styrène (monomère); cinnamène; Vinylbenzène; Phényléthylène; Ethénylbenzène

Autres dénominations scientifiques (Autre langues)

styrene ; benzene, ethenyl- ; benzene, vinyl- ; cinnamene ; cinnamenol ; cinnamol ; ethylene, phenyl- ; phenethylene ; phenylethene ; stirolo[it] ; styreen ; styren [cs] ; styrene, monomer ; styrol[de] ; styrole ; styrolene ; styron ; styropol ; annamene ; benzene, ethenyl-, homopolymer ; benzene, ethenyl-, homopolymer, hydrogenated ; benzene, ethylenated

Dénominations d'usage / Noms commerciaux

cinnamène

Code EC

202-851-5

Code SANDRE

1541

Numéro CIPAC

-

Formule chimique brute

\(\ce{ C8H8 }\)

Code InChlKey

PPBRXRYQALVLMV-UHFFFAOYSA-N

Code SMILES

c(cccc1)(c1)C=C

Classification CLP

Type de classification

Harmonisée

ATP insertion

CLP00/ATP06

Description de la classification

Classification harmonisée selon réglement 1272/2008 ou CLP

Mentions de danger
Mention du danger - Code H226
Mention du danger - Texte Liquide et vapeurs inflammables
Classe(s) de dangers Liquides inflammables
Libellé UE du danger -
Limites de concentration spécifique -
Facteur M -
Estimation de toxicité aigüe -
Fiche ECHA

Généralités

Poids moléculaire

104.15 g/mol

Tableau des paramètres

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Hydrosolubilité 300 mg.L-1
à 20°C
ECB (2002) Vol.27 p.88
Hydrosolubilité 320 mg.L-1
à 25°C
INERIS (2008) p.3
Densité 0.906 -
20°C
INERIS (2011) p.91
Densité 3.59 - INERIS (2008) p.3
Viscosité 0.000763 Pa.s
à 20°C
INERIS (2011) p.91
Pression de vapeur 620 Pa
à 20°C
INERIS (2008) p.3
Concentration de vapeur saturante 26 g.cm-3
à 20°C
INERIS (2008) p.3
Concentration de vapeur saturante 6005 ppm
à 20°C
INERIS (2008) p.3
Point d'ébullition 145.2 °C INERIS (2008) p.3
Point de fusion -30.6 °C ECB (2002) Vol.27 p.88
Tension superficielle 0.03086 N.m-1
à 20°C
INERIS (2011) p.91
Tension superficielle 0.03214 N.m-1
à 19°C
INERIS (2011) p.91
Constante de Henry 232 Pa.m3.mol-1 ECB (2002) Vol.27 p.88
Constante de Henry 279 Pa.m3.mol-1
à 25°C
INERIS (2011) p.91
Diffusivité dans l'air (Da) 0.071 cm2.s-1
à 25°C
INERIS (2011) p.91
Diffusivité dans l'eau (Dw) 8,00E-06 cm2.s-1
à 25°C
INERIS (2011) p.91
Coefficient de partage octanol/eau (Log Kow) 2.95 - Expérimentation US EPA (2011)
Coefficient de partage octanol/eau (Log Kow) 3.02 -
moyenne arithmétique de 3 valeurs (2.95 - 2.96 - 3.16)
INERIS (2011) p.91
Coefficient de diffusion à travers le PEHD 2.31e-07 cm2.s-1
à 20°C
INERIS (2011) p.91
Perméabilité cutanée à une solution aqueuse 0.7 cm.h-1
valeur expérimentale obtenue in vivo chez l'homme
INERIS (2011) p.91
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Bibliographie

Explosivité

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Limite inférieure d'explosivité (LIE) 1.1 % INERIS (2008) p.3
Limite supérieure d'explosivité (LSE) (% dans l'air) 6.1 % INERIS (2008) p.3
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Inflammabilité

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Point éclair 31 °C
Coupelle fermée
INERIS (2008) p.3
Température d'auto inflammation 490 °C INERIS (2008) p.3
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Bibliographie

Matrices

Milieu eau douce

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Coefficient de partage eau matière en suspension 35.2 L.kg-1
calculé à partir du Koc (TGD)
ECB (2002) Vol.27 p.88
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Milieu sédiment eau douce

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Coefficient de partage eau sédiment 17.6 L.kg-1
calculé à partir du Koc (TGD)
ECB (2002) Vol.27 p.88
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Milieu terrestre

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Coefficient de partage carbone organique/Eau (Koc) 3,52E+02 L.kg-1
Valeur calculée
INERIS (2011) p.91
Coefficient de partage carbone organique/Eau (Koc) 912 L.kg-1
mesure expérimentale
INERIS (2011) p.91
Coefficient de partage eau/sol 7.04 L.kg-1
calculé à partir du Koc (TGD)
ECB (2002) Vol.27 p.88
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Persistance

Biodégradabilité

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Biodégradabilité facilement biodégradable -
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Dégradabilité abiotique

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Photolyse 0.17 jour ECB (2002) Vol.27 p.88
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Milieu eau douce

Tableau des paramètres
Nom de valeur Valeur Température Pression Granulométrie Humidité Norme / Ligne directrice Méthode Commentaire Source
Temps de demie vie eau douce 15 jour ECB (2002) Vol.27 p.88
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Bioaccumulation

Organismes aquatiques

Organismes aquatiques
Nom Espèce Valeur Niveau trophique Taxon Matrice Stade de vie Effet Effet détaillé Durée d'exposition Méthode Norme / Ligne directrice Commentaire Source
Bioaccumulation BCF 13.48962883 - Expérimentation US EPA (2011)
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Organismes terrestres

Organismes terrestres
Nom Espèce Valeur Niveau trophique Taxon Matrice Stade de vie Effet Effet détaillé Durée d'exposition Méthode Norme / Ligne directrice Commentaire Source
Bioaccumulation BCF 74 -
ver de terre
ECB (2002) Vol.27 p.88
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Bibliographie

Introduction

L'ensemble des informations et des données toxicologiques provient de diverses monographies publiées par des organismes reconnus pour la qualité scientifique de leurs documents (IARC 1979, OMS IPCS 1983, IARC 1987, US EPA 1987, US EPA (IRIS) 1990, ATSDR 1992, US EPA (IRIS) 1993, IARC 1994, IARC 2002, ATSDR 2010). Les références bibliographiques aux auteurs sont citées pour permettre un accès direct à l’information scientifique mais n’ont pas fait l’objet d’un nouvel examen critique par les rédacteurs de la fiche.

Toxicocinétique

Chez l'homme

Absorption

Inhalation

La pénétration du styrène se produit aussi bien par inhalation que par voie cutanée. Cependant, l’inhalation est la voie d’exposition au styrène la plus fréquente.

La rétention du styrène inhalé est estimée entre 60 et 88 % pour des concentrations comprises entre 20 et 200 ppm (86 et 860 mg.m-3) (Fisevora-Bergerova and Teisinger 1965, Stewart, Hugh et al. 1968, Bardodej and Bardodejova 1970, Fernandez and Caperos 1977, Engström, Astrand et al. 1978a, Engström, Bjurström et al. 1978b, Kjellberg, Wigaeus et al. 1979, Ramsey, Young et al. 1980, Wigaeus, Löf et al. 1983, Wigaeus, Löf et al. 1984, Pezzagno, Ghittori et al. 1985, Wieczorek and Piotrowski 1985, Löf, Lundgren et al. 1986a, Löf, Lundgren et al. 1986b, Norstrom, Löf et al. 1992, IARC 1994, Johanson, Ernstgard et al. 2000, Wenker, Kezic et al. 2001a, Wenker, Kezic et al. 2001b, IARC 2002).

L’absorption cutanée de vapeurs de styrène chez des volontaires sains exposés à des concentrations de 600 ppm (2 580 mg.m-3) est faible. Elle représente 0,1-2 % de l’absorption par inhalation (Riihimaki and Pfaffli 1978).

Voie cutanée

Lors de l’application de styrène sur les avant-bras de volontaires sains à des concentrations de 66-269 mg.L-1, l’absorption cutanée est estimée à 9-15 mg.cm-2.h-1(Dutkiewicz and Tyras 1968). Lors de l’immersion d’une main de chaque volontaire pendant 10-30 minutes dans le styrène liquide, l’absorption cutanée est environ égale à 60 µg.cm-2.h-1(Berode, Droz et al. 1985). Par conséquent, l’absorption cutanée du styrène est faible, et elle dépend essentiellement de la surface de contact.

Distribution

La distribution du styrène dans l’organisme a été étudiée chez l’homme pour une exposition par inhalation.

Une exposition continue au styrène entraîne une augmentation rapide de la concentration sanguine qui peut atteindre un plateau. Le styrène se distribue largement dans l’organisme. Les concentrations les plus importantes sont mesurées dans le tissu adipeux, mais le styrène ne s’y stocke pas à long terme (Engström, Astrand et al. 1978a, Engström, Bjurström et al. 1978b).

Les concentrations en styrène dans les tissus adipeux de volontaires sains exposés par inhalation à des concentrations de 8 à 20 ppm (34 à 86 mg.m-3) sont de 2,8-8,1 mg.kg-1 en début d’exposition et 4,7-11,6 mg.kg-1 en fin d’exposition. La demi-vie du styrène dans le tissu adipeux est estimée à 2-5 jours (Chmielewski and Renke 1976, Engström, Astrand et al. 1978a, Engström, Bjurström et al. 1978b). Des travailleurs exposés à des concentrations supérieures à 50 ppm (215 mg.m-3) pendant 8 heures ont montré des concentrations sanguines de 120 à 684 µg.L-1 en fin d’exposition. Chez l’homme exposé à des concentrations de 70 ppm (300 mg.m-3) de styrène pendant 2 heures et pratiquant un exercice physique léger, des concentrations sanguines de 2 000 µg.L-1 sont obtenues après 75 minutes et des concentrations de 5 000 µg.kg-1 dans les tissus adipeux après 30-90 minutes d’exposition (Wigaeus, Löf et al. 1983).

Quelle que soit la voie d’exposition, le styrène se distribue dans le foie, les reins, le cœur, les graisses sous-cutanée, les poumons, le cerveau et la rate (Sumner and Fennell 1994).

Métabolisme

Après une exposition par inhalation, la métabolisation du styrène a lieu majoritairement dans le foie ; cependant, le styrène peut être métabolisé dans d’autres tissus, en particulier dans le poumon et la cavité nasale. Toutefois, ces sites de métabolisation restent très limités (Cruzan, Carlson et al. 2005).

Plusieurs voies de métabolisation existent pour le styrène et sont récapitulées au niveau de la figure 1 ci-après (ATSDR 2010).

La principale voie métabolique du styrène est la transformation en 7,8-oxyde de styrène par les cytochromes P450 hépatiques, en particulier les CYP 2B6, 2E1 et 1A2 (Nakajima, Elovaara et al. 1993, Kim, Wang et al. 1997). L’isoforme 2E1 est la plus active pour une exposition à de faibles concentrations et l’isoforme 2B6 est la plus active pour une exposition à de fortes concentrations. L’activité des isoformes 1A2 et 2E1 est deux fois moindre que celle de l’isoforme 2B6. Le styrène peut également être métabolisé en 7,8-oxyde de styrène par les cytochromes P450 pulmonaires (essentiellement le 2F1). L’oxyde de styrène ainsi formé est ensuite métabolisé par l’époxyde hydrolase en phényléthylène glycol qui est transformé en acide mandélique via l’alcool/aldéhyde déshydrogénase. Cet acide est lui-même métabolisé en acide phénylglyoxylique, et acide hippurique (métabolites ultimes) par l’alcool déshydrogénase (Sumner and Fennell 1994, Cruzan, Carlson et al. 2002, IARC 2002). Ces composés sont éliminés dans les urines et 95 % des métabolites urinaires excrétés à la suite d’une exposition au styrène sont dérivés du styrène glycol (acide mandélique, acide phénylglyoxylique, acide hippurique). L’acide mandélique est le principal métabolite chez l’homme, il représente 85 % de la dose absorbée. L’époxyde est très réactif et forme des liaisons covalentes avec des protéines. C’est une molécule qui pourrait être responsable d’allergies (Sjöborg, Fregert et al. 1984). Le styrène serait ainsi un pro-haptène métabolisé en oxyde au niveau de la peau.

Le 7,8-oxyde de styrène peut également être conjugué au glutathion et former de l’acide phénylhydroxyéthylmercapturique. Une voie métabolique mineure entraîne la formation de phénylacétaldéhyde à partir de la métabolisation du styrène par les cytochromes P450 en phényléthanol et acide phénylacéturique. Une autre voie métabolique mineure est possible et induit la formation de vinylphénol (Sumner and Fennell 1994, Cruzan, Carlson et al. 2002, IARC 2002).

Le polymorphisme des cytochromes P450 est à l’origine de sous-populations qui sont plus sensibles à la toxicité du styrène (Rueff, Teixeira et al. 2009).

Le métabolisme du styrène est concentration-dépendant. Chez l’homme, le métabolisme du styrène serait saturable dès 100 ppm (430 mg.m-3) (Löf and Johanson 1993). Il est supposé qu’il pourrait être stocké.

schéma du métabolisme du styrène (ATSDR 2010)

Élimination

Le styrène est presque totalement excrété dans les urines sous forme de métabolites. Cependant à fortes doses, le métabolisme est saturable. L’acide mandélique et l’acide phénylglyoxylique sont les deux principaux métabolites urinaires, leur élimination est biphasique avec des demi-vies de 10 et 26 h pour l’acide phénylglyoxylique et 4-9 h et 17-26 h pour l’acide mandélique. (Bond 1989, Sumner and Fennell 1994).

Seuls 0,7 à 2,2 % du styrène inhalé sont exhalés sous forme inchangée chez 4 sujets exposés à 50 ppm (215 mg.m-3) pendant 2 h (Johanson, Ernstgard et al. 2000). De faibles quantités de styrène non métabolisé sont également retrouvées au niveau des urines (Pezzagno, Ghittori et al. 1985, Gobba, Galassi et al. 1993).

Chez l'animal

Absorption

Inhalation

Lors d’exposition par inhalation à des concentrations de 50 à 2 000 ppm (215 à 8 600 mg.m-3) de styrène chez les rats, l’absorption est rapide et proportionnelle à la concentration en styrène dans l’air. Cependant, les concentrations sanguines de styrène atteignent un plateau après 6 à 8 heures lors d’exposition à des concentrations de 80 à 1 200 ppm (344 à
5 160 mg.m-3) pendant 24 heures
(Ramsey and Young 1978, Withey and Collins 1979).

Voie orale

L’absorption par le tractus gastro-intestinal est rapide et complète chez le rat. En quelques minutes, le pic plasmatique de 6 µg.mL-1 est atteint après administration d’une solution aqueuse de styrène à des concentrations de 315 µg.mL-1. Cette absorption est réduite lorsque le styrène est administré dans les huiles végétales (Withey 1976).

Voie cutanée

L’absorption cutanée de vapeurs de styrène a été étudiée chez des rats mâles Fischer 344 par inhalation (McDougal, Jepson et al. 1990). Pour des expositions à des doses de 3 000 ppm (12 900 mg.m-3) pendant 4 h la concentration sanguine maximale est environ 10 µg.mL-1 et la constante de perméabilité de 1,753 cm.h-1. Lors d’une exposition mixte (inhalation et cutanée), l’absorption cutanée correspond à 9,4 % de l’absorption totale.

Distribution

La distribution dans l’organisme du styrène chez les rats exposés par inhalation a essentiellement lieu dans les tissus riches en graisses. Selon les études, les concentrations les plus élevées sont mesurées dans les reins, le foie, le pancréas, le cerveau ainsi que dans les graisses périrénales où les concentrations sont 10 fois plus importantes que pour les autres tissus ou organes (Plotnick and Weigel 1979, Teramoto and Horiguchi 1979, Löf, Gullstrand et al. 1983, Löf, Gullstrand et al. 1984). Le styrène se distribue dans les fœtus de rattes gestantes exposées par inhalation à des concentrations beaucoup plus importantes que celles mesurées dans les tissus et organes maternels (Withey and Karpinski 1985).

Lors de l’administration par voie orale de 20 mg.kg-1, chez les rats mâles et femelles, la concentration la plus importante est retrouvée dans les reins. Tous les tissus présentent des concentrations inférieures à 1 µg.g-1 après 24 heures d’exposition et après 72 heures les concentrations sont inférieures aux limites de détection (Plotnick and Weigel 1979).

L’exposition par voie cutanée a été étudiée chez les rats en immergeant leur queue dans une solution de styrène pendant 1 heure (Shugaev 1969). Les concentrations dans le foie et le cerveau représentent 50 à 70 % des concentrations retrouvées dans ces mêmes organes après une exposition par inhalation à des concentrations de 11,8 mg.m-3 pendant 4 heures.

Métabolisme

Le styrène est essentiellement métabolisé en 7,8-oxyde de styrène par les cytochromes P450 hépatiques. Chez l’animal, les isoformes 1A1 et 2B1 sont les plus actives. Le styrène peut également être métabolisé en 7,8-oxyde de styrène par les cytochromes P450 pulmonaires (essentiellement le 2F2 et le 2E1). Le 7,8-oxyde de styrène est métabolisé en acide mercapturique, excrété dans les urines sous la forme d’acide hydroxymercapturique. Cette voie métabolique est mineure chez l’homme (environ 1 %) mais importante chez le rat (40 %). Il s’agit d’une différence majeure entre les mécanismes d’action observés chez l’homme et l’animal.

Le 7,8-oxyde de styrène peut être également métabolisé en styrène glycol puis en acide mandélique, acide phénylglyoxylique, et acide hippurique. Comme chez l’homme, cette voie est majeure chez le rat et la souris (50 à 70 %) (Sumner and Fennell 1994, Cruzan, Carlson et al. 2002, IARC 2002).

D’autres voies métaboliques mineures sont suspectées ou décrites (Pfäffli, Hesso et al. 1981, Sumner and Fennell 1994). Comme chez l’homme, le métabolisme du styrène est saturable chez la souris et le rat au-dessus de 200 ppm (860 mg.m-3) (Ramsey and Andersen 1984).

La métabolisation du styrène peut être diminuée par la présence d’autres composés chimiques tels que le toluène, le trichloroéthylène, l’éthyl-benzène et le 1,3-butadiène (Ikeda, Otsuji et al. 1972, Ikeda and Hirayama 1978, Leavens, Moss et al. 1996).

Élimination

Le styrène est majoritairement éliminé dans les urines sous forme de métabolites : chez le rat, après administration sous cutanée, 85 % sont retrouvés dans les urines, 2 % dans les fèces et 12 % sont exhalés (Sumner and Fennell 1994).

Synthèse

Chez l’homme, le styrène est rapidement absorbé par inhalation (60-88 %) et dans une moindre mesure par voie cutanée et orale. Après absorption, le styrène est rapidement distribué. Il s’accumule principalement dans les tissus adipeux et dans de plus faibles proportions dans le foie, les reins, le cœur, les poumons, le cerveau et la rate. La métabolisation du styrène a lieu essentiellement dans le foie par les cytochromes P450 et forme du styrène 7,8-oxyde. Les acides mandélique et phénylglyoxylique sont les deux principaux métabolites et représentent respectivement 85 % et 10 % du styrène absorbé. Ces métabolites sont éliminés dans les urines et seul 0,7-2,2 % du styrène inhalé sont exhalés non métabolisés.

Chez l’animal, les voies majeures de métabolisation sont différentes de celles chez l’homme. Les acides mandélique et phénylglyoxylique ne représentent que 50 à 70 % du styrène absorbé. Une autre voie de métabolisation représente environ 40 % du styrène absorbé, avec formation d’acide mercapturique, excrété dans les urines sous la forme d’acide hydroxymercapturique. Le styrène est majoritairement éliminé dans les urines sous forme de métabolites, et dans de plus faibles proportions par exhalation et dans les fèces.

Toxicité aiguë

Chez l'homme

Chez 9 volontaires sains exposés au styrène pendant 1 heure à des concentrations variant de 50 à 375 ppm (215 à 1 612 mg.m-3), aucun signe objectif n’est signalé pour des concentrations inférieures à 100 ppm (430 mg.m-3). Après 20 minutes d’exposition à 216 ppm (930 mg.m-3), un sujet relate une irritation nasale. Dans une même série d’études, 6 volontaires exposés
7 heures à 100 ppm (430 mg.m-3) se sont plaints d’une légère et transitoire irritation des yeux et de la gorge, de nausées et de céphalées
(Stewart, Hugh et al. 1968). Les cas de nausées observées sont probablement secondaires aux effets sur le système nerveux central.

Chez 2 sujets exposés pendant 4 heures à 800 ppm (3 440 mg.m-3) une irritation oculaire et des muqueuses, des vertiges, un malaise ainsi que des troubles de l’équilibre ont été rapportés (Carpenter, Shaffer et al. 1944).

Dans l’expérience de Hake et al. (1977), l’exposition jusqu’à 100 ppm (430 mg.m-3) pendant 7 heures n’induit pas d’effet sur l’équilibre, le test de Romberg[1] et les fonctions cognitives (Hake, Stewart et al. 1977). Des modifications de l’électro-encéphalogramme (EEG), pouvant indiquer une dépression du système nerveux central, sont observées ainsi que des modifications des potentiels évoqués visuels. Cependant, ces modifications de l’EEG étaient hétérogènes entre individus.

Une exposition à 350 ppm (1 505 mg.m-3) pendant 2 heures n’entraîne que des effets mineurs sur les fonctions psychomotrices (Gamberale, Lisper et al. 1976).

Les troubles vestibulo-oculomoteurs (Odkvist, Larsby et al. 1982) ont été recherchés dans un groupe de 5 hommes et 5 femmes volontaires qui n’avaient présenté aucune pathologie de cet ordre. Les sujets ont été exposés au styrène pendant une heure à des concentrations variant entre 87 et 139 ppm (374 et 597 mg.m-3). Aucune anomalie n’a été détectée avant l’exposition à l’examen électro-nystagmographique (enregistrement des mouvements oscillatoires et quelques fois rotatoires du globe oculaire). Pendant l’exposition, les sujets étaient soumis à un « léger » effort physique sur une bicyclette. Les seuls effets observés sont des troubles visuels (diminution de l’acuité visuelle et une accélération de la saccade de réaction de l’œil à la lumière). Ces résultats indiquent un léger effet sur le système nerveux central.

Globalement, il est difficile de tirer des conclusions des diverses expériences explorant la neurotoxicité aiguë du styrène en raison de la variété des tests utilisés et des modalités d’exposition. Les expositions jusqu’à 150 ppm (645 mg.m-3) (Rebert and Hall 1994) peuvent être considérées comme sans effet.

Dans le but initial de mimer un scénario d’exposition professionnel dans l’industrie du plastique renforcé à la fibre de verre (fortes expositions au styrène sur de courtes périodes), un groupe de 42 volontaires (hommes de 20 à 50 ans, fumeurs et non-fumeurs) ont été exposés par inhalation au styrène dans une chambre dans laquelle les concentrations en styrène sont contrôlées toutes les 2 à 5 minutes par une chromatographie gazeuse couplée à un détecteur à ionisation de flamme (Vyscocil et al., 2002 ;(Ska, Vyskocil et al. 2003). Les différents scénarios d’exposition sont les suivants : 1 ppm (4,3 mg.m-3) à concentration constante, 24 ppm (103,2 mg.m-3) à concentration constante, 24 ppm (103,2 mg.m-3) avec 4 pics de 15 minutes à 49 ppm (210,7 mg.m-3), 49 ppm (210,7 mg.m-3) à concentration constante, 49 ppm (210,7 mg.m-3) avec 4 pics de 15 minutes à 98 ppm (421,4 mg.m-3), pendant 6 heures. Les sujets sont exposés à 6 occasions (3 concentrations stables + 2 concentrations variables) avec une période de 2 semaines entre chaque exposition. Avant et après exposition, les individus sont soumis à une batterie de tests visuels (couleur, contraste), olfactifs, neuropsychologiques (temps de réaction, attention, mémoire, fonction psychomotrice) et à un questionnaire d’auto-évaluation (humeur et symptômes). Les résultats pris en compte dans l’étude ont concerné uniquement les sujets ayant participé à tous les scénarios d’exposition, soit 24 des 42 volontaires. Les résultats montrent que l’exposition à des concentrations moyennes de 24 ppm et de 49 ppm, diffusées de manière stable ou avec des pics, n’influence pas les performances neurosensorielles des sujets. Ni l’olfaction, ni la vision des couleurs, ni la discrimination des contrastes ne sont altérées par l’absorption à ces concentrations de styrène. Un NOAEL de 49 ppm (210,7 mg.m-3) a été déterminé.

 

[1] Le test de Romberg consiste à réduire la base d’appui du corps en faisant joindre les pieds à l’individu. En fermant les yeux, on supprime toute information visuelle. L’équilibre dépend alors de l’intégrité fonctionnelle des labyrinthes et du système proprioceptif.

Chez 84 résidents d’un immeuble exposés à des concentrations de 900 µg.L-1
(0,026 mg.kg-1.j-1) de styrène dans l’eau potable pendant 3 jours, les symptômes les plus fréquents étaient une irritation de la gorge, du nez, des yeux, de la peau, ainsi que des douleurs abdominales
(Arnedo-Pena, Bellido-Blasco et al. 2003).

Le styrène a un effet irritant, asséchant et dégraissant. Après une exposition directe à des vapeurs ou du liquide, une irritation oculaire peut survenir. Une hyperhémie (congestion locale) conjonctivale modérée et une légère atteinte de l’épithélium cornéen après projection oculaire de styrène ont été observées (Grant 1984).

Chez l’homme, l’exposition aiguë à des vapeurs de styrène provoque principalement des effets neurologiques (troubles de l’équilibre, malaises, vertiges, troubles vestibulo-oculomoteurs, diminution de l’acuité visuelle, modifications de l’EEG), une irritation des voies respiratoires supérieures, une irritation oculaire, des nausées, et des céphalées. Par ingestion, à fortes doses, le styrène provoque une irritation de la gorge, du nez, des yeux, de la peau ainsi que des douleurs abdominales. Par voie cutanée, le styrène est irritant pour la peau et les yeux en cas de projection.

Chez l'animal

La toxicité aiguë du styrène, après exposition par inhalation est généralement faible chez le rat, le cobaye et certaines souches de souris.

Des CL50 de 2 770 ppm (11 911 mg.m-3) chez le rat (4 heures d’exposition) et de 4 930 ppm (21 200 mg.m-3) chez la souris (2 heures d’exposition) sont rapportées (Shugaev 1969).

Dans une étude menée chez le cobaye, une mortalité de 10 % est observée après une exposition à 1 445 ppm (6 213 mg.m-3) pendant 3 heures. La plus forte concentration provoque de sérieux troubles systémiques pour une exposition de 8 heures à 1 300 ppm (5 590 mg.m-3) (Spencer, Irish et al. 1942). La perte de conscience survient à 2 500 ppm (10 750 mg.m-3) en 10 heures, à 5 000 ppm (21 500 mg.m-3) en 1 heure et à 10 000 ppm (43 000 mg.m-3) en quelques minutes. A l’autopsie, une congestion, un œdème et des signes hémorragiques sont notés au niveau des poumons.

Une étude réalisée chez des rats exposés à des concentrations de 1 000 ppm (4 300 mg.m-3),
6 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant 4 semaines, a montré une diminution significative des concentrations en métabolites extracellulaires acides (acide dihydroxyphénylacétique, acide homovanillique, acide 5-hydroxyindolacétique). Aucun effet n’a été observé pour des concentrations de 750 ppm (3 225 mg.m-3)
(Gagnaire, Chalansonnet et al. 2006).

Les signes de toxicité chez le rat et le cobaye sont une irritation marquée des muqueuses oculaires et nasales, un manque de coordination, des tremblements, des convulsions et une perte de conscience. Les décès observés chez ces animaux sont généralement la conséquence des effets sur le système nerveux central.

Morgan et al. (1993a) ont montré que certaines souches de souris (B6C3F1) sont plus sensibles que le rat. Chez les mâles, 8 souris sur 27 exposées par inhalation sont mortes à 500 ppm (2 150 mg.m-3) et 11 sur 25 à 250 ppm (107 à 1 075 mg.m-3) sont notés après 6 heures d’exposition. Peu de décès sont observés chez les femelles. A l’autopsie, une nécrose centro-lobulaire du foie est observée. A 125 ppm (538 mg.m-3), aucun décès et aucun effet sur le foie n’est observé (Morgan, Mahler et al. 1993a). Une autre étude confirme ces données et montre que la souris est l’espèce la plus sensible aux effets toxiques du styrène. Une mortalité et une toxicité marquée sur le foie sont observées à partir de 250 ppm (1 075 mg.m-3), tandis que des changements mineurs sont observés à 60 ppm (260 mg.m-3) dans une étude de 14 jours. La NOAEC pour la souris est de 15 ppm (65 mg.m-3) (Kenny 1992).

Il est intéressant de noter le niveau sanguin élevé en 7,8-oxyde de styrène pour des expositions à des concentrations supérieures à 200-300 ppm (860-1 290 mg.m-3), mais les concentrations de ce métabolite ne sont pas corrélées avec la toxicité sur les différentes souches de souris (Morgan, Mahler et al. 1993b).

Dans une étude de Niklasson et al. (1993), cherchant à évaluer chez le rat l’impact sur le système vestibulo-moteur après une exposition de 857 à 5 190 ppm
(3 685 - 22 317 mg.m-3), un nystagmus est observé à toutes les doses
(Niklasson, Tham et al. 1993).

Une étude réalisée sur des rats exposés à des concentrations de 1 000 ppm (4 300 mg.m-3) de styrène, 6 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant 4 semaines, a montré une perte d’audition ainsi qu’une perte de cellules ciliées dans l’organe de Corti (Campo, Lataye et al. 2001, Lataye, Campo et al. 2003).

La toxicité aiguë du styrène, après exposition par voie orale, est généralement faible chez le rat, le cobaye et certaines souches de souris.

Des valeurs de DL50 de 5 000 mg.kg-1 sont rapportées chez le rat. Une exposition à 8 000 mg.kg-1 entraîne la mort de tous les animaux (Spencer, Irish et al. 1942, Wolf, Rowe et al. 1956).

Dans une étude réalisée chez les rats, exposés à 800 mg.kg-1 de styrène par gavage, pendant
7 jours, une diminution du nombre de cellules ciliées cochléaires associée à une perte partielle d’audition est observée. Chez des rats exposés à des concentrations de 200 mg.kg-1 pendant 3 semaines, 6 jours par semaine, seule une légère diminution d’audition est observée
(Chen, Chi et al. 2007).

Une étude réalisée chez les rats mâles, exposés par gavage à 100 et 200 mg.kg-1.j-1 de styrène, pendant 14 jours (Husain, Srivastava et al. 1985). L’activité motrice spontanée pendant une période de 10 minutes a été mesurée 24 heures après l’exposition à la dernière dose. Ensuite, une dose de 2,5 mg.kg-1 d’amphétamine a ensuite été administrée par injection intrapéritonéale et l’activité motrice induite par l’amphétamine a été mesurée. Des tests d’apprentissage ont été réalisés deux jours après la fin de l’exposition. Les concentrations de noradrénaline, la dopamine, et les niveaux de sérotonine ont été mesurés dans sept régions du cerveau. Cette étude a montré des troubles de l’apprentissage pour chaque concentration. Les taux de sérotonine dans l’hippocampe, l’hypothalamus et le mésencéphale étaient significativement augmentés pour les rats exposés à 200 mg.kg-1.j-1 de styrène. Les taux élevés de sérotonine dans ces régions du cerveau pourraient expliquer les troubles d’apprentissage observés (Husain, Srivastava et al. 1985).

Aucune étude de toxicité aiguë par voie cutanée n’est rapportée.

Les données chez l’animal confirment les informations chez l’homme. Toutefois, l’exposition à d’importantes concentrations par inhalation a également mis en évidence une nécrose hépatique centro-lobulaire, une perte d’audition, des convulsions, des tremblements, une perte de conscience, ainsi qu’une atteinte pulmonaire (œdème et signes hémorragiques).

Toxicité à doses répétées

Effets généraux

Chez l'homme

Toxicité pulmonaire

L’inhalation chez les travailleurs exposés au styrène peut induire une irritation des voies respiratoires. Chez 4 travailleurs sur 21 exposés pendant 10 ans, un trouble obstructif des voies respiratoires a été constaté (Chmielewski and Renke 1976). Trois cas d’asthme associés au styrène sont également rapportés.

Toxicité neurologique

Le styrène est décrit comme neurotoxique du système nerveux central, du système nerveux périphérique et du système nerveux autonome.

Les expositions professionnelles au styrène ont été associées à :

-  des nausées, des vertiges, une ébriété, des céphalées, des pertes de l’équilibre et des troubles de la coordination (Harkonen 1977, Lilis, Lorimer et al. 1978)

- des troubles de l’EEG (Seppalainen and Harkonen 1976, Rosen , Haeger-Aronsen et al. 1978, Murata, Araki et al. 1991). Murata et al. (1991) a mis en évidence des altérations du système nerveux autonome en réalisant des ECG qui montrent une diminution de l’espace RR.

Une élévation significative de la prévalence des perturbations électroencéphalographiques est décelable quand l’excrétion urinaire de l’acide mandélique dépasse 1,2 g.L-1 (ce qui correspondrait à une exposition de l’ordre de 55 ppm soit 236 mg.m-3).

Certaines études, polonaises (Dolmierski, Kwiatkowski et al. 1976) et tchécoslovaques (Klimkova-Deutschova, Jandova et al. 1973, Hruba, Salcmanova et al. 1975), confirment ces observations tandis que d’autres études infirment ces résultats (Rosen , Haeger-Aronsen et al. 1978).

- un léger allongement de la vitesse de conduction nerveuse (Lilis, Lorimer et al. 1978, Rosen , Haeger-Aronsen et al. 1978, Cherry and Gautrin 1990, Murata, Araki et al. 1991, Stetkarova, Urban et al. 1993). Plusieurs auteurs ont décrit des neuropathies périphériques induites par le styrène (Behari, Choudhary et al. 1986, Gobba, Galassi et al. 1991, Fung and Clark 1999).

Les expositions sont données dans le tableau suivant :

Pays

Niveau moyen

sur 8 h

Exposition

Durée moyenne

Nombre de salariés

Auteurs

USA

non déterminé

20 ans

488

(Lilis, Lorimer et al. 1978)

Canada

> 50 ppm (215 mg.m-3)

Quelques semaines à 20 ans

70

(Cherry and Gautrin 1990)

Japon

30 ppm

(129 mg.m-3)

5 ans

11

(Murata, Araki et al. 1991)

Tchécoslovaquie

33-136 ppm

(142-585 mg.m-3)

11 ans

20

(Stetkarova, Urban et al. 1993)

Suède

5-125 ppm
(21-537 mg.m-3)

9 ans

33

(Rosen , Haeger-Aronsen et al. 1978)

Ces effets n’ont pas été confirmés dans l’étude de Triebig et al. (1985) où 11 salariés ont été exposés en moyenne pendant 4 ans à une concentration de 92-114 ppm (395-490 mg.m-3) (moyenne sur 8 h) (Triebig, Schaller et al. 1985).

Différentes études finlandaises (Seppalainen and Harkonen 1976, Harkonen 1977, Harkonen, Lindstrom et al. 1978), dans lesquelles 98 salariés ont été exposés pendant 5 ans à au moins 50 ppm, (215 mg.m-3) ne confirment pas la réduction de la vitesse de conduction de l’influx nerveux.

- des troubles de la vision, en particulier une atteinte de la vision des couleurs. Gobba et al. (1991) ont mené une étude en Italie comparant 75 professionnels exposés au styrène à 60 sujets témoins. Ils observent une altération de la vision des couleurs chez les travailleurs (Gobba, Galassi et al. 1991). En France, Fallas et al. (1992) ont mené une étude chez 60 hommes de la construction navale comparés à 60 sujets témoins. La concentration moyenne atmosphérique de styrène durant l’étude a été de 24,3 ppm (105 mg.m-3), la concentration moyenne d’acide mandélique de 230 mg.g-1 de créatinine. Une différence statistiquement significative dans les erreurs pour les couleurs bleu-jaune et rouge-vert a été observée (Fallas, Fallas et al. 1992). Dans une étude menée au Canada chez 81 ouvriers travaillant avec du styrène, Campagna et al. (1995) trouvent une relation positive entre l’exposition au styrène et la diminution de la vision des couleurs après ajustement avec l’âge, la consommation d’alcool, et l’ancienneté. Trente pour cent des employés présentaient une vision anormale des couleurs, 22 portant sur les couleurs bleu-jaune, un sur les couleurs rouge-vert et deux sur ces deux groupes (Campagna, Mergler et al. 1995). Reprenant les données de Gobba et les leurs, Campagna et al. (1996) estiment que l’atteinte visuelle peut être mise en évidence au-dessus de 4 ppm (17 mg.m-3) de styrène (Campagna, Gobba et al. 1996). Dans une étude plus récente, une corrélation significative entre une atteinte de la vision des couleurs et la concentration urinaire en acide mandélique a été observée chez 105 ouvriers mâles exposés en moyenne pendant 6,2 ans au styrène. Les ouvriers présentant des concentrations urinaires en acide mandélique supérieures à 0,1 g.L-1 (correspondant à une exposition à des concentrations de 4 ppm de styrène) ont montré une atteinte de la vision des couleurs (Kishi, Eguchi et al. 2001). Deux études ont montré que l’atteinte de la vision des couleurs chez des travailleurs exposés aux styrène était susceptible de régresser à la suite d’une diminution des concentrations en styrène (Castillo, Baldwin et al. 2001, Triebig, Stark et al. 2001).

Une étude transversale (Mutti et al., 1984b) a porté sur un collectif de 50 travailleurs exposés au styrène en moyenne 8 heures par jour à des concentrations de 10 à 300 ppm (43 à 1 300 mg.m-3) de styrène pendant 8,6 ans et un groupe de 50 employés non-exposés après appariement sur l’âge, l’éducation et un test de vocabulaire. L’étude a mis en évidence une altération de l’apprentissage des mots chez les travailleurs ayant des taux urinaires de la somme des acides mandélique et phénylglyoxylique (métabolites urinaires du styrène) supérieurs à 200 mg.g-1 créatinine (150 mmol.mol-1 de créatinine) et une altération de la mémoire logique et des troubles de la perception visuelle chez les travailleurs ayant des taux urinaires d’acides mandélique et phénylglyoxylique supérieurs à 400 mg.g-1 créatinine (300 mmol.mol-1 de créatinine) (Mutti et al., 1984b).

Dans une méta-analyse regroupant plusieurs études épidémiologiques, Benignus et al. (2005) ont montré qu’il existait une relation statistiquement significative entre l’exposition au styrène et l’altération de la vision des couleurs. Chez les travailleurs exposés pendant 8 années à 20 ppm de styrène, une augmentation significative de l’indice de confusion des couleurs est observée (Benignus, Geller et al. 2005). Les concentrations en styrène sont évaluées à partir des concentrations urinaires en acide mandélique.

- des troubles de l’audition. Dans une étude chez 18 salariés exposés en moyenne 8 heures par jour à des concentrations de 12 à 24 ppm (52 à 103 mg.m-3) de styrène pendant 10,8 ans, il n’a pas été montré d’effets neurologiques cliniquement décelables, mais les tests auditifs ont indiqué une légère diminution de l’audition dans les hautes fréquences (Moller, Odkvist et al. 1990).

La même observation pour une exposition de 33 ppm (142 mg.m-3) pendant 8,6 ans a été faite dans une autre étude (Muijser, Hoogendijk et al. 1988).

Dans une étude plus récente, des pertes d’audition ont été observées chez des travailleurs exposés à des concentrations moyennes de 16 ppm (69 mg.m-3) (Sliwinska-Kowalska, Zamyslowska-Szmytke et al. 2003). Des pertes auditives pour des seuils de 2, 3, 4 et 6 kHz chez les travailleurs exposés à des concentrations moyennes de 4 ppm (0,05 à 22 ppm soit de 0,2 à 95 mg.m-3) ont également été observées (Morata, Johnson et al. 2002).

- des troubles neuro-comportementaux. Les effets neuro-comportementaux sont évalués par des tests définis par l’OMS ou préconisés par d’autres organismes. Ces tests portent généralement sur un ou plusieurs des aspects suivants : temps de réaction, dextérité manuelle, qualité de la mémoire, rapidité motrice, perception visuelle. Les études épidémiologiques ont été effectuées chez des salariés dans différents pays (France, USA, Suède, Allemagne, Italie, Canada, Japon).

Les caractéristiques de ces études sont :

- le niveau moyen d’exposition sur 8 heures est inférieur à 50 ppm (215 mg.m-3),

- la durée d’exposition n’est pas toujours précisée ou déterminée. Elle varie de 1 à 25 ans et se situe en moyenne à 5 ans,

- le nombre de salariés exposés pour chaque étude varie de 7 à 105 personnes.

Les effets observés portent sur :

  - un accroissement du temps de réaction,

  - une diminution de la mémoire,

  - une diminution de la rapidité motrice,

  - une diminution de la perception visuelle.

Il convient de souligner que, dans plusieurs études, aucun effet n’est observé.

Le tableau, ci-après, résume les principales études.

Pays

Exposition

Niveau moyen sur 8 h

Exposition

Durée moyenne

Exposition

Nombre de salariés

Effets critiques observés

Auteurs

France

23 ppm

(4-55 ppm)

> 5 ans

30

­ temps de réaction

¯ test de mémoire

Jegaden et al., 1993

24 ppm

(pic à 469 ppm)

6,5 ans

60

­ temps de réaction

> 10 ans : ¯ de mémoire

Fallas et al., 1992

USA

13,5 ppm

(pic > 100 ppm)

4,6 ans

105

¯ rapidité motrice relation

dose-effet, performances plus

faibles pour exposition > 50 ppm

Letz et al., 1990

Italie

10-300 ppm

8,6 ans

50

Relation dose-réponse : mémoire

visuelle, perception visuelle,

temps de réaction

Mutti et al., 1984b

Allemagne

18 ppm

(3-25 ppm)

non déterminé

23

pas de différence avec groupe

témoin

Triebig et al., 1989

20 ppm

non déterminé

40

pas de différence avec groupe

témoin

Seeber et al., 2004

Suède

8,6 ppm

(0,04-50 ppm)

1 à 25 ans

20

pas de différence avec groupe

témoin

Edling et al., 1993

12 ppm

non déterminé

21

tests normaux sauf :

¯ dextérité manuelle

Flodin et al., 1989

16-101 ppm

(pic 280 ppm)

2,7 ans

106

 ­ temps de réaction

Gamberale et al., 1976

3-14 ppm

non déterminé

7

légère ­ temps de réaction

Kjellberg et al., 1979

10-13 ppm

 2,5 ans

12

pas de différence

Mackay et Kelman, 1986

Japon

26 ± 24 ppm

(1-77 ppm)

co-exposition :

acétone et MEK (méthyl éthyl cétone)

4 ans

12

tests normaux sauf :

¯ test perception

Yokoyama et al., 1992

Canada

> 50 ppm

Quelques semaines à 20 ans

70

 ­ temps de réaction

Cherry et Gautrin, 1990

L’allongement du temps de réaction est corrélé à la concentration urinaire en acide mandélique (Mutti, Vescovi et al. 1984a, Cherry and Gautrin 1990). La diminution de la concentration en acide mandélique s’accompagne d’une diminution du temps de réaction.

Dans une méta-analyse regroupant plusieurs études épidémiologiques, il a été montré qu’il existait une relation statistiquement significative entre l’exposition au styrène et l’allongement du temps de réaction. Chez les travailleurs exposés pendant 8 années à 20 ppm de styrène, une augmentation significative de 6,5 % du temps de réaction est observée (Benignus, Geller et al. 2005).

- des troubles olfactifs. Dans une étude réalisée chez les travailleurs exposés à des concentrations de 25 ppm (108 mg.m-3) de styrène pendant au minimum 4 ans, aucune altération de la fonction olfactive n’a été observée (Dalton, Cowart et al. 2003).

Effets neuroendocriniens

Une augmentation des taux sériques en prolactine a été observée dans plusieurs études (Luderer, Tornero-Velez et al. 2004, Umemura, Kurahashi et al. 2005).

Systèmes hématolotogique et immunitaire

Il n’est pas noté de modification du système hématopoïétique et du système immunitaire (Chmielewski and Renke 1976, Lorimer, Lilis et al. 1976, OMS IPCS 1983). Il a été constaté une diminution du nombre d’érythrocytes, mais les travailleurs étaient exposés à d’autres composés (Thiess and Friedheim 1979).

Cependant, une étude a constaté une faible diminution des polynucléaires neutrophiles ou de la concentration moyenne en hémoglobine (CCMH) chez des sujets exposés au styrène à des concentrations supérieures à 90 ppm (387 mg.m-3) (Stengel, Touranchet et al. 1990). Bien que les différences par rapport aux valeurs normales soient faibles, une relation dose-réponse entre la diminution de la CCMH et l’augmentation du métabolite urinaire a été observée.

Effets hépatiques

Plusieurs études ont rapporté des augmentations de certaines enzymes hépatiques (Axelson and Gustavson 1978, Thiess and Friedheim 1979, Hotz, Guillemin et al. 1980) au cours d’expositions professionnelles au styrène. Cependant, l’OMS-IPCS (1983) souligne que la causalité est incertaine. Plus récemment, il a été mis en évidence une augmentation des niveaux de bilirubine sanguine et des activités alanine et aspartate transaminases hépatiques lors d’exposition au styrène (Brodkin, Moon et al. 2001).

Effets rénaux

L’effet sur les enzymes rénales est mineur et discuté. Si, une étude montre une augmentation de taux d’alanine aminopeptidase et de N-acétyl- glucosaminidase dans l’urine de travailleurs exposés

au styrène (Aliberti and Severini 1987), d’autres ne retrouvent aucune anomalie (Lorimer, Lilis et al. 1976, Thiess and Friedheim 1979, Viau, Bernard et al. 1987, Vyskocil, Emminger et al. 1989).

Pas de donnée disponible

Des expositions répétées entraînent des irritations de la peau (FT INRS, 2019).

Chez l’homme, l’exposition chronique au styrène provoque principalement des effets neurologiques (altération de l’équilibre, augmentation des temps de réaction et des vitesses de conduction nerveuse, troubles de l’audition,…) mais également des effets pulmonaires (irritation des voies respiratoires supérieures), hématologiques, et hépatiques (augmentation des enzymes hépatiques).

Chez l'animal

La plupart des données disponibles sont issues d’études expérimentales menées par inhalation, et quelques données par voie orale permettent de compléter ces informations.

Les principaux effets observés lors de l’exposition au styrène sont : une atteinte du système nerveux central, une ototoxicité, une toxicité du système respiratoire et une hépatotoxicité.

Effets sur le système nerveux central

Des atteintes du système nerveux central sont observées (Vettori, Corradi et al. 2000). Elles correspondent à une perte cellulaire et à une déplétion en dopamine sur des rétines issues de rates Sprague Dawley exposées à 300 ppm (1 290 mg.m-3) de styrène, 6 heures par jour, 5 jours par semaine pendant 12 semaines. Dans une autre étude, une augmentation de la concentration des protéines des cellules gliales est mesurée au niveau des régions du cerveau : cortex moteur et hippocampe chez des rats Sprague Dawley exposés en continu à 320 ppm (1 376 mg.m-3) de styrène pendant 3 mois puis non exposés pendant 4 mois (Rosengren and Haglid 1989). Enfin, une autre étude rapporte des effets neuro-comportementaux correspondant à une atteinte modérée chez des rats exposés à des concentrations de 1 400 ppm (6 020 mg.m-3) de styrène 16 heures par jour, 5 jours par semaine pendant 18 semaines. Cette période d’exposition est suivie par une période de
6 semaines sans exposition qui a permis de montrer la réversibilité de ces effets
(Kulig 1989).

Ototoxicité

Une ototoxicité est décrite chez le rat par plusieurs auteurs pour des durées expositions courtes (Pryor, Rebert et al. 1987, Albee and et al. 1992, Yano, Dittenber et al. 1992, Crofton, Lassiter et al. 1994). L’exposition de rats Long Evans mâles à des concentrations de 850 et 1 000 ppm (3 655 et 4 300 mg.m-3) de styrène 6 heures par jour, 5 jours par semaine pendant 4 semaines induit une perte permanente d’audition pour des fréquences moyennes de 16 kHz.

Effets sur le tractus respiratoire

Une toxicité pulmonaire est rapportée chez des rats exposés au styrène par inhalation (Ohashi, Nakai et al. 1985). Les effets observés correspondent à des altérations de l’épithélium nasal et trachéal chez des rats exposés à des concentrations de 800 ppm (3 440 mg.m-3) de styrène 4 heures par jour pendant 8 semaines. Ceci est suivi d’une période de 3 semaines sans exposition. Les altérations comprennent une vacuolisation des cellules épithéliales, une pycnocytose nucléaire[1] et une exfoliation des cellules épithéliales. A la concentration de 30 ppm (130 mg.m-3), les altérations observées sont moins sévères et se limitent à la muqueuse nasale. L’exposition de rats à des concentrations de 150 ppm (645 mg.m-3) de styrène pendant 4 heures par jour, 5 jours par semaine pendant 3 semaines, a montré une diminution de l’activité de cellules ciliées nasales et trachéales (Ohashi, Nakai et al. 1986). Après une période de repos de 12 semaines, l’activité des cellules ciliées redevient similaire à celle observée chez les témoins.

Une hyperplasie de l’épithélium de la cavité nasale est observée dans une étude de 13 semaines chez des rats exposés à des concentrations de 1 000 ppm (4 300 mg.m-3) et aucune altération histologique n’est observée pour des concentrations de 500 ppm (2 150 mg.m-3). Lors d’une exposition de longue durée (104 semaines) à des concentrations de 50 ppm (215 mg.m-3) chez les rats, une atrophie et/ou une dégénérescence de l’épithélium nasal olfactif ont été observées (Cruzan, Cushman et al. 1997, Cruzan, Cushman et al. 1998).

Les souris sont plus sensibles que les rats à la toxicité respiratoire du styrène. Une exposition à des concentrations de 50 ppm (215 mg.m-3) de styrène pendant 13 semaines chez les souris a entraîné une atrophie de l’épithélium nasal olfactif, une hypertrophie et une hyperplasie des glandes de Bowman (Cruzan, Cushman et al. 1997). Pour une concentration de 100 ppm (430 mg.m-3), il a été observé une atrophie des fibres du nerf olfactif. Une étude de plus longue durée effectuée chez des souris exposées à des concentrations de 20 ppm (86 mg.m-3) pendant 2 ans, a montré une métaplasie de l’épithélium nasal olfactif, une dilatation, et une hyperplasie des glandes de Bowman. Pour des concentrations supérieures à 20 ppm, une diminution de l’éosinophilie des cellules épithéliales et une hyperplasie de l’épithélium bronchique ont été observées dans les poumons de souris exposées (Cruzan, Cushman et al. 2001).

Il y a de grandes différences de sensibilité entre les espèces. Les différences observées entre les rats et les souris sont principalement dues aux différences de métabolisme dans l’épithélium nasal. En effet, l’oxyde de styrène est plus efficacement métabolisé par l’époxyde hydrolase et la glutathion S-transférase chez les rats que les souris (Green, Lee et al. 2001).

Des données suggèrent que les rongeurs ne sont pas de bons modèles pour la toxicité respiratoire chez l’homme. Dans des études in vitro réalisées sur des tissus humains de la cavité nasale, l’oxyde de styrène n’a pas été détecté et de fortes concentrations d’époxyde hydrolases suggèrent que les hommes possèdent des capacités limitées pour métaboliser le styrène dans la cavité nasale et un haut potentiel de détoxication de l’oxyde de styrène (Green, Lee et al. 2001).

Toxicité hépatique

Une légère atteinte hépatique est décelable à l’histopathologie, chez des rats exposés à 600 ppm (2 580 mg.m-3) pendant 18 mois (Jersey, Balmer et al. 1978) et à 300 ppm (1 290 mg.m-3) pendant deux semaines et plus (Vainio, Paakkonen et al. 1976). Chez le rat, une déplétion en glutathion est rapportée. Il s’agirait à la fois d’un effet direct du styrène et d’un effet médié par la lipopéroxydation (Katoh, Higashi et al. 1989).

Toxicité gastro-intestinale

Aucune altération n’est observée dans l’estomac ou les intestins de rats exposés à des concentrations de 1 000 ppm (4 300 mg.m-3) (Cruzan, Cushman et al. 1998) et les souris exposées à des concentrations de 160 ppm (688 mg.m-3) pendant 2 ans (Cruzan, Cushman et al. 2001).

 

[1] transformation du noyau caractérisée par une rétraction et une condensation de la chromatine

L’exposition chronique au styrène du rat et de la souris provoque respectivement la mortalité des animaux à 1 000 mg.kg-1.j-1 et à 215 mg.kg-1.j-1. Les signes de toxicité sont essentiellement liés à l’effet irritant du styrène sur l’œsophage et l’estomac. L’histopathologie ne montre aucun effet toxique du styrène sur le rein et le foie. Le NOAEL est de 133 mg.kg-1.j-1(Wolf, Rowe et al. 1956).

Dans une étude réalisée chez les rats mâles exposés par gavage à 200 et 400 mg.kg-1 de styrène, 6 jours par semaine, pendant 100 jours, une diminution de l’activité enzymatique au niveau du foie (glutathion-S-transférase, succinique déshydrogénase, beta-glucuronidase) a été observée dès 200 mg.kg-1 (Srivastava, Das et al. 1982).

Par voie orale, le principal effet est l’atteinte du système nerveux central. Il a été administré des doses de 0,25 et 0,5 mg.kg-1 de poids corporel par gavage à des rats Sprague Dawley mâles 7 jours par semaine pendant 13 semaines (Chakrabarti 2000). Une diminution de la dopamine et de ses métabolites dans le corpus striatum, l’hypothalamus et les régions latérales du tractus olfactif sont observées chez le groupe exposé à la dose la plus élevée (0,5 mg.kg-1 de poids corporel). Une perte de la fonction motrice accompagne ces altérations au cours du mois qui suit l’administration de la dernière dose.

Dans une étude réalisée chez des chiens beagle, exposés à 200, 400 et 600 mg.kg-1.j-1, pendant 19 mois, une augmentation du nombre de corps de Heinz dans les globules rouges a été observée pour les concentrations de 200 et 400 mg.kg-1.j-1 (Quast, Humiston et al. 1979). Cette augmentation s’accompagne d’une diminution de l’hématocrite, de l’hémoglobine et du nombre d’hématies.

Des applications répétées sur l’abdomen pendant 4 semaines chez le lapin (dose totale de 20 000 mg.kg-1) provoquent une irritation modérée associée à une légère nécrose (ATSDR, 2010).

Chez l’animal, l’exposition chronique par inhalation induit essentiellement des effets neurologiques, ototoxiques, hépatiques, et pulmonaires. Par voie orale, le styrène peut provoquer des effets neurologiques, hématologiques et des effets irritants sur l’œsophage et l’estomac. Une irritation cutanée survient lors d’exposition cutanée.

Effets cancérigènes

Classifications
Classifications
Organisme Classification Année
UE non classé cancérigène 2014
IARC Groupe 2A : l’agent (ou le mélange) est probablement cancérogène pour l’homme 2019
Chez l'homme

La classification proposée par l’IARC (2002) est basée sur la survenue de cas de leucémies (16 cas) et de lymphomes (9 cas) qui ont été identifiés chez des travailleurs de la production de styrène, de polystyrène (Nicholson, Selikoff et al. 1978) et de caoutchouc styrène-butadiène (Lemen and Young 1976). En 2019, l’IARC a réévalué les différentes études et a confirmé l’absence de données suffisantes pour conclure quant à un effet démontré chez l’homme, ces analyses n’ont pas été réintroduite dans la présente version de cette fiche. Elles seront ajoutées ultérieurement (IARC, 2019).

Coggon (1994) et Roe (1994) ont revu les données épidémiologiques et concluent que l’exposition professionnelle au styrène n’augmente pas le risque de cancer en général et le risque de cancer des voies respiratoires, digestives ou du sang en particulier. Si certaines études montrent une augmentation du risque des cancers rectaux, pancréatiques et du système nerveux central, le nombre de cas identifiés reste faible (Kolstad, Juel et al. 1995, Anttila, Pukkala et al. 1998).

Il est fortement suspecté que d’autres substances soient responsables des excès de leucémies et de lymphomes. En effet, les 11 études revues par Coggon (1994) montrent une différence entre les travailleurs de l’industrie chimique exposés au styrène et ceux de l’industrie des plastiques. Chez ces derniers, malgré une exposition au styrène souvent plus forte, il n’y a pas d’augmentation des leucémies et des lymphomes ou une augmentation minime (Coggon 1994). On estime que l’augmentation chez les travailleurs de l’industrie chimique est liée à des co-expositions avec d’autres polluants comme le butadiène ou le benzène. Ces conclusions sont supportées par une méta-analyse qui a compilé 8 études représentant 50 000 sujets exposés en moyenne pendant 32 années (de 16 à 47 ans) (Roe 1994). Plus récemment, d’autres études ont permis de confirmer ces résultats (Delzell, Macaluso et al. 2001, Sielken and Valdez-Flores 2001, Ruder, Ward et al. 2004, Graff, Sathiakumar et al. 2005, Delzell, Sathiakumar et al. 2006, Cheng, Sathiakumar et al. 2007).

Dans une analyse qui compile plusieurs études épidémiologiques (Boffetta, Adami et al. 2009), les auteurs n'ont trouvé aucun risque accru de cancer chez les travailleurs exposés.

Une étude réalisée chez les travailleurs exposés au styrène a montré une augmentation des taux de cancer du poumon. Cependant, les auteurs ont conclu que le tabagisme était responsable au moins en partie de l'excédent observé de cancer du poumon (Sathiakumar, Brill et al. 2009).

Une étude menée en Europe sur la mortalité par cancer des travailleurs exposés en moyenne pendant 13 ans au styrène (40 688 de l’industrie du plastique au Danemark, en Finlande, en Italie, en Norvège, en Suède et au Royaume Uni) ne retrouve pas d’excès de mortalité par cancer chez ces ouvriers (Kogevinas, Ferro et al. 1994). Mais, la mortalité par cancer lymphatique ou des tissus hématopoïétiques augmente avec le temps depuis la première exposition et selon le niveau moyen d’exposition. Cependant, cette augmentation n’est pas associée avec la durée d’exposition, ni à l’exposition cumulée en raison de nombreuses incertitudes dans les données sources.

Les informations disponibles ne sont pas suffisantes pour établir un lien de causalité entre l’exposition professionnelle au styrène et l’apparition de cancers. Le nombre de cas reste faible et les travailleurs sont exposés à d’autres polluants comme le butadiène ou le benzène. L’IARC est le seul organisme à avoir classé le styrène comme pouvant être cancérigène pour l’homme (2A).

Chez l'animal

Chez l’animal, plusieurs études ont été réalisées à la fois chez le rat et la souris par voie orale et par inhalation (Ponomarkov and Tomatis 1978, NCI 1979a, NCI 1979b, Beliles, Butala et al. 1985, Conti, Maltoni et al. 1988, Cruzan, Cushman et al. 1998, Cruzan, Cushman et al. 2001). Une seule étude rapporte une augmentation de tumeurs chez la souris.

Des souris CD-1 (50 mâles et 50 femelles) ont été exposées par inhalation (corps entier) à des concentrations de 0, 20, 40, 80 ou 160 ppm (0, 86, 172, 344 ou 688 mg.m-3) de vapeurs de styrène (> 99,5 % de pureté) 6 heures par jour, 5 jours par semaine pendant 104 semaines pour les mâles et 98 semaines pour les femelles (Cruzan, Cushman et al. 2001). Une augmentation statistiquement significative de l’incidence des adénomes bronchiolo-alvéolaires est observée chez les mâles exposés à 40, 80 ou 160 ppm pendant 2 ans respectivement (35/50, 30/50 ou 33/50). Aucune relation dose-effet ni d’augmentation de l’incidence des carcinomes n’est rapportée. Chez les femelles, l’incidence des adénomes bronchiolo-alvéolaires pour les lots exposés à 20, 40 et 160 ppm est statistiquement augmentée et est respectivement de 16/50, 16/50, 24/50. Cette augmentation n’est pas retrouvée à 80 ppm. Chez les femelles, il a également été rapporté une légère augmentation des carcinomes bronchiolo-alvéolaires à 160 ppm (688 mg.m-3).

Une étude de cancérogène chez la souris mâle a été menée sur plusieurs souches (CD-1, C57BL/6, Cyp2f2(-/-) (KO), Cyp2f2KO-2f1-transgenic humanisée pendant 104 semaines (Cruzan et al., 2017). Dans cette étude les souris ont été exposées en corp entier à 0 – 120 ppm (0 – 516 mg.m-3) de styrène (pureté 99,95 %) 6 h/j, 5 j/sem. Seule une augmentation statistiquement significative de l’incidence des hyperplasies bronchopulmonaires a été observée chez les souches CD-1, C57BL/6.

Chez les rats, aucun effet sur les bronchioles terminales n’a été observé (Cruzan, Carlson et al. 2002). Les effets cancérigènes observés chez la souris semblent dus à la formation in situ de 7,8-oxyde de styrène au niveau des poumons. Chez l’homme, le métabolisme du styrène dans les poumons est très limité et le mécanisme impliqué dans le développement de tumeurs chez la souris ne peut être applicable à l’homme (Cruzan, Carlson et al. 2002, Cruzan, Carlson et al. 2005).

Chez l’animal, les études disponibles montrent une augmentation significative des adénomes broncho-alvéolaires chez la souris. Toutefois, comme le métabolisme du styrène n’est pas le même que chez l’homme, le mécanisme impliqué dans le développement de ces tumeurs ne peut pas être extrapolé à l’homme.

Effets génotoxiques

Classifications
Classifications
Organisme Classification Année
UE non classé 2014
Chez l'homme

Les taux d’adduits d’hémoglobine et d’ADN des salariés exposés sont respectivement 4 à 5 fois plus élevés que ceux des salariés non exposés (ECHA, 2011).

Vingt-cinq études ont porté sur l’observation d’aberrations chromosomiques et d’échanges de chromatides-sœurs chez des salariés exposés au styrène dans différents pays et différentes industries. Aucune relation dose-réponse claire n’a été observée, mais ces effets sont notés dans des industries où le niveau d’exposition est élevé (ECHA, 2011).

Chez l'animal

Les principaux résultats issus des études in vivo sont récapitulés dans le tableau suivant :

Génotoxicité du styrène - études in vivo- (INRS, 2019)

Test

Résultats

Souche ou espèce

Mutation

+ mutation létale récessive liée au sexe

mutation somatique, aneuploïdie

Drosophile

Adduits à l’ADN

+

Souris : poumons, foie, rate, sang (voie intrapéritonéale (ip) et inhalation)

Rat : poumon et foie (inhalation)

Cassures de l’ADN

-

Rat : lymphocytes périphériques (inhalation)

+

Souris : cellules rénales ou hépatiques, lymphocytes, moelle osseuse (inhalation ou ip)

Aberrations chromosomiques

-

Rat, hamster et souris : lymphocytes périphériques, moelle osseuse (inhalation, voie orale ou ip)

Souris : rate et poumon (inhalation ou ip)

Échanges entre chromatides sœurs

+

Souris : lymphocytes, rate, moelle osseuse, macrophages alvéolaires, foie, poumon (inhalation ou ip)

Rat : rate (inhalation)

-

Rat : lymphocytes (inhalation)

Micronoyaux

-

Rat, hamster : moelle osseuse (inhalation ou ip)

Souris : rate, érythrocytes (inhalation)

Souris : moelle osseuse (ip)

Dans les études in vitro, le styrène est faiblement mutagène et clastogène après métabolisation. Dans les études in vivo, des adduits à l’ADN et des échanges entre chromatides sœurs ont été observés à forte concentration après plusieurs expositions. Le métabolite principal, le styrène 7,8-oxyde se fixe à l’ADN, il est clastogène et mutagène. Au vu des données suscitées, les effets du styrène et de ses métabolites sont essentiellement clastogènes en lien avec un effet dose dépendant et donc peu en faveur d’un mécanisme sans seuil.

In vitro

De nombreux essais ont été réalisés dans des études in vitro, sur différentes cellules d’origine humaine et animale. Les principaux résultats de ces études sont synthétisés dans le tableau suivant.

 Génotoxicité du styrène - études in vitro - (INRS, 2019)

Test

Résultats

Souche ou espèce

Mutation

± selon les souches Ames + sur TA1530 ou 1535 avec activateurs métaboliques

Salmonella typhimurium, Escherichia coli

mutation reverse

+ conversion génique avec ou sans activateurs métaboliques

+ mutation avec une souche ayant la capacité de métabolisation

Saccharomyces

Mutation cellules de mammifère

sans activateurs métaboliques

+ avec activateurs métaboliques

Cellules V79 de hamster chinois

Cassure simple brin de l’ADN

+

Hépatocytes de rat

Réparation non programmée de l’ADN

-

Fibroblastes humains avec activation métabolique

Échanges entre chromatides sœurs

+

Lymphocytes humains (sans activation métabolique)

Sang total ou lymphocytes de rat (sans activation métabolique)

Cellules ovariennes hamster chinois (avec activation)

Aberrations chromosomiques

+

Lymphocytes humains (sans activation métabolique)

Lymphocytes de hamster chinois (avec activation métabolique

+ faiblement

Cellules pulmonaires de hamster chinois

Micronoyaux

+

Lymphocytes humains

Transformation morphologique

-

Cellules embryonnaires de hamster syrien

Cellules C3H10T1/2

Dans son analyse de 2019, l’IARC conclu à une forte évidence que le styrène soit un génotoxique pour l’animal mais aussi pour l’homme.

Au vu des données suscitées, les effets du styrène et de ses métabolites sont essentiellement clastogènes en lien avec un effet dose dépendant et donc peu en faveur d’un mécanisme sans seuil.

Effets sur la reproduction

Chez l'homme

Les données relatives aux effets du styrène sur le cycle menstruel sont discordantes. Une étude américaine (Lemasters et al., 1985) et plusieurs études russes Bondarevskaya, 1957 ; Zlobina et al., 1975 n’ont pas permis de mettre en évidence des troubles menstruels chez des femmes exposées au styrène alors qu’une autre étude montre qu’une exposition aux solvants organiques, dont le styrène, induirait une augmentation de la fréquence des oligoménorrhées (Cho et al., 2001).

Une étude a comparé le sperme de 25 travailleurs exposés au styrène avec celui de 46 témoins appariés (Jelnes, 1988). Il a été constaté chez les travailleurs exposés au styrène et à l’acétone, une augmentation du pourcentage d’anomalies des têtes des spermatozoïdes. Dans une autre étude, il a été étudié le sperme de 23 employés récemment recrutés et exposés au styrène (Kolstad et al., 1999). Il a été constaté, après 6 mois, une diminution de la densité du sperme et de la proportion de sperme morphologiquement normal. De plus, le nombre total de spermatozoïdes a diminué de moitié. Les modifications n’étaient pas associées à la mesure de la concentration urinaire de fin de poste en acide mandélique. Dans une autre étude, les relations entre exposition de l’homme au styrène et la fertilité ont été étudiées. Ils n’observent pas d’influence de cette exposition (Kolstad et al., 2000).

Chez l’homme, plusieurs études montrent des effets sur la reproduction (oligoménorrhées, anomalies et diminution des spermatozoïdes) suite à une exposition au styrène. Cependant, certaines études présentent des résultats discordants, et ne permettent pas de conclure sur la reprotoxicité du styrène.

Chez l'animal

Par inhalation, aucun effet n’est observé sur la morphologie ou le développement du sperme chez les souris mâles exposées à 300 ppm (1 290 mg.m-3) de styrène 6 heures par jour, 5 jours par semaine pendant 5 semaines (Salomaa et al., 1985). Dans une étude de reproduction sur deux générations chez les rats exposés par inhalation à des concentrations de 0 à 500 ppm (0 à 2 150 mg.m-3), 6 heures par jour, aucune altération significative des capacités de reproduction, de la spermatogénèse, du cycle œstral n’a été observé (Cruzan et al., 2005c).

Une étude sur trois générations, couplée avec une étude sur 2 ans, a été réalisée chez le rat exposé par voie orale au styrène présent dans l’eau de boisson à des concentrations de
0, 125, 250 mg.L-1 (0, 7,7, 14 mg.kg-1 pour les mâles et 0, 12, 21 mg.kg-1 pour les femelles) (
Beliles et al., 1985). Aucun effet sur la reproduction liée au traitement n’a été observé, à l’exception d’une légère diminution du nombre de femelles de la deuxième génération gestantes pour des expositions à 250 mg.L-1.

L’exposition à 400 mg.kg-1 de poids corporel par jour de styrène pendant 60 jours par voie orale induit chez le rat albinos une atteinte testiculaire : diminution du nombre de spermatozoïdes (environ 20 %) et de la morphologie des testicules (Srivastava et al., 1989). Une diminution du nombre de spermatozoïdes et des enzymes testiculaires est également rapportée chez des rats exposés par gavage à la dose de 200 mg.kg-1 de poids corporel par jour au cours des 60 premiers jours de la vie (Srivastava et al., 1992). De plus, des souris (C57BL/6) mâles pré-pubères présentent une forte diminution des concentrations plasmatiques en testostérone libre après 4 semaines d’exposition au styrène présent dans l’eau de boisson à la concentration de 50 mg.L-1, ce qui correspond à une dose journalière de 12 mg.kg-1 de poids corporel (Takao et al., 2000).

Chez l’animal, l’exposition par voie orale au styrène entraîne une atteinte testiculaire et une diminution de la testostérone. Par inhalation, aucune altération de la capacité de reproduction, de la spermatogénèse ou du cycle œstral n’est observée.

Effets sur le développement

Classifications
Classifications
Organisme Classification Année
UE Repro. H361d, susceptible de nuire au fœtus 2014
Chez l'homme

Les résultats des études les plus anciennes suggéraient un lien entre l’exposition au styrène, la survenue de malformations congénitales du système nerveux central (Harkonen et al., 1984 ; Holmberg, 1977, 1979) et l’augmentation de la fréquence des avortements spontanés Hemminki et al., 1980. Toutefois, les analyses plus récentes ne confirment pas ces premiers résultats (Brown et al., 2000 ; Lindbohm et al., 1985 ; Taskinen et al., 1989). Une étude américaine a montré que seule une exposition à 50 ppm (215 mg.m-3) de styrène induisait une diminution non statistiquement significative du poids de naissance des enfants de 4 %. Aucune relation dose-effet n’est observée (Lemasters et al., 1989).

Les données humaines ne sont pas suffisantes pour évaluer le potentiel de toxicité sur le développement chez les hommes (NTP, 2006).

Chez l’homme, les données ne sont pas suffisantes pour évaluer le potentiel de toxicité sur le développement.

Chez l'animal

Le styrène passe la barrière placentaire chez le rat et la souris Withey et Karpinski, 1985.

Chez le rat, la souris, le lapin et le hamster, il n’a pas été mis en évidence d’augmentation de l’incidence des malformations alors que des augmentations de la mort des embryons, des fœtus et des nouveau-nés sont identifiées ainsi que de possibles anomalies du squelette et des reins pour des expositions par inhalation à des concentrations dès 250 ppm (1 075 mg.m-3). A ces doses, des atteintes maternelles comme une diminution de la croissance pondérale sont également rapportées (Brown et al., 2000 ; IARC, 2002 ; Kankaanpaa et al., 1980 ; Murray et al., 1978).

En revanche, une diminution du poids des nouveau-nés, un retard de développement post-natal et des anomalies neuro-comportementales et neuro-chimiques sont rapportées chez des rats exposés par inhalation au styrène avant et/ou après la parturition (Brown et al., 2000 ; Kishi et al., 1992). Une étude a été réalisée chez le rat (JCL : Wistar) exposé à des concentrations de 0, 50 ou 300 ppm (0, 215 ou 1 290 mg.m-3) de styrène 6 heures par jour du 6 au 20ème jour de gestation (Katakura et al., 2001). Il n’y a pas de diminution de la croissance pondérale maternelle. Une augmentation du taux de mortalité néonatal est rapportée à 300 ppm (1 290 mg.m-3), la taille de la portée et le poids de naissance ne sont pas altérés. Un retard de développement postnatal (retard de la poussée dentaire et d’ouverture des yeux) et des altérations neuro-chimiques, révélées par une diminution du renouvellement de la 5-hydroxytryptamine chez les jeunes 21 jours après la naissance sont observés.

Dans une étude de reproduction sur deux générations, aucun effet sur le développement n’a été observé chez des rats exposés par inhalation à des concentrations de 500 ppm (2 150 mg.m-3) de styrène, 6 heures par jour (Cruzan et al., 2005a).

Par la voie orale, Murray et al. (1978) n’ont observé aucun effet néfaste sur le développement du fœtus de rats exposés aux doses de 0, 90, 150 mg.kg-1, deux fois par jour, du 6ème au 15ème jour de gestation (Murray et al., 1978). Seule, une toxicité maternelle (perte de poids) est observée aux deux doses. Ces observations sont confirmées dans une étude chez des rats exposés à 1 147 mg.kg-1 du 6ème au 15ème jour de gestation (Chernoff et al., 1990), et dans une autre étude chez des rats exposés à 300 mg.kg-1.j-1 (Daston et al., 1991).

Une étude sur 3 générations a été menée chez des rats exposés à via l’eau de boisson à 125 et 250 mg.L-1 de styrène (Beliles et al., 1985). A l’exception d’une diminution de la consommation de l’eau de boisson aucun effet.

Chez l’animal, l’exposition par inhalation au styrène entraîne une augmentation du taux de mortalité néonatale, des anomalies du squelette et des reins, un retard de développement post-natal, des anomalies neurocomportementales et neurochimiques ainsi qu’une diminution de la croissance pondérale maternelle.

Valeurs accidentelles

Valeurs seuils de toxicité aigüe françaises

Le rapport de valeurs seuils de toxicité aiguë françaises est accessible dans la rubrique « Archives ». L’intégralité des rapports de valeurs seuils de toxicité aiguë françaises actuellement en vigueur est consultable dans le tableau des VSTAF.

Valeurs seuils de toxicité aigüe françaises
Nom Unité 1 min 10 min 20 min 30 min 60 min 120 min 240 min 480 min Source Etat du statut Commentaire
SELS (SELS 5%) mg.m-3 ND ND ND ND ND ND ND ND Final
Non Déterminé
SELS (SELS 5%) ppm ND ND ND ND ND ND ND ND Final
Non Déterminé
SPEL (SEL 1%) mg.m-3 ND 21300 ND 10650 4260 2130 1065 1065 Final
Non Déterminé
SPEL (SEL 1%) ppm ND 5000 ND 2500 1000 500 250 250 Final
Non Déterminé
SEI mg.m-3 ND 3408 ND 2130 1065 852 426 426 Final
Non Déterminé
SEI ppm ND 800 ND 500 250 200 100 100 Final
Non Déterminé
SER mg.m-3 ND 852 ND 426 213 213 85 85 Final
Non Déterminé
SER ppm ND 200 ND 100 50 50 20 20 Final
Non Déterminé
Ceci est un aperçu

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Autres seuils accidentels

Autres seuils accidentels
Nom Durée Valeur Source Etat du statut Commentaire
AEGL-1 10 min 20 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-1 30 min 20 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-1 60 min 20 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-1 240 min 20 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-1 480 min 20 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-2 10 min 230 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-2 30 min 160 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-2 60 min 130 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-2 240 min 130 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-2 480 min 130 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-3 10 min 1900 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-3 30 min 1900 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-3 60 min 1100 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-3 240 min 340 ppm EPA (2018) Interim
AEGL-3 480 min 340 ppm EPA (2018) Interim
ERPG-1 60 min 50 ppm AIHA (2016) Final
ERPG-2 60 min 250 ppm AIHA (2016) Final
ERPG-3 60 min 1000 ppm AIHA (2016) Final
IDLH 30 min 700 ppm NIOSH (1994) Final
PAC-1 60 min 20 ppm EHSS (2018) Final
AEGL-1, AEGL-2, AEGL-3
PAC-2 60 min 130 ppm EHSS (2018) Final
AEGL-1, AEGL-2, AEGL-3
PAC-3 60 min 1100 ppm EHSS (2018) Final
AEGL-1, AEGL-2, AEGL-3
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Valeurs réglementaires

Valeurs réglementaires
Nom Valeur Source Commentaire Effet critique retenu Etat du statut Durée d'exposition Milieu Source d'exposition Facteur Contexte de gestion Age-Dependent Adjustments Factors ADAF - Tranche d'âge ADAF - Valeur ADAF - URL
VLEP CT 200 mg.m-3 INRS (2024)
Valeur limite réglementaire indicative
Final Air Lieux de travail
VLEP CT 46,6 ppm INRS (2024)
Valeur limite réglementaire indicative
Final Air Lieux de travail
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Valeurs guides

Valeurs guides
Nom Valeur Source Commentaire Effet critique retenu Etat du statut Durée d'exposition Milieu Source d'exposition Facteur Contexte de gestion Age-Dependent Adjustments Factors ADAF - Tranche d'âge ADAF - Valeur ADAF - URL
AQG 70 µg.m-3 OMS (2000) Odour detection threshold Final 30-minutes average Air ambiant
AQG 0,26 mg.m-3 OMS (2000) developmental neurological effects observed in animal species Final 1 week average Air ambiant
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Valeurs de référence

Introduction

Une Valeur Toxicologique de Référence (VTR) est un indice qui est établi à partir de la relation entre une dose externe d'exposition à une substance dangereuse et la survenue d'un effet néfaste. Les valeurs toxicologiques de référence proviennent de différents organismes.

Pour accéder à une information actualisée, nous conseillons au lecteur de se reporter directement sur les sites internet des organismes qui les élaborent.

Valeurs de l'ANSES et/ou de l'INERIS

Description

Effets à seuil - Exposition aiguë par inhalation

L’ATSDR a établi un MRL de 5 ppm (21,5 mg.m-3) pour une exposition aiguë par inhalation au styrène (ATSDR, 2010).

Cette valeur est basée sur une étude menée chez vingt-quatre volontaires exposés  au styrène dans une chambre d’inhalation (Ska et al., 2003). Les différents scénarios d’exposition sont les suivants : 1 ppm (4,3 mg.m-3) à concentration constante, 24 ppm (103,2 mg.m-3) à concentration constante, 24 ppm (103,2 mg.m-3) avec 4 pics de 15 minutes à 49 ppm (210,7 mg.m-3), 49 ppm (210,7 mg.m-3) à concentration constante, 49 ppm (210,7 mg.m-3) avec 4 pics de 15 minutes à 98 ppm (421,4 mg.m-3), pendant 6 heures. Les résultats montrent que l’exposition à des concentrations moyennes de 24 ppm et de 49 ppm, diffusées de manière stable ou avec des pics, n’influence pas les performances neurosensorielles des sujets, un NOAEL de 49 ppm (210,7 mg.m-3) a été déterminé.

Facteurs d’incertitude : un facteur de 10 est appliqué pour tenir compte des différences de sensibilité au sein de la population humaine.

Calcul : 49 ppm x 1/10 = 4,9 ppm arrondi à 5 ppm (21,5 mg.m-3)

Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance

Effets à seuil - Exposition chronique par inhalation

L’ATSDR a établi un MRL de 0,2 ppm (0,86 mg.m-3) pour une exposition chronique par inhalation au styrène (ATSDR, 2010).

Cette valeur est basée sur une méta-analyse qui compile les données épidémiologiques de plusieurs études réalisées pour des expositions professionnelles d’une durée moyenne de 8 ans (Benignus et al., 2005). Les concentrations en styrène sont évaluées à partir des concentrations urinaires en acide mandélique. Dans cette étude, les troubles de la vision des couleurs et le temps de réaction sont observés. Il a été constaté une diminution du temps de réaction et une altération de la perception des couleurs. Une LOAEC de 20 ppm (86 mg.m-3) a été établie et retenue pour définir le MRL. L’exposition cumulée au styrène a été estimée en multipliant le niveau d’exposition par la durée de travail (8h/24h, 5j/7j) : 20 ppm x 5 j/7 x 8 h/24 h = 4,8 ppm.

Facteurs d’incertitude : un facteur de 30 est appliqué (10 pour tenir compte des différences de sensibilité au sein de la population humaine et 3 pour l’utilisation d’un LOAEC au lieu d’un NOAEL).

Calcul : 4,8 ppm x 1/30 = 0,16 ppm arrondi à 0,2 ppm (0,86 mg.m-3)

Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance

Effets à seuil - Exposition aiguë par voie orale

L’ATSDR a établi un MRL de 0,1 mg.kg-1.j-1 pour une exposition aiguë par voie orale au styrène (ATSDR, 2010).

Cette valeur est basée sur une étude expérimentale chez le rat Wistar exposé au styrène durant 14 jours par gavage à des concentrations de 0, 100 ou 200 mg.kg-1.j-1 (Husain et al., 1985).  Les effets observés (troubles d’apprentissage) ont permis d’établir un LOAEL de 100 mg.kg-1.j-1.

Facteurs d’incertitude : un facteur de 1 000 est appliqué ce qui correspond à un facteur 100 pour tenir compte des différences de sensibilité inter-espèces et au sein de la population humaine et un facteur 10 pour l’utilisation d’un LOAEL au lieu d’un NOAEL.

Calcul : 100 mg.kg-1.j-1 x 1/1000 = 0,1 mg.kg-1.j-1

Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance

Effets à seuil - Exposition aiguë par voie orale

L’US EPA propose une RfD de 0,2 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale au styrène (US EPA (IRIS), 1987).

Cette valeur a été établie à partir d'une étude expérimentale chez le chien beagle exposé à 200, 400, et 600 mg.kg-1.j-1 de styrène durant 19 mois par gavage (Quast et al., 1979). Les effets observés (impact sur les globules rouges et sur le foie) ont permis d’établir un NOAEL de 200 mg.kg-1.j-1.

Facteurs d’incertitude : un facteur de 1 000 est appliqué pour tenir compte de la variabilité inter-espèces et au sein de la population humaine (facteur 100) et de l’extrapolation des effets sub-chroniques aux effets chroniques (facteur de 10).

Calcul : 200 mg.kg-1.j-1 x 1/1000 = 0,2 mg.kg-1.j-1

Valeurs de l'ANSES et/ou de l'INERIS
Nom Valeur Organisme choix Année du choix URL choix Source Commentaire Effet critique retenu Etat du statut Durée d'exposition Milieu Source d'exposition Facteur Contexte de gestion Age-Dependent Adjustments Factors ADAF - Tranche d'âge ADAF - Valeur ADAF - URL
MRL 21.5 mg.m-3 Ineris 2023 ATSDR (2010) Neurol.
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Synthèse

Effets à seuil - Exposition aiguë par inhalation

L’INERIS propose de retenir pour une exposition aiguë au styrène par inhalation la VTR aiguë de 21 mg.m-3 (5,1 ppm) (ATSDR, 2010).

Trois VTR sont proposées par les organismes : l’OEHHA (2008), le TCEQ (2013) et l’ATSDR (2010). Les trois organismes se réfèrent à des études d’expositions contrôlées réalisées sur des volontaires sains.

L’étude retenue par l’OEHHA et le TCEQ (Stewart, Hugh et al., 1968) présente plusieurs limites méthodologiques : faible échantillon (3 sujets/9 sujets selon les organismes), le niveau d’exposition a été perçue par les sujets en raison de l’odeur caractéristique du styrène, l’effet critique est basé sur des symptômes subjectifs (maux de tête, sécheresse oculaire et irritation de la gorge), une absence de données statistiques.

L’ATSDR a retenu une étude plus récente (Ska et al., 2003) réalisée sur 24 volontaires sains exposés au styrène sur une durée de 6 heures selon différents scénarios La méthodologie rigoureuse de l’étude (comparaison intra-sujets) n’a mis en évidence aucun effet jusqu’à la plus forte concentration testée de 49 ppm (210,7 mg.m-3) pendant 6 heures avec des pics à 98 ppm (421,4 mg.m-3). Cette étude est de qualité recevable.

Les limites de l’étude réalisée en 1968 sur 3 à 9 volontaires sains entraînent une faible fiabilité des résultats et conduit l’INERIS à retenir ni l’étude, ni les VTR de l’OEHHA et TCEQ construite à partir de celle-ci.

La construction de la valeur de l’ATSDR est claire, cette valeur est retenue.

Indice de confiance : moyen compte tenu de la durée courte de l’étude

Effets à seuil - Exposition chronique par inhalation

L’INERIS propose de retenir pour une exposition chronique au styrène par inhalation la VTR chronique de 0,2 ppm (0,89 mg.m-3) de l’ATSDR.

Cinq VTR sont proposées par les organismes : l’ATSDR (2010), l’US EPA (1992), le RIVM (2001), l’OEHHA (2008) et le TCEQ (2013).

L’US EPA, le RIVM, l’OEHHA et le TCEQ se basent sur une même étude épidémiologique réalisée pour des expositions professionnelles (Mutti et al., 1984b). Pour ces quatre organismes, les effets critiques retenus sont les effets neurologiques. Toutefois, ces VTR sont établies à partir d’une seule étude épidémiologique relativement ancienne.

L’ATSDR se base sur une méta-analyse qui synthétise les données épidémiologiques de plusieurs études réalisées pour des expositions professionnelles (Benignus et al., 2005). Une diminution du temps de réaction et une altération de la perception des couleurs (dyschromatopsie) ont été définies comme étant les effets critiques permettant d’établir une LOAEC. La VTR est établie à partir d’une étude sur une vingtaine d’études épidémiologiques (dont la moitié est récente), ce qui permet d’accroitre la pertinence des observations. La construction de la VTR est bien menée.

Par conséquent, l’INERIS préconise de retenir la valeur de l’ATSDR.

Indice de confiance : élevé en raison de la qualité des données

Effets à seuil - Exposition aiguë par voie orale

L’INERIS propose de retenir pour une exposition aiguë au styrène par voie orale la VTR aiguë de 0,1 mg.kg-1.j-1 de l’ATSDR (ATSDR, 2010).

L’ATSDR a établi un MRL à partir d’une étude chez le rat exposé pendant 14 jours au styrène par gavage. L’étude est de qualité recevable. Les effets critiques retenus, troubles d’apprentissage, et le LOAEL associé de 100 mg.kg-1.j-1 sont compatibles avec le profil toxicologique du styrène. Un facteur d’incertitudes de 1 000 a été appliqué afin de prendre compte les différences de sensibilité inter-espèces et au sein de la population ainsi que l’utilisation d’un LOAEL au lieu d’un NOAEL.

Cette valeur est la seule disponible pour une exposition aiguë et sa construction est satisfaisante, elle est donc retenue

Indice de confiance : moyen

Effets à seuil - Exposition chronique par voie orale

L’INERIS propose de retenir pour une exposition chronique au styrène par voie orale la VTR chronique de 0,2 mg.kg-1.j-1 de l’US EPA (1987).

Trois VTR sont proposées par les organismes : l’US EPA (1987), l’OMS (2008) et le RIVM (2001).

L’OMS et le RIVM se basent sur une même étude réalisée chez le rat qui comporte deux expérimentations une exposition chronique et une autre sur trois générations (Beliles et al., 1985). L’effet critique retenu est la diminution du poids corporel. La dose critique retenue est le NOAEL, cependant la valeur déterminée par l’OMS est différente de celle du RIVM car elle est basée sur l’étude chronique. Les rats ont été pesés les semaines 1, 13, 29, 52, 78, et 102. Une diminution significative du poids corporel des rats mâles est effectivement observée à la dose de 250 mg.L-1, mais uniquement à la semaine 52. Alors que lors de la pesée des rats avant sacrifice, il est observé une diminution significative du poids corporel des rats femelles à la dose de 250 mg.L-1 mais pas chez les mâles. Il est donc jugé plus pertinent de retenir comme effet critique la diminution de poids corporel à la fin de l’étude. D’autre part, l’OMS ajoute un facteur d’incertitude supplémentaire afin de prendre en compte la cancérogénicité et la génotoxicité de l’oxyde de 7,8-styrène. Cependant, l’ajout de ce facteur est jugé inadapté car il prend en compte les effets cancérigènes alors qu’il s’agit d’une VTR à seuil.

Le RIVM a donc retenu un NOAEL de 125 mg.L-1 soit 12 mg.kg-1.j-1 chez les rates.

L’US EPA se base sur une étude expérimentale réalisée chez le chien exposé 19 mois (Quast et al., 1979). L’effet critique retenu est une diminution de l’hématocrite associée à l'augmentation des dépôts de fer et un nombre élevé de corps de Heinz dans le foie. La VTR établie a été déterminée à partir d’un NOAEL. Cette étude est retenue car l’effet critique est pertinent et la valeur établie est sécuritaire : il est appliqué un facteur d’incertitude 10 afin de permettre l’extrapolation à une durée d’exposition chronique.

L’INERIS retient donc la valeur de l’US EPA.

Indice de confiance : moyen en raison de la durée de l’étude

Autres valeurs des organismes reconnus

Description

Effets à seuil - Exposition aiguë par inhalation

L'OEHHA a établi un REL de 21 mg.m-3 (5,1 ppm) pour une exposition aiguë de 1 heure par inhalation au styrène (OEHHA, 2008).

Cette valeur est basée sur une étude menée chez trois volontaires exposés par inhalation au styrène (Stewart et al., 1968). Une exposition à 99 ppm (426 mg.m-3) pendant 20 minutes entraine une irritation des yeux et de la gorge. De cette étude, une NOAEC de 51 ppm (220 mg.m-3) est déterminée pour une exposition de 20 minutes, pour des irritations oculaires et de la gorge.

Facteurs d’incertitude : un facteur 10 est appliqué, pour tenir compte des différences de sensibilité au sein de la population humaine.

Calcul : 51 ppm x 1/10 = 5,1 ppm (21 mg.m-3)

Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance

Le TCEQ propose un ReV de 22 mg.m-3 (5,1 ppm) pour une exposition aiguë de 1 heure par inhalation au styrène (TECQ, 2013).

Cette valeur a été établie à partir de l’étude de (Stewart, Hug et al. 1968), également retenue par l’OEHHA. Le TCEQ a retenu le même effet critique, sécheresse des yeux et du nez, et la même valeur de 51 ppm, comme POD (point de départ) au calcul de la VTR.

Facteurs d’incertitude : un facteur 10 est appliqué, pour tenir compte des différences de sensibilité au sein de la population humaine.

ReV = PODHEC / facteurs d’incertitude

Calcul : ReVaiguë = 51 ppm / 10 = 5,1 ppm (22 mg.m-3)

Indice de confiance : cet organisme n’accorde pas d’indice

Effets à seuil - Exposition chronique par inhalation

L’US EPA propose une RfC de 1 mg.m-3 (0,2 ppm) pour une exposition chronique par inhalation au styrène (US EPA (IRIS), 1992).

Cette valeur a été établie à partir d’une étude épidémiologique réalisée chez des travailleurs exposés de 10 à 300 ppm (43 à 1 290 mg.m-3) de styrène, pendant 8,6 ans en moyenne (Mutti et al., 1984b). Les effets sur le système nerveux central sont retenus comme effet critique. La NOAEC est calculée à partir d’une extrapolation de la concentration urinaire en métabolites du styrène (acides mandélique et phénylglyoxylique) chez les travailleurs. La valeur retenue est de 25 ppm (107 mg.m-3). Un ajustement du temps d’exposition est nécessaire pour prendre en compte une exposition continue (8h/24h, 5j/7j) : 25 ppm x 5 j/7 x 8 h/24 h = 6 ppm

Facteurs d’incertitude : un facteur d’incertitude de 30 est retenu. Un premier facteur de 3 est appliqué pour l’insuffisance des données sur l’appareil respiratoire. Un second facteur de 3 est appliqué pour la variabilité au sein de population humaine. Ce dernier est habituellement égal à 10 mais ici, l’utilisation d’un index biologique d’exposition permet de prendre en compte les différences physiologiques/pharmacocinétiques tel que le taux de ventilation alvéolaire. Enfin un troisième facteur de 3 est appliqué pour la durée de l’exposition, qui n’est pas considérée comme étant assez longue pour rendre compte d’un effet chronique.

Calcul : 6 ppm x 1/30 = 0,2 ppm (1 mg.m-3)

Indice de confiance : l’US EPA accorde un indice de confiance moyen dans l’étude, la base de données et dans la valeur qu’il propose.

Santé Canada ne retient plus de valeur pour une exposition chronique par inhalation au styrène (Santé Canada, 2021).

Le RIVM a établi une TCA de 0,9 mg.m-3 pour une exposition chronique par inhalation (Baars et al., 2001).

Cette valeur est basée sur la même étude épidémiologique que celle utilisée par l'US EPA pour élaborer sa valeur toxicologique de référence (Mutti et al., 1984b). Une LOAEC de 25 ppm (108 mg.m-3) a été établie pour des effets mineurs sur le système nerveux central de travailleurs exposés au styrène pendant plusieurs années.

Un ajustement pour une durée d’exposition continue (5j/7j et 8h/24h) est réalisé :

108 mg.m-3 x 5j/7j x 8h/24h = 26 mg.m-3

Facteurs d’incertitude : un facteur de 30 est appliqué (10 pour tenir compte des différences de sensibilité de la population humaine et 3 pour l’utilisation de la LOAEC au lieu d’une NOAEC).

Calcul : 26 mg.m-3 x 1/30 = 0,9 mg.m-3

Indice de confiance : Selon le RIVM, la fiabilité de cette valeur est élevée.

L'OEHHA a établi un REL de 0,9 mg.m-3 pour une exposition chronique par inhalation au styrène (OEHHA, 2008).

Cette valeur est basée sur la même étude épidémiologique chez des salariés que celle utilisée par l'US EPA pour leurs valeurs de référence (Mutti et al., 1984b). Une LOAEC de 25 ppm (108 mg.m-3) a été établie pour des effets mineurs sur le système nerveux central de travailleurs exposés au styrène pendant plusieurs années. A partir des données de l’étude, une "benchmark dose" de 1,7 ppm (7,3 mg.m-3) a été calculée. Un ajustement pour une durée d’exposition continue (5j/7j) est réalisée : 1,7 ppm x 5j/7j = 1,2 ppm

Facteurs d’incertitude : un facteur 3 est appliqué, pour tenir compte des différences de sensibilité au sein de la population.

Calcul : 1,2 ppm x 10 m3/20 x 1/3 = 0,2 ppm (0,9 mg.m-3).

Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance

Le TCEQ propose un ReV de 0,47 mg.m-3 (0,11 ppm) pour une exposition chronique au styrène par inhalation au styrène (TECQ, 2013)

Cette valeur est basée sur la même étude épidémiologique chez des salariés que celle utilisée par et l'US EPA pour leurs valeurs de référence (Mutti et al., 1984b). Le TCEQ a toutefois retenu, sur la base d’une modélisation des relations doses-réponses réalisée par (Rabovsky et al. 2001) à partir des données de l’étude de Mutti., une BMCL05 de 0,3 ppm. L’effet critique retenu est la baisse de performance à au moins un des tests de la fonction motrice. La valeur est dérivée d'une BMCL05 (modélisation multi-étapes à partir d’une Benchmark concentration) de 0,3 ppm.

Du fait d’une exposition discontinue, un ajustement de la valeur de BMCL05 de à,3 ppm a été nécessaire :

BMCL05 adj = BMCL05 x (Vol. resp. 8h./vol. resp. 24 h.) x 5j/7j= 0,3 ppm x (10/20) x (5/7) = 0,107 ppm.

Facteurs d'incertitude : aucun facteur d’ajustement n’est appliqué.

Calcul : ReVchronique = BMLC05 / facteurs d’incertitude = 0,107 ppm / 1 = 0,107 pp= arrondi à 0,110 ppm soit 0,47 mg.m-3

Indice de confiance : cet organisme n’accorde pas d’indice.

Effets à seuil - Exposition chronique par voie orale

L’OMS a établi une DJT de 7,7 µg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale au styrène (OMS, 2022).

Cette valeur a été établie à partir d'une étude chronique (2 ans) chez le rat , exposé au styrène via l'eau de boisson à 125 ou 250 mg.L-1 (Beliles et al., 1985). Un NOAEL de 7,7 mg.kg-1.j-1 a été retenu chez les mâles (correspondant à la dose de 125 mg.L-1). L’effet critique retenu est une diminution du poids corporel.

Facteurs d’incertitude : un facteur d’incertitude de 1 000 est appliqué au NOAEL (100 pour la variation inter-espèces et au sein de la population humaine et 10 pour la cancérogénicité et la génotoxicité du métabolite qui est l’oxyde de 7,8-styrène).

Calcul : 7,7 mg.kg-1.j-1 x 1/1 000 = 7,7 µg.kg-1.j-1

Indice de confiance : cet organisme ne propose pas d’indice de confiance

Santé Canada ne retient plus de valeur pour une exposition chronique par inhalation au styrène (Santé Canada, 2021).

Le RIVM a établi une TDI de 0,12 mg.kg-1.j-1 pour une exposition chronique par voie orale au styrène (Baars et al., 2001).

Cette valeur a été établie à partir d'une étude chez le rat sur 3 générations, exposé au styrène via l'eau de boisson à 125 ou 250 mg.L-1 (Beliles et al., 1985). Le poids des femelles a été affecté à la dose de 250 mg.L-1 mais aucun effet n'a été noté à cette dose sur les organes reproducteurs et les fonctions de reproduction des deux sexes. Le NOAEL pour les femelles est donc de 125 mg.L-1 (12 mg.kg-1.j-1) et de 250 mg.L-1 (14 mg.kg-1.j-1) chez les mâles.

Facteurs d’incertitude : un facteur de 100 est appliqué (10 pour la variation inter-espèces et 10 pour tenir compte des différences de sensibilité de la population humaine).

Calcul : 12 mg.kg-1.j-1 x 1/100 = 0,12 mg.kg-1.j-1

Indice de confiance : Selon le RIVM, la fiabilité de cette valeur est élevée.

Autres valeurs des organismes reconnus
Nom Valeur Source Commentaire Effet critique retenu Etat du statut Durée d'exposition Milieu Source d'exposition Facteur Contexte de gestion Age-Dependent Adjustments Factors ADAF - Tranche d'âge ADAF - Valeur ADAF - URL
REL 21 mg.m-3 OEHHA (2008) eye and upper respiratory irritation Final Air ambiant
ReV 22 mg.m-3 TECQ (2013)

5.1 ppm

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Bibliographie

Dangers

Valeurs de danger

Valeurs de danger
Nom Espèce Valeur Niveau trophique Taxon Matrice Stade de vie Effet Effet détaillé Durée d'exposition Méthode Norme / Ligne directrice Commentaire Source
CL/CE50 4.9 mg.L-1 Algue ECB (2002) Vol.27 p.88
CL/CE50 4.7 mg.L-1 Invertebré ECB (2002) Vol.27 p.88
CL/CE50 4.02 mg.L-1 Poisson ECB (2002) Vol.27 p.88
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Valeurs écotoxicologiques

Introduction

Dans cette rubrique, sont reportées des valeurs de référence pour la protection des écosystèmes aquatiques et de la santé humaine via l’environnement.

Elles peuvent avoir un statut de « Valeur réglementaire » si elles sont issues

  1. de réglementations européennes et issues par exemple de dossiers d’évaluation des risques dans le cadre de processus d’autorisation de mise sur le marché des substances chimiques (c’est le cas des Concentrations Prédites Sans Effet pour l’environnement (PNEC) issues des dossiers réglementaires sous REACh ou dans le cas de la réglementation des produits biocides) ou issues de « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) de la Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) ;
  2. de réglementations françaises telles que les arrêtés de mise en application de la DCE à l’échelle nationale.

Elles peuvent être des « Valeurs guides » lorsque ce sont des propositions scientifiques de l’INERIS qui ne sont pas reportées dans des textes réglementaires. C’est le cas de toutes les valeurs établies par l’INERIS pour guider l’évaluation de la qualité des milieux aquatiques pour les substances qui n’ont pas, ou pas encore, un statut réglementaire dans le contexte de la DCE.
Les « Valeurs Guides Environnementales » (VGE) et les « Normes de Qualité Environnementale » (NQE) sont les outils consacrés pour l’évaluation de la qualité des eaux de surface, dont l’établissement est basé sur une même méthodologie européenne dédiée (E.C., 2018).
Leur construction, d’un point de vue méthodologique, est donc similaire.

Valeurs guides

Valeurs guides
Nom Valeur Matrice Cible Effet critique retenu Durée d'exposition Facteur Commentaire Etat du statut Valeur retenue par l'INERIS Année Source
PNEC 5 mg.L-1 Station d'épuration 100
extrapolation
Oui ECB (2002) Vol.27 p.88
PNEC / QSed 0.34 mg/kg (poids sec) Sédiments
equilibre de partage
Oui ECB (2002) Vol.27 p.88
PNEC chronique / AA-QSwater_eco 0.04 mg.L-1 Eau douce 100
extrapolation
Oui ECB (2002) Vol.27 p.88
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Bibliographie

Documents

PDF
100-42-5 -- Styrène -- FDTE
Publié le 02/06/2008
PDF
100-42-5 -- Styrène -- VSTAF
Publié le 24/10/2008
PDF
100-42-5--Styrène--VSTAF-Rapp
Publié le 01/08/2003